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Le 11 avr 2019

Autoédition : Qui sont ils et quels sont les devoirs d'un auto-édité ?

L’autoédition est une formidable plage de liberté qu’il faut cultiver, on y trouve du bon et du moins bon, déclare Elizabeth Sutton (ID Boox). C’est un peu comme au moment de l’explosion des radios libres en 1981, on trouvait tout et n’importe quoi, et puis la radio s’est professionnalisée pour finalement en extraire le meilleur. L’autoédition c’est un peu cela aujourd’hui, le secteur va se réguler, se professionnaliser…

Elizabeth Sutton fondatrice d'ID Boox et auteur de "Publier son livre à l'ère numérique", cadre le statut et le devoir des auteurs dans l'auto-édition.

Une typologie des auteurs.

Les « Jamais sans mon éditeur »

Ce sont les auteurs qui n’envisagent pas de ne pas passer par une maison d’édition, Ils doivent donc transiter par les fourches caudines du système. Solitaires, il mènent parfois un chemin de croix. Ils sont en géneral fidèles, et voient chez leur éditeur « leur légitimité », la reconnaissance de leur statut, celui de l’establishement et de la profession. Ce qui n’empêche pas une activité forte sur le digital, même les auteurs de best-sellers investissent beaucoup de temps et d'énergie sur les réseaux. Une pièce de puzzle essentiel pour la communication.

Les auteurs hybrides

Ils sont encore rares en France, ils conjuguent par choix et par nécessité, la double publication : maison d’édition et auto édition. Souvent parce que leurs ouvrages auto-édités sont très loin de « leur » ligne éditoriale, ou tout simplement parce qu’elle n’est pas retenue par les circuits classiques. Stephen King illustre cette catégorie des auteurs hybrides, très répandue aux États Unis. Il a autopublié « Guns », un playdoyer contre les armes qu’il a défendu seul, comme un essai privé. En France, on peut mentionner Laurent Bettoni.

Les auteurs indépendants

Ce sont ceux qui n’ont pas trouvé un éditeur ou choisissent de publier eux-mêmes. L'auteur indépendant peut être solitaire, c’est à dire remplir seul toutes les tâches de la maison d’édition, ou « à la carte », c’est à dire faire appel à des spécialistes dans les domaines ou il se sent défaillant : mise en page, correction, voire même conseil littéraire.

Enfin, les primo-auteurs

Ce sont ceux qui détiennent un manuscrit dans le tiroir, le sortent, le rentrent, ne sont pas vraiment décidés. Ils pointent le nez hors de leur tannière grâce à des plateformes comme monBestSeller, et puisent à travers des échanges des conseils et une confiance importante pour persévérer.

Autoédition : le parcours du combattant de l’auteur

Pour s’autoéditer, c’est une véritable course qui commence. L’auteur est un entrepreneur comme le précise Elizabeth Sutton, il doit réfléchir comme un éditeur.
Création d’un blog qu’il faut nourrir régulièrement pour essaimer sur la toile, inscription sur une plateforme de publication et de promotion pour avoir un port d’attache public et "un nid" de réference.
L'auteur auto-édité doit répondre à ses lecteurs, participer et s'engager sur les réseaux sociaux. Mais cela ne suffit plus. Il faut créer le buzz, réfléchir à son identité en tant que marque. Souvent, et nombre d’auteurs s’en plaignent, le soutien et la promotion d'un livre prend le pas sur l’écriture. Utiliser les ressources des plateformes de publication, pensées comme des outils, est parfois un bon recours et un soulagement.
Une donnée fondamentale trop souvent négligée, ce sont les métadonnées : titre, sous-titre, prénom, nom et bien sûr les 30 mots clés qui sont la radiographie de votre livre sur la toile, et qui caractérisent ses spécificités.

Auto-édités : communiquez !

N’ayez pas peur de communiquer, de communiquer largement. Il n’y a que vous qui serez à même de communiquer autour de votre livre, sur ce que vous avez porté… il n’y a que vous qui pouvez parler de votre livre de la façon la plus honnête, la plus transparente… n’hésitez pas à joindre la littérature et le marketing… le web marketing.
Bien sûr, il sera plus aisé de créer l’événement si vous avez créé une communauté de lecteurs. Alors recrutez, faites vous suivre sur facebook, Twitter, et google + sans négliger les réseaux comme Pinterest et Instagram qui sont en ascendance. Les réseaux, c'est le canal pour communiquer et vendre.
Mais attention, communiquer ne veut pas dire harceler, c’est aussi s’intéresser aux autres, et partager des informations intéressantes avec vos lecteurs. Ce ne doit pas être focalisé exclusivement sur votre travail.

Un livre auto-édité ; quelles sont les règles à respecter des auteurs ?

Lire, faire relire, corriger… pas seulement par la famille. Par des conseils et des professionnels, c’est un élément clé quand vous n'avez pas d'éditeur. Le regard de l’autre, celui que je ne connais pas, est indispensable.
Les fautes d’orthographe, la couverture qui ne parle qu’à vous et qui ne donne pas envie, le personnage inutile qui pollue l’élan de votre récit sont inpardonnables.
La nécessité de retravailler, c’est à travers le regard des autres qu’il faut le percevoir si vous n’avez pas de professionnels à vos côtés. Car le lecteur, lui, restera intransigeant, que votre livre soit édité par Gallimard ou par vous-même.

La grande victoire des auteurs sera le jour où (s’il arrive) l’on ne se posera plus la question de savoir si un livre est publié par une maison d’édition ou par l'auteur lui-même. La nature a horreur du vide, donc l’autoédition va s’organiser avec des labels, ou des garanties. Ce sera une victoire d’auteur, pas d’éditeur.

Propos recueillis et synthétisés d'après la conférence tenue par Elizabeth Sutton sur le Stand monBestSeller à Livre Paris 2016.

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Mais a-t-on le droit de ne pas vouloir devenir un auteur édité " classique " : le choix de la liberté ?

Publié le 12 Avril 2016