« Vivre ou écrire, il faut choisir ! », affirmait Marcel Proust. Aujourd’hui, je me suis levé avec une résolution en tête. J’avais l’idée et la volonté d’écrire quatre pages par jour. À bien y réfléchir, cela ne devrait pas constituer un effort insurmontable. C’est une initiative qui ne va ni au-delà de mes capacités intellectuelles, ni au-delà de mes ressources physiques. Une moyenne de mille huit cents mots par jour c’est jouable. C’est pour la bonne cause : travailler mon style. C’est indispensable lorsqu’on n’a pas le talent débordant.
Me voilà donc assis devant mon ordinateur, prêt à me mettre à l’ouvrage. Bon, par quoi commencer ? Je réfléchis un instant, choisir un sujet que je connais bien devrait me faciliter la tâche. Pour autant, je ne vais pas me précipiter. Une petite voix que je connais si bien me demande pourquoi j’écris ? Sans me laisser le temps de répondre elle enchaîne : pour qui tu écris ? Mais enfin, tout texte écrit est adressé à un lecteur, il tend vers l’autre, il fait part à autrui ! Évidemment, écrire pour écrire ne rime à rien ! Il faut avoir quelque chose à raconter, un message à transmettre. Imaginer un petit conte, pas trop d’ambition, d’abord pour le plaisir. La petite voix encore : le plaisir de qui ? Le texte, publié ou non, aussi banal soit-il en apparence, s’inscrit dans l’histoire de son auteur. Il crée l’histoire de celui-ci avec, en toile de fond, la société dans laquelle il se déroule. As-tu une vie riche en expérience ? (Commence à m’énerver cette voix). Est-ce nécessaire pour écrire ? Au moins je ne sombrerai pas dans l’autofiction qui est un détournement fictif de l’autobiographie (et vlan dans les côtes de la petite voix).
Bon le temps passe, alors quel sujet ? Peut-être devrais-je commencer par faire le point de mes connaissances ? Oui, je vais faire une liste et choisir ensuite ce qui me tient à cœur. Après tout je ne suis pas ignorant. Cependant, tout étant relatif, ne sommes-nous pas tous ignorants ? (Ça y est, la petite voix m’a contaminé). Le savoir est l’ensemble des connaissances acquises par l’étude et par l’expérience. En sommes-nous pour autant détenteurs de vérités ou de certitudes ? Ah si vous saviez tout ce que je sais : je suis habile en ma profession, je sais la grammaire et les mathématiques, je sais l’anglais, l’allemand et l’italien, je sais me battre quand il le faut. C’est beaucoup, mais n’est-ce pas peu également ? Ne suis-je pas prisonnier d’une illusion de la connaissance ? Tout le monde est ignorant et ignorer son ignorance c’est ignorer deux fois.
« Vivre ou écrire, il faut choisir ! », affirmait Marcel Proust.
Plus tard, Georges Simenon le rejoignait : « Fin : roman terminé, je rentre dans la vie. »
Par ailleurs, nombreux sont les écrivains qui disent ne pas pouvoir vivre sans écrire ou encore écrire pour ne pas mourir. Mince, me voilà dans de beaux draps, je m’égare, je ne sais rien et je veux écrire quatre pages par jour ! Je ressens aussitôt le vide autour de moi, que dis-je, le néant. Je reprends mon souffle lentement, je réfléchis encore. La réflexion me sauve, l’étincelle jaillit, il suffisait d’un peu de patience. Touché par la révélation, je me dis que je vais écrire chaque jour quatre pages en faisant référence à mon ignorance. Il suffisait d’y penser ; écrire sous ignorance c’est écrire sous l’indulgence des savants. De plus, j’apprendrai forcément et apprendre c’est se mettre sur le chemin de la vérité.
