Le début, commençons par le pire :
Théophile Gauthier, le capitaine Fracasse (1863) : 20 pages de description de l’extérieur d’un château, puis 20 pages de description de l’intérieur. Mon conseil : commencez page 41, vous lirez un excellent roman d’aventure.
Faulkner : de bruit et de fureur (1929) : 92 pages de dialogues d’enfants incompréhensibles.
Les passages obligés, créant pour moi une onde d’ennui :
Une description des personnages principaux, surtout si elle est détaillée.
La présentation d’une situation archi-rebattue, surtout si elle est faite de manière objective, façon : « un meurtre venait d’être commis dans cette ville, et le commandant X se mit en devoir de contacter la famille de la victime… »
Alors que faire ? Deux pistes me semblent les bonnes :
Et pour vous ? D’autres idées ?
Patrick Liszewski
Altérations
Auteurs, envoyez nous vos billets, articles, humeurs. Cette rubrique est la vôtre : contact@monbestseller.com
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
A chaque fois que j'écris une nouvelle, le début de l'histoire est vraie. Soit un vécu, soit une info réelle. Ensuite, l'imagination prend le relais mais je crois qu'en faisant ainsi l'attention du lecteur est attirée car il sent qu'il n'y a pas mensonge. Ne pas prendre le lecteur pour un idiot, c'est une sorte d'histoire d'amour ce rapport auteur/lecteur ! Si la troisième page est tournée, c'est qu'il y à don envers l'auteur et son histoire, le lecteur fait don de son temps, de sa capacité a se laisser séduire ou pas et si il n'y avait pas une vraie notion de plaisir ce pourrait être presque de la manipulation. De la bonne conscience de ce rapport naît une protection, un rempart car sinon, même une âme mauvaise pourrait écrire et avoir du succès.
Le train est bien lancé mais la route d'un roman et de son auteur, c'est rarement des rails bien tracés. Mon premier roman était autobiographique, comme souvent par paresse et manque d'imagination. Une sorte de journal. Un témoignage. Texte tapé à la machine à écrire et photocopié à 12 exemplaires. Une fortune pour un étudiant. J'ai sorti 10 adresses des plus gandres maisons d'édition de l'époque. Il y a 40 ans. J'ai pris 10 exemplaires dans mes bagages et je suis monté à Paris, commen on dit chez nous. Avec ma meilleure copine du moment, un petit séjour à Saint-Germain-des-Prés, c'est toujours ça de pris sur la vie. Elle deviendra ma femme. On divorcera après 15 ans. Malin, je n'avais pas terminé mon roman. Les maisons d'édition devraient ainsi me demander la fin de l'histoire. Trois réponses polies avec mon manuscrit en retour. Ce n'était pas compatible avec leurs collections. Deux réponses négatives. Trois réponses perdues. Deux maisons me demandaient la suite et pas les moindes. Là, je n'avais plus l'envie d'écrire pour moi. C'est pourquoi, je me suis mis à écrire pour d'autres, pour des magazines, pour des publications d'entreprises ou d'institutions. Actuellement, mon essai Pour quoi? Pourquoi? est l'ouvrage le plus important et sans attendre, je l'ai publié sur MBS, actuellement gratuitement. Je me bats pour des idées, une utopie qui deviendra réalité. Votre avis m'intéresse. Merci!
