La folie fait peur, questionne et se définit difficilement. Après un premier article dans une folle tribune « Où est la frontière entre réel et folie ? », je vous propose maintenant de plonger au cœur de la psychose le temps de lire ces quelques lignes.
La folie et la littérature ont entretenu une relation complexe et fascinante à travers les âges. La folie, cette perturbation de l'esprit qui échappe souvent à toute rationalité, a souvent été explorée et représentée dans la littérature comme un miroir déformant de l'âme humaine. Des écrivains tels que Edgar Allan Poe, Virginia Woolf et Fiodor Dostoïevski ont plongé dans les profondeurs de l'esprit troublé, dépeignant des personnages tourmentés par leurs démons intérieurs. La folie offre à la littérature un terrain fertile pour explorer les limites de la perception, de la réalité et de l'identité. Elle permet de questionner la nature de la normalité et de mettre en lumière les zones d'ombre de l'existence humaine. Dans les récits où la folie est omniprésente, la frontière entre la lucidité et la démence devient floue, invitant le lecteur à remettre en question ses propres certitudes sur la santé mentale et la condition humaine.
La psychose se définit par la perte de contact avec la réalité.
Il s’agit également d’une structure psychique qui se met en place dans l’enfance en fonction du développement de l’individu : une organisation de la subjectivité.
La psychose paranoïaque, dans une perspective psychanalytique, est un trouble mental caractérisé par un système de pensée délirant centré sur la méfiance, la suspicion et la projection de ses idées sur l’autre, le persécuteur désigné. C’est lors de cette bascule vers la folie que le sujet se met à délirer, … sans s’en rendre compte.
C’est précisément cette situation dont s’empare la littérature pour décrire et élargir sa compréhension de la folie, passant d'une représentation mythologique à une exploration psychologique et sociale plus profonde, reflétant ainsi l'évolution de la compréhension humaine de ce phénomène complexe.
Lorsqu’un auteur décide de décrire un personnage de roman sombrant dans le délire paranoïaque, il est nécessaire avant toute chose d’avoir quelques connaissances sur la pathologie mentale, de comprendre les causes, les symptômes, les expériences de vie pouvant induire cette bascule dans la folie, avec une finesse clinique afin de créer un personnage authentique.
L’auteur doit approcher son personnage avec empathie et bienveillance, ne pas le représenter uniquement par le prisme de son délire. C’est un personnage avec une histoire, un parcours de vie, un moment de bascule.
L’utilisation de la narration subjective permet au lecteur de mieux saisir l'expérience intérieure du personnage délirant. En utilisant des techniques telles que le monologue intérieur ou la narration à la première personne, l'auteur peut immerger le lecteur dans le monde mental chaotique du personnage.
Voici un extrait de ce qui pourrait être le monologue intérieur d’un personnage délirant :
"Je vais sortir ce matin, ne sachant pas tellement à quoi m’attendre, après une nuit sans sommeil ou peut-être même deux. Je ne peux plus les compter, comme je ne peux plus dormir. La nuit me hante. Ils sont présents, pas forcément dans ma chambre, mais les signes de leur présence ne trompent pas. Je ne peux pas en parler à Charlotte, je ne sais pas si elle me comprendrait. Elle sait sans doute quelque chose, peut-être même qu’elle a vu elle aussi ces journaux déposés à la cuisine. Ils avaient été lus, ouverts à la page numéro 3…
Ils ne sont peut-être pas dangereux après tout. Ils veulent juste me transmettre un message. Je dois décoder. Trois, troisième page, j’étais le petit troisième de la fratrie, mon frère et ma sœur avant moi ont découvert le secret, le secret de la famille. Je suis le troisième, je dois découvrir ce qu’ils veulent me transmettre. C’est noté, ici ou quelque part, dans ce journal. Je dois décoder. J’arrache cette page, je lis, j’analyse. Cette phrase, là : « le troisième intervenant à l’école de musique ». Ça y est, je le sais maintenant, je le sens. Ils veulent me suivre jusqu’à mon cours de percussions. Je dois annuler. Je dois leur faire savoir que j’ai compris.
Charlotte me trouve prostré sur le canapé. Je lis de l’inquiétude dans son regard. Je me livre. Elle rit presque. Elle ne me croit pas. Je vais devoir me méfier d’elle également. Je suffoque. S’ils m’empêchent de jouer, s’ils m’empêchent de vivre, de ressentir ma musique, je vais en mourir… je tremble. Ou je vais devoir les trouver, les surprendre avant qu’ils ne me tourmentent. Je ne parlerai plus dans cette pièce. Ils entendent ma conversation avec ma femme. Je suis muré dans mon silence. Je vais prendre un peu d’eau, il faut que je me détende. La radio, le journaliste, sa voix… Oh non, pas lui, pas ça, il me parle, ils savent eux aussi. Je suis foutu."
