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Du 12 oct 2017
au 12 oct 2017

Face à face Celine Vay-Michel Canal

Pourquoi ce face à face ? — Lecteur commentateur du roman de Celine Vay, le commentaire de Michel Canal avait généré un malentendu. Puis le malentendu s’était dissipé pour laisser place enfin à un vrai partage entre auteurs… qui n’a pas cessé puisque il est devenu son bêta-lecteur-correcteur. Familiarisé avec ses écrits et son style. — Céline, de son côté a été la lectrice qui a le mieux compris et analysé ses deux ouvrages. Une histoire de compréhension mutuelle, une histoire d'amour d'auteurs.
Quand deux auteurs se rencontrentQuand deux auteurs se rencontrent

Michel CANAL parle de Céline VAY

Lorsque j'ai proposé à Céline de participer à un face à face, je pensais me référer à ses écrits publiés et commentés. Mais elle a préféré me soumettre l'analyse de son dernier roman (alors en cours d'écriture et actuellement en cours de correction) : Dialogue avec une poupée de Bakélite, dont elle venait de mettre un extrait en lecture sur monBestSeller.
J'ai compris sa décision et l'ai approuvée. Ce roman est le fruit d'un gros travail sur soi, accompli suite à nos échanges, bénéfiques pour la suite de son oeuvre littéraire.

J'en cite quelques passages :
« Pourquoi pouvais-je donner l’image d’une "pouffe" vieille, aigrie, désabusée ?… Cela m’a amenée à réfléchir longuement… Un gros travail sur l’image donnée de soi… Ne restait plus qu’à me remettre en question. Est-ce que je deviens ce que j’écris ? Est-ce que j’écris ce que je suis ?… Michel, cette phrase est pour moi le point de départ de nouvelles interrogations… Presqu’une remise en cause. Un peu comme une recherche de l’œuf et de la poule. Qui était là avant ? De quoi naît l’image de la femme ?… Je m’en sers aujourd'hui pour l'écriture de mon dernier roman qui traite de la désillusion, d'un personnage féminin cynique et désabusé qui prend conscience de l’urgence  de voir autrement… Je vous laisse prendre cette légère emprise sur moi car j'ai aimé cette jolie vision de la femme que vous avez donnée… une femme pour se sentir femme a besoin du regard d'un homme. »
Je savais dans quel état d'esprit nous souscririons à ce face à face. Il est résumé dans une phrase de Céline, extraite de la rétrospective de nos échanges  :

« Aussi surprenant que cela puisse être, Michel ne sait pas quand je plaisante, et moi je ne sais pas quand il s'amuse. »

L'histoire

Dans ce roman catégorisé "romance", Amandine, quarante-huit ans, vit seule avec sa fille depuis plusieurs années. Le regard affligé sur son physique, une situation financière en mode survie et ses déboires sentimentaux l'entraînent à devenir cette femme aigrie, désabusée, en demande de sexe mais qui se refuse à croire à une nouvelle histoire d'amour… Un bien étrange dialogue avec une poupée de Bakélite acquise dans une brocante l'amène à réagir pour réfuter cette image de "mémère", mégère cynique incapable d'aborder un homme autrement qu'en l'agressant, à laquelle elle s'identifie corps et âme. Quels sont les mystérieux pouvoirs de cette poupée qui, par la voix éraillée de Macha Béranger, agit comme le ferait son ange gardien ? Comment aidera-t-elle Amandine à sortir de cette spirale dévalorisante et destructrice ?

Ce que j'ai aimé : L'art d'observer la Société, les clichés talentueux...

Céline excelle dans l'art d'observer la société
Elle aime décrire, dans un style volontairement cliché mais talentueux, des personnages que nous ne voudrions pas être, empêtrés dans des situations sur lesquelles nous préférons détourner le regard parce qu'elles sont dérangeantes.

