"Cottage des dunes", c’est une histoire d’amour pendant la guerre. Un récit où les souffrances, les horreurs, les privations ne sont supportables que grâce à la volonté de se retrouver. L’amour, plus fort que la mort. Le sergent Cadoux est-il votre aïeul ?
D’où vient ce récit-témoignage ? Vous avez retrouvé leurs lettres ? Lui-même vous l’a raconté ? Et ce que vous avez lu, ou entendu, vous a donné l’évidence du rythme à donner entre la mort et l’amour ? De l’équilibre entre le poids de la guerre et l’espoir ?
Oui le sergent Marius Cadoux est mon aïeul, c’était mon grand-père paternel, né le 3 août 1891 et mort à l’âge de 104 ans (1995). Je l’ai rencontré au fil de longues après-midi durant ses années de vieillesse, après la mort en 1982 de son épouse Henriette. Cet homme venu des Alpes s’était retiré sur les bords de la mer du Nord dans une petite station balnéaire des Flandres belges. Le soir après mes visites, je reportais par écrit ce qu’il m’avait raconté. Je l’écoutais évoquer cet amour vécu durant près de 70 ans puis basculant d’un coup dans le rappel de « sa » guerre… la férocité des combats… la mort si proche etHenriette venue à son secours. Puis j’ai mis de côté ces notes, jointes aux archives qu’il avait laissées à ma famille (à l’époque on gardait tout…) : photos, lettres, papiers militaires…
Le temps a passé, occupé par mes activités littéraires et mon métier de journaliste. C’est après la suggestion faite par des proches dans ma famille que m’est venue l’idée d’écrire sur cette époque ; je me suis aperçu que les plus jeunes ignoraient ce qu’il était advenu des aïeux, perdus dans le temps, je me suis aperçu aussi que nous avions tous posé l’histoire de 14-18 comme un bibelot sur une étagère, au rayon des mythes poussiéreux : les Poilus, les tranchées, Verdun, le Soldat inconnu…Je me suis aperçu enfin de notre ignorance réelle devant ce trou noir de notre Histoire et devant ce qu’il y demeurait d’universel pour aujourd’hui : où étaient passées les femmes ? l’amour ? la vie pendant la boucherie ?
J’ai donc pensé alors à rédiger un texte, pour mémoire, destiné à ma famille. Mais très vite, ce travail commencé en 2015 et qui m’a demandé trois ans de recherches et de rédaction est devenu la matrice d’un récit-roman, appelons ça comme on veut (toute vie est un roman). Nourri des documents d’archives laissés par Marius et qui me donnèrent les repères nécessaires (lieux, noms, dates etc…) j’ai travaillé avec les divers services de documentation et sites internet cités en fin de livre, je suis allé sur les lieux de cette histoire et j’ai compris que le personnage principal de cette aventure était une femme, Henriette, montée au front en zone interdite pour empêcher son homme de se laisser mourir comme tant d’autres grands blessés. Réécrit plusieurs fois comme tout manuscrit et remanié tandis qu’Henriette m’apparaissait de plus en plus présente… « Cottages des dunes » est d’abord « une histoire d’amour », un témoignage vécu de ce que l’amour peut apporter là où plus rien ne semblait possible.
Vous avez été journaliste. On sent votre facilité d’écriture, de raconter, de témoigner, d’exprimer les sentiments qu’on traverse dans la vie. Pensez-vous que l’écriture est différente quand on est journaliste ou écrivain ?
Beaucoup d’écrivains sont enseignants ou journalistes, le plaisir des mots peut-être ? le goût des autres aussi, et de leurs vies…mais chacun -quelle que soit son activité -possède en lui son langage, son art de dire, un art qui se travaille bien sûr - l’essentiel est d’abord dans le travail. Pour raconter, il me semble indispensable de « se mettre dans la peau » du personnage, de fermer les yeux et de visualiser la scène, d’en rêver la nuit ; l’usage du temps présent est pour moi un outil nécessaire pour emmener le lecteur avec les personnages, pour être ensemble là où « ça se passe », pour effacer la distance entre le lecteur et ce qui est lu. En écrivant parfois je pleure ou parfois je me marre, j’ai peur ou alors je suis épuisé. Si l’on ne ressent rien en racontant la joie par exemple, alors la joie sera absente du texte.