A travers ces quelques lignes, le défi littéraire est de faire passer l’angoisse du personnage au lecteur. La tonalité, les phrases brèves, le monologue intérieur, la fuite des idées. Le lecteur doit aisément imaginer le personnage prostré, se tenant la tête entre les mains ou faisant des allers-retours dans son appartement.
Je vous propose de reconnaître les signes d’interprétation excessive, la méfiance, la théorie du complot qui sont les stéréotypes de la paranoïa.
Et Rappelez-vous bien que l’individu, lui, ne sait jamais qu’il délire au moment où il traverse cet épisode.
Dans mon roman "La folie de l’exil", un des personnages bascule. Il perd pied nous semble-t-il, mais, vous, lecteurs, pourrez-vous faire la distinction entre les éléments réels et ses perceptions erronées ?
Après tout, quelle différence ?
Comment pouvons-nous être sûrs de toujours percevoir la réalité ?
Cet article a été écrit par une auteure monBestSeller. Les articles sont une des manières les plus efficaces de faire connaître ses livres, son style, sa personnalité d’auteur. Une des meilleures invitations à la lecture.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Sylvie de Tauriac Bonjour,
Rien qu'à l'évocation de ce film j'ai des frissons ...! Quelle angoisse effectivement !
Vous serez sans doute intéressée par mon article d'hier sur le thème de la folie à travers les époques. Je parle d'un livre qui a également été tourné en film . Bonne journée,
Natalia
Votre article m'incite à lire votre lire car la description de la psychose est pertinente et valable également pour le cinéma. Je pense à Psychose, le film d'Hitchcock, où les visages expressifs des acteurs transmettent l'angoisse et même la peur. Ce film ne vieillit pas, il est en noir et blanc, couleurs froides, idéales pour un thriller. La frontière entre la littérature et le cinéma est de plus en plus étroite car les meilleurs films sont des adaptations de romans. @Sylvie de Tauriac
@Luna Ashcroft
Bonjour,
Si l'extrait vous a plus vous apprécierez sans doute "La folie de l'exil " en découvrant la fragilité psychologique de mon personnage. Je lis également certains passages sur ma page Facebook.
Bonne journée,
Natalia
Bonjour @Natalia CLEMENT-DEMANGE, merci pour cet article intéressant ainsi que pour les précieux conseils. Il me rappelle mes lectures de l'oeuvre de Lovecraft et de ses créatures s'immisçant dans les esprits les plus réceptifs, les rendant fou. La folie, éternel vivier d'inspiration pour de nombreuses oeuvres, il va sans dire. J'ai également beaucoup apprécié la lecture du monologue du personnage.
@mBS
Comment modérer des immodérables complusif (sic) ? Je ne sais pas ; peut-être pourriez-vous suggérer à l'aimable DEC de répondre, aimablement, à ma question. Pourquoi fait-il tant d'embarras, l'égotiste ?
Et ça continue. Voulez-vous tous les deux (et trois, accessoirement, si l'on change de page) faire la preuve que modérer ne sert à rien ? Eh bien, c'est réussi. Et dire que des gentils membres mBS nous reprochent continuellement de ne pas plus modérer. N'y a-t-il pas matière à rire ? Comment modérer les immodérables complusifs (barbarisme et néo-pléoname assumés, pas la peine de s'exciter) ?
@DEC
Au risque de vous contredire, force m'est de rectifier votre déclaration : je ne suis redirigée nulle part, la meilleure preuve en étant que je suis ici ! Et si, plutôt que de vous répéter comme une machine détraquée, vous répondiez à ma simple question de savoir pourquoi, selon vous, la nature est par nature symbiotique. Cela n'aurait-il pas l'avantage de simplifier nos échanges ? Mais peut-être en êtes-vous incapable. C'est cela, votre problème ?
@mBS
Plongez dans la danse avec la boiteuse ! Mais réfléchissez un instant... Ne serait-ce pas là une mise en abîme parfaitement conforme au thème de cette rubrique ?
Quant au Tango, je propose des leçons particulières destinées aux personnes affligées de divers handicaps. C'est pourquoi la très estimée Tr. Nora Dolorès Perynne de Merteuil Gabler Prozorov est gracieusement redirigée sur la page du Manifeste "dualité ego conscience", dans le seul but de préserver l'intégrité des rubriques MBS face à l'intrusion de ses manœuvres puériles et futiles.
@mBS
Irina, la méchante ? Z'êtes un comique, vous ! Symbiotique, si je peux me permettre.