Gabriel Schmitt
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Ecrire, écrire, écrire, à s'en brûler les yeux, rêver, chercher, comprendre, n'avoir que l'écriture pour maître et pour Dieu, esquisser le trait, déguiser le réel, prendre des contre pieds et choquer, et aimer. L'écriture est un cri, un choc, une caresse, une déchirure, personne, personne, PERSONNE, ne peut nous apprendre à écrire, la nature ne nous apprend pas à naître. On naît, point.
Je pense également qu'il ne faut pas écrire parce qu'on doit écrire, mais parce qu'on peut écrire. Et que l'écriture est l'acte le plus prodigue que je connaisse. On fait don de soi à l'autre, et si on écrit seul, c'est justement pour que les autres le soit moins.
L’envie d’écrire ?… Très honnêtement, @Gabriel Schmitt, je ne l’ai eue que tard, très tard. Le hasard n’existe pas et j’en suis intimement convaincu. Sans la rencontre improbable, très en dehors de mon milieu, d’une femme exceptionnelle en tout, une femme russe, une pianiste…, jamais je n’aurais eu l’idée d’écrire… Une femme que je n’ai jamais oubliée, l’inoubliable ne s’oublie pas, où il n’est pas… J’en ai écrit mon premier « roman », presque dix ans, il m’a fallu, je suis hyper procrastinateur… Et la pompe amorcée, j’en ai écrit un deuxième actuellement en ligne ici et j’en écris un troisième… Bonne chance à vous pour écrire, avec les bagages culturels que vous avez (que je n’ai pas), cela ne devrait pas trop vous poser de problème… Ce que j’aimerais écrire ce sont des réflexions, sur la vie, la mort, le temps, l’après et le non après, mais ma limite culturelle m’empêche d’oser...
@Gabriel Schmitt Il y a malentendu, et comme je n'aime pas cela, je m'explique : pour ma part je ne considère pas que l'échange bienveillant (car je parlais bien d'échange et non de genre) doit être réservé aux seuls écrits bienveillants. L'association me paraît aussi clanique qu'absurde, vraiment. J'espère vous avoir éclairé. Bonne soirée !
@Gabriel Schmitt Merci pour votre réponse.
"Tout en reconnaissant la légitimité de certains romans engagés et acrimonieux", écrivez-vous. Je ne vois pas le rapport avec mon commentaire et me demande ce qui vous donne l'impression que quelqu'un déciderait de ce qui est légitime ou pas en matière de publication, ici tout particulièrement, où se côtoient tous les genres, de la littérature jeunesse en passant par la romance, le roman noir et j'en passe.
Bonne journée !
@Gabriel Schmitt Je dirais plutôt "Avoir envie d'écrire ou ne pas avoir envie d'écrire, telle est la question" ;-), car écrire quelque chose qui touche de près ou de loin à la littérature ne se commande pas ; que dans le sens d'une astreinte, je n'en vois pour ma part pas du tout l'intérêt. C'est également ignorer la pulsion créatrice, l'imagination et les prédispositions pour la pratique d'un art, quel qu'il soit... Pour le reste, respect de la langue, inspiration, générosité et égards pour ses lecteurs me semblent des donnes incontournables pour créer un partage et peut-être un échange bienveillant, constructif...
Merci pour ce billet et bonne journée !
Michèle
Une expérience commune à beaucoup d'auteurs et d'apprentis-écrivains comme nous autres.
On écrit en se posant presque toujours les mêmes questions : pour quel lectorat? Dans quelle visée? Quel retour attendre? Et la question des résolutions, souvent respectées seulement au bout des trois premiers jours. Vivement que le vôtre aille jusqu'au bout.
Pour ce qui est des motifs, vous avez raison de le souligner, on ne peut pas écrire pour écrire, et fort heureusement. Mais le public visé selon le thème choisi peut facilement décourager. Exemple: écrire un texte portant des problématiques de son pays avec le langage que ses concitoyens comprennent bien mais au bout du compte, à peine 5 lecteurs!
