Le lecteur est aussi exigent en autoédition qu'en édition, il attend un objet parfait Alors, comment éviter de s’enliser, ou d’être emporté par le courant, où d’y laisser sa coque ? Nous ouvrons le dossier en 5 volumes. Aujourd’hui, premier écueil : considérer l’autoédition comme un deuxième choix.
Tout d’abord, et nous le répéterons autant que nécessaire, l’objectif premier de tous les auteurs n’est pas de voir leur livre en tête de gondole. Certains ne ressentent aucun impératif à relever ce genre de défi : écrire suffit à leur bonheur, et l’autopublication pour une lecture gratuite de leur œuvre répond à toutes leurs attentes.
C’est donc aux autres auteurs que ce dossier s’adresse : à ceux qui aimeraient que leurs livres trouvent une place dans les circuits de distribution pour partir à la conquête d’un lectorat étendu.
L’autoédition est une autre forme d’édition
A ceux-ci, nous disons que la première erreur qu’ils pourraient commettre est d’envisager l’auto-édition comme une sorte de pis-aller, une solution de repli quand toutes tentatives d’approche d’éditeurs classiques se sont soldées par un échec.
Nous entendons de nombreux auteurs déclarer que si leur manuscrit ne trouve pas d’éditeurs, ils s’autoéditeront.
Voilà le premier danger : donner de l’auto-édition la pire des images. Et avant cela, la fabriquer mentalement.
Oh, bien entendu, nous avons tous en tête les exemples célèbres d’auteurs de génie ayant commencé par s’éditer eux-mêmes après avoir été refusés par les éditeurs. Et des auteurs contemporains ayant trouvé la voie du succès par l’autoédition. Dans les deux cas de figure, ce sont tout de même des exemples isolés, dont on se saurait dégager une règle. Des exemples qu’il ne siérait pas non plus d’utiliser pour vouloir démontrer que le refus d’un manuscrit par une maison d’édition est un gage de qualité.
Non, l’autoédition est différente de l’édition, c’est une autre voie et c’est en tant que telle qu’elle demande d’être abordée.
Dès le départ, l’autoédition doit être considérée comme le CHOIX et non l’alternative
Cela change beaucoup de choses et en présuppose autant.
Un auteur qui pose le choix de l’auto-édition prend l’engagement de fournir au lecteur un livre qui n’aura rien à envier à une production réalisée selon les canons de la profession.
Nous aurons l’occasion de développer ce point crucial dans notre prochain article.Cet auteur va définir lui-même sa ligne éditoriale qui délimite son périmètre de compétences littéraires, sa philosophie, et d’autres positionnements plus spécifiques qui seront également le sujet d’articles suivants.
Mettre le lecteur au centre du processus
Un lecteur s’attend à acheter un livre : un objet répondant aux standards de qualité pratiqués par l’édition traditionnelle. Se dire que le lecteur comprendra et excusera l’amateurisme est une erreur.
Un lecteur s’attend à lire le livre qui lui a été vendu : un roman doit être un roman, une nouvelle doit être une nouvelle, un essai, un essai. Se dire que le lecteur pardonnera à l’auteur de ne pas tenir ses promesses est une erreur.
Le lecteur ne doit pas être agacé par les incongruités qui émaillent des textes non suffisamment relus, ou les fautes de langue. Se dire que le lecteur sera tellement captivé par l’histoire qu’il passera outre les lacunes et les imperfections du texte est une erreur.
Se passer des services d’une maison d’édition sous-entend qu’on les prenne tous à sa charge
Les principaux services rendus par un éditeur sont :
- Le travail éditorial qui porte sur le texte lui-même, et pas seulement son écriture mais aussi son positionnement,
- La fabrication d’un livre dans les normes que sont le choix du format, placement et équilibrage du texte, confection des maquettes intérieures et extérieure, etc.,
- Sa distribution qui comprend la gestion des approvisionnements,
- Sa diffusion qui recouvre tous les aspects commerciaux de la vente, et enfin
- Sa promotion.
L’auteur édité bénéficie de l’aura de la maison d’édition et de sa force de représentation dans le secteur commercial. L’auteur autoédité qui souhaite vendre des exemplaires de son livre doit s’aligner avec ses moyens propres.
Sans ces services, un livre risque de rester dans l’ombre.
Savoir écrire ne suffit pas
Bien des auteurs pensent qu’il suffit de savoir écrire pour être édité. Ceci est encore une erreur : les éditeurs cherchent en priorité des projets littéraires. Si avoir une belle écriture donne une dimension artistique et unique à un texte, ce n’est pourtant pas cela qui en fait un roman, ou une nouvelle. L’écriture est un élément indispensable à la littérature, ce n’est cependant pas le seul.
En ce qui concerne l’auteur autoédité, s’il reste absolument libre de dessiner et de modifier son projet et sa ligne éditoriale à tout moment (ce qui présente tout de même de sérieux risques quant à l’adhésion de son lectorat), savoir écrire ne lui suffit pas pour une autre raison encore :
De nos jours, vu le nombre de parutions, dont la courbe ascendante a depuis longtemps croisé la courbe descendante du lectorat, le destin d’un livre, fût-il excellent (si toutefois nous connaissions et la définition et la recette de cette excellence !), est de loin la noyade ou la sublimation sous la canoppée amazonienne.
Dans notre prochain article nous réfléchirons à un fait majeur et incontournable : le livre est un produit, que cela nous plaise ou non
Vous avez un livre dans votre tiroir ?