Merci pour vos réponses ! Je voulais envoyer mon manuscrit à plusieurs éditeurs, mais l'impression coûte les yeux de la tête suivant où on va (et malheureusement, je n'ai pas encore trouvé l'imprimeur qui me fera tout ça pour une misère...) et j'ai lu quelque part (peut-être bien ici d'ailleurs) qu'envoyer à plusieurs éditeurs pouvait être vu comme de l'auto-plagiat... Ce que je trouve particulièrement grotesque ! Mais bon, quand jel 'ai envoyé, je n'avais pas de quoi en faire plusieurs exemplaires ^^ En plus, tous les éditeurs ne répondent pas aux questions telles que "préférez-vous un manuscrit imprimé uniquement en recto ou le recto-verso vous convient-il autant ?", et si je l'imprime en recto uniquement, je ne pourrai pas l'envoyer en un seul tome... Et pour parler clair, ça me fait CHIER ! Bref, je suis plutôt branchée concours littéraires en ce moment. Et je peux annoncer fièrement que je fais partie des cinq lauréats du concours "La Première Fois" organisé par Lecture en Tête à l'occasion du Festival du Premier Roman de Laval (Laval, où je me suis rendue pour la remise des prix... où je suis arrivée trop en retard pour être présentée en même temps que les autres lauréats... Il faut dire que Reims-Laval entre 8h30 et 14h le samedi des vacances qui était aussi le samedi du week-end de Pâques, ce n'est pas facile à gérer...).
@Inés, re: manuscrit. D'après ma courte expérience, les délais de réponse des éditeurs varient grandement. Certains vont répondre tout de suite, d'autres au bout d'un an ou plus. D'autres jamais. Dans 99.995% des cas, la réponse sera négative. Néanmoins, si l'éditeur est intéressé, il t'appellera et te posera certaines questions auquelles il faut être préparé(e). Les réponses les plus importantes sans doute sont : oui, j'ai un autre roman/essai/recueil en cours et j'ai l'écriture dans la peau, j'ai bien l'intention d'en écrire d'autres, et oui, je suis prêt(e) à faire toutes les corrections que vous me demanderez, quitte à tout ré-écrire, et, si vous osez ou si c'est vrai: Oui, un autre éditeur m'a contacté mais je ne peux pas encore en parler parce que c'est en négociations. Le manuscrit peut passer par plusieurs étapes chez un éditeur, depuis le stagiaire qui va faire le tri initial, éliminant 99% des envois, jusqu'au directeur de collection, en passant par le comité de lecture quand il y en a un (les gros éditeurs). Tu ne seras pas informé de la progression, donc tu ne sauras pas, jusqu'au dernier instant, si la lenteur à te répondre est dû à un réel intérêt ou si simplement ton manuscrit est oublié en bas d'une pile. C'est comme ça, c'est opaque. Seul un manuscrit sur 5000 environ débouche sur une publication. Par contre, Inés, ne te limite pas à un seul éditeur, si c'est le cas. Il faut un moyenne de trente envois au départ. Même JK Rowlins a vu Harry Potter refusé une douzaine de fois, ça ne s'est pas fait en un jour. Les meilleurs auteurs ont connu cela. Vingt, trente envois avant d'être repérés. Il ne faut pas être pressé(e). Bien sûr, il y a toujours le coup de bol. Ca existe. Mais il vaut mieux mettre toutes les chances de son côté.
Cinq mois ce n'est pas une surprise. Malheureusement (et sans vouloir vous porter la poisse) lorsqu'un manuscrit interesse un editeur, l'auteur recoit une reponse positive dans les quelques semaines qui suivent la reception du manuscrit en question.
Les maisons d'editions recoivent 30-50 manuscrits par jours par la poste. Certaines ont quelques personnes qui pourraient s'en occuper. Mais la plupart du temps les manuscrits s'empilent dans un coin en attendant d'etre renvoyes (si l'auteur a mis une enveloppe)...
J'y ai pensé mais j'attends (avec espoir) la réponse d'un éditeur à son sujet alors je ne voudrais pas couper l'herbe sous le pied d'une éventuelle réponse positive...
D'ailleurs, si vous connaissez un peu le système d'une maison d'édition, je ne serais pas contre une petite information pour éclairer ma lanterne ^^ : voilà 5 mois que j'ai envoyé mon manuscrit chez un éditeur, et pas de réponse, pas même négative. Au bout d'un mois, j'ai demandé simple confirmation de réception du manuscrit et une secrétaire du comité de lecture m'a confirmé la bonne réception du paquet avec tout son contenu et m'a assuré qu'il était en cours de lecture.