Écrivain prolifique, elle nous avait habitués dans ses romans, qu'ils fussent catégorisés "psychologique", "humoristique" ou "thriller", à des personnages peu glamour que n'aurait pas reniés Honoré de Balzac dans sa Comédie humaine : Gaby, personnage détestable et misogyne dans « J'ai loupé le coche : p'tit joueur et sa suite » ; Arthur, hédoniste lifté et bodybuildé, séducteur névrotique qui aime cueillir l'innoc

ence des toutes jeunes femmes ; Magali, petite bonne femme moche, grosse et conne, caissière chez Lidl, traînant la désespérance de son âme, dont les clients ne viennent jusqu'à elle qu'à contrecoeur ; Maureen, professeur de sciences physiques, vieillissante, menant un combat acharné contre les rides, le relâchement cutané, l'affaissement des chairs, ne connaissant que des amants de passage ; Adrien, scientifique mystique longtemps malheureux, persuadé qu'il a été choisi pour vivre quelque chose de mémorable, que son destin influera sur le cours de l'humanité dans « La chimie de l'autre » ; jusqu'au chien Boulby, histoire vraie d'une rencontre avec un chien abandonné, maltraité, dont toute trace d'espoir avait disparu de son regard, relatée dans une nouvelle intitulée : « Boulby — chien de refuge ».

Bien que catégorisé "romance", Dialogue avec une poupée de Bakélite ne fait pas exception. L'extrait mis en lecture sur monBestSeller donne le ton en décrivant dès les premiers dialogues avec soi-même, une Amandine affligeante :

« — Affolant, n’est-ce pas ?

— Quoi ?
— Ta vie, ma chérie ! Je m’étonne même que tu me poses la question. Tu es seule, plus toute jeune, ta taille s’est épaissie là, sur le bas-côté, celui de gauche comme de droite.

(…)
— L’étendue des dégâts ?
— Oui, des dégâts. Des années de laisser-aller. Et ces rides qui squattent ton visage plus sûrement que le chat des voisins sur le coussin du transat de ton balcon ! Je t’épargne le couplet sur les ligaments de tes genoux qui t’empêchent de faire une gymnastique autre que pour mémé en déambulateur, ou sur la coiffe de tes rotateurs à l’épaule toujours à l’affut du moindre prétexte pour te pincer le tendon sus-épineux. Si tu veux te faire pincer quelque chose ma chérie, tu ferais mieux de choisir un autre endroit, moins douloureux, comme le gras des fesses.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’en prends pour mon grade. Je ne sais pas comment on appelle ça dans un langage de psychothérapeute. Eveil de soi ? Prise de conscience ? Eveil de sa conscience ?… »
Céline s'en est justifiée ainsi : « Je me doutais que tu n'aimerais pas ma "mémère"… Et pourtant elle est très vraie, je t'assure. Pauvre Amandine qui tente désespérément de vivre une histoire façon livre… »

Une catégorisation "romance" qui tient ses promesses

Heureusement, on accueille avec soulagement l'espoir que fait naître une "poupée de Bakélite" de lui faire revivre une histoire d'amour — comme dans les livres — justifiant la catégorisation "romance", alors même que dans la douleur de vieillir et la peur de ne plus inspirer un vrai désir, elle espérait juste du sexe pour le sexe.
Mon côté fleur bleue, amoureux par nature des belles choses, ne pouvait que se réjouir de cette rédemption à laquelle on veut croire, de cette belle histoire que l'on espère.

Ce que j'ai encore plus aimé : le passage de la romance à l'érotisme

Dans ses écrits précédents, Céline avait fait moisson de clichés. Son immense talent lui avait permis de nous décrire des personnages et des situations à tirer les larmes, sans jamais cependant nous plonger véritablement dans le pathos.
Elle m'avait avoué : « Oui, parfois je caricature un peu mes personnages, c'est ma forme de pudeur, et en même temps je ne les invente pas mais les croise dans la rue… »

Il manquait à son répertoire d'auteur la romance et l'érotisme.

Dialogue avec une poupée de Bakélite comble cette lacune.
La transition dans un genre nouveau participe peut-être aussi de cet autre aveu de Céline : « le but d'un roman n'est pas de décrire leur vie de merde, mais de montrer qu’elle pourrait être meilleure. Qu'est-on si l'on cesse de rêver ? »

Le dialogue entre la poupée de Bakélite et Amandine : le point fort du roman

J'ai beaucoup apprécié le dialogue entre Amandine et cette poupée achetée dans une brocante, achat compulsif un matin où elle vivait la tragédie des moments "sans regard masculin" ; la citation par la poupée de ces vers d'Alphonse de Lamartine, tirés de Harmonies poétiques et religieuses — Milly ou la terre natale :

 « Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? »

conduira à leur concrétisation.