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Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
On écrit ou on édite. Chapeau à ceux qui font les deux !
Albert
Tout à fait d'accord pour dire que l'autoédition doit être pratiquée avec sérieux, mais un écrivain, c'est avant tout quelqu'un qui écrit, et pas forcément quelqu'un qui sait s'autoéditer, en a la capacité, le temps, l'envie ou même les moyens.
Regardez les moyens considérables dont disposent les grandes maisons d'édition pour faire d'un livre un best-seller : exposition chez les libraires, visibilité sur Internet, présence dans les médias, publicité…
Ce qui donne parfois naissance à de très bons livres, mais aussi à des navets ! Il m'est arrivé de lire des best-sellers dont seule la couverture avait un intérêt.
L'autoédition le meilleur moyen de faire connaître son livre ? Oui !… Quand on n'a pas trouvé un bon éditeur.
@MichelCanal
Bonjour Michel,
Merci beaucoup pour votre message et pour le partage de votre parcours.
C'est toujours enrichissant de lire des retours d'expérience aussi positifs et durables que le vôtre.
Je vous souhaite de continuer à prendre plaisir dans cette aventure littéraire, et à cultiver cette belle dynamique d'écriture.
Bien à vous,
Sylvie
Tout à fait d'accord avec votre analyse, @orsini sylvie. Même expérience pour moi avec mBS pour me lancer, les retours, la bêta-lecture et les relations avec d'autres auteurs ; Amazon pour l'autopublication commerciale.
Sans la découverte de la plateforme mBS, je ne me serais jamais lancé... expérience (ou aventure) qui dure depuis dix ans, dans une diversité d'écrits non envisagée initialement. MC
Je confirme que l'auto-édition n'est pas un plan B, mais bien un choix fort et assumé. Dans un univers éditorial saturé, verrouillé ou peu ouvert à de nouvelles voix, c'est parfois la seule voie pour donner vie à nos histoires. Pour moi, c'est elle qui a permis à mon premier roman "Et si vous disparaissiez..." de voir le jour. J'y ai trouvé une liberté totale, un lien direct avec mes lecteurs, et une aventure humaine inoubliable.
Mais ce chemin n'est pas simple. Il faut du courage, de la persévérance, et parfois juste une personne qui croit assez en nous pour nous aider à y croire. Comme le souligne fort bien l'article, tout est entre nos mains : de l'écriture à la correction, en passant par la mise en page, l'impression, la publication, la promotion... et bien sûr, le coût, qui reste un vrai frein pour beaucoup.
C'est pourquoi les plateformes numériques comme Monbestseller ont une valeur immense : elles permettent à de nouveaux auteurs de publier, de partager, d'exister. Sans elles, beaucoup d'histoires resteraient dans l'ombre.
Au moins 90% des écrivains professionnels reçoivent moins que le smic en droits d’auteur. Alors autant s’éviter les efforts inutiles, avoir un autre métier pour vivre et écrire pour le plaisir.
Pour moi l'autoédition est et reste un premier choix irremplaçable !
Merci pour cet article instructif et je suis impatiente de lire la suite. L'autoédition permet à l'auteur de choisir sa ligne éditoriale, il n'y a plus de barrière idéologique. Cela dit, je suis déçue par les auteurs qui écrivent avec l'aide de l'IA pour compenser le manque d'inspiration ou de talent. Ils écrivent un livre en 59 minutes et s'imaginent être un artiste !!! @Sylvie de Tauriac
Merci pour cet article.
Merci de penser à « nous », ces auteurs dont l’idéal n’est pas de devenir « tête de gondole » !
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Il est vrai que le monde de l’autoédition d’aujourd’hui n’a plus rien de commun avec ce qu’il était il y a quelque temps encore (peut-être y a-t-il eu une bascule post-covid ? Possible...). Les conseils utiles hier sont devenus chronophages et inefficaces. Dans cet univers en construction/destruction/reconstruction permanente, il faut être dans sa tour de veille. C’est ce que nous propose apparemment le site.
Deux éléments retiennent mon attention :
– Mettre le lecteur au centre du processus. (Encore merci pour votre précision préliminaire ! Je parle bien des gens qui veulent s’autoéditer et vendre des exemplaires de leur livre). Révolutionnaire ça, non ?
– Réaliser que « savoir écrire ne suffit pas » (ni pour être édité ni pour s’autoéditer).
Je vois bourgeonner ces idées sur les Réseaux sociaux, ce qui montre bien à quel point le monde de l’autoédition a « pris de la bouteille » !
Article très intéressant @monBestSeller, pour relancer l'intérêt de l'autoédition, choix carrément obligé de la quasi totalité des auteurs de notre communauté.
Une grande dame : Elen Brig Koridwen — écrivaine talentueuse, réécriveuse, blogueuse, fondatrice et animatrice de groupes sociaux d'auteurs, blogueurs littéraires et intervenants du monde du livre — s'est fait le chantre de l'autoédition. Elle s'est maintes fois exprimée dans cette rubrique (vous les trouverez en tapant son nom dans la fenêtre de recherches). Elle avait aussi été nominée au concours des auteurs.
J'ai eu l'immense plaisir d'être un lecteur de ses ouvrages et l'honneur d'avoir bénéficié de son amitié comme auteur.
On peut regretter qu'elle n'ait pas été citée, car elle est de mon point de vue "LA" référence de l'autoédition. Peut-être est-il prévu qu'elle le soit dans un prochain article de cette série ?... MC