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Le 27 mar 2024

Comment percer en autoédition ? Interview d'Adèle Prince

Comment naissent les personnages de série ? Comment réussir en prenant du plaisir à écrire ? Après un brillant parcours dans le petit monde de l’autoédition, notre auteure du mois (autoéditée par choix et heureuse de l’être) s’est lancée dans le cosy mystery. En quelques mois, Adèle Prince est devenue une signature phare de ce genre littéraire. Voici son interview.
Tribunes monBestSeller : Interview d'Adèle Prince, auteur à succès de cosy mystery

Appelez-la Charlotte Latourette. Son menton est pointu, quand elle sourit, ça lui fait deux fossettes. Charlotte tient le restaurant "La Pompadour", cis rue Courbet à Tarteville-sur-Mer. Charlotte à un chat : Maigret, et une grand-mère férue d’élucidation de crimes. L’hiver, on s’ennuie à Tarteville, et le commerce bat de l’aile. Heureusement, il arrive qu’on tombe, à minuit, sur un macchabée.

 

Question: 

Hi ! Adèle Prince. Dis-nous comment t’es venue cette idée de te lancer dans le cosy mystery en série ? 

Réponse: 

Adèle Prince : En 2020, je suis tombée sur "Bigoudis et petites enquêtes" de Naëlle Charles. Le hasard… J’ai trouvé ma lecture amusante, divertissante. Il y avait du mystère, de l’humour, ce que je possédais déjà. J’ai plongé dans le roman. Et j’ai fini par penser : « pourquoi pas moi » ?

Question: 

Et puis, la série, c’était déjà tout toi !

Réponse: 

Voilà. Donc, je suis retournée à mes amours : d’Agatha Christie à Agatha Raisin, en passant par Simenon, et, en 2021, j’ai écrit et publié mon premier cosy mystery : « Meurtres-Frites à la crème ». La série Charlotte Latourette était née. J’en suis au tome 6. 

 

Question: 

J’ai comme l’impression que ma vieille copine a fait peau neuve. Je lui pose la question.

Réponse: 

J’ai oublié ce que je faisais avant, avant d’écrire des cosy mysteries ! J’écrivais, bien sûr, mais je ne m’amusais pas autant !

 

Eh oui. Si Charlotte, et tous les personnages, sont si bien campés, si les enquêtes sont si finement montées, si tout rebondit just in time, si tout est si bien fait… c’est qu’il y a un tigre dans le moteur ! Et quel sacré tigre ! Une autre vie pendant laquelle notre amie s’est donnée à fond, a ouvert des voies nouvelles dans le domaine de l’autoédition. Une inspiratrice, une précurseuse.

 

Question: 

Penses-tu que tu aurais aussi bien réussi sans tout ce que tu as appris de l’écriture, et ta connaissance parfaite des étapes de la fabrication à la promotion d’un livre ?

Réponse: 

Il est certain que mon expérience précédente m’a permis d’aller vite et beaucoup plus loin.

Comme elle est modeste, Adèle nous dira qu’elle a eu de la chance, que Charlotte Latourette est arrivée au bon moment, au bon endroit. Mais nous pensons que c’est surtout la somme énorme d’expériences acquises en plus de dix ans en autoédition qui sont la clé de son succès.

Le site d’Adèle Prince

 

Question: 

Les questions de Junain

Bonjour, Adèle, comment en es-tu venue à écrire ? Qu’est-ce qui t’a poussée dans cette voie ?

Réponse: 

Le désir de m’exprimer. J’ai commencé, adolescente, à écrire des poèmes, comme beaucoup à cet âge, et j’ai continué à l’âge adulte, jusqu’à écrire un roman. Pour moi, l’expression passe par l’écriture.

 

Question: 

Quel est ton "processus créatif". Comment te viennent les idées de romans ?

Réponse: 

Difficile de dire. Je lis beaucoup de faits-divers, d’articles scientifiques et de débats d’idées, des romans et bien sûr des polars à enquête cosy. Tout ceci m’inspire. L’intuition est un facteur important, et être connectée au monde, à mon environnement, aux gens, aux animaux, aux plantes qui m’entourent encore plus important… Écouter.

 

Question: 

As-tu une "méthode de travail" pour élaborer une intrigue (fiches personnages, "au fil de l’eau", canevas...) ?