Ce dialogue incisif, déterminant, mené avec habileté, est le point fort du roman. L'idée maîtresse qu'il martèle, puisée dans mon roman L'éveil de Claire est qu'une femme a besoin du regard de l'homme pour exister, pour se savoir femme, pour se sentir séduisante, désirée, belle, et mieux encore… aimée.
J'en cite quelques passages clés :
« Tu n'as plus envie d'aimer ma belle, tu deviens cynique, désabusée, terriblement amère… Ce n'est pas du sang qui coule dans tes veines mais de l'acide caustique. Mémère tu fais peur !… Bon je veux bien revoir ma copie, puisque tu avoues qu'une femme sans le regard d'un homme ce n'est rien… tu pues ta misère dans ta façon de te tenir, sans fierté, comme la pauvre fille que tu es en dedans, une clodo de l'amour… Le rapport de la femme à son corps est étrange, il faut un homme pour le sentir exister… Si tu veux m'aider, donne-moi ce qui est à ma portée, donne vie à mon fantasme… Fais ça pour moi PVC, et tu ne le regretteras pas… je ne t'appellerai plus tuyau de PVC… et tu m'appelleras comment ? Poupée d'amour… Tu es drôle, poupée d'amour… Tu réussis à me faire croire que tu es vraie… propose-moi quelque chose que je pourrais faire pour toi. Et lâche-toi un peu, qu'est-ce que tu peux être "cul coincé" !… Je veux que tu sois mon initiatrice dans le chemin qui mène à l'amour d'un homme… Apprends-moi l'amour. Pour connaître l'amour, Amandine, il te faut des mots d'homme, les plus fous, les plus désespérés, ceux dignes du plus beau des romans d'amour… »

L'épilogue

Certes, il faut arriver à l'épilogue pour connaître la fin heureuse espérée, mais quel bonheur de voir Céline se risquer à une touche d'érotisme, influencée par mon personnage de Claire, et Amandine enfin métamorphosée :

« C’est comme ça que je suis devenue blonde. Une petite coupe sexy, gaie au visage, des mèches joliment effilées dans la nuque mettant en valeur la finesse de mon cou… C’est désormais d’une façon différente que j’affronterai les hommes… Une demi-heure après, je me ruais dans une boutique de vêtements où j’étais certaine de trouver ma " tenue pour l’amour ". Celle dans laquelle je me sentirais désirable. Ce soir je voulais offrir à l’homme que j’avais choisi pour faire de moi une femme heureuse le visage de l’amour, le corps de l’amante, l’audace d’une lectrice de "histoire d’O"…  »

Céline, tu as puisé des idées dans L'éveil de Claire. J'en suis flatté et honoré.
Céline, tu as osé parler de désir de femme, de fantasme et de sexe. Je salue ton courage que j'assimile à une victoire sur la pudeur.

Mon conseil

Céline, tu as ouvert une nouvelle voie dans ton répertoire. Comme lectrice d'abord, puis comme auteur. C'est un grand pas que tu as fait là. Tu as témoigné d'une grande ouverture d'esprit. Je t'invite à continuer.

Tu as écrit dans ton commentaire sur monBestSeller :
« J'entends régulièrement : mais c'est quoi ce personnage de mémère cynique, désabusée ? Ça n'existe pas. Ah non ? Le nombre de collègues de travail sous anti-dépresseurs, les visages dans la rue, les commentaires sur Facebook, ses amies… La joie de vivre est à l'ordre du jour alors ? Ben c'est curieux, je n'ai rien vu de tout ça autour de moi.
Il y avait un risque avec le personnage d'Amandine : celui de lui être assimilée avec la supposition d'un récit autobiographique. Sois donc prudente quand tu créeras un personnage de femme dans la même tranche d'âge, surtout si le portrait n'est pas flatteur.