Alors cinq mois après la réception dont quatre après confirmation qu'il était en cours de lecture : Dois-je me réjouir que tant de temps soit éventuellement passé sur mon manuscrit ou, au contraire, me faire à l'idée que je n'aurai probablement pas la moindre réponse ?
J'avais également joint une enveloppe bulles pré-affranchie au tarif en fonction du poids du manuscrit pour un éventuel retour au cas où il ne serait pas retenu (pour l'intérêt que peut représenter un manuscrit ensanglanté d'annotations, de corrections et autres).
Oui le coup de l'enterrement comme première scène est devenu un peu typique mais c'est l'événement qui provoque le retour du personnage principal aux États-Unis, et comme l'histoire centrale ainsi que les histoires personnelles secondaires des protagonistes se déroulent sur de nombreuses années, je ne me voyais pas commencer avec l'origine de l'intrigue alors qu'elle est censée se dévoiler au fur et à mesure de la lecture... De plus, je ressentais le besoin viscéral de dévoiler le caractère et les secrets de mes personnages à travers des flash-backs, des souvenirs qui reviennent hanter les protagonistes ou bien que ceux-ci se racontent entre eux pour rappel ou en guise de révélation.
Inès
Merci de nous faire partager votre conception du début d'un roman. L'idée de commencer par un enterrement me plait bien, même si employée de nombreuses fois déjà.
Pourquoi ne pas mettre votre premier roman en ligne, ici même?
PL
J'ai commencé mon premier roman, Banco Charly, par la scène d'enterrement du protagoniste étant à l'origine de toute l'intrigue. La vue est d'abord très extérieure puis on se rapproche des personnages, on apprend doucement qui ils sont, leurs relations et leur rôle. Après l'enterrement, ils se retrouvent entre "amis" et "collègues" (milieu de la mafia) et parlent brièvement du bon vieux temps, et on apprend que le "héros" avait quitté le pays et qu'il est revenu pour l'enterrement. Le chapitre se conclue sur un flash-back, une douzaine d'années en arrière, qui relate l'après d'un autre enterrement, celui de l'épouse du défunt du début du chapitre. Je ne sais pas si c'est la technique parfaite, mais je ne voyais pas mon histoire commencer autrement car c'est ce décès et cet enterrement qui sont à l'origine de la suite des événements. En plus, on fait la connaissance des principaux personnages, de manière succincte mais suffisante, avec une courte description physique pour les situer, pour apprendre à les connaître plus en détails au fur et à mesure des chapitres, avec des informations personnelles plus intimes, des caractères qui se dévoilent avec leur expérience et en fonction des situations dans lesquelles ils se retrouvent. En tout cas, ça a plu à ma mère et à ma soeur et j'ai l'impression que ça plaît à une amie qui est en train de le lire en ce moment ^^
En ce qui concerne mon second roman, La Mort et l'Apprentie, j'ai écrit un prologue qui ressemble surtout à un monologue au sujet de la Mort elle-même et des impressions de l'esprit humain, les réactions de l'homme face à elle. Ce pourrait même être un monologue de la Mort en personne. Le chapitre 1 ensuite met en scène une journée banale de l'héroïne, on découvre peu à peu ses habitudes (tout à fait mauvaises), le cadre dans lequel elle vit et les relations qu'elle entretient avec les différents membres de son entourage le plus proche. Pour l'instant, j'en suis la seule lectrice alors je ne sais pas ce que ça vaut ^^
- Malcolm! tu d'vrais oter ton imper et ton galurin quand tu prends va douche, lanca Jacko.
- tu sais que t'es drole, le nouveau. Presque aussi drole que le petit marrant qui s'est gare sur ma place.
Malcolm savait tres bien que sa place etait celle du commissaire. Et il esperait bien qu'il avait entendu.
