Tribune
Le 11 mar 2015

Auteur : Pourquoi écrivez-vous ?

Pourquoi j’écris ? Ce sera l’un des thèmes récurrents de notre tribune. Pour l’inaugurer, Gokool, un jeune écrivain, facétieux, intellectuel, qui se joue des modes et de lui-même. Écrire : un désir qui ne peut s’assouvir, qui dépasse l’auteur lui-même puisqu’il se nourrit de la vie. Attention, nous allons monter la barre…
Auteur auto-édité : écrire pour vivre sa passion, la maitriser aussiGo kool, un écrivain facétieux et exigeant.

D’où vient cette passion précoce pour l’écriture ?

Je vois à l’écriture une cause première et une cause occasionnelle. La cause première est celle qui fermente tous les arts. Il y a dans l’acte d’écriture tout particulièrement un désir jamais satisfait de réduire un écart, de refermer une cicatrice. C’est ce qu’avaient en commun les gens les plus intéressants que j’ai côtoyés : ils vivent en « déphasage », en hypoxie, comme un poisson dans « l’ère ». « Refaire le monde » par l’écriture est pour eux comme apprendre à respirer sous l’eau. Un acte démiurgique – ou plutôt créateur – de même que la première parole est Verbe, qui nous renvoie toujours à la question de l’expression et de l’individualité. Je ne crois pas que l’auteur s’exprime : ça pense à travers lui, le mal de son époque. L’écriture est symptôme.

La « cause prochaine », si je puis m’exprimer ainsi, c’est une rencontre avec un fait qui nous a captivé : un livre, un film, une expérience, un événement. Tous les sujets sont bons. De cette rencontre presque sexuelle avec le monde naît une idée qui en appelle une autre. La vie donne des raisons de penser autant que penser nous donne des raisons de vivre. Et ce n’est pas pour rien que l’« émerveillement » (thaumazein), l’« ad-miration » est le premier moment de la philosophie. Charge à l’auteur de sublimer cette matière première qui ne s’épuise jamais. C’est l’alchimie de l’écriture que décrivait Baudelaire : « Tu m'as donné ta boue, et j'en ai fait de l'or ».

Le style : la condition indispensable de la maitrîse du contenu ?

J’applique à l’écriture le canevas de la biologie aristotélicienne : le style est la forme d’un texte animé d’une pensée. Le contenant doit exprimer dynamiquement et tendre vers l’accomplissement du contenu. Plus simplement, il est la raison de la coïncidence entre le corps et l’âme d’un texte. Je le dirais aussi – et aujourd’hui plus que jamais – « déviant » dans le bon sens du terme. Le style est hérésie, infraction à la norme et subversion de l’ortho-graphe. Mais dans une mesure qui témoigne de sa maîtrise plutôt que de son ignorance, de la même manière que le pianiste ne s’aventure à transcender son art que parce qu’il le domine jusqu’au bout des mitaines. Savoir écrire me semble être devenu un acte de résistance dans un monde résolu à s’homogénéiser. C’est une lutte contre l’entropie – et pas seulement contre la mort (Platon écrit pour ranimer Socrate, etc.). Chateaubriand, avant-garde de la dissidence ?

Gokool, dit F. Mathieu.

Propos recueillis par Christophe Lucius

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