En conclusion, je retiendrai de ce face à face (dans l'ignorance de ce que Céline exprimera) une nouvelle opportunité :
— de se confronter à l'analyse d'un auteur écrivant habituellement dans des genres différents ;
— de développer le partage entre auteurs, la solidarité par l'entraide… et pour ce qui nous concerne, Céline et moi, l'amitié dans la complicité ;
— de démontrer à nos pairs auteurs (et aux lecteurs qui auront la curiosité de lire cette tribune) l'intérêt d'une plate-forme comme monBestSeller, laquelle permet de se publier pour aller à la rencontre des lecteurs, de recueillir des avis objectifs sur ses écrits, de les améliorer s'il y a lieu

 

                                                                      

                                                           

                              Céline VAY parle de Michel Canal

« Souvent femme varie »

Je commencerai donc par aborder ce face à face par un cliché. Je les affectionne, ils sont irritants, souvent critiqués, décriés pour ne pas s’avouer qu’ils sont vrais. Aimer le cliché devient cette chose honteuse dont il faut se garder. C’est pourtant eux qui aident au premier jugement.

Michel CANAL, par ses commentaires peu amènes à mon égard, un beau jour de pluie, un jour de rien qui allait de soi comme un jour où tout va de travers, m’a étiquetée selon mon âge, mon air triste, et ma petite compilation de ces phrases acerbes assénées par l’un et l’autre des deux sexes.
Je le jugeais moi sur son look de beau gosse au sourire légèrement crispé dans un machisme évident et attribuais son ton moqueur, condescendant, à un sexisme naturel à sa génération. Et en plus, le gars il écrivait des bouquins érotiques !

J’aurais dû tourner les talons, sauf que « souvent femme varie »… Et que Michel quitta ses lunettes.

N’en ayant pas, je zoomai sur le regard. Je me souviens de m’être exclamée à voix haute : merde, il a l’air vachement gentil, cet auteur. Alors pourquoi tout ça ? Pourquoi m’a-t’il écrit sur mBS : « C'est ce qui arrive quand on prend trop de la misère du monde sans avoir une personnalité suffisamment forte pour la distanciation nécessaire. Je pense sincèrement que vous avez (conséquence d'une qualité virant à l'excès) l'esprit passablement torturé au point d'en devenir antipathique. »

Etait-ce un auteur psycho-érotique ? Après tout, les psychanalystes soignaient les névroses de la femme par le sexe. Je ne croyais pas si bien dire : je n’ai jamais pu ôter à Michel l’étiquette de psychologue. Il est diablement doué en la matière. Toute discussion prend avec lui la forme d’un mini-combat où il m’observe ou me défie. Michel, c’est Eric. Oui, une voix lointaine et proche tout à la fois, et les lectrices ne s’y sont pas trompées.

Bon @Michel Canal, Mémère (tu sais bien que j’adore ce petit nom que tu me donnes) a fait un peu long avant d’en arriver au livre de toi que j’ai choisi de commenter ici, dans ce face à face qui nous oppose et nous réunit. Mais cette très belle histoire de cette éclatante jeune femme ne peut se comprendre sans cet aparté. Or je fais ce face à face parce que j’en ai ras-le-bol des culs coincés qui ne te liront pas sous prétexte que tu abordes le délicat sujet du plaisir féminin, dixit une donzelle qui n’avait jamais lu de livre érotique de sa vie avant « L’éveil de Claire — ou l’émancipation d’une jeune femme trop sage ».

L’histoire

Elle est vraie. Narquoise, elle se joue des convenances, du qu’en-dira-t-on. Elle est belle. Elle surprend. Elle est désir d’amour. Elle est ce cri qui conduit au meurtre passionnel. Elle est folie. Un peu sexe aussi. Mais pas trop. Juste pour comprendre. Juste pour voir sa sexualité autrement.
Elle est culture, histoire.

L’histoire ? Ah oui, l’histoire. Elle ne se résume pas. Ce serait lui mettre une fin. Or elle n’a pas de fin. Elle palpite encore, elle est un écho qui ne se tait pas. Jamais. Claire, jeune femme de vingt-quatre ans, est un être de feu qui ne peut supporter d’être « catégorisée ». Elle est libre, son corps est sien. Elle chérit Claudine, Emmanuelle, O… Leur histoire ne peut être celle de vains mots. « Brillante, cultivée, amoureuse passionnée et libertine, professeur d’histoire bonne connaisseuse de l’évolution de la condition féminine, Claire était convaincue que sa propre expérience, inspirée de celles des héroïnes de ses lectures, pouvait aider celles qui se cherchent ».

Alors l’auteur a pris sa plume.

