Interview
Du 30 mai 2023
au 30 mai 2023

Regard sur un livre : S'égarer de Lili Lewko

Lili Lewko a réuni seize nouvelles. Elle parle des Égaré(e)s aux égaré(e)s. Portraits bigarrés alternativement tendres et violents de l'existence de vrais gens qui font des choix bons ou mauvais, dans le monde brut. Entrez dans le bain de la vie avec Lili

Clara est caissière dans un supermarché ; elle encaisse. Omar passe sa vie sur son « trois marches », Omar tchipe, et puis il se prend pour un clebs, et mord la super nana aux fesses ; case prison. Jeanne aime Titi. Titi a les chocottes, parce qu’il connaît bien Jeanne. Vous pensez, c’est sa mère. « Approche. J’ai à dire, à te dire et à personne d’autre qu’à toi. », mais c’est dur d’obéir quand on sait comment ça se termine. Titi le sait. 

« Quand papa n’était pas au Portland, il était à l’Oregon, quand il n’était plus à l’Oregon, il était au Sacramento et ainsi de suite... » comment tout ça finit quand on passe son enfance de bars en bars ?

Ils sont femmes, hommes, enfants, vieillards, Blancs, Noirs. Ils sont tous différents, et tous le même personnage. Ils sont un-mille et Lili Lewko est dans leur tête. Elle est leur tête à tous. Lili est comme l’air, comme l’eau. L’air est partout, l’eau se faufile et elle érode lentement, sûrement, elle perfore la pierre la plus dure.

Alors, comment ça fonctionne le Lili Lewko style ?

Comme une divination avec cauris. Lili est la jeteuse de cauris. Elle commence par placer son personnage : Adnan, par exemple, persan et musulman. L’intrigue : quand l’Histoire passe par les papilles. Et elle jette les cauris une première fois, une deuxième, et puis trois, quatre, la cervelle d’Adnan est mise à nue, et puis pause : « Mais le diable n’osera pas se montrer ici. Maestro, faites vibrer vos tablas et rababs. Que la musique, elle aussi interdite par ces imbéciles, accompagne vos papilles. Bon appétit ». 

Et quitte Adnan pour la consultante suivante : Marie-Rose. Point et passe à Marino Un ange parmi les hommes. Lili jette inlassablement les cauris. Pénètre dans la cervelle du consultant : Marino, Queen, Clémentine… tous en équilibre, tombera, tombera pas. Quel est le destin de ce personnage ? Aura-t-il la force d’une pirouette finale. comment quittera-t-il la scène ? Dans un soupir d’espérance : « Ça doit être ça le paradis : un bébé qui vient de naître, et le silence qu’Allah fait pour accueillir son premier cri. ». Dans la violence : « So come on, fuck me ! » Vaincu par la fatalité : « En parlant de bière, si on levait un verre ? À ta santé, mon Djef ! ». Épuisé : « Quand elles seront à l’horizontale [mes ailes en mouton], mon corps va grogner jusqu’à épuisement ». Ou comme la toute dernière fin de la dernière histoire « +6Je te souhaite tout le bonheur du monde. J’y vais. Assalamou’alaikoum ».

Habitée par sa « voyance », Lili nous embarque dans un improbable voyage en Précarité, pays aux contours incertains. Plus qu’un voyage, c’est une sorte de transe, dans laquelle chaque mot est un clou, chaque planche de salut, une plaie. 

Il y a une espèce de folie, un tempo de jazz à la Bird, à la Bloomdido, on entend presque Dédé Minvieille demander « Madame Lili, mais dites donc, dites comment faites-vous donc ? »

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Bonjour @Lili Lewko !!!

Admirer par la beauté parfaite du jeu de mots dans la narration de vos histoires !

C'est tellement si simple, comme si qu'écrire est égale à une plume, de l'encre et ensuite gesticuler la main pour tracer une hanzi ou une abdja.

Publié le 31 Mai 2023