En échangeant avec une slameuse ivoirienne, nous sommes arrivés à la conclusion que la poésie est le genre le plus ingrat en Afrique, ce qu'un poète sénégalais le clamer à la préface d'un livre, parce qu'on peut donner et à l'arrivée rien pour stimuler.
Mais qu'à cela ne tienne, écrire encore et toujours pour dire ce qu'on pense aux potentielles oreilles disponibles.
Écrivain passionné, auteur frustré, ou écrivaillon lambda, chacun, avec talent, maladresse ou souffrance, s'exprime.
L'évidence voudrait que plus on avance dans la vie, plus on aurait à écrire.
Vrai et faux !
La richesse de l'esprit, on peut l'avoir à tout âge. Par contre de la parole à l'écrit, un autre monde se crée. Comment le maîtriser ?
Écrire c'est une autre façon d'exister.
Le piège consiste à ne pas se prendre pour meilleur que d'autres. Les donneurs de leçons, méprisant de leur supériorité les débutants, peuvent rester au placard.
Car même le texte le plus insignifiant, maintes fois retravaillé, peut devenir un petit bijou.
Alors n'hésitez pas, ÉCRIVEZ !
Cher ami helvète, si l’incontournable Marcel a écrit : « Vivre ou écrire, il faut choisir », je rajouterais volontiers « Écrire ou ratiociner, il faut choisir ». L’un empêche l’autre, même s’il lui est complémentaire.
On ne peut rien écrire si l’on a pas vécu (et vécu ne veut pas dire « avoir fait » la vie (comme on dit : « Cet été, j’ai fait la Corse » (par exemple))), mais avoir fusionné avec l’existence, en avoir fait une expérience VAKOG hyperintense, à tel point qu’elle a imprégné les neurones.
Ratiociner ne sert à rien qu’à procrastiner, à tourner en rond, à perdre l’enthousiasme nécessaire à notre petite folie (car, entre nous, il faut être fou pour écrire, ou, en tout cas, ne pas être sérieux).
Il faut FAIRE sans jugement, juste l’action pure d’écrire. L’évaluation, c’est pour plus tard, ou pour les autres, les lecteurs. Après tout, il doivent bien servir à quelque chose, ceux-là. Il faudrait voir de leur laisser quelque chose à faire, à penser, à exprimer.
Alors, @Gabriel Schmitt : « Lève-toi (bon sang, qu’est-ce tu fiches encore au pieu ? Il est déjà 6 h 18) et écris ! »
Pour me remettre à écrire et faire démarrer le moteur, je m'étais fait des petits challenges.
J'ai commencé par "642 things to write about", qui n'existe malheureusement qu'en anglais. Bêtement c'est un livre qui donne des thèmes d'écriture et on doit écrire dessus. Il y a eu des déclinaisons de ce livre. J'ai tout acheté mais j'avoue n'avoir pas tout rempli.
J'ai trouvé que c'était quand même une bonne base, en tout cas ça m'a amusée et j'espère m'y remettre sérieusement un jour (je ne désespère pas).
Sinon il y a les classiques : prendre un mot dans le dictionnaire et écrire une histoire avec (dans un temps limité, une heure par exemple), écrire une histoire à partir d'une photo, etc.
En cherchant "sujets d'écriture" sur google, il y a moyen de trouver des idées ou des aides. Mais j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup plus de matière en cherchant "writing topics". Parce que je parle principalement l'anglais, mais ça vaut j'imagine pour toutes les langues.
Bon sinon, plus souvent j'écris sur moi-même et mes propres émotions. C'est sûrement ce que je préfère, transformer les émotions en mots. Je ne sais pas, je n'y ai pas réfléchi comme ça.
Mais c'est vrai que d'une manière générale, je n'aime pas "écrire juste pour faire joli" ou "écrire pour écrire". J'aime "écrire pour sonder le fond de mon âme" (ou celle des autres, parfois).
Merci pour ce texte.
Oui, c'est compliqué de s'y mettre, ou de s'y remettre, ou tout simplement de vouloir changer et évoluer dans son écriture.