PS : Serais curieuse de savoir ce que vous entendez par "méchante". Le terme est un peu vague, non ?
@Irina Prozorov, @DEC,
Formidable, cette joute qui met en valeur l'étendue de vos savoirs, la finesse de vos intelligences, vos réparties primesautières, vos traits d'esprit acérés. Ça fuse, ça transcende en diable. Si vos ramages se rapportent à vos plumages, vous êtes sans conteste des phénix. Je sais, DEC, ce n'est pas vous qui. C'est Irina, la méchante. Mais bon, il faut être deux pour danser le tango. Que celui a des freins les utilise. Merci.
@DEC
Et moi, je vous ai déjà invité (précédemment, pour reprendre votre aimable pléonasme) à aller vous faire voir.
@DEC
M'en voudrez-vous si je vous dis que je vous trouve quelque peu symbiotique ?
@DEC
Une triste manière d'encore se défiler.
@DEC
Très cher DEC, j'ai déjà refusé précédemment de rejoindre quelque autre page que ce soit et je poursuis sur cette lancée, principalement parce que je ne comprends pas très bien pourquoi j'irais ailleurs vous poser une question qui concerne un commentaire que vous avez écrit sur cette rubrique-ci. Si vous avez quelque bon sens, vous avouerez que votre invitation présente tous les signes d'une étrange saugrenuité. D'autre part, je ne pige pas très bien non plus la raison pour laquelle vous m'accusez de me livrer à des manoeuvres puériles et futiles, alors que je n'ai fait que vous poser une simple question concernant une vôtre déclaration, celle selon laquelle la nature serait, par nature, symbiotique. Je prends note de votre refus de me répondre autrement que par une lapalissade ("La nature est symbiotique parce qu'elle est symbiotique"), ce qui me pousse à penser que vous avez écrit n'importe quoi et que vous êtes à présent bien embarrassé pour fournir une explication plausible. Bien naturellement, je souhaite me tromper, encore que la disparition bien commode de votre réponse ne me laisse que peu d'espoir d'obtenir de vous autre chose que des accusations dilatoires et perfides. Pardonnez-moi, cher DEC, mais force est de remarquer que vous ne sortez pas grandi de cet échange. Et croyez bien que j'en suis désolée.
PS : Une dernière chose, avant que j'aille me faire pendre ailleurs : en quoi est-ce si futile et puéril d'interroger le sens des mots ?
@Cortex6
"Mais avec cette douleur, l'artiste affûte son outil", écrivez-vous. Ce qui fait que je me demande si vous ne vous êtes pas trompé de rubrique. En effet, une telle assertion ne conviendrait-elle pas mieux à celle consacrée par Mme Gwenn à la littérature érotique ?
@DEC
Merci beaucoup pour votre explication lumineuse. Et me voilà grâce à vous plus savante, puisque je sais maintenant que la nature est symbiotique parce qu'elle est symbiotique.
@Natalia CLEMENT-DEMANGE
Je laisse ce mystère sur votre page, mais c'est aussi un cadeau. Cette citation nous dit que la folie peut être un don.
Dans le domaine des arts, c'est quelque chose qui peut s'avérer précieux. Douloureux, sans doute. Mais avec cette douleur, l'artiste affûte son outil.
@Cortex3
Je parlais bien de votre texte :)
Ah mais de qui vient cette citation alors ? Dites nous
@DEC
Vous écrivez qu'il est intéressant de noter que, par nature, la nature est symbiotique. Si l'on considère qu'une symbiose est une association biologique, durable et réciproquement profitable, entre deux organismes vivants, qu'entendez-vous exactement par là ?
@Natalia CLEMENT-DEMANGE
Comment le névrosé pourrait-il s'interroger excessivement alors que sa différence avec le psychotique réside dans sa capacité à identifier les tourments qui le rongent ? Nous sommes tous conscients qu'il vaut mieux remédier aux causes plutôt que de simplement traiter les symptômes. La "méthode" préconisée offre la possibilité d'agir sur ces deux aspects simultanément; voir le manifeste "Dualité ego conscience" sur MBS, merci.
La folie est passionnante toujours à l'horizon de notre fragile Raison !
Mais elle n'est que la conséquence d'un monde inhumain :
Perdu dans un monde
numérique aseptisé
j'hurle sans réponse
Note : licence poétique car normalement le h est aspiré.
@Natalia CLEMENT-DEMANGE
Petit malentendu qui m'honore, le long extrait est de ma composition (in "Olivia"), à moins que vous ne parliez de la citation en début de commentaire... ce n'est pas un personnage de Victor Hugo, et sa folie est sa nourriture...
