Quand la plume rencontre l’auteur

La participation de Tatiana Debarbat à l'appel à l'écriture monBestSeller : Rencontre

           Je me souviens de cette jeune fille timide, assise à sa table d’écolière. Dans sa main, un stylo. Elle écrit sur une feuille simple de petit format. Qu’a demandé l’instituteur ? Aucune idée. Une rédaction peut-être. La demoiselle, concentrée, rédige. L’objet à bout pointu qu’elle tient fermement entre ses doigts d’enfant va et vient, de gauche à droite, de gauche à droite, va et vient. Il se déplace sans s’arrêter comme si une muse insufflait à la petite un vent de créativité. Que peut-elle donc noter ? Le monsieur à la silhouette émaciée, aux lunettes rondes montures dorées et aux cheveux d’un brun grisonnant ne dicte rien. Il se contente de rester au tableau, face à la classe. Stoïque, il observe les élèves. Enfin je crois. Mes souvenirs se floutent après tant d’années.

Revenons à la fillette et voyons de plus près le sujet de son inspiration. Transportée par le flux mémoriel, je m’approche d’elle, jette un regard par-dessus son épaule, déchiffre quelques mots: « inspecteur », « poils », « vol », « chatons ». Une enquête sur des chats enlevés ?

Un effort supplémentaire à travers le labyrinthe de ma mémoire me permet de poursuivre la lecture. Je comprends alors qu’elle écrit une histoire policière. Le héros est un berger allemand nommé Filou. Il est inspecteur et une toute nouvelle affaire vient de se présenter sous les traits d’une belle chatte au pelage noir et blanc, Frimousse, une mère de famille, veuve. On a kidnappé ses enfants. Le ravisseur demande une rançon. Elle fait appel au flair redoutable de l’inspecteur Filou.

Un sourire se dessine sur les lèvres de l’enfant qui semble prendre plaisir à imaginer les personnalités des personnages, la traque du vilain, la fin de son œuvre. Le sourire s’intensifie. Elle touche au but. Conclusion: tout est bien qui finit bien. Trois pages. La joie, le bonheur, l’extase s’emparent peu à peu de son être. Le sentiment d’avoir réussi une expression écrite ? Non! Une autre raison explique son état. Une raison qui va au-delà de la réussite: elle a « donné naissance à son premier enfant » l’inspecteur Filou.

Ce jour-là, la petite de dix ans a découvert une passion. Une passion qui ne la quittera plus et qui grandira d’année en année.

Ainsi, la fillette traversa l’adolescence et accoucha d’un deuxième inspecteur répondant au nom de Charles Fire. À l’aube de l’âge adulte, d’autres suivirent: des détectives, des amoureux, des enfants espiègles, des chats qui parlent. Au milieu de la vingtaine, elle trouva sa voie avec des poèmes d’amour, des poèmes sur la tristesse, des hommages, des histoires pour enfants, des anecdotes sur sa vie d’enseignante, des histoires en tout genre, des histoires, tout simplement. Certaines ont trouvé une place sur son blog, d’autres attendent des retouches, quelques-unes resteront cachées dans ses cahiers.

À l’approche de la trentaine, les idées fusent toujours de partout. Les personnages et les intrigues continuent de se multiplier. Elle prend soin de les ranger dans un coin de son palais mental avant de les coucher sur papier - taper à l’ordinateur - quelques fois les deux. La femme qu’elle est devenue ne se contente plus d’écrire des histoires, elle cherche à les enrichir, les améliorer au moyen de notre belle langue française. Trouver les mots justes. Diversifier le lexique. Utiliser quelques figures de style. Agrémenter le tout d’un zeste d’humour.

Aujourd’hui, à l’occasion d’un concours sur monBestSeller, elle vous invite à lire sa rencontre avec l’écriture.

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