« Bien raconter des histoires, c’est donner du sens aux faits », sens indispensable à toute forme d'écriture, surtout au roman. Quatre points clés pour faire de la prose tout en sachant qu’on en fait. Et séduire ses lecteurs...
Maître mot : la cohérence. Cohérence de la forme et du style de narration. Choisissez celui qui correspond à votre récit et tenez-vous y. Et si vous alternez entre deux modes de narration différents pour un résultat plus complexe, veillez à l’harmonie du tout.
C'est ainsi que vous construirez un récit de qualité, dont la lecture fluide saura retenir le lecteur.
Une narration peut se faire à différentes personnes. Les plus fréquemment utilisées sont :
> La 1ère personne du singulier. Le "je" crée un effet d’intimité entre le narrateur et le lecteur. C’est un parti pris ouvertement subjectif que ce "je" soit fictionnel ou autobiographique.
> La 3ème personne du singulier. C'est la plus fréquente, car oui, il y avait un temps où l'on ne disait pas "je" dans un roman.
Si vous vous appelez Michel Butor, vous pouvez aussi écrire un roman à la 2ème personne du pluriel, effet de surprise garanti.
C'est essentiel. Passé simple ou passé composé mêlé au présent dans le même paragraphe, ça fait bizarre...
Hormis dans le cas d'effets de style volontaires, on s’en tient généralement à un système temporel (passé / présent) pour décrire les prises de paroles des personnages (dit-il…), leurs pensées ou leurs actions.
Le type de narrateur qui va prendre en charge votre récit est un point extrêmement important.
> Le narrateur interne. Il fait partie de l’histoire, qui est donc racontée à travers les yeux d’un seul personnage.
> Le narrateur externe. Vous décidez que votre narrateur ne fait pas partie de l’histoire.
Vous avez alors plusieurs possibilités :
- L’histoire est racontée de manière complètement extérieure, factuelle. Votre narrateur est comme une caméra qui n’a pas accès aux pensées ni aux sentiments des personnages. C’est une forme de narration plutôt froide et détachée.
- Le narrateur sait tout ce qu’il se passe dans la tête et le cœur de tous les autres personnages : c’est un narrateur omniscient, il a les pleins pouvoirs en quelque sorte. Il connaît le passé et l’avenir des autres personnages, ce qui lui permet de faire des sauts en arrière (analepses) ou en avant (prolepses) dans le récit.
Pour la clarté du récit, mieux vaut choisir un type de narrateur avec son point de vue bien précis et s’y tenir.
> Vous pouvez faire de votre narrateur une instance froide, effacée, une présence invisible si cela vous gêne d’avoir le sentiment que quelqu’un « raconte » le roman.
> Vous pouvez au contraire lui créer une réelle personnalité, même s’il n'est pas un personnage actif dans l’histoire, par des interventions, des prises de position, des coupures… Ce qui dynamisera votre récit, mais soulignera aussi son aspect fictif.
Sous le masque du narrateur peut toujours se cacher un auteur…