Dans une de vos réponses à un commentaire, vous dîtes que « l'activité littéraire ne vaut que par ses échanges ; un livre sans lecteurs attentifs et partageurs est un livre mort-né ». C’est la raison pour laquelle nous avons créé monBestSeller. Vous êtes satisfait des échanges que vous avez eus pour « Cottage des dunes » et des premiers liens que vous avez commencés à tisser ?
J’ai découvert monBestSeller par un ami écrivain alors que je cherchais comment partager mon goût de l’écriture sans pour autant m’en tenir à un blog. Les sites dédiés à la littérature et à l’édition sur le Net révèlent à l’évidence la passion commune qui anime des millions de personnes, le livre et ses différentes manières d’exister demeurent incontournables, mais ce qu’un site tel que monBestSeller apporte est un supplément rêvé quand on vit l’écriture comme un moyen privilégié de communiquer : grâce à internet cette exigence de l’échange est enfin possible pour le plus grand nombre. En quelques semaines j’ai vu des centaines de personnes lire ici « Cottage des dunes », des dizaines m’ont écrit, souvent sur le site, pour me donner leur avis, leur témoignage.
Les commentaires de vos lecteurs sont assez unanimes ! Pensez-vous que l’accueil qui a été réservé à votre récit soit lié aux souvenirs qui nous ont été rappelés à l’occasion des commémorations du centenaire de 14-18, et aux échos qu’elles ont pu avoir dans tant de familles ?
Oui c’est possible, cette remise en mémoire venue avec les commémorations récentes réveille l’intérêt du public pour cette époque déjà lointaine. En France de nos jours on estime à quelque quarante millions le nombre de personnes ayant un ancêtre concerné par la guerre de 14-18 ! L’Histoire est un inépuisable gisement pour la littérature, on y adhère d’autant mieux si l’on se sent concerné. Mais le plus important dans le mystérieux mariage entre l’écrivain et ses lecteurs c’est ce qu’un livre raconte à sa façon, ce que des personnages vivent, la manière dont une intrigue est nouée, un style, une ambiance, ce qui captive et ce qui nous fait vibrer.
Quels messages cela vous inspire t-il ? Pour vous, quelle est la part d’intemporel de cette histoire et de nostalgie d’une époque de héros ?
Avec le recul du temps cette fameuse "Grande guerre" est devenue un symbole très actif : symbole du changement avec l’adieu au monde d’avant –nostalgie des crinolines et des baronnes de la « Belle époque » – et symbole des carnages guerriers. Mais ce qui nous rend « 14-18 » si éternellement proche, c’est l’image qu’elle nous renvoie, celle du courage humain à l’état brut, de la peur viscérale, de la bêtise crasse des uns et de la souffrance indicible des autres. Les enfants ne s’y trompent pas, ils savent : devant les images des tranchées ils posent toujours les mêmes questions, des questions d’aujourd’hui et qui nous concernent.
Ce roman, ces commentaires reçus, pourraient-ils vous encouragent-ils pour votre prochain livre ?
Bien sûr. Vous savez l’édition c’est comme au théâtre, il y a cette chose indéfinissable qui tient de la magie, qui fait que l’on est conquis ou lassé. Quand on écrit, on sait que parfois, oui, le courant passe, c’est une fièvre, parfois c’est douloureux, ou exaltant. Bien sûr les écrivains vous disent « J’écris d’abord pour moi, je ne peux faire sans ça », oui, mais avec les autres et pour eux, c’est tellement mieux…
Vous êtes nouvellement arrivé sur le site. Comment êtes-vous venu ? Avec quelles motivations ? Diriez-vous que vos premières semaines sur monBestSeller ont répondu à vos attentes ?
