En parlant, Pierrot chercha son sandwich à tâtons. Ne le trouvant pas, il regarda sur la table et cria :
« Ça alors !! »
Charlie, René et François cessèrent net de parler et François demanda :
« Qu’as-tu ?! »
« Mon sandwich a disparu ! »
« En discutant, tu l’as fini sans t’en apercevoir ! »
« Non, je n’ai avalé que deux bouchées !...Mon pauvre sandwich ! »
Charlie rit :
« Tu ne vas pas pleurer pour un sandwich, dis ! »
« Ce sandwich, c’est ma vie ! C’est ma femme qui l’a préparé ! »
René intervint :
« Et alors ?! Ma femme prépare aussi les miens ! »
«C’est différent ! Mina y met tout son amour ! Elle plie le jambon sans déborder du pain, veille à ce que le sandwich fermé ressemble à une seule tranche de pain
épaisse, badigeonne le jambon de harissa en couche homogène sans bavure,
elle... »
Ses compagnons explosèrent de rire et Charlie lança :
« Mina ne serait pas maniaque, dis ?! »
François renchérit :
« Tu es si épris que tu deviens stupide ! »
Il rétorqua :
« Vous ne comprenez rien ! Quand je tiens mon sandwich, Mina me caresse la joue,
quand je mords dedans, c’est elle que j’embrasse, quand je sens le feu de la harissa
sur ma langue, je... »
René intervint :
« Compris ! Drôle d’idée, la harissa dans un sandwich au jambon ! »
Pierrot allait répondre, mais se figea soudain. Ils se regardèrent et René murmura :
« Qu’est-ce qu’il a ? »
Pierrot se leva si subitement qu’il fit tomber sa chaise, les faisant sursauter.
Tendant un doigt accusateur, il s’exclama d’un ton furieux :
« C’est lui ! »
Ils se levèrent à leur tour, se retournèrent et découvrirent un superbe chien loup
assis dans une posture royale, les observant les oreilles dressées et se léchant
consciencieusement les babines, agitant légèrement la queue.Pierrot rugit en
marchant vers l’animal :
« Tu as volé mon sandwich et tu me nargues en te léchant les babines ? ! Tu vas voir ! »
Ses compagnons l’interceptèrent et François lança :
« Tu ne vas pas t’en prendre à Sandy, non ?! »
« Lâchez-moi ! Il a volé mon sandwich ! Et d’abord, je ne le connais pas ce chien,
moi ! »
« C’est le chien du patron du bistrot ! Tu dois te tromper ! Depuis que je viens
manger le midi sur cette terrasse que son maître met gentiment à la disposition
des ouvriers du chantier, je ne l’ai jamais vu voler quoi que ce soit ! »
René renchérit :
« Ni quémander une miette ! »
« Alors pourquoi se lèche-t-il les babines avec application s’il ne l’a pas volé, hein ?!
Et regardez-le, votre Saint Innocent ! Il sait qu’il a mal agi ! »
Sandy s’était affalé sur le sol, le bout du museau caché entre les pattes. Pierrot
s’exclama :
« Vous le pensez toujours innocent, avec ce regard de chien battu et cette
attitude ?! »
Des miaulements plaintifs retentirent alors et ils découvrirent Tiburce, le chat de la
fille du patron, qui lapait l’eau de sa gamelle en gémissant. Saisi d’une intuition,
François le souleva dans ses bras :
« Qu’as-tu, Tiburce ?! Pouah ! »
La gueule du chat près de son visage, il dit à Pierrot d’un air triomphant :
« Le voilà, ton coupable, sa gueule empeste la harissa ! »
Sceptique, Pierrot s’approcha, néanmoins et dut admettre que François avait
raison. Il voulut étrangler Tiburce, mais Charlie intervint :
« Tu deviens fou ! Ce n’est qu’un animal, tu ne peux le blâmer s’il a été attiré par les
talents culinaires de Mina ! Et il a été puni ! Je doute qu’elle apprécierait de te
savoir devenu tueur de chat ! »
Ce dernier argument convainquit Pierrot, qui se détourna en bougonnant, tandis
que François relâchait Tiburce, qui fila laper son eau. Alors que Pierrot passait
devant lui, Sandy se redressa et poussa un jappement de reproche qui le fit
sursauter.
René rit :
« Sandy veut des excuses ! Gratte-lui la tête entre les oreilles, il adore ça ! Je n’ai
jamais vu un chien loup aussi affectueux ! »
Sandy jappa en remuant frénétiquement la queue, donnant des coups de truffe à
Pierrot, qui finit par se dérider et s’exécuta sous les regards amusés de ses amis, qui
conclurent en chœur :
« Ne jamais se fier aux apparences ! »
Marie-José Bernard
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Marie-Jose Bernard,Mon faux coupable s appelle "faux semblant. Il est sorti le 24 fevrier.cordialement.
@Sylviepetimarie, Merci pour votre commentaire. Y a-t-il un lien pour lire l'histoire de votre Minette, svp ?
Merci et bonne fin de journée.
Cordialement.
@marie-josé Bernard , votre Tiburce aurait-il un lien de parenté avec Minette mon "faux-coupable du 24 février ? D'ici à ce qu'ils mettent en place "le gang des rats d'hôtel "... il n'y a qu'un pas...
Bien cordialement
@jbtanpi, c'est sûr qu'avec 4000 caractères à ne pas dépasser, les fioritures sont un peu parties aux oubliettes ! ::))
@lamish, @DELPLANQUE, @jbtanpi, merci beaucoup pour vos gentils commentaires.
Une jolie fable. J'aime bien votre style concis et sans fioritures.
jbtanpi
Lecture fluide et agréable.
L'intrigue est bien menée.
Michèle Delplanque