Myriam Orazzo reçoit ce mois-ci le prix littéraire des auteurs indépendants. Elle signe un beau roman délicat et ferme, à la fois cruel et désopilant sur le désamour et la tentative de réconciliation. Repéré par le mCL, Club des Lecteurs de monBestSeller, soutenu par la communauté de lecteurs du site, Bientôt nous nous aimerons a été élu Prix Concours du mois de juin. Rencontre avec un auteur qui regarde l’âme, l’amour et la vie avec des majuscules. Un auteur à l’âme napolitaine et à la plume trempée dans un sang volcanique…
Bientôt nous nous aimerons est un livre sur l’amour, mais aussi le désamour, et la tentative de la réconciliation. Est-ce pour vous la trilogie de toute vie ?
La Vie est bien plus riche que cela. En revanche, il me semble que ce que les êtres humains en font, se résume parfois à cette trilogie. Du moins à certains moments de leur existence. Ne pas savoir aimer. Avoir peur de l’amour. Il suffit d’écouter autour de soi pour constater que le combat entre l’amour et le désamour est l’arrière plan de la majeure partie des histoires de famille. Dans ce livre, je voulais envisager le thème de la Réconciliation. C’est en écrivant que j’ai pris conscience à quel point cela peut-être une démarche laborieuse, incertaine, hasardeuse et dans le cas de cette histoire, une démarche éternellement inachevée.
Vous dites que ce roman est une fiction, pourtant il a été perçu par certains lecteurs comme autobiographique. Quelle a été la matière de votre inspiration pour raconter cette famille et ces événements particuliers et donner autant d’humanité à vos personnages ?
La réaction des lecteurs vient peut-être de ce que « Bientôt nous nous aimerons » est mon premier récit diffusé. Ils ne me connaissent pas encore, et vu que j’utilise la première personne, cela donne évidemment l’impression d’être l’histoire de ma vie. Mais le fait d’utiliser la première personne est un choix narratif. Je ne voulais pas qu’il y ait une place de spectateur, dans ce roman. Je ne voulais aucun recul possible. Tous les personnages devaient être dans le même bain. Aussi, le « je » s’est-il imposé.
Pour répondre à la deuxième partie de votre question, je dirais que j’écris d’après modèle. Si vous regardez une toile de Matisse, vous ne reconnaissez pas Lydia Delectorskaya, de même quand vous regardez une toile de Modigliani, vous ne reconnaissez pas Jeanne Hébuterne. Le modèle est indissociable de la toile, mais ne le représente pas. Il en va de même pour mon roman, je me suis inspirée de modèles et sans eux, ce livre n’existerait pas. Ces modèles ont posé pour moi pendant des années, mais « Bientôt » ne les décrit pas. Ce n’est pas ma vie.
Vous glissez dans votre récit des mondes parallèles. Est-ce pour vous la force de la littérature qui peut tout créer, une croyance personnelle, une allégorie de l’impossibilité humaine de ne pas croire en quelque chose de mystérieux ?
Le monde ne se résume pas à ce que nos sens et notre raison peuvent comprendre. Je ne prendrais que l’exemple de l’intuition, pour laquelle nous n’avons pas d’explication satisfaisante. L’intuition est le fait de savoir une chose avant que celle-ci se produise, mais personne ne peut nous expliquer comment ça fonctionne. En fait, nous n’expliquons pas grand-chose. 96 % de ce qui constitue l’Univers est fait d’une matière/énergie dont nous ignorons tout. Allons-nous prétendre encore longtemps, ne pas appartenir à l’Univers ? Je crois dur comme fer que nous faisons partie de ce Mystère. J’ai en chantier deux romans qui sont des tentatives différentes d’exploration de ces mondes inconnus, à l’intérieur de notre monde connu.
L'héroïne de votre livre incarne la fureur de vivre malgré tout, malgré le désamour, malgré l’adversité, la résistance, l’incompréhension… Est-ce un message ? Votre vision de la vie ?
C’est là que je sors mon joker : Naples. Mes origines paternelles. En ce qui concerne ma rage de vivre, je n’ai encore pas trouvé d’autre explication. On vit au-dessus, ou tout contre le volcan, on passe notre temps à tirer des plans sur la comète, alors qu’il suffira que le volcan éternue pour que nous soyons réduits en cendres.
Vous avez déjà édité plusieurs livres. Vous connaissez donc bien le monde de l’édition et y avez vos « entrées ». Ce qui ne vous a pas empêché de choisir de publier ce manuscrit gratuitement sur monBestSeller parallèlement à votre recherche d’un éditeur. Pouvez-vous nous dire pourquoi. Qu’espériez-vous et qu’y avez-vous trouvé ?
Avant de vouloir arroser les éditeurs, ou plutôt les bassiner avec le 5 000ème manuscrit de la semaine, je voulais savoir si ce que j’écris a du sens, si ça peut faire rire, enrager, pleurer. Je veux faire partager des émotions et éventuellement émettre une petite réflexion sur ce que nous vivons. Mais comment savoir si le but est atteint ?
J’avais repéré monBestSeller, (rien que le titre déjà… tout un programme). J’ai pensé qu’en confiant mon roman à ce site, j’obtiendrais le retour de personnes qui ne me doivent rien et seraient impartiales. Mais j’ai découvert bien plus : une véritable communauté de lecteurs (et d’auteurs), quelque chose de bien vivant, une espèce « d’inter-monde » entre l’anonymat et… et … ce qu’il adviendra de ce livre et des autres.
Et enfin, quelques mots sur ce que représente pour vous ce Prix Concours et votre nomination au Prix Concours 2015 des auteurs indépendants ?
Une énorme surprise. Un soulagement ensuite : « J’ai bien fait de l’écrire ! » Parce que je suis quelqu’un qui doute toujours.
Propos recueillis par Isabelle de Gueltzl
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…