J’ai vite pris l’habitude d’aller voir ce qui arrivait sur monBestSeller, j’ai commencé à donner mes impressions, en privilégiant le positif, et j’espère avoir encore le temps et l’opportunité de participer à ces échanges, même si je ne suis pas très familiarisé avec les réseaux sociaux ! En venant »régulièrement sur le site, on ressent la sensation naturelle de celui qui va « à la maison », c’est grisant, frustrant parfois, c’est le jeu et l’on se dit que demain écrira une autre page ! N’étant plus lié avec mon ancien éditeur j’ai choisi de poursuivre l’aventure avec le soutien de monBestSeller. Je vis l’opportunité des échanges sur ce support comme une source d’enrichissement dans ma démarche d’écrivain, j’espère pouvoir y développer des contacts, y découvrir des partenaires d’écriture et d’édition. D’une certaine manière l’écriture fait vivre !
On dit qu’on écrit ce qu’on aime lire. Quel lecteur êtes-vous ? Comment avez-vous sélectionné les livres que vous avez eu envie de commenter ?
J’aime laisser sa chance au hasard et je navigue sur monBestSeller sans idée préconçue mais je demeure fidèle au roman. Je quitte les vitrines parfois un peu tapageuses et vais voir en coulisses, la beauté formelle d’un titre, son originalité ou son humour vont capter mon attention, c’est comme devant les tables en librairie, même si j’éprouve parfois de la difficulté à surfer sans manquer la vague.
Le mCL de monBestSeller sélectionne un livre chaque mois qui est ainsi nominé au Prix Concours de l’Auteur Indépendant que nous organisons chaque année. Cinq auteurs ont ainsi été repérés par les éditeurs invités à être membre du jury 2018 et seront édités cette année. Vous avez déjà été édité. Si vous deviez défendre votre livre devant un jury d’éditeurs, que leur diriez-vous en quelques lignes ?
Je leur dirai que pouvoir remettre « Cottage des Dunes » en version papier à des lecteurs serait pour moi un grand bonheur. Et pour les convaincre de cette urgence d’édition je ne pourrais rien faire de mieux que de leur en lire quelques pages, rien dire de plus que ce que je vous ai répondu ici, que la vie n’est jamais mieux défendue que par l’amour qu’on a d’elle et que la paix n’a pas de prix.
Jean-Noël Cadoux
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@lamish Merci de ce mot encourageant et qui témoigne une fois de plus de votre attention et de votre goût des Lettres. On s'écrira encore j'espère!
@Michel CANAL J'attends avec intérêt votre lecture! Merci de ce partage et à bientôt, bonne écriture à vous!
@Catarina Viti Merci de ce petit mot, à bientôt parmi nos livres!
@Jean-Noël Cadoux, merci pour ce partage, car je fais partie de cette génération dont les grands-pères ont été impliqués dans cette guerre atroce quelle que soit leur situation de famille. Mon grand-père paternel était marié depuis seulement 3 ans, avait 31 ans en 1914, était fils unique avec la charge d'une exploitation agricole... et n'oublions pas qu'il avait à 20 ans effectué un service militaire de 3 ans, suivi de deux périodes de réserviste.
Pourtant, elle ne fut pas la der-des-der, comme quoi la bêtise humaine, la soif de pouvoir des dirigeants et l'affairisme des marchands d'acier, de canons et de munitions sont toujours prêts à sacrifier une génération de bras et d'intelligences, à dévaster des territoires et des trésors architecturaux. C'est toujours, hélas, d'actualité ici ou là.
Vous agrémentez cette horreur d'une magnifique histoire d'amour, c'est l'autre intérêt de votre roman. Il y a cependant une part d'ombre au tableau, encore en raison de la bêtise des dirigeants (les sénateurs dans ce cas), malgré leur rôle pendant ce long conflit, les femmes n'obtinrent pas le droit de vote au sortir de la guerre. Avec toute ma gratitude, et mes félicitations pour votre sélection au Prix Concours monBestSeller.
Je lirai votre roman dès que j'aurai publié mon écrit en préparation et rattrapé le retard dans mes lectures. MC
Enfin ! C'est donc vous. Quel suspens ! Bienvenue dans la sélection, et bonne chance à votre livre.