Un livre témoignage, un livre souvenir, un livre qui invite à témoigner et à se souvenir de nos vingt ans. Aurait-on, comme l’a fait Claire, abordé un inconnu par téléphone pour lui demander sans ambages de nous faire jouir ? Que d’innocence dans la voix, pourtant déterminée. Quand l’auteur nous fait la confidence de cette première rencontre, on s’interroge.

Ce que j’ai aimé : "l'âme de Brel"

Relire ce livre avec une musique dans la tête : « Les vieux amants de Brel ».

Mais, mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime

Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m'as gardé de pièges en pièges
Je t'ai perdue de temps en temps

Michel, c’est Brel.

@Michel Canal, je ne te l’ai jamais dit, tu le découvres avec ce face à face. J’ai un sourire en l’écrivant. Oh non pas un sourire amusé,  mais un sourire ému, sur lequel je referme ton doux secret.

Ce que j’ai aimé…aussi : le style bien sûr

 Il est élégant, la plume sait se montrer intime sans être inopportune, mémère peut rester mémère, elle ne sera pas choquée.
« J’aime qu’une personne que je ne connais pas mais que j’ai choisie m’ordonne ce que je dois faire ».

Nous sommes dans les années quatre-vingts. La sexualité de la femme est encore tabou. « Mais que j’ai choisie » : Claire exprime qu’elle dominera le jeu quoi qu’il arrive.
La plume de l’auteur caresse, on est en confiance, Claire était en confiance : « j’aime quand tu m’expliques, t’écouter, tout paraît si simple ». « Au fil des jours, un dialogue confiant et complice s’est instauré entre la jeune femme et Eric. …Cela peut ressembler à des séances de psychanalyse à distance ». Oui, ben, la vérité si je mens, mais le côté très psychanalyste de Michel, je l’avais trouvé toute seule.

Ce que j’ai aimé, encore…le côté très sain de ce livre dans l’érotisme

. La sexualité vient épanouir la femme, elle est désir d’amour, qu’il ne soit pas lettre morte. Claire irradie sa joie à être, à vivre. On est très loin des personnages tourmentés de « Cinquante nuances de Grey » que j’ai détestés. Claire n’est pas nymphomane dans le sens galvaudé du terme. Petites citations à l’appui :

- (Elle) « … a redécouvert sa capacité à s’émerveiller. »

- « J’ambitionne maintenant de devenir, pour celui que je choisirai, la femme accomplie dont il sera fier. »… « Je voudrais être capable de séduire qui me plaira, sans être paralysée par la peur. J’ai besoin de sentir que je suis désirée. »

- « Quand elle s’examine devant le grand miroir de la psyché qui lui a renvoyé l’image de son plaisir, elle se perçoit plus femme et plus rayonnante. »

- « Non, il faut s’assumer. On est rarement pleinement satisfait de soi. »

Ce que j’ai encore le plus aimé :"le surranné"

La narration presque surannée du récit, le romantisme de l’auteur délicieusement fleur bleue.
« Pardonnez mon émoi, mais quand je vous vis ainsi, Vénus en déesse du soir appelant à l’amour et à la volupté, savez-vous que vous me plûtes et que vous m’épatâtes au point que mon cœur s’emballa ? »

Les petites joutes verbales sur fond de culture générale :
« Avant de m’en faire la remarque, Monsieur le Puriste, vous voudrez bien excuser mes deux fautes volontaires de syntaxe : il eut convenu de dire "préfèrerait que l’on remarquât" et "que l’on subodorât", un peu précieux à mon goût dans le français parlé. »
La culture, toujours, en matière de sexualité : l’auteur se réfère au rapport Hite (En 1976, le rapport Hite avait fait l'effet d'une véritable bombe. Quatre ans d'enquête, plus de 3 000 femmes interrogées… ce livre jetait un éclairage inédit sur la sexualité féminine enfin débarrassée des préjugés masculins). Le plaisir féminin est appréhendé d’une manière surprenante pour un homme, comme s’il avait été initié…par une femme. (Mais chut). Et cette référence constante à la condition de la femme, dont Claire veut s’émanciper.

