Les sirènes d’Ulysse attiraient par leurs chants les marins vers les récifs.
Les récifs ici sont ceux d’un cœur malade. De l’amour qui s'en va. Et de la vie peut-être aussi. Un essai sur les naufragés du cœur, particulièrement maitrisé.
A mépriser son cœur, celui-ci se rebelle. Il faut alors lui rendre des comptes, s'engager à ne pas oublier le lien entre le corps et l'esprit.
Le départ de ses parents en Afrique alors qu’il n’avait pas 16 ans a conduit l’auteur à une reconstruction lente, pénible. Et dans un refuge à la fois salvateur et destructeur dans l'écriture et la musique.
Je viens de lire d'une traite ce texte déchirant, impossible à lâcher : prose haletante, dans laquelle la poésie perce à chaque instant (la dernière phrase, entièrement versifiée, est particulièrement poignante et m'a évoqué l'ambiance de la scène finale du "Seigneur des Anneaux"). La forme est en totale harmonie avec le fond, où le désespoir est paradoxalement animé d'un grand souffle de vie...Les remarques sur le comportement des témoins d'un grave accident de santé (soignants, autres patients, famille) sonnent très juste, et les descriptions permettent de vivre en grandeur réelle les événements sans pesanteurs inutiles. Grâce à cette langue précise qui reste toujours d'une grande élégance malgré le tragique des situations, la triste réalité est comme sublimée sans pour autant être faussée! C'est cela que j'attends personnellement de la littérature. Donc "chapeau bas !
Votre livre, qui est autant un essai qu'un témoignage et un poème, m'a tellement émue que j'en ai encore la gorge toute nouée ! Quelle densité possède votre expérience, magnifiquement servie, sublimée par votre écriture ! Pour être passée plusieurs fois par la case hôpital, je trouve tellement vrais vos ressentis. Ah ! Ce temps d'oisiveté obligée qui devient celui des bilans, clairvoyants, sans concession. Et cet apprentissage de l'humilité, quand on se sent "perdu chez les vivants, anonyme patient muré dans le vacarme de ses peurs"... Votre réflexion sur l'amour des parents, qui n'arrive ni à se dire ni à se montrer et fait des ravages, m'a touchée particulièrement. Merci pour ce moment de partage très fort.
Merci, Libertude, pour ce texte poignant. Quelle détresse dans cette expérience, quel sentiment d'abandon devant une montagne de soucis de tous ordres, le corps et (interdépendance, en effet) l'esprit affaiblis et diminués. Votre écriture sensible, rythmée, parfois épique, un rien grandiose, et souvent très imagée, nous emporte avec vous, au point que je vous en veux presque de m'avoir renvoyé mentalement à l'hôpital où j'ai moi-même subi récemment une opération sérieuse. Votre lexique recourt ici ou là au langage de la guerre et du combat, et, c'est vrai, à vous lire, ce fut un sacré combat ! Interdépendance du passé et du présent, aussi, et doute existentiel cruel sur la possibilité effective d'un avenir plus satisfaisant... "Les Sirènes ne chantent plus" et vous ne mentez pas : l'abandon confiant qui accompagne votre texte, votre désir de partage en sont le signe indubitable.
En le faisant, vous saluez sa démarche de publier son essai sur monBestSeller.