L'amour est-il dans ce pré carré ?... L’agent littéraire, la renaissance d’une profession « oubliée ».
En France, peut-être, les auteurs voient dans l’absence d’agents, une liberté, un accès libre à de multiples éditeurs, sans réaliser vraiment le temps, l’énergie et l’investissement que représentent un démarchage et un suivi auprès des maisons d’édition. Pourtant l’'époque où un écrivain adressait son livre à un éditeur et obtenait rapidement une réponse est bien finie. Pour les lancements importants, la chaîne de production, du marketing, est une organisation minutée et les auteurs ont besoin de conseils, entre autres pour le choix de leur éditeur.
« Je ne veux pas être l'avocat des agents », explique le romancier français Eric Rheinardt, « mais l'écriture est un travail solitaire. C'est très rassurant d'avoir un éditeur et un agent pour s'occuper de vous. A condition que la relation avec l'agent n'empiète pas sur le lien avec l'éditeur. » Eric Reinhardt est très fier que le prestigieux Hamish Hamilton, éditeur de Truman Capote, ait pris en charge son roman «le Système Victoria». Assumer les sollicitations multiples du public par le biais d’un agent, est un soulagement, pour un auteur célèbre.
Un agent littéraire, c’est plus qu’un intermédiaire entre éditeur et auteur.
D’origine anglo-saxonne, le métier s’est répandu en Europe du Sud et maintenant, même en Allemagne. Aux Etats-Unis, les éditeurs vont jusqu’à refuser les manuscrits non sollicités et conseillent aux auteurs de prendre un agent. Car les éditeurs n'ont plus le temps de passer des heures à expliquer aux novices les rouages du métier. « Agents et éditeurs parlent le même langage, c'est plus facile », déclare Andrew Nurnberg, célèbre agent Londonien. Leur travail ne se résume pas à gérer le portefeuille de droits d'auteurs. C'est aussi un métier de «découvreur», de «défricheur», comme l'explique Pierre Astier, fondateur de la maison d'édition Le Serpent à plumes, devenu l’un des 20 agents influents en France.
Il est aussi là pour négocier les contrats, réclamer de la promotion, suivre les comptes et les droits dérivés. L’agent littéraire est souvent habilité à intervenir sur les textes. Il officie ainsi comme un filtre de sélection sur la qualité des manuscrits fournis par l’auteur. A ce titre, on peut l’assimiler à un comité de lecture. Il peut aussi, si la confiance est acquise, influer sur la nature des écrits. Mais attention, les rapports dépendent de la célébrité de l’auteur, de sa qualité d’écoute, du poids de l’agent. L’auteur tient les rennes ou pas ; mais c’est lui qui rémunère. Cette rétribution correspond à un pourcentage sur les droits d'auteur versés par l'éditeur.
La rétribution de l’agent littéraire est très négociée, elle impose des volumes, donc des niveaux de ventes élevés.
De l'ordre de 15 à 20 % sur les droits d’auteurs, réservés par l’éditeur à l’auteur, on peut alors deviner l’investissement temps et argent fournis par les agents à fonds perdus ; ils ont véritablement besoin de chevaux de course pour pouvoir en vivre. La mission principale de l’agent est de "vendre" l’auteur à un éditeur, c'est-à-dire convaincre un éditeur de le publier. C’est sa principale source de revenus. Tâche longue, difficile et parfois ingrate que beaucoup d’auteurs connaissent.
Andrew Nurnberg, agent londonien de grande renommée, à l’origine des lancements de Jonathan Littell, Doris Lessing, qui a joué un rôle aussi dans le lancement de Beigbeder, a été le tremplin de Valérie Trierweiller. La mondialisation du livre s’organise et les grands coups permettent aux structures traditionnelles d’édition d’amortir les ondes de chocs de la dégringolade des ventes et de l’implosion du numérique. Les agents participent à ce phénomène de mondialisation avec une vision marketing du livre. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en désole, il faudra composer avec. Les agents foisonnent aujourd’hui dans les Foires du Livre, prêts à protéger les auteurs selon les uns, à prendre leurs parts de gâteau, pour les autres.
Les agents littéraires, un maillon incontournable de la chaîne du livre demain ?
Alors que beaucoup de maisons d’édition n’ont pas de véritable politique numérique, ni de budgets appropriés pour faire face, la révolution du numérique, la concentration des groupes, la désertion progressive de la lecture et la sur-sollicitation des lecteurs sur le net, modifient le contexte. Les auteurs publient leurs livres en ligne, les commercialisent directement (via Amazon ou la Fnac.com…), sans intermédiaire. Ils se passent d’éditeurs et a fortiori d’agents. Dans ce cadre, leurs marges d’auteurs est a minima de 60 %, une aubaine. Quelle sera la raison d’être d’un agent littéraire demain ?
Les agents littéraires ont ils un avenir ?
En réponse à l’explosion du numérique, dans les pays Anglos saxons, beaucoup se sont spécialisés dans le marketing en ligne, dans les relations publiques, dans l’édition numérique, mélangeant les genres et parfois les intérêts.
Les Maisons d’édition se concentrent. La suppression de nombreux éditeurs peut contribuer à isoler les auteurs et les inquiéter. Dans ce cadre les agents, pourraient devenir conseils bien sûr, mais aussi les boucliers commerciaux, juridiques face aux grands groupes d’édition.
Le numérique accélère le processus. Certes il ne représentera que 3 % de l’offre du marché Français l’année prochaine mais les agents littéraires se doivent de réinventer leurs fonctions : création des extensions de contenu (audio, vidéo, multimédia qui font maintenant partie intégrante des livres publiés) ; accompagnement et conseils pour les choix techniques, commerciaux et marketing. Muter pour ne pas mourir, tout un programme.
Christophe Lucius
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.....Oui, merci de l'éclairage. Manifestement ce n'est pas une contrariété, une connaissance pendant les effets d'une écriture d'un auteur et cela est aussi ignoré et impensable lors d'une première écriture de ce même auteur. Mais en être averti est un soin qui montre l'intéressement du soigneur à ces auteur-réciteurs qui s'imaginent être déjà auteur et qui le rêvent, de beaucoup.
..... Publier ici, chez mBS, c'est rêver un peu plus fort que d'être conscient, c'est devenir auteur, déjà avoir un statut d'écriture, d'avoir un coin " sommeil conscient " ou il est " auteur " et c'est d'encourager cela que d'écrire cet article.
.....Pour ce qu'il s'agit des agents littéraires, ils sont ce qu'il advient d'une société qui s'épanouie : une pousse, un " remarquable " de la société et de la culture, une spécialisation, le bourgeon du fruit ou de la fleur. Il évoluera ce que grandira la société et la culture. Ou peut-être un bourgeon d'une autre branche ? d'une nouvelle branche ?
.... Ce qu'il y a de rassurant est d'apprendre que l'agent littéraire est plus existant à l'auteur, qu'il est d'entre cet auteur et des places de libertés à débroussailler pour une clarté jugée ou méritée de l'ouvrage, et l'éditeur qui concédera ce que l'agent littéraire saura persuader et promettre.
..... Oui, j'ai une écoute indirecte, celle de vos bénédictions non-formulées ? Merci d'elles.