Ah, cher lecteur intrépide, mets-toi bien à l’aise, car nous allons plonger en eaux délicieusement troubles, ou, devrais-je dire, ensemble, nous allons enfiler de petites perles de subversion emballées dans du papier journal.
Cher lecteur, as-tu entendu parler d’Octave Mirbeau ? (Non tu ne te trompes pas d’article, tu n’es pas dans la série « Ces écrivains qu’on oublie », mais bien dans le magazine de l’été sur la plage ensoleillée de monBestSeller -sur-mer.
Alors, Octave Mirbeau ? Ça te revient ?
Mirbeau, ce drôle de zigoto, écrivait ces histoires comme qui sème du sel sur une plaie. En surface, ça paraît inoffensif, voire un peu farfelu, mais en dessous, c’est de la dynamite en poudre ! Ces contes, qu’il balançait dans les pages de la presse comme on glisse une peau de banane sur un trottoir bien fréquenté, étaient censés faire rire, certes, mais aussi, et surtout, faire réfléchir... ou déraper !
Sous le couvert de l’humour, notre Octave ne manque pas une occasion de taquiner la bedaine confortable de la bourgeoisie. Imaginez-le : un anarchiste en goguette, se glissant dans le salon feutré des honnêtes gens avec ses récits apparemment anodins. Et boum ! Un bon coup de pied dans la fourmilière des conventions !
Le troupeau humain, qu’il décrit avec une tendresse d’éléphant dans un magasin de porcelaine, se précipite tantôt vers l’abattoir, tantôt vers les urnes, sans se poser trop de questions. Ah, la belle époque ! Ces braves citoyens, tout fiers de leur bonne conscience, en prenaient plein la figure, sans même s’en rendre compte.
Entre deux éclats de rire, Mirbeau nous déshabille tout ce beau monde, le clergé, les politiciens, les cyniques et autres experts en hypocrisie, à grands coups de plume acérée. Ses contes, c’est comme un bon camembert : ça a l’air doux, mais ça te monte au nez !
Et que dire de son style ? Loufoque à souhait, mais d’une précision diabolique. Mirbeau c’est un peu le Pierre Dac de son temps : il prend des choses très sérieuses, les emballe dans du cocasse, et, te les balance avec un sourire en coin.
Alors, quand tu lis "Vache tachetée" et "Concombre fugitif", garde à l’esprit qu’ils ne sont pas seulement des petites folies d’écrivain en mal de sou : ce sont des bombes à retardement, prêtes à éclater sous le poids de leur propre absurdité.
Bref, avec Mirbeau, on rigole, on grince des dents, et on se prend à réfléchir malgré nous. Et si tu sors de là un peu secoué, c’est que le vieux Octave a encore frappé ! Un anarchiste chez les bourgeois, c’est un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaines : ça casse tout, et c’est pour ça qu’on l’aime !
Vous pouvez lire La vache et le concombre gratis sur Gallica (facsimilé de l’œuvre 1921)
Ou piocher dans votre tire-lire et l’acheter chez les Editions
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Le titre est la grande accroche du livre. Un titre doit être la réponse à ce que les lecteurs auront trouvé en ayant finit le livre. Personnellement j’ai bien qu’il soit dynamique, en mouvement et qu’il est un indice du sujet du livre.
Chez ce brave Mirbeau on trouve des scènes...
(Popaul I. Nère)
@Thierry Rucquois Oui, nombreux sont les auteurs qui se creusent la tête pour trouver un titre qui claque et se démarque. La série animalière en est un parfait exemple. Mais un titre qui claque pour ne pas tenir ses promesses et décevoir, c'est ballot...
Quoi qu'il en soit, vous avez été inspiré de subsituer "un dimanche" à "bout" ;-).
Bonne soirée. Amicalement,
Michèle
Aaaah Mirbeau. Quel joyeux farceur, quel regard aiguisé. L'un de mes auteurs préférés dans une époque qui se dit belle. Une plume acerbe qui serait toujours d'actualité. Et un titre qui forcément, pique la curiosité.