« Aucune femme aujourd’hui libre ne devrait ignorer le sort réservé à celles du passé, ni par quels mécanismes elles avaient été asservies. Quoi de surprenant quand législateurs, religieux, philosophes, écrivains et même savants s’étaient acharnés à démontrer la condition subordonnée de la femme. »

Et enfin la culture en matière littéraire. L’histoire ne part pas de rien, elle s’appuie sur une analyse passionnée :

« Claudine a imprégné mon âme d’adolescente… Colette a su évoquer les émois de l’adolescence, la difficulté des relations entre hommes et femmes, recherchant obstinément la vérité des êtres et des sentiments. Claudine préfigure et résume l’itinéraire de Colette, une femme indépendante, sensuelle et généreuse… »

Le récit d’une complicité.

« C’est ainsi qu’Eric a été amené à donner tout de même un modeste avis sur des sujets les plus divers comme les lignes de parfum et les cosmétiques, les vêtements à préférer à d’autres, le maquillage… »

La naissance de l’Amour.
« Elle est passée du plaisir coupable à la dépendance au désir, des rêveries utopiques de jeunesse à l’attente insoutenable de l’amoureuse. »
Les clefs données :
« L’essentiel est d’être bien dans sa peau…Tu dois d’abord te plaire pour le projeter sur les autres. »
«… L’homme… qui lui a appris à jouir sans honte ni remords, qui l’a révélée dans son identité de femme, qui lui a ouvert les yeux sur le monde pour en être le centre. »
J’aime tout plus particulièrement cette dernière bribe de phrase : sur le monde pour en être le centre.
L’art du lien est central dans la tradition japonaise du Shibari…

Ce que je conseille

D’être moins en retrait dans l’écriture… Le côté très fleur bleue, très délicat, enlève un peu de présence au personnage de Claire. Mais peut-être est-ce la volonté de l’auteur : mettre la femme aimée en retrait, comme sous globe, pour la préserver, à la manière du Petit Prince de Saint Exupéry.

« C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose qui fait ma rose si importante. » Des millions de petits garçons ont appris cette phrase à l’école. Peu d’hommes s’en souviennent.

Merci à Celine Vay, à Michel Canal et à monBestSeller

                        

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@lamish,
Excellente analyse, Michèle. Ton expérience d'auteur prolifique et de lectrice boulimique t'ont enseigné beaucoup de choses.
Dans le cas d'Amandine/Mémère, Céline décrit tellement bien son personnage (comme tous les autres d'ailleurs) que le lecteur peut être amené à supposer qu'il y a quelque chose d'elle (ce qu'elle tend à accréditer en avouant : « Je me doutais que tu n'aimerais pas ma "mémère"… Et pourtant elle est très vraie, je t'assure. Pauvre Amandine... » Pour les autres, elle l'avoue aussi : « Oui, parfois je caricature un peu mes personnages, c'est ma forme de pudeur, et en même temps je ne les invente pas mais les croise dans la rue… ». D'où ma mise en garde sous le titre "Mon conseil", d'où aussi le malentendu à l'origine de nos échanges, à ceci près que c'était elle qui avait cru que...
@VAY Céline,
Pas entièrement d'accord avec toi quand tu réponds à Michèle : « Il y a des femmes qui sont heureuses de ne pas s'encombrer avec les chaussettes d'un bonhomme. Na. » C'est mémère qui parle, mais je la croyais enfouie dans la mémoire du passé. Je sais qu'elles existent, mais je ne me souviens pas qu'elles t'aient inspirée pour en faire des personnages. Na ! Retour à l'envoyeur ! Bises (pas rancunier le flic de Hawaïï).