Réponse: 

J’écris des enquêtes. De fait, il y a un canevas inhérent au genre (le cosy mystery), et au déroulement d’une enquête. Je commence par écrire le meurtre, le où ? Qui ? Comment ? Pourquoi ? Cela représente un chapitre, qui ne se trouvera pas dans le roman final. Ensuite, je pars bille en tête, parce que je connais bien mes personnages (même si je ne fais pas de fiches détaillées). Quand j’arrive à la moitié du roman, je construis la deuxième partie, je fais un plan, mais le déroulement ou l’issue de certains chapitres peuvent changer… Pour résumer, je navigue entre le "au fil de l’eau" et le plan.

 

Question: 

Questions de Gwen. A. Elle

Comment t’est venue l’idée de créer le jeu et l’univers autour de ta série de livres ?

Réponse: 

En tant que fan de cosy mystery, j’ai cherché s’il y avait un livre de jeux et d’activités sur l’univers du cosy mystery. Je n’en ai pas trouvé, alors j’ai créé "Mystères et cosy mystery". Le livre est ludique. Il permet d’entraîner sa mémoire, de découvrir de nouveaux auteurs de cosy mystery, et de s’amuser seul, en famille ou entre amis.

 

Question: 

Comment, ou de qui es-tu entourée pour tout faire ?

Réponse: 

Je travaille avec une illustratrice pour les couvertures de chaque tome, une bêta lectrice, et, depuis quelques mois, une correctrice professionnelle pour les corrections. Tout le reste, je le fais moi-même. Je fais les choses au fur et à mesure. Je viens de créer un site, et j’espère y ajouter une boutique, cet été… Ça commence à faire beaucoup ! J’envisage de prendre, dans le futur, une ou un stagiaire, afin de me dégager plus de temps pour écrire une deuxième série qui me trotte dans la tête. Je me suis formée sur les pubs Amazon, sur les différents aspects du marketing. Aujourd’hui, c’est indispensable en autoédition.

 

Question: 

Est-il difficile de trouver son public avec un genre aussi précis ? (Je ne savais pas que ce genre portait un nom ! merci donc !)

Réponse: 

Bienvenue. Ravie de vous apporter une information. Non, justement, c’est l’opposé. Plus vous avez un genre ou un sous-genre bien défini, et un roman qui correspond aux critères de ce genre, plus vous multipliez les chances de votre roman de toucher son lectorat. C’est la définition même du marketing. En autoédition, il faut penser comme un éditeur, une fois le roman écrit.

 

Question: 

Comment as-tu fait connaître ton personnage : Charlotte Latourette ?

Réponse: 

Mon personnage s’est fait connaître grâce au 1ᵉʳ tome : "Meurtres-Frites à la crème". Je reviens à la question précédente. En étant dans la bonne catégorie et sous-catégorie, en ayant les bons mots clés et la bonne couverture qui correspondent au genre, et en arrivant au bon moment (1ᵉʳ tome publié en 2021), mon livre a touché les lecteurs de cosy mystery qui ont aussitôt adopté mon personnage, Charlotte Latourette. Ce n’est pas moi qui l’ai fait connaître, ce sont les premiers lecteurs. Le succès du tome 1 m’a surpris, car, à ce moment-là, j’avais tout au plus 20 personnes qui me suivaient sur FB et Instagram.

 

Question: 

Aurais-tu des secrets à nous partager pour se faire connaître, et surtout faire connaître nos livres ?

Réponse: 

Il n’y a pas de secret, il y a du travail. Un peu de chance aussi, et de l’apprentissage et formation. Formez-vous au marketing du livre si vous voulez être lu par un plus grand nombre de lecteurs, car, en autoédition, vous devez faire le travail d’un éditeur. Et le plus gros travail d’un éditeur est de savoir à quel lecteur s’adresse votre livre. Ne vous acharnez pas sur les réseaux sociaux, ça ne sert à rien. Le plus important, au départ, est de connaître le lectorat de votre livre. De savoir où il se trouve pour que votre livre rencontre son lectorat.

Une astuce : faites des salons avec votre livre. Vous rencontrerez les lecteurs, et vous vous familiariserez avec ceux qui sont intéressés par votre roman.

 

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17 CommentairesAjouter un commentaire

Mon amie Zébulone Viti me fait remarquer que mon commentaire est nul et non avenu, parce que (me dit-elle) le c cédille n'existe pas : "C'est une vue de l'esprit". De son côté, Mme Joé Florant m'affirme que l'hétéronomie (forcément irrésistible, sinon c'est du pipi de chat) ne va plus tarder à mettre de l'ordre dans tout ça. C'est bien le moindre qu'on puisse attendre d'une hétéronomie bien comprise.