Dany Or
@Thierry Rucquois
Ce que vous dites de votre titre (au demeurant très réussi - comme votre livre) confirme ce que j'avance : le titre s'impose lorsque le bouquin est achevé - et bien achevé.
@Zoé Florent
Vous avez raison, ne parlez pas de vous. Les auteurs sont d'ailleurs souvent fades, inconsistants, inodores et sans saveur. Et qui cela peut-il intéresser de savoir que M. Untel, poète réputé, sent des pieds ?
@Jérôme Lanclume Je n'aime pas parler de moi (d'autres le font tellement mieux et avec plaisir ;-)), mais pour tout vous dire, l'absurde, la vacuité, la relativité... sont des notions que j'ai abordées très jeune. Mes crises existencielles, je ne les compte plus. Les premières furent adolescentes. J'en suis sortie plus forte, et tant d'eaux boueuses ont coulé sous les ponts depuis que plus rien ne me fait peur. Enfin, pour ma pomme, car pour autrui, je suis encore capable de "baliser grave".
J'aime la vie, et elle me le rend bien.
Concernant le deuxième point, je suis d'accord avec vous pour le vivre ainsi, mais je me garderai bien d'en faire une généralité. J'ai eu souvent écho du contraire.
@Zoé Florent
Je me pose une question : cette allergie à l'absurde, est-ce réellement une histoire de prédispositions ou de goût ; n'est-ce pas plutôt une peur de voir le sol se dérober sous vos pieds ? Parce que, à bien y réfléchir, cette vie est assez absurde, non ?
PS : Cela nous éloigne, il est vrai, du thème de cette rubrique, encore qu'il soit plutôt absurde de se triturer le melon afin de trouver un titre à son ouvrage. Un livre qui peine à trouver son titre est un livre mal conçu, mal écrit. Un livre digne de ce nom trouve son titre tout seul ; et l'auteur n'a plus qu'à s'incliner.
@Jérôme Lanclume N'en jetez plus ;-) ! Vous savez que je suis mauvais public pour tout ce qui touche à l'absurde. Question de prédispositions et de goût. Mais je reconnais que vous êtes aussi fécond que doué dans son exploration.
Merci pour cette brassée supplémentaire.
Amicalement,
Michèle
@Zoé Florent
Chère consœur, ma liste de titres vous ayant, semble-t-il, modérément amusée, permettez-moi de vous en offrir modestement une nouvelle brassée : "Freud contre Jack l’Éventreur", "Requiem pour un double salto", "Pensées lessivables", "Le Léviathan de poche", "Ma baignoire en solitaire", "Un Tchèque mal barré", "L’Énigme du quatrième petit cochon", "Grabuge dans le koulibiac, suivi de Rififi dans les pirojkis", "Mytho et Mégalo sont dans un bateau", "La Iule et la yole", "Urbi, orbi et Cie", "Le Martyre de sainte Camomille", "Le Saint-Esprit, sa vie, ses mœurs", "Pensée magique et chasse à courre", "La Morale des soupentes", "Si Phylis m'était contée", "Louons maintenant les lilliputiens", "Idylle dans le petit-lait", "L'Amour à la sauce gribiche", "Quand Coper nique", "Le Muet de la Muette", "Un revolver de coton", "La Preuve par l’œuf", "Il était une fois un lavabo", "La tirelire et le tire-comédon"...
Trouver un titre est un exercice vraiment difficile, j'ai mis un certain temps avant de valider celui pour mon premier roman. Ce que j'aime faire pour éviter de me "retrouver coincée", c'est créer des noms de code provisoires : quelle est l'idée générale derrière le livre ? Qu'ai-je envie de mettre en valeur : un prénom, un lieu précis, etc... ? Cela me donne déjà une première direction que j'affine au fur et à mesure de l'écriture. Après il n'y a pas de bons ou mauvais titres, tout dépend de ce que l'on cherche à transmettre à ses lecteurs.
@Jérôme Lanclume C'est bien ce que je disais, plus facile dans le répertoire de l'absurde :-)...
