Lorsque la femme que j’aime m’a demandé pourquoi je l’aimais, je lui ai répondu : « simplement parce que je t’aime ». J’étais incapable de fournir une réponse plus détaillée (et plus sincère). Je crois que l’amour que l’on porte à une personne ou à toute autre chose, en plus d’être un sentiment profond et complexe, est une pulsion physiologique frôlant l’addiction. On ne peut que le constater. Alors, à quoi bon chercher à en définir le « comment » ? Mais peut-être finalement que mes ancêtres armateurs malouins m’ont tout simplement transmis cet héritage.
L’océan est bien au-delà du grand-père, il est l’aïeul commun d’hier et d’aujourd’hui. Nous venons tous de lui. Sans vraiment en être conscient, chacun a sans doute en mémoire l’épopée de l’être humain qui débuta au fond des océans il y a des milliards d’années. Nous venons de l’eau. Tout comme un fœtus flotte dans un liquide amniotique composé à 96 % d’eau, nos très lointains ancêtres flottaient dans les eaux profondes des mers. Puis, tout comme un nouveau-né aujourd’hui, ils ont fini par émerger pour partir à la conquête de la Terre. L’histoire se répète inlassablement. Voilà ce qui est écrit et malgré nos efforts pour oublier ou tout détruire, c’est indélébile. Pour moi, jeter l’ancre, c’est en quelque sorte, tenter de renouer un contact avec nos origines.
Loïc sort plus d’un fantasme que du grand bleu. Il est sans doute l’homme que j’aurais aimé être. Fort, ignorant des choses de ce monde, un peu comme le Candide de Voltaire.
Ce roman est adapté d’une pièce de théâtre interactive de prévention ayant pour thème le suicide des adolescents. En créant ce spectacle, et afin de ne pas prendre le risque d’être incitatif, il me fallait transposer l’origine de la détresse de certains ados, leur réaction face à ce mal-être et enfin l’univers dans lequel cette désespérance apparaissait. J’ai donc choisi « d’embarquer » mon public dans un espace qui ne lui était pas familier. Mon objectif était que les jeunes puissent s’identifier à Estelle, mon personnage, sans qu’il puisse vraiment reconnaître le milieu dans lequel elle évoluait. Ce sont eux, les spectateurs, qui allaient aider Estelle dans son combat pour vivre. Loïc n’est qu’un skipper… Certes, il pilote le navire et connaît la navigation, mais si on ne lui dit pas où il faut aller, le navire restera au port. À mes yeux, c’est le principe même de la relation d’aide… Piloter sans décider (ou imposer) la destination. Ça s’appelle l’écoute active.
Quant à Loïc, comme Perceval le Gallois, c’est une sorte d’élu un peu naïf, poétique, qui ne connaît que son élément, l’océan et ses légendes. Du chevalier, il possède la pureté, mais aussi la force.
En fait, ça ne s’est pas fait d’une façon réfléchie. Ça va paraître sans doute un peu étrange, mais j’étais moi aussi à bord de l’Albatros. Suivant l’état de la mer, il me fallait prendre des décisions de navigateur que je soufflais à l’oreille de Loïc. C’est un peu comme la direction d’acteurs. Lorsque j’ai monté, « Bouteille à la mer », la version scène du roman, j’ai longuement expliqué à mes comédiens certaines techniques de voile… Par exemple, la manœuvre de récupération d’un homme à la mer ou celle du message à passer sur le canal 16 de la VHF pour faire part d’une situation de détresse en mer. Ce sont pratiquement les premières choses que l’on apprend lors des stages de voiles et de navigations.
Elle m’apporte une sorte de sérénité. La conscience d’appartenir à quelque chose de bien plus grand que moi. Ça calme tout en me remettant à ma place. Il paraît qu’aussitôt au large ou en bord de mer, apparaît sur mon visage un petit sourire qui ne me quitte plus. Je ne le maîtrise pas. Quant aux moments… Il y en a tant. J’en citerai deux.
Une petite île déserte à quelques encablures de l’île Maurice, un mouillage protégé du vent et de la houle dans une crique sublime, une nuit à dormir sur le pont de notre catamaran face au large. Le chant des vagues, les odeurs, les sons, le calme, la splendeur infinie de la voûte céleste, l’impression jouissive d’être seul au monde. Un des moments les plus intenses de ma vie.
Et puis, un autre soir, tard dans la nuit, sur la mer Égée, à bord d’une goélette. La pleine lune est d’argent, une couleur envoûtante capable de transformer la surface des flots en métal en fusion. Je demande à la femme que j’aime si elle accepte de m’épouser… Elle répond : « oui ».
Oui, dans un univers encore totalement différent. Encore un bouquin à caractère social. Encore une adaptation romanesque d’un de mes spectacles de prévention. Il aura pour titre : « Volant meurtrier ».
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Contente de connaitre un peu plus l'auteur (que j'ai rencontré sur un salon). Se souviendra-t'il de moi ? Il ressemble beaucoup à ce joli portrait.
@Kroussar De toute façon, je te l’aurais envoyé. A tout plus !
Oh que OUI, JBJ a du talent, je n'avais pas vu la publication de ton nouveau roman sur mBS. Une chance de pouvoir le lire. A très vite.