Achever son roman, une difficulté pour beaucoup d'écrivains Mais il poursuit : "Ce n’est pas parce que vous avez des écrits en cours que vous êtes auteur." Et de raconter son histoire : jeune, à la suite d’un incendie, ses trois (premiers) romans ainsi que toutes leurs traces ont disparu, et avec eux, son statut d’auteur et sa raison d’être. Un sentiment de vide sidéral : la sensation d’être incapable de réécrire, de ne plus avoir d’identité, et surtout le regret de n’en avoir terminé aucun.
Pour terminer son roman, l’écrivain doit se dépasser.
Substituer la velléité (d’écrire un livre) à l’action de l’écrire (et de le produire, de l’imprimer, de le digitaliser et de le promouvoir), accepter qu’un livre est un bébé qui va vivre sa vie seul, s’astreindre à une discipline quotidienne d’écriture pour respecter les échéances.
Mais Il y a un écueil suprême à surmonter, et pas le moindre : la comparaison. Si vous êtes amateur de bonne littérature alors que vous écrivez votre épilogue, il y a toutes les chances pour que votre manuscrit trouve un refuge définitif dans un tiroir jusqu’au prochain déménagement. C’est là qu’il faut faire preuve d’un grand égocentrisme : sortir Flaubert par la porte, pousser Zola par la fenêtre, allumer le feu avec Proust. Et se retrouver face à soi-même et son chef d’œuvre. On relit, on corrige, on travaille, on se concentre sur son livre mais pas sur celui des autres sous peine de ne jamais l’achever.
Achever un roman est une souffrance dont on recule parfois l’échéance
L’auteur a imaginé quarante-sept fins pour « L’adieu aux armes », une romance entre un officier-ambulancier américain et une infirmière anglaise, nouée dans l’Italie de la première guerre mondiale. Hemingway pressent bien que la fin d’un roman est clé. Sa parade : les multiplier. Car c’est elle qui le plus souvent se grave dans l’âme du lecteur. C’est là que l'on comprend tout l’enjeu d’un roman.
Achever un roman est une souffrance dont on recule parfois l’échéance. L’écrivain porte un syndrome, celui de la mort, celle de son livre, de ses héros et bien sûr de lui-même. Emma Casanove, auteure de « Cactus Orchidée », nous décrit dans son blog cette souffrance : « Mettre un point final à un roman, c’est aussi perdre à jamais mes personnages. Imaginaires mais tellement intimes. Je les porte, je ris, je pleure, à leurs côtés. Ils m’accompagnent depuis des mois… je vais perdre une partie de moi-même, et laisser derrière moi quelque chose de violent mais de puissamment ancré. Dans mon ventre. Dans mes entrailles. Quelque chose d’infiniment intime. »
Et cela donne lieu à une interrogation pour beaucoup d’écrivains qui achèvent leurs romans, une interrogation à la fois simple et infinie : A quoi je sers, maintenant ?
6 conseils clés pour terminer son roman
Alors pour affronter cette tâche incroyablement complexe et douloureuse qu'est l'achèvement d'un livre, voici quelques conseils indispensables, inspirés de Timothy Hallinan (avec sous-titrage pour ceux qui ne parlent pas anglais).
1. Ecrivez ce que vous avez envie de lire !
Sinon bien sûr, vous ne reviendrez pas suffisamment sur votre livre et vous l’abandonnerez !
2. L’ennemi, ce n’est pas une page mal écrite c’est une page blanche !
Pas besoin de sous titre (la page blanche ne sera jamais terminée)
3. La perfection n’est pas atteignable !
La recherche de la perfection est un alibi pour ne jamais rien terminer.
4. Montrez votre travail, n’en parlez pas !
Parler vous inscrit dans un espace temps sans échéance.
5. Faire est plus important que vouloir faire bien !
La velleité est le pire ennemi de l’action.
6. « It is only a book. »
Maxime intraduisible en Français, à la fois la plus vraie et la plus contestable.
Point final... pour cette année du moins.
Christophe Lucius
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Il y a écrivain et ... Ecrivain ^^
Six conseils avisés, qu'il est bon de se remémorer de temps à autre :-)
@monbestseller. Si je comprends bien, on a fait le tour de la question. Alors on peut reprendre dès le début : Comment commencer un livre. Comment écrire la première page ( celle que tous les comités de lecture lisent ). Comment écrire la première ligne et donc le premier mot ( le seul, souvent, qui sera lu par le Directeur littéraire).. Mais, avant d'écrire ce premier mot ? Car, c'est bien là que ça commence. Là se trouve le mystère. Et bien malin qui saurait y répondre, et certainement pas l'auteur. L'écriture est " une force qui va". On ne sait pas où elle commence, on ne sait pas où elle finit. On ne sait même pas quelle est cette force. Et pourtant, le livre a un début et une fin, comme l'auteur qui contemple les étoiles.