Coup de coeur pour "Ouragan dans le taboulé", "Le Doux refrain des décimales", "Un ménage à Troyes", "Tous les chemins mènent ailleurs", "Le Passant immobile", "À gauche après les nuages", "Un dernier pour la déroute", "Photon du soir, espoir", "Le Christ s'est arrêté à Vierzon", "Va, vis et pédale", "L'Homme qui voulait se marier avec Pancho Villa", "Les Croque-morts préfèrent la tisane" et "Dieu n'est pas concierge au Moulin Rouge".
Merci pour ce florilège,
Michèle
Quelques titres glanés dans ma bibliothèque : "Traité de la chasse au yatagan", "Les Clapiers de Leningrad", "Ouragan dans le taboulé", "L'Autruche métaphysique", "Le Pithécanthrope amoureux", "Le Doux refrain des décimales", "Strip-tease sur la margelle", "Posologie de l'âme", "Un ménage à Troyes", "La Diététique des anges", "Nouba chez les ventriloques", "La Sage-femme est dans le placard", "Tous les chemins mènent ailleurs", "Le Passant immobile", "Amour, clystère et chinchilla", "Histoire de la naine Aude Chausse", "Le Pédicure des âmes", "À gauche après les nuages", "La Félonie des fourchettes", "L’École des crabes", "Du gruyère entre les dents", "La Tendresse des bivalves", "Romance de l'estrapade", "Le Persil des illusions", "Anatomie du paillasson", "Une erreur judicieuse", "Une corde pour s'éprendre", "L'Alphabet des pintades", "La Tétine des héros", "La Brouette des désespérés", "Un dernier pour la déroute", "Le Nain qui vole", "La Concierge des nuages", "La Dompteuse de spectres", "Profession : lézard", "Le Yaourt et son ombre", "L'Ermite du placard à balais", "L'Envers de l'endroit", "Le Hasard et la langouste", "Photon du soir, espoir", "Le Christ s'est arrêté à Vierzon", "Va, vis et pédale", "La Polka des enrhumés", "La Conjuration des bigorneaux", "Un flirt parégorique", "Bobards à bâbord", "Le Bonheur de bonne heure", "La Bibliothécaire et le kangourou", "La Vengeance du navet", "La Paella des matadors", "Portrait d'une brioche", "Un saint en gélatine", "L'Homme qui voulait se marier avec Pancho Villa", "Les Croque-morts préfèrent la tisane", "Où les zébus sont princes", "La Femme qui mangeait des baklavas", "Dieu n'est pas concierge au Moulin Rouge", "La Cueilleuse d'amourettes", "Le Cygne du Capricorne", "Les Confessions d'une dresseuse de puces".
De Mirbeau, je n'ai lu que "Le journal d'une femme de chambre", mais d'après ce que vous dites de "Vache tachetée et concombre fugitif", c'est le même oeil sans concession qui opère, dissèque et critique.
"L'insoutenable légèreté de l'être", "Voyage au bout de la nuit", "La promesse de l'aube", "L'écume des jours", "À la recherche du temps perdu", "Les fleurs du mal"... autant de titres qui ont contribué à immortaliser des oeuvres au-delà de leurs seules qualités littéraires.
Mais les auteurs inconnus ne sont pas en reste. Je me souviens de mon coup de coeur pour le titre, puis pour le roman de Damian Jade, ici, en 2021, "La complexité des choses simples". Récemment, avec "Un dimanche de laine", Thierry Rucquois se démarque aussi. Tous deux ont le mérite d'avoir trouvé un titre accrocheur en phase avec leur roman, ce qui n'est pas le cas dans le répertoire de l'absurde, abordé dans votre billet. Trouver un titre original sans rapport avec l'oeuvre est facile. La difficulté est tout autre, lorsqu'il s'agit d'accrocher en rendant des comptes à ses lecteurs ;-).
Merci et bonne journée. Amicalement,
Michèle
En ce qui me concerne je préfère les titres courts qui résument bien le thème global du livre ou encore un titre éponyme comme Johnny Guitar, Emma Bovary. @Sylvie de Tauriac