Nicolas Faroux, directeur général de la librairie en ligne Chapitre.com et directeur adjoint du livre Actissia, acteur majeur dans la distribution des livres via les Clubs France Loisirs et Grand Livre du Mois, est partenaire de monBestSeller et membre du jury du Prix Concours monBestSeller de l’Auteur Indépendant.
En étant partenaire de monBestSeller et membre du jury du Prix Concours de l’Auteur Indépendant, vous témoignez votre intérêt pour les auteurs indépendants. Dites-nous ce qui vous a motivé.
Chapitre.com a pour vocation de faire vivre le livre sous toutes ses formes et de proposer à sa clientèle tous les livres, même les introuvables, et cela depuis presque 20 ans. Lecture et écriture étant naturellement liées, il nous est venue l’idée de créer un service d’auto publication, Je Publie Mon Livre, lancé en 2014, qui offre la possibilité aux jeunes plumes de trouver leur public.
Vous êtes également DG d’une jeune maison d’édition : Incartade(s). Pourquoi avoir créé cette nouvelle marque éditoriale ? Parlez-nous de votre projet, de votre positionnement et de votre ligne éditoriale.
Incartade(s) Éditions était la suite logique de Je Publie Mon Livre. Nous avons pu constater sur cette plateforme que certains textes avaient des qualités réelles et qu’il serait judicieux de les faire connaître du grand public en leur offrant un réel travail éditorial et une diffusion classique, en papier comme en numérique. C’est pourquoi notre ligne éditoriale est basée sur les primo auteurs, avec en premier chef la littérature sous toutes ses formes et sans exclure aucun genre.
Notre premier coup de cœur fut Pétronille Rostagnat avec son roman policier La fée noire qui a fait ses débuts sur Je Publie Mon Livre. C’est pour ces raisons que nous créons des partenariats avec différents sites comme Les Nouveaux Auteurs et maintenant monBestSeller mais aussi, à terme, avec d’autres plateformes.
Vous nous avez dit lors d’un précédent entretien que « la frontière entre édition et auto-édition s’abolit pour une cause noble : l’émergence de talents ». Pensez-vous que l’édition traditionnelle doive puiser dans l’auto-édition de nouvelles solutions pour se redéployer ?
Le marché de l’édition traditionnelle est saturé, les catalogues des éditeurs sont bien fournis et ils ne peuvent éditer tout ce qui mériterait de l’être. L’autoédition peut être une solution parmi d’autres pour lui donner un second souffle. Les auteurs d’aujourd’hui, avec la recrudescence de services leur permettant de se publier et promouvoir par eux-mêmes, sont de plus en plus indépendants et l’autoédition est une chance incroyable pour les auteurs d’émerger par eux-mêmes.
Le rôle de l’éditeur dans sa conception classique semble à repenser ; il reste néanmoins essentiel, que ce soit en termes d’accompagnement, de correction, de mise en page, de graphisme et surtout de visibilité. Auteur et éditeur sont inséparables, l’un n’existe pas sans l’autre. Et la révolution numérique ne change pas structurellement ce couple gagnant, malgré la nécessité de changements dans la relation que j’évoquais plus haut.
Quel rôle voulez-vous jouer dans ce nouveau contexte ?
Nous nous situons à la croisée des chemins entre l’autoédition et l’édition classique. Notre rôle est de constituer à notre modeste niveau un pont et de proposer aux auteurs en qui nous croyons, une proposition éditoriale de qualité et à échelle humaine, à l’écoute de leurs ambitions.
En quoi Incartade(s) peut-elle être intéressée par les auteurs indépendants qui publient sur monBestSeller.com ?
monBestSeller est un site communautaire d’auteurs comme il peut en exister un certain nombre sur le net. Mais vous avez la particularité de revendiquer des valeurs proches des nôtres, comme « la liberté d’édition pour tous » et « le droit d’être lu ». On se retrouve sur ces principes, cette approche éditoriale commune.
Qu’attendez-vous de votre participation au jury du Prix Concours monBestSeller de l’Auteur Indépendant ?
De découvrir une plume de talent, voire plusieurs, et lui apporter notre savoir-faire et partager cette association au grand public.
Selon vous, quelle est la position des lecteurs vis-à-vis des auteurs autoédités ? Font-ils réellement la différence entre édition classique et autoédition ? Quels sont les repères qui les incitent à acheter un livre ?
Il n’y a pas de réponse immédiate à cette question, on ne peut que spéculer. Nous n’avons aucun moyen de savoir qui achète de l’autoédition. Un acheteur numérique n’aura pas les mêmes exigences qu’un acheteur papier, c’est probable. Mais pas les mêmes attentes non plus.
Tout ce qui compte in fine, est la qualité du livre et la richesse de son histoire. Et surtout, quels que soient la nature du texte, sa matérialité (physique ou numérique) et sa typologie éditoriale, ce qui importe c’est de rendre « heureux » le lecteur.
Propos recueillis par Isabelle de Gueltzl
VIDÉO Pourquoi les éditeurs aiment monBestSeller ?
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
C'est jouer sur les mots. Un independant qui depend d'un tiers pour les corrections, puis d'un autre tiers pour la couverture, puis d'un troisieme tiers pour la distribution et enfin d'un dernier tiers encore pour la mise en librairie (sans vouloir copier Pagnol/Cesar)... ca ressemble furieusement a l'edition classique. :)
Non, Robert, dans cette perspective les éditeurs seront des prestataires de services, et les auteurs resteront indépendants.
C'est vrai Elen, et j'avais parlé de cela dans une ancienne discussion mBS/ Mais le revers de la médaille c'est que quand cela arrive, l'auteur indépendant ne l'est plus.
Très heureuse de voir confirmer dans cette interview fort intéressante, la tendance que je sens se dessiner depuis quelques années : dans l'avenir, les éditeurs seront de super-agents littéraires, qui mettront au service des auteurs indépendants leurs compétences techniques et littéraires, ainsi que leur réseau médiatique et leur savoir-faire en matière de marketing et de distribution.
Bien amicalement,
Elen