Publié le 06 Avril 2024

Je me suis toujours demandé pourquoi le c cédille ne se prononçait pas "klouk". Dommage que votre rubrique ne réponde pas à cette question.

Publié le 06 Avril 2024

@Adele.Prince

Bonjour, Je vous ai envoyé un mail via le formulaire de votre site ;) Belle journée !
Gwenn

Publié le 05 Avril 2024

@Gwenn A. Elle
Oui, n’hésitez pas. Bonne semaine.

Publié le 05 Avril 2024

@Tomache Diafoirus Bien sûr ! Il faut comparer ce qui est comparable. Ce que j’écris n’est pas comparable avec ce qu’a écrit Camus. De plus en 1942, il était donné à peu de gens une éducation qui leur permettait de lire pour le plaisir ! Bonne semaine

Publié le 04 Avril 2024

Avec plaisir !
Je ne crois pas que l’éditeur de Camus, par exemple, se soit jamais soucié de savoir quel était le type de lecteurs intéressés par les livres de Camus. Il a dû supposer que ses livres intéresseraient l’humanité tout entière.
Ce qui compte, c’est d’abord la qualité du roman et non la coïncidence d’un roman et d’un lectorat.
En tout cas, je ne crois pas que raisonner en termes de lectorat fasse augmenter le nombre de lecteurs.
On peut espérer, au moins à long terme, que le nombre de lecteurs augmente parce que la qualité du roman a été reconnue.

Publié le 04 Avril 2024

@Adele.Prince

@Adele.Prince

Désolée de ne vous répondre qu'aussi tardivement. Je n'avais pas eu de notification...
Tout d'abord, je vous remercie pour votre patience. Vous l'aurez peut-être compris, ce n'est pas toujours mon for... Mais j'apprends... ;)
Je vais vous envoyer un mail, ça sera plus simple.
Encore merci.
Belle journée !
Gwenn

Publié le 04 Avril 2024

@Tomache Diafoirus Ha ha ! Pour instant, mes romans sont lus par un échantillon de «l’humanité toute entière » ! Merci pour votre optimisme ! .

Publié le 03 Avril 2024

Le lectorat d'un écrivain n'est-il pas l'humanité tout entière ?

Publié le 03 Avril 2024

@Sylvie de Tauriac Merci. Ravie que vous ayez appris quelque chose. Je ne connais pas la plateforme que vous citez, donc je ne peux me prononcer sur ce choix. Par contre oui, les prédictions (sur le marché anglophone de L’autoedition) semble confirmer cette tendance. Les auteurs qui ont déjà un lectorat ont intérêt à vendre en direct pour plusieurs raisons : marge sur les livres et ebook plus importantes (car plus d’intermédiaires), possibilité de collecter les informations et les mails de vos lecteurs. En France le problème reste le coût élevé du port, mais en proposant soit de travailler avec une plateforme qui envoie directement les livres, ou soit en vendant plusieurs livres à la fois peut permettre de compenser et d’absorber ce coût. Je ne le conseille pas pour les auteurs débutants. Commencez pas établir une liste d’abonnés et mettez le lien sur votre blog.

Publié le 30 Mars 2024

J'ai trouvé la lecture de cet article très instructive. Pensez-vous que la création de sa propre boutique sur des plateformes comme Payhip soit une bonne idée en autoédition ? @Sylvie de Tauriac

Publié le 29 Mars 2024

@Gwenn A. Elle merci pour vos félicitations. Je comprends vos questions. Elles sont plus que légitimes et je vais essayer d’y répondre le plus honnêtement possible. Si votre objectif est de trouver un lectorat, il faut de la patience avant tout et une stratégie sur plusieurs livres. Car à moins d’un énorme coup de chance, votre 1er l’ivre en autoedition ne se vendra pas à plus de quelques centaines d’exemplaires (100 a 500). Ce que vous pouvez mettre en place dans le 1er livre est un lien vers une newsletter à laquelle vos lecteurs peuvent s’abonner afin de partager avec eux des centres d’intérêts communs. Pour les inciter à s’inscrire offrez leur un cadeau ! Un texte inédit. Cela vous permettra de les prévenir de la sortie de votre prochain livre. Ce qu’il faut comprendre en autoedition : 1. votre marché c’est Amazon donc une partie en numérique importante et les salons/librairies grandes surfaces pour le format broché. Vous n’avez pas accès à la diffusion., seulement à la distribution. 2. Il ne faut pas confondre marketing et communication. Dites-moi ce que vous mettez dans le mot marketing ? Et dans le mot communication ? Et à partir de là, nous pourrons aller plus loin. Bonne journée ! Je vous recommanderai des formations avec plaisir. Tout dépend de ce que vous cherchez et le stade où vous en êtes aujourd’hui !

