Il vous est peut-être déjà arrivé d’avoir entre les mains le livre d’un auteur inconnu, ou peu connu, et peut-être vous êtes-vous dit : « Ce livre est génial ! Comment est-il possible que personne n’en ait parlé ? ». Et peut-être est-ce-le vôtre ?
La première réponse qui vient à l’esprit est que vous êtes vraiment peu nombreux à l’avoir trouvé génial, que cet auteur n’a trouvé un éditeur que par piston ou par chance et que son livre est objectivement tout sauf génial. Et si personne n’en a parlé, c’est parce que son livre n’en valait tout simplement pas la peine.
L’autre possibilité est certainement plus probable : La recherché d’éditeur de cet auteur s’est transformée en galère, parce que les « grands » éditeurs écartent la très grande majorité des manuscrits, non parce qu’ils ne sont pas dignes d’intérêt, mais parce que, selon des critères plus commerciaux que littéraires, ils ne sont pas suffisamment « bankable ».
Il s’est donc dirigé vers des maisons d’édition d’envergure plus raisonnable, peut-être plus enthousiastes, mais disposant de beaucoup moins de moyens pour assurer la diffusion et la publicité de leurs publications.
En dernier lieu, si malgré tous les refus qu’on lui a opposés, l’auteur était convaincu du potentiel de son livre, il a pu se tourner vers l’auto-édition, ou l’édition indépendante.
Dans ce dernier cas, la visibilité du livre est proche de zéro.
Pour en revenir à la question posée plus haut, ce livre que vous avez trouvé formidable, on n’en a tout simplement pas parlé parce que le « grand public » n’a pas eu connaissance de son existence.
D’ailleurs, souvenez-vous…Vous ne l’avez pas acheté en librairie : on vous l’avait offert, conseillé ou prêté. Votre libraire habituel ne l’a pas trouvé dans sa base de données et vous l’aviez commandé sur internet. Ou bien vous aviez rencontré l’auteur sur un petit salon littéraire de province, vous lui avez acheté son livre, et il avait pris le temps d’y rédiger une belle et longue dédicace personnalisée.
Il faut savoir qu’il existe un nombre important d’ouvrages, tous styles confondus, méritant l’intérêt des lecteurs mais dont la médiatisation est malheureusement si faible qu’elle reste confidentielle. Et de nombreux lecteurs qui souhaitent seulement s’évader dans une lecture agréable vont malheureusement se précipiter sur le dernier Lévy ou le dernier Musso parce que « ça ne peut être que bien puisque tout le monde en parle ». Non que nous ayons quoi que ce soit à reprocher à ces auteurs, mais ces mêmes lecteurs ne se risqueront pas à acheter un livre dont ils n’ont pas encore lu de critique.
D’ailleurs, vous-mêmes, honnêtement, que liriez-vous en priorité ? Un livre dont vous n’avez jamais entendu parler, si tant est qu’il soit parvenu jusqu’à vous, ou celui qui vous est recommandé par vingt personnes ?
Pourtant, si vous l’avez tellement aimé, ce bouquin, ou même si, sans rentrer dans votre top-liste, il vous a fait passer un agréable moment de lecture et que vous estimez qu’il mérite d’être lu…
Vous pouvez faire des petites choses simples, qui vous prendront peu de temps, ne vous coûteront rien, et auront une valeur inestimable pour l’auteur :
Parce qu’un auteur sans lecteurs… C’est comme un lecteur sans livres !
Laure Malaprade
@ Laure,
"Un auteur sans lecteurs… C’est comme un lecteur sans livres !"
Serais-je un de ces auteurs ? Oui, certainement puisque j'écris d'abord pour moi-même. Raconter une histoire en évitant un monde contraignant et constamment censuré, voilà ce qui me passionne. Un moyen de retrouver mon indépendance d'esprit dans ce monde puritain qui pense d’abord à interdire avant même d'avoir savouré la Liberté...
Merci pour cet article.
La grande majorité des auteurs sont avant tout des passionnés de la plume. Qu'ils aspirent à être édités ou non, ils souhaitent tous partager leur art. Tout le monde est d'accord sur ce point.
Je voudrais ajouter qu'il existe une catégorie d'écrivains pour qui seul l'aspect thérapeutique de l'écriture (qui a déjà été évoqué dans les commentaires précédents) compte. Dans cette vision unilatérale et cathartique de l'écriture, l'auteur ne cherche pas à plaire, mais à évacuer de son subconscient toutes sortes d'émotions négatives. De plus, il/elle refusera que quiconque lise sa production, même si cette dernière s'avère excellente. Le journal intime en est un exemple, mais certain(e)s écrivent des polars, ou autres genres littéraires connus.
Écrire est pour certain une thérapie, pour d'autre une réflexion personnelle ou juste le plaisir de coucher des mots sur un papier ou sur un écran... Dans tous les cas, écrire n'a de valeur que si les écrits sont partagés avec des lecteurs... Certes, il est agréable de voir que les écrits sont appréciés, mais ce qui est encore plus agréable c'est de voir que l'écrit engendre une réflexion, quelle soit positive ou négative, au sujet du contenu... Un écrit aussi bon soit-il ne peut plaire à chacun, mais s'il touche le lecteur c'est déjà un point de marqué vers un retour du lecteur vers l'auteur.
Une prose qui reste dans un tiroir ou un dossier sans être lue par une autre personne c'est comme un tableau que l'on aurait peint pour le ranger au grenier... Peut-être fera-t-il un admirateur plus tard ou peut-être se perdra-t-il sans avoir atteint l'objectif de toute œuvre
: celui d'être lu, contemplé, et avoir éveillé une réaction...
Une lecture quelle qu'elle soit ne doit pas être prise pour bonne ou mauvaise. Elle plait ou ne plait pas, c'est en fonction du ressenti du lecteur. Une lecture a avant tout un message à faire passer. Un message parfois évident, parfois plus subtile.
Une chose est sûre, un écrit ignoré de tous, car caché au fond d'un tiroir, n'a pas plus d'utilité que des paroles lancées en l'air sans personne pour les entendre.
Heu... Je pense que si écrire est avant tout un plaisir, que dis-je : une thérapie qui permet de vider de sa tête tous ces mots qui forment des phrases, qui aboutissent à une histoire, il n'en n'est pas moins vrai qu'écrire sans être lu, c'est comme jeter une bouteille à la mer sans savoir si personne, jamais, ne la trouvera. Un écrivain sans lecteur est condamné à noircir des pages et à les laisser dans le fond d'un tiroir, inutiles élucubrations solitaires et sans autre effet que la satisfaction d'avoir usé son temps et son imagination. Ne pas être lu est aussi stérile pour un auteur que de ne pas être vu pour un peintre. La finalité de l'écrivain, c'est quand même et avant tout de recevoir de ses lecteurs la récompense d'avoir retenu leur attention, de leur avoir apporté quelques instants de plaisir, de détente ou de leur avoir appris quelque chose. Et si, pour couronner le tout, le bouquin qu'on a jeté, comme ça, à l'appréciation du public remporte un franc succès, c'est la cerise sur le gâteau ! Moi aussi, Laure, je suis à l'affût de l'évolution du compteur et je pense que nous ne sommes pas les seules...