Publié le 21 Octobre 2017

@VAY Céline,
@Ivan Zimmermann, @FANNY DUMOND, @cats008, @lamish, je vous remercie pour votre passage dans cette tribune et vos bons sentiments à notre égard.
Comme j'avais rédigé mon texte adressé à Céline pour notre Face à Face sur la base d'un roman qui depuis a été corrigé et amélioré, je voudrais vous faire profiter de l'analyse plus fine que j'ai postée sur Amazon sous le titre : Céline VAY se dévoile dans un autre registre : la romance.
Céline VAY excelle dans l'art d'observer la société. Dans ses précédents romans, elle aimait décrire, dans un style volontairement cliché mais talentueux, des personnages que nous ne voudrions pas être.
Dans la première partie de son dernier roman "Dialogue avec une poupée de Bakélite", elle ne déroge pas à son style cliché affligeant, faisant de son personnage féminin Amandine une presque cinquantenaire en pleine désillusion, divorcée, élevant seule une fille de 13 ans, qui se complaît dans son rôle de mégère aigrie, en mal de sexe pour le sexe, qui ne croit plus à l'amour.
C'est ici qu'intervient son talent. Dans un dialogue avec sa conscience (qu'elle perçoit avec la voix bien connue de Macha Béranger, animatrice des émissions de nuit sur une radio) par le truchement de cette poupée, achat compulsif dans une brocante un dimanche matin où elle vivait la tragédie des moments sans regard masculin, Amandine va prendre la mesure de l'urgence de voir autrement, lui demander même d'être son initiatrice dans le chemin qui mène à l'amour d'un homme. Incisif, déterminant, mené avec habileté, ce dialogue est le point fort du roman, parfaite illustration de ces vers de Lamartine :
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ? »
L'idée maîtresse que cette poupée lui martèle est qu'une femme a besoin du regard de l'homme pour exister, pour se savoir femme, pour se sentir séduisante, désirée, belle, et mieux encore… aimée. Sans dévoiler l'intrigue, quel bonheur de voir Céline se risquer à une touche d'érotisme et Amandine métamorphosée :
« C’est comme ça que je suis devenue blonde. Une petite coupe sexy, gaie au visage, des mèches joliment effilées dans la nuque mettant en valeur la finesse de mon cou (…) Une demi-heure après, je me ruais dans une boutique de vêtements où j’étais certaine de trouver ma " tenue pour l’amour ". Celle dans laquelle je me sentirais désirable. Ce soir je voulais offrir à l’homme que j’avais choisi pour faire de moi une femme heureuse le visage de l’amour, le corps de l’amante, l’audace d’une lectrice de "histoire d’O" »
Il faut avoir lu ses romans pour comprendre que dans celui-ci, catégorisé "romance", Céline VAY a pris un virage à 180°, virage salué par les lecteurs de son fan-club.
Je suis personnellement flatté de cette ouverture vers l'érotisme, consécutive à la lecture, à l'analyse approfondie et à l'imprégnation de mon personnage de Claire dans (L'éveil de Claire — Ou l'émancipation d'une jeune femme trop sage et L'éveil de Claire — Journal intime).
Céline, je te souhaite tout le succès que ce roman mérite, dont je recommande la lecture car tu as fait un travail d'écriture remarquable qui emporte le lecteur.

Publié le 21 Octobre 2017

@Ivan Zimmermann, @VAY Céline,
Comment pas le rôle le plus sympa ? Tu devrais être flatté d'avoir eu le rôle du beau mec qui va faire évoluer la personnalité d'Amandine en pleine désillusion, lui redonner espoir de séduire un homme qui lui plaît et qu'elle a choisi. Certes, je te concède que ça commence mal... et dans un sex-shop qui plus est. Mais comme Céline l'a écrit plus haut... souvent femme varie. Et c'est pour séduire Ivan, pour se donner toutes les chances de réussir qu'elle ne néglige rien. Elle devient blonde, se fait une petite coupe sexy gaie au visage, mèches joliment effilées dans la nuque pour mettre en valeur la finesse de son cou, se rue dans une boutique de vêtements pour y trouver une tenue dans laquelle elle se sentira désirable. Amandine veut offrir à l’homme qu'elle a choisi le visage de l’amour, le corps de l’amante, l’audace d’une lectrice de "histoire d’O".
Je ne peux pas en dire autant puisque je suis encore le flic de Hawaii avec ses lunettes noires, dans le rôle du beau gosse sexiste. C'est devenu un petit jeu entre nous dans nos échanges : je l'appelle Mémère, elle m'appelle flic de Hawaii.
Notre participation au générique des personnages de son roman, mon cher Ivan, est un clin d'oeil qu'elle a avoué hier en soirée : « Ivan, Michel, ben... à part bisous mes deux amis et merci pour votre participation amicale à Dialogue avec une poupée de Bakélite. Vous n'y avez pas toujours eu le beau rôle, mais moi j'ai beaucoup ri en songeant à la tête que vous feriez en le lisant. »