@DEC
C'est pour ça que celui qui délire ne le sait pas ... Alors comment celui qui entend le délire va pouvoir se positionner, entendre le hors sens quand ce n'est pas du hors discours ? Ce petit truc qui nous interpelle avant que le délire ne prenne trop d'ampleur. Le psychotique est persuadé de savoir , contrairement au névrosé qui se questionne...un peu trop peut être ;) !
@Cortex6
Merci pour votre commentaire, joli texte.
Sans créativité, sans grain de folie y a t il du talent ...?
Ce personnage de Victor Hugo est il considéré comme fou ou juste tourmenté par son passé et par les circonstances de sa vie...?
"Ne touchez pas à ma folie, Ô Ciel ! laissez-la vivre et quérir mes dernières forces, car sans elle je ne suis rien. Avec elle, je suis écrivain"
Je vous laisse deviner l'auteur de cet extrait de dialogue qui fait dire à son héros que la folie, c'est la muse (ou le talent).
Par extension à cette excellente tribune, n'est-il pas fou d'écrire ? Ou bien faut-il l'être pour écrire ? Quid d'un protagoniste écrivain dans un roman ? ce passage pour illustrer cet exemple – extrait de mon texte « Olivia » - avant de passer mon chemin :
Adrien retourne se coucher, un œil de dépit lancé à sa chambre.
À ces monstres et tous ces démons qui peuplent sa vie, sans doute.
À qui d’autre sinon, dans cette pièce où il est seul.
Veut-il vraiment les voir partir ?
Ils l’occupent.
Ils remplissent son existence.
Et lui donnent sans doute raison de s’enfermer.
Et sont une source infinie d’inspiration.
Se dire qu’il les aime est trop demander, mais qu’il les réclame est peut-être l’exacte vérité de sa vie.
Qu’il a besoin d’eux.
Comme les autres ont besoin des autres.
Que c’est de monstres et de simagrées qu’il a besoin pour vivre.
Mais déjà le sommeil le gagne, et cette révélation étonnante, pourtant si limpide, s’en va filandreusement se perdre dans un coin de sa mémoire, où assurément il saura en faire bon usage un jour. Adrien ne veut pas se couper l’herbe sous les pieds ni passer à côté de cette hypothèse monstrueuse d’être condamné pour le reste de ses jours à vivre avec ses bourreaux, replié sur lui-même, pour avoir quelque chose à se dire.
@Natalia CLEMENT-DEMANGE
Comment pouvons-nous être sûrs de toujours percevoir la réalité (ce qui EST) ? Excellente question, dont la réponse aiderait l'humanité tout entière.
Il s'agit essentiellement de redevenir sensibles au moment où nous réalisons que nous savons. Ce moment délimite la frontière entre "je sais" et "Je ne sais plus". Il est intéressant de noter que, par nature, la nature est symbiotique, et tous les êtres, sauf l'Homme, maîtrisent ce seuil à la perfection ! Pourquoi ? Pour répondre à cela, il faut inévitablement scruter les méandres de la psyché pour finalement distinguer quatre "Objets" fondamentaux :
L'émotion naturelle au service de l'être.
L'émotion irrationnelle, incluant l'ensemble des mémoires psycho-affectives de peur et de plaisir (le virus: l'ego).
La pensée du Je/Moi.
La conscience, qui donne du sens, entre autres, en rendant compte des causes et des effets qui génèrent les prises de conscience, autrement dit, le passage de "je sais pas" à "Je sais".
Sur ces bases, notre esprit, énigmatique et complexe, s'élève à partir de fondements simples, tangibles et observables. De là, nous pouvons plonger sans hésitation dans les mécanismes profonds des quatre éléments essentiels.
Il est grand temps que la psychologie et la psychiatrie parviennent à un consensus, éclairant ainsi les aspects fondamentaux de la conscience, afin de les communiquer de façon claire et accessible à leurs patients avant d'aborder les problématiques qui leur sont propres.
Mais cette entreprise ne sera pas exempte de sacrifices inévitables... d'ordre financiers exclusivement !
@Gwenn A. Elle
Sa propre réalité est sans doute différente de celle d'un autre, quelle complexité le psychisme de l'individu... Mais quelle merveille en même temps !
Si vous lisez La folie de l'exil , faites moi un retour sur la réalité du protagoniste ;)
Bonne soirée,
Natalia
@Natalia Clément-Demange
Merci pour cette intéressante tribune...
Quand à savoir si je suis sûre de toujours percevoir la réalité... Je m'en pose régulièrement la question !
Je perçois la mienne, mais quelle est celle des autres ? ;)
Bonne fin de journée !
Gwenn A. ELLE