Robert
J'adore la première phrase "on ne se méfie jamais assez des sèche-cheveux". Elle ouvre la voie à un polar déjanté comme je les aime.
Les lectures que j'ai faites sur ce site , bien que de bonne qualité d'intrigue, me semblent trop policées, manquant de punch, un rien ennuyeuses. Le genre de polar dont vous vous dites: "c'est intéressant", intellectuellement, sans jamais vous dire: "Quoi? Purée, déjà deux heures du matin! Il faut que j'arrête la lecture, je vais être crevé demain matin".
Or, c'est la première scène qui guide le phénomène.
PL
Au contaire. Si j'avais a recommander un ou deux ecrivains de polars, ce serait Elmore Leonard et bien sur James Ellroy! C'est autre chose que Vargas, Grangier et compagnie....
L'article est très intéressant et décomplexant pour le jeune auteur, qui pense au contraire ne pas détailler assez ses personnages. Les commentaires sont aussi très enrichissants.
Au plaisir de vous lire !
Never open a book with weather
J'aurais dû mettre ce conseil d'Elmore Leonard en exergue (tiré de ses 10 conseils, faciles à trouver sur internet)
Merci aux premiers intervenants. Frank, j'ai adoré.
PL
Ca me fait penser a ce film avec Billy Crystal et Danny de Vito... la nuit etait sombre et humide...
Un jour j'ai commence un roman policier avec "On ne se mefie jamais assez des seche-cheveux"... :)
Sinon je me souviens de M. Connely qui avait commence son roman "the Poet" avec: Death is my beat.
Mais encore une fois, je reste persuade qu'il n'y a aaucune regle parce qu'il existe une variete infinie de lecteurs tous sensibles a des choses differentes.
Bonsoir Patrick, merci pour l'invitation. Selon les projets je peux changer de méthodes. Mais pour les projets longs, séries, romans... j'ai quelques habitudes, je fais un plan vague (pas toujours avec une fin précise), que je modifie au fil de l'écriture. J'écris tous les jours minimum 500 mots, souvent 1000 mots ou plus, mais jamais en dessous de 500 (c'est une discipline;-) ! ) je ne me relis qu'une fois que je suis arrivée à la fin. Et là, le travail de la réécriture commence.
Chris
Merci de participer. Votre bio me donne l'idée d'un autre échange: "comment concrètement écrivez-vous?". Pour ma part: une heure par jour, relecture et modifs de ce qui a été écrit la veille, puis du nouveau, sans trop chercher à peaufiner.
PL
C'est vrai, certains livres sont parfois excellents justement parce que l'auteur a fait exactement ce que tout le monde dit de ne pas faire ! Je pense que la seule règle qu'on peut suivre, ou ne pas suivre, est d'entrainer le lecteur avec soi, dans son aventure, son univers et il y a l'embarras du choix pour le faire. Il faut trouver sa voix et sa voie. Bonne écriture à tous.
Mais ces deux"conseils" n'en sont pas en fait. Il ne faut pas confondre livre et roman d'aventure type James bond. Un roman peut etre un roman d'aventure type James Bond, mais ce serait extremement reducteur de penser que ce n'est que ca. Du coup les deux conseils n'en sont pas. Un excellent livre pourra effectivement commencer par 20 pages de description interieur suivies de 20 pages de description exterieur. V Hugo pourrait faire passer toutes les emotions dans ces 40 pages tandis qu'un mauvais auteur pourrait commencer un mauvais bouquin avec une scene de james bond mal decrite.
Le Desert des tartares de Buzzati est un chef d'oeuvre et pourtant rien ne se passe. Et je ne parlerai meme pas des premieres pages de Du Cote de chez Swann. Les exemples sont legions.
Il n'y qu'une regle, c'est qu'il n'y a pas de regle. Ou alors c'est que vous ecrivez sur commande un livre pour la collection harlequin ou il y a effectivement une dizaine de regles a suivre scrupuleusement. Sont-ce de bons livres?