Rien n’est plus dangereux que quelqu’un qui prend des notes. Sur tout, tout le temps, à la moindre pensée, au simple soupir de son voisin dans le métro.
La réalité apporte son lot d’incongruités, de sourires et de désespoir. Il suffit simplement d’ouvrir les yeux, de regarder autour de soi : les histoires ne manquent pas. Chacun y va de sa petite anecdote, de sa petite ou grande mésaventure, tentant d’en rire ou de trouver de l’empathie.
Je crois que la réalité est la seule chose à fuir. Pour remédier à sa vacuité et le plus souvent son absurdité, je la retranscris en y glissant mes fantasmes, mes désirs, tout en essayant d’en rire et d’emmener mes lecteurs dans un gai désespoir, parce que rien n’est jamais si grave.
Julien Druinaud
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Julien druinaud "la réalité" qu'est-ce que c'est ? même le récit le plus fidèle d'un fait n"en donne pas un contour objectif. Tout d'abord parce que c'est toujours un sujet qui raconte, avec sa grande part de subjectivité. Et d'autre part parce que tout récit implique une temporalité différée. Entre les faits et leur récit, il y a toujours un temps mort. Un temps de digestion. Qui dit digestion, dit inévitablement transformation. Et dans cette transformation, il y a un désir de compréhension, d’interprétation, (pour chaque individu) et de sublimation (pour l'écrivain)
De quoi parle-t-on exactement ?
De la propension à envisager le réel de façon plus large que l’ensemble des faits tangibles et visibles. Car un récit, comme tous les récits ne se contente pas de restituer les faits. Sauf chez les gendarmes lors d'une déposition. L'écriture est une façon de reconstruire la vérité… de lui ajouter une ou plusieurs significations, une valeur, au-delà du vrai ou du faux, au-delà du scientifique ou de l’intuition. Un désir de faire en sorte que les événements ne soient pas seulement des circonstances accidentelles, mais des messages : variables, nébuleux, subjectifs, certes, mais des messages éminemment porteurs de sens. (dans le cas du philosophe)
La réalité n'est pas plus vide qu'absurde, elle est absolument pas importante dans un récit. Ce qui fait le récit, ce sont le choix des mots, la structure des phrases, l'architecture du texte, la poésie qui s'en dégage... Pour mieux me faire comprendre, admirez un tableau de Van Gogh. Ce sont juste des champs avec des cyprès ou juste des iris ou des pots de fleurs et pourtant.... Bref, qu'importe la réalité pourvu qu'on la sublime !
Bien à vous
@Benoît Otis, je comprends la réaction de répulsion à l'idée de changer ou de s'imaginer avoir le droit de changer les valeurs d'une autre culture. Mais je pense qu'avec un peu de recul, on s'aperçoit que ce désir de changer l'autre n'est ni criminel ni blasphémateur. Du moment que nous parlons, nous avons pour objet de changer l'autre parce que ce faire nous est biologiquement utile, même lorsque nous croyons simplement partager une information dans le pur désir de partager: par example, si je dis à ma soeur que j'ai bien aimé le dernier film de X, cela peut sembler non intéressé, mais en vérité, je le fais (même si je n'en suis pas conscient) parce que j'aimerais bien lui faire aller voir ce même film, car cela m'avantagerait d'une manière que "mes instints" comprennent, même si je ne le réalise ou ne l'admets consciemment. La pulsion de tenter de changer l'autre est biologique, et elle est utile, voire même nécessaire. Il est vrai que parce qu'une chose est naturelle elle n'est pas nécessairement bonne (les amanites sont toxiques et les pathogènes tuent, etc., etc.), mais lorsque vous dites "Par quelle autorité...", l'autorité est celle que nous donne la nature et donc notre espèce d'aller vers l'autre pour lui montrer une autre façon de faire, si nous pensons que celle-ci peut lui être utile, peu importe si l'autre est mon frère, mon voisin, mon concitoyen ou un humain vivant de l'autre côté de la Terre. Bien-sûr, il ne faut pas forcer un changement (à moins qu'il soit question de droits humains). Mais partager une autre façon de voir le monde ou de faire les choses est tout à fait humain et bon. vous avez tout à fait raison de dire qu'il nous servir de notre raison, car avec elle, nous pouvons espérer changer certaines réalités qui nous briment. Mais pour cela, il faut partager ce que notre raison nous enseigne, et le partage porte en lui la possibilité du changement (déclaré ou non).
@Julien Druinaud, merci pour ce petit morceau qui porte tant et qui me mène à pousser plus loin le sujet même s'il s'éloigne un peu de vos intentions. Je me demande, par exemple, comme peut-être @jbtanpi, si nous pouvons vraiment échapper à la réalité. En effet, tout ce que nous imaginons (même sous les effets de la méditation, d'hallucinogènes, ou de toute autre méthode de déconnexion de la réalité temporelle comme les bains de privation sensorielle), tout ce que nous imaginons dérive des expériences qui ont leur source dans cet univers qui nous entoure et dont nous faisons partie, expériences qui s'imagent par des procédés neurochimiques d'un corps ancré dans ce même univers. On peut choisir, our être inspîré, d'installer un nez là ou devrait se trouver l'orteil, et de réarranger d'une façon ou d'une autre ce que nous connaissons de même que ce que nous imaginons ne pas connaitre (et donc inventons), mais à la fin, ce n'est que cela: réarrangement (conscient ou inconscient) dans le but de nous évader ou de trouver une autre, une meilleure façon de faire. Cela dit, même s'il est vrai qu'en utilisant des matériaux préexistants, il est possible de créer mieux, nous sommes tout de même limités par les lois dudit univers dans lequel nous vivons. Je crois que pour vraiment nous déconnecter de la présente réalité et offrir à nos confrères et consoeurs une solution vraiment nouvelle, il faudrait que nous puissions nous transporter dans un autre univers, y comprendre quelque chose de totalement nouveau, et pouvoir ensuite ramener ce savoir chez nous pour l'y partager et nous lancer dans une nouvelle, et peut-être plus heureuse, direction.
@Julien Druinaud: Le métro qu'es ce que c'est un endroit ou les gens se croisent et se pressent sans se connaitre ou l'esprit plonge dans cette ambiance . Au hasard d'un regard ou d'un simple sourire rare . Des yeux qui se promènent suivit de pensées furtives ,une légère angoisse , une immerssion presque intemporelle toujours trop longue jusqu'à entendre la sonnerie de la porte , sortir reprendre le flot et continuer son voyage. Puis montez les marches sentir l'air frais , le conscient refait surface et respire.
@Julien Druinaud
Fuir la réalité... Hélas, elle nous rattrape toujours, même, et peut-être surtout quand on écrit.
C'est une compagne bien jalouse. Et si nous dansions avec elle ?