Voir mourir son enfant n’est pas dans l’ordre naturel des choses. Pour les parents, c’est l’une des pires tragédies de leur vie.
Il n’y a pas de hiérarchie dans la douleur. La souffrance provoque toujours le même tsunami dès lors qu’on perd un être cher. Mais la perte d’un tout petit enfant (appelée « deuil périnatal » pour signifier le décès si près de la naissance), confronte l’être humain à une tragédie particulière.
Pourquoi cette épreuve fait-elle plonger dans un vide abyssal ?
Même si nous réussissons à accepter la mort comme un dernier acte incontournable de toute vie, la mort périnatale renvoie à un profond sentiment d’échec, d’autant plus dans nos sociétés modernes, où tout est mis en œuvre pour empêcher la mort en couche ou la mort prématurée du nourrisson.
Pour beaucoup, probablement ceux qui n’ont jamais été confrontés à cette tragédie, il semble facile de faire le deuil de quelqu’un qui n’a pas eu d’existence propre, avec qui on n’a pas partagé de souvenirs, avec qui on n’a pas écrit une page de l’histoire familiale.
On est loin de la réalité à laquelle ces familles concernées sont confrontées et pourtant, c’est une idée largement répandue. D’ailleurs, la maman qui vient de perdre son enfant n’a-t-elle pas fait une « fausse couche » ? Et ne lui dit-on pas souvent, histoire de la consoler : « Vous êtes jeune, vous en aurez d’autres ! » ?
Ah le poids des mots ! Dans le cadre d’un deuil, il est très difficile de trouver les mots qui apaisent. Souvent par peur d’être maladroit et de blesser, on préfère se taire. Tout le monde n’est pas capable d’exprimer des paroles réconfortantes. La lecture pourrait-elle combler le vide quand les amis, la famille et l’entourage ont plutôt tendance à vouloir qu’on passe vite à autre chose. Comme une question de bon sens : effacer l’épreuve avant même de lui avoir reconnu son caractère tragique !
Car il est une question qui n’a pas reçu de réponse : qu’a-t-on perdu avec cet être ?
Et avant même cette question, l’autre, peut-être la plus significative : qui était cet être ?
Cet être que nous n’avons pas connu en tant que personne, mais qui a existé quand même, et non seulement dans la chair de la mère, dans son organisme tout entier, mais aussi dans ses projections, et dans celles du père et du reste de la famille. Qui était celui ou celle qu’on attendait et qui n’est pas venu ? Ou qui est venu, mais qui n’est pas resté ?
Le sentiment de culpabilité, né de l’incapacité à protéger ce petit être sans défense, bouleverse et remet en question toutes les idées qu'on peut se faire de la parentalité. On peut même en venir à douter de soi-même.
Et que penser de cet être qui a fait du ventre d’une femme… un tombeau ?
Cet être qui a déserté la chambre de l’enfant, qui ne portera jamais les vêtements qu’on lui a achetés, qui a abandonné sa mère à la poitrine douloureuse !
Combien de culpabilités non dites, non exprimées ?
Quelles lectures pour surmonter pareille douleur ou adoucir la séparation ?
Des témoignages pour mieux comprendre les émotions ressenties ?
Des livres amusants pour remplacer les larmes par le rire ?
Des livres de développement personnel ?
Des lectures fantastiques pour s’évader dans un autre monde ?
Et pourquoi ne pas imaginer l’être aimé disparu, heureux quelque part ?
La littérature sur la vie après la mort est plutôt riche.
N’est-ce pas là une piste à envisager pour aller mieux ?
Mélodie Ducoeur
Vivre dans un autre monde pour adoucir la violence du monde réel
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Vanessa D.L. Merci d'avoir pris la peine de commenter. La mort d'un enfant est un sujet terriblement tabou et les personnes qui doivent l'affronter se retrouvent bien souvent seules, incomprises d'une société qui préfère banaliser leur douleur. Et encore davantage lorsqu'il s'agit d'un bébé ou d'un embryon. Pourtant, la maman n'est pas la seule à souffrir. Le papa qui attendait l'enfant, les frères et soeurs, les neveux et nièces, les grands-parents,... tous à leur manière peuvent souffrir du manque. Quand j'ai écrit la nouvelle qui est à l'origine de mon roman "le royaume de Séraphin", la première personne qui m'a dit que cette lecture lui avait fait un bien fou, c'est une grand-mère qui venait de perdre son petit-fils; celui-ci n'ayant jamais respiré. Elle me remerciait et voulait me rencontrer. Je n'avais jamais imaginé que mes mots pourraient avoir un tel impact, procurer un tel réconfort. Elle me considérait comme sa bienfaitrice. Après avoir reçu plein d'autres témoignages identiques, j'ai compris le pouvoir des mots. Un regard, un geste, un mot, peut tout changer.
@Kroussar Je suis navrée de l'apprendre. La résilience est difficile à atteindre. La société voudrait que les personnes endeuillées passent rapidement à autre chose alors que faire son deuil nécessite justement de prendre son temps. Le chemin est semé d'embûches, avec des pas en avant, puis des pas en arrière. Rien n'est écrit d'avance et comme le dit si bien ci-dessus @ANTALL , l'absence, c'est l'omniprésence. Douces pensées pour vous, votre plus belle étoile et toutes les personnes concernées par la perte d'un enfant.
@Anne Sophie Trassard Merci d'avoir pris le temps de commenter mon article. Il vous a émue.... Si vous aimez vibrer d'émotion, n'hésitez pas à vous plonger dans mon univers littéraire. Décliné pour tous les âges, mes livres sont remplis de magie et de bienveillance. En effet, en complément du thème du deuil, les versions pour les adultes et les adolescents du "royaume de Séraphin" abordent également le thème de la différence. Lutter contre le harcèlement passe, selon moi, par plus de tolérance.
@ANTALL comme c'est bien dit. En effet, le temps n'efface rien. Tout est là pour rappeler que l'être aimé n'est plus là (une date anniversaire, un objet, un lieu, une photo, une échographie...).
L'absence, c'est de l'omniprésence.
Votre article m’a beaucoup émue. Il m’a permis de réfléchir à une telle perte que j’ai moi-même abordée dans l’un de mes romans. Merci à vous pour vos paroles pleines de délicatesse.
Pour avoir perdu mon fils, Sayanna, âgé de 25 ans, assassiné pour une mauvaise cause, le vide abyssal est terrible. La résilience ne vient que longtemps après. Vingt ans, cette année 2023...
Mes pensées accompagnent tous les parents qui ont perdu un enfant quelqu'en soit la cause, souvent par accident... Amitiés à toutes et tous.
Un article poignant et qui amène à réfléchir. Perdre un enfant est une épreuve terrible pour ceux qui la vivent.
Mes sincères pensées aux Mamanges et Papanges <3