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Le 27 jui 2023

Regard sur un livre - "le royaume s’effondre" de Yolaine Rivière, commenté par Jean Benjamin Jouteur

"Enfin un bouquin qui, traitant de la révolution de 1789, se permet de remettre quelques pendules historiques à l’heure !" dit-il.

 

J’ai lu "le royaume s’effondre" de Yolaine Rivière et j’aurais envie de dire, c’est d’ailleurs ce que je m’apprête à faire : "Enfin un bouquin qui, traitant de la révolution de 1789, se permet de remettre quelques pendules historiques à l’heure !".

Bon, je le reconnais, ce sont peut-être mes origines ethniques qui me poussent à clamer que rebelles et victimes mourant pour la liberté ne sont pas toujours dans ce camp des présumés gentils désigné de façon officielle.

Tiens pour exemple, la prise de la Bastille dont on nous rebat les oreilles à chaque 14 juillet est une supercherie que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de fake news. Et cette mystification historique est très bien dévoilée dans ce livre.

Petit cours d’histoire ? La Bastille n’a jamais été prise par le peuple de Paris, un peuple sur lequel le gouverneur de la célèbre forteresse a d’ailleurs refusé de tirer. Ce grand dadais un peu naïf, mais aux principes finalement humanistes malgré son poste, s’est contenté d’ouvrir en grand ses portes.

Erreur ! Tragique erreur ! S’il avait lu « La psychologie de la foule » de Gustave Lebon, pas encore écrite à l’époque, il aurait su que l’on ne raisonne pas une foule en colère. Le marquis Bernard-René Jourdan de Launay s’est fait massacrer avec ses hommes malgré cette promesse qu’il avait négociée. Celle que lui et ses hommes auraient la vie sauve.

L’histoire est écrite par les vainqueurs, c’est bien connu.

Je sais, je risque de me faire des ennemis dans la gent des sans-culottes encore en exercice, ma foi, tant pis. Ça ira, ça ira, certes ! Mais il faut bien reconnaître que parfois ça ne va pas… Et quand l’oppressé devient à son tour bourreau, à mes yeux, il ne vaut pas mieux que l’oppresseur.

Pour en revenir au bouquin, Yolaine dénonce les horreurs commises par les inhumaines « colonnes infernales ». Certains ont beau nier encore et toujours la sinistre vérité, de nos jours, on parlerait de « crime contre l’humanité » ou de génocide.

Klervi, l’un des personnages principaux du livre, commente la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en débutant son discours par cette phrase : « Nous sommes tous libres et égaux en droits. Une égalité purement rhétorique, une liberté purement fantasmée ».

Je le reconnais, lire le discours de Klervi a été pour moi un véritable plaisir tant je me reconnaissais dans ses mots. J’ai lu ce passage plusieurs fois.

Contrairement à certains des lecteurs dont j’ai lu les commentaires, je n’ai pas regretté que le volet "historique" étouffe quelque peu la romance. Il me semble, qui plus est, que ce ne soit pas le cas. L’histoire d’amour est bien là… Mais elle passe en second plan, car il ne peut en être autrement. Tout comme Scarlett et Reth Butler sont emportés malgré eux par la guerre de Sécession, Klervi et Emrys subissent la Révolution française de plein fouet. Ils n’ont pas le temps de s’aimer, ils n’ont que celui de survivre.

Oui, j’ose cette comparaison avec ce magnifique roman-fleuve de Margaret Mitchell, « Autant en emporte le vent » car il existe un certain nombre de points communs entre les deux ouvrages.

D’abord la force, l’intelligence et la volonté du personnage féminin, sa capacité à être écoutée, son humanisme aussi. Puis l’aspect épique et passionnant du roman que l’auteur parvient à entretenir tout au long de son bouquin. Les descriptions, imagées, très justes et réalistes, de ce contexte historique en pleine ébullition. La misère de ceux que l’on appelle « Petites gens », leur courage et leur faculté à se relever malgré le harcèlement constant des oppresseurs sans pitié au pouvoir.

En quatre mots, c’est un bon roman… Dépaysant, passionnant et instructif. De plus, ce qui ne gâche rien, c’est bien écrit, fluide, très documenté, mais non redondant. Un long moment de lecture que j’ai vraiment appréciée et que je recommande.

J’attaque bientôt la suite ! À bientôt pour de nouvelles aventures épiques… Kenavo !

 

Jean Benjamin Jouteur

 

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Merci @Yolaine Rivière pour ce roman que je lis avec beaucoup d'intérêt. Votre écrit est d'une grande richesse.

Publié le 22 Décembre 2023

J'avoue que peu m'importe que la révolution ait été initiée par tel ou tel groupe, l'essentiel est qu'il fallait qu'elle soit et elle a été. A t'elle fait cesser les privilèges : oui, mais pas longtemps, l'homme est incorrigible ! Merci pour cette lecture il est quand même toujours utile de remettre les choses à la place qu'elles méritent et cela permet aussi de retrouver des analogies avec notre époque actuelle.

Publié le 31 Juillet 2023

@Phillechat 3 Certes, des bourgeois qui se servirent du peuple pour parvenir à leurs fins, nous sommes d'accord. Toutefois on estime tout de même à cent soixante-dix mille le nombre de tués, morts et disparus, soit autour de 20-25 % de la population régionale. Les dévastations de villages, les exécutions sommaires et les viols sont dorénavant reconnus dans l’historiographie. Le tout a été exécuté par des troupes disparates et rivales, dans le cadre d’une législation extraordinaire, sous la tutelle de deux institutions (la Convention et le ministère de la Guerre) en conflit l’une avec l’autre qui mirent en place les décrets les plus radicaux (1er août et 1er octobre 1793) contre les « brigands de la Vendée » puis ceux de Bretagne. Rappelons que le terme "Génocide" (du grec genos, « race », et du latin cide, « tuer ») désigne l'extermination physique, intentionnelle, systématique et préméditée d'un groupe humain ou d'une partie d'un groupe en raison de ses origines. Sachant cela, je ne suis pas convaincu que le terme génocide soit inapprorié.

Publié le 31 Juillet 2023

Ajoutons que la révolution fut bourgeoise et non populaire. Ma réserve : user et abuser du terme génocide lui fait perdre tout son sens.

Publié le 31 Juillet 2023