Nuit de Noces. Loin des conventions

Appel à l'écriture monBestSeller : l'improvisation ne fait pas nécessairement les nuits de noces les plus chaudes

Mina venait d’obtenir la conversion en divorce d’une séparation de corps datant de neuf ans, lorsque, à l’aube et au retour d’une fête mémorable, Nathan la demanda en mariage. Elle éclata de rire : « Tu sais ce que je pense du mariage, Nathan, et je n’en attends pas tant de toi. J’aimerais juste que tu m’avertisses pour que je dorme au lieu de t’imaginer toute la nuit agonisant dans un fossé. » Mais le soir même, il récidiva, avec tant d’amour dans le regard, que Mina n’eut pas le cœur de le décevoir. Elle répondit « oui » sans hésiter. Un « oui » qui se voulait rassurant, qui disait : « Je t’aime et je te fais confiance, même si nous avons onze ans d’écart ; même si la terre entière me dit que j’ai tort. »

Ce soir-là, il aurait voulu la prendre par la main, choisir deux passants comme témoins et se marier dans la foulée, comme à Las Vegas… mais il lui fallut patienter… Formalités, publication des bans, les parachutèrent trois mois plus tard devant un élu et une secrétaire de mairie. C’était en pleine saison, un jeudi. Ils avaient pris tous deux une unique journée de congés. Pas de fête prévue. Juste deux amis en guise de témoins. Nathan portait le costume de mariage de son père ; un costume devenu étonnamment au goût du jour, quarante années plus tard. Mina s’était glissée dans un tailleur trop grand pour elle, emprunté à sa lingère.

À peine sortis de la mairie, ils ont chargé les fleurs offertes par leurs témoins ; celles offertes par le maire aussi. Ils se sont changés à la hâte ; à côté du 4X4 qui fit office de paravent. Puis, plus à l’aise en jean et pull, ils ont parcouru les 150 kilomètres qui les séparaient des parents de Nathan, à qui ils voulaient faire une surprise ; surprise qui fut si heureuse qu’une fois les quatre amis repartis, ses parents ont aussitôt sauté dans leur voiture pour terminer la journée en leur compagnie, non sans passer par la case « fleuriste » où ils firent des folies.

De quatre, ils furent six, puis deux de plus à la sortie du restaurant de Nathan, puis quatre de plus après quelques verres pris dans le bar d’un pote, pour finir en soirée à vingt dans le restaurant d’un ami qui fit des miracles en improvisant au pied levé un repas de roi.

Mina, qui avait vécu un premier « mariage en grand », passa cette journée improvisée sur un petit nuage ; tellement heureuse qu’elle n’avait de cesse de répéter à Nathan qu’il faudrait que tous les mariages se passent ainsi : loin des conventions et obligations qui pourrissent généralement ce moment béni.

Puis, de la même façon aléatoire avec laquelle il s’était formé, le petit groupe s’est délité au gré des coups de fatigue consécutifs aux excès en tous genre…

À quatre heures du matin, après quelques danses en boîte de nuit, Mina a garé le Range Rover au pied de l’immeuble où ils habitaient. Quand elle a demandé à son nouvel époux, qui tenait difficilement debout, de tenir le haillon, dont les vérins montraient des signes de faiblesse, afin de sortir les trois compositions florales du coffre, Nathan a glissé sur une plaque de glace, et la mariée se l’est pris sur la tête. Tandis qu’elle tentait de se dégager de ce bout de ferraille pesant un âne mort, Nathan, tout occupé à se remettre sur pied, était incapable de lui venir en aide. C’est alors qu’une voix résonna sur la place endormie : « Besoin d’aide ? », et qu’une main bienvenue la soulagea du poids qui pesait sur elle.

C’étaient deux noctambules fraîchement sortis du night-club d’en face : un blanc rasé, tatoué, et un black style rasta.

Nathan, suspicieux face à leur look, refusa ; mais Mina, consciente qu’elle ne pouvait ni abandonner les fleurs qui auraient gelé dans la nuit, ni les porter tout en soutenant son mari, accepta.

Ils se retrouvèrent tous les quatre serrés dans l’ascenseur, le visage occulté par les feuillages. Puis Mina entendit le bruit d’un briquet, suivi d’une odeur âcre qu’elle connaissait bien, contrairement à son mari. Elle tenta de lui dire de faire gaffe, lorsque le black lui tendit son buzz, mais en éternel excessif, Nathan tira deux longues taffes qui le firent tousser avant de le faire littéralement décoller et de lui provoquer un fou rire instantané.

Ils bataillèrent pour ouvrir la porte ; encore plus pour faire entrer Nathan ; puis ils récupérèrent les compositions qu’ils posèrent sur la table. Et quand Mina, proposant un verre à ses deux aides providentielles, s’enquit de Nathan pour lui demander s’il voulait boire quelque chose, elle réalisa que son jeune mari avait posé les armes. Tombé à plat ventre, tout habillé et les bras en croix en travers de leur lit, il dormait comme un bienheureux.

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