Publié le 28 Mars 2024

@Fanny Dumond ha ha ! Oui, les personnages ne nous lâchent plus ! L’avantage d’une série ! Nous pouvons développer les personnages sur des années. Et c’est vrai que cela occupe une grande partie de notre temps. Je lis entre l’écriture de deux tomes. Il n’y a aucune obligation d’écrire pour être édité ou autoedité. L’important est d’être en accord avec ses objectifs. Chacun fait comme il l’entend ou le peux. Merci. j’irai lire un tome de votre Louisette quand j’aurais un peu de temps libre pour le moment je me concentre sur la réécriture et la sortie de mon tome 6 des enquêtes de Charlotte Latourette !

Publié le 28 Mars 2024

@Catarina Viti merci pour cet ITW. J’ai créé un site d’auteure de la manière la plus simple afin de ne pas y passer trop de temps. Je favorise toujours l’écriture de mes romans. J’ai acheté un pack site auteur auprès d’auteurs américains qui font la maintenance et m’aident quand j’en ai besoin. J’ai eu juste à prendre un hébergeur et adapter le template à mon goût et dans le style dans lequel j’écris. Un site d’auteur est pour moi une vitrine et une façon de me faire connaître en tant qu’écrivaine de cosy mystery et éventuellement de vendre mes livres en direct. Une prochaine étape !

Publié le 28 Mars 2024

@Adèle prince

Bonjour ! Et merci pour vos réponses ! Forcément, elles amènent d'autres questions...
Comment percer en autoédition ? Ou comment faire sa comm ?
J'ai bien noté qu'un genre bien définit facilite la rencontre avec le bon lectorat, ainsi que l'importance de bien travailler la présentation, le titre,... Mais si les réseaux sociaux ne suffisent pas, quelles sont les autres possibilités ?
J'ai trouvé l'idée du livre-jeu excellente... Mais si elle colle bien au cosy-mystery, ce n'est pas forcément aussi opportun pour d'autres genres...
Vous avez évoqué des formations, notamment en ce qui concerne le marketing du livre... Auriez-vous des références à nous communiquer ? On peut trouver de tout et de rien sur le net...

Quel joli parcours en tout cas ! Continuez à vous faire plaisir !
Merci encore !
Gwenn

Publié le 27 Mars 2024

Bonjour, Adèle, si Charlotte Latourette a eu aussitôt le vent en poupe, c’est grâce à la formidable salle des machines embarquée sur le navire. Je me suis inscrite à ton blog, et j’hallucine rien qu’à voir le travail que tu abats avec tant d’enthousiasme et de professionnalisme. J’espère que tu vas nous en parler en détail dans les commentaires (ou dans d’autres articles). En tout cas, j’admire ton dynamisme et l’énergie que tu communiques à Charlotte ! Et nous, comme de sacrés veinards, nous avons droit à la dégustation ! Service Palace.

Publié le 27 Mars 2024

Bonjour Adèle. Je ne me suis jamais autant amusée que dans l’écriture du mien durant trois ans, pour onze épisodes. C’est Catarina qui m’a appris qu’il s’agissait d’un cosy mystery, sous genre littéraire, terme qui pointe le bout de son nez en France. Mais le hic, comme vous le soulignez, c’est que ma Louisette ne veut plus me lâcher les baskets. Auparavant, j'étais éclectique dans mes écritures, et j’attends d’avoir une autre inspiration pour passer à un autre genre, mais elle ne veut pas me sortir de la tête, la bougresse ! Quant à être lue en dehors de mBS ce n’est pas dans mes préoccupations, cela me convient très bien comme ça. Bravos pour votre belle occupation de trop longue haleine pour moi et merci de nous avoir éclairés sur vos façons de faire. Bien cordialement. Fanny

Publié le 27 Mars 2024