Publié le 20 Octobre 2017

Cachotier @Michel CANAL, vous nous aviez annoncé la publication pour la fin du mois, et la voilà qui nous surprend, datée du 12. Quel plaisir de lire vos analyses respectives... et quel bel exemple pour les autres auteurs publiés sur monBestSeller.
Vous nous avez une fois encore apporté une belle preuve d'amitié et de complicité, même si @VAY Céline se plaît à vous égratigner "gentiment" (c'est féminin messieurs, ne cherchez pas à comprendre), n'hésitant pas à rappeler sa colère ressentie lors de vos premiers échanges. « Michel CANAL, par ses commentaires peu amènes à mon égard, (...) m’a étiquetée selon mon âge, mon air triste, et ma petite compilation de ces phrases acerbes assénées par l’un et l’autre des deux sexes. Je le jugeais moi sur son look de beau gosse (...) et attribuais son ton moqueur, condescendant, à un sexisme naturel à sa génération. » Avouant tout de même, en vous observant mieux s'être exclamée à voix haute : « merde, il a l’air vachement gentil, cet auteur. »
Cet auteur, chère Céline, ce n'est pas un secret, c'est ainsi que je le connais dans la vraie vie. Je confirme donc ce nouveau regard sur lui.
Comme vous le savez, je suis en train de lire votre "Dialogue avec une poupée de Bakélite". Fidèle à l'expression : « Curieuse comme une chatte », j'ai parcouru les commentaires, tous élogieux. J'ai bien sûr apprécié celui de Michel. Mais dans l'analyse qu'il en fait dans ce Face à Face, il y a de quoi vous réjouir. J'ai particulièrement aimé ce passage où Amandine a ôté sa carapace de mégère pour enfin se donner LA chance de séduire Ivan : « C’est comme ça que je suis devenue blonde. Une petite coupe sexy, gaie au visage, des mèches joliment effilées dans la nuque mettant en valeur la finesse de mon cou (…) Ce soir je voulais offrir à l’homme que j’avais choisi pour faire de moi une femme heureuse le visage de l’amour, le corps de l’amante, l’audace d’une lectrice de "histoire d’O"… » Que c'est beau ! Et quel contraste avec l'Amandine affligeante, mégère cynique incapable d'aborder un homme autrement qu'en l'agressant.
On comprend, chère Céline, combien vos échanges avec Michel et l'imprégnation de L'éveil de Claire vous ont été bénéfiques pour l'ouverture sur le monde du rêve, de la beauté, de la séduction, et d'une belle histoire d'amour. Pas surprenant que l'introduction précise « Céline, de son côté a été la lectrice qui a le mieux compris et analysé ses deux ouvrages. »
Je vous souhaite à tous les deux une longue coopération d'auteurs. Je vous embrasse. C.

Publié le 19 Octobre 2017

Merci @FANNY DUMOND pour cette approche. Oui, l'amitié peut être longue à construire. Oui, les exemples sont nombreux sur cette plate-forme d'auteurs qui ont noué de solides liens de connivence. Les plus importants sont les liens de partage, d'entraide et de solidarité. Celui qui peut aider autrui le fait, à son modeste niveau. Les auteurs qui ont choisi le partage rompent l'isolement. On l'aura compris : l'union fait la force. Avec toute mon amitié.

Publié le 19 Octobre 2017

@Ivan Zimmermann,
Mon cher Ivan, tu as raison sur le fait que Céline est bourrée d'humour, d'autodérision, que sa plume glisse sur le papier de manière désinvolte... mais tu n'as peut-être pas eu le temps de remarquer que ce roman — qui est bien une romance — est le virage à 180° dans ses écrits : exit Mémère ! Amandine s'est métamorphosée, Mémère la mégère cède la place à une femme qui a rencontré l'amour, à une femme qui se trouve belle, désirable dans le regard d'un homme... qui par un pur hasard (ton amitié pour Céline y est-elle pour quelque chose ?) se nomme Ivan. Pour se donner toutes les chances de réussir, elle ne néglige rien. Je la cite : « C’est comme ça que je suis devenue blonde. Une petite coupe sexy, gaie au visage, des mèches joliment effilées dans la nuque mettant en valeur la finesse de mon cou (…) Une demi-heure après, je me ruais dans une boutique de vêtements où j’étais certaine de trouver ma " tenue pour l’amour ". Celle dans laquelle je me sentirais désirable. Ce soir je voulais offrir à l’homme que j’avais choisi pour faire de moi une femme heureuse le visage de l’amour, le corps de l’amante, l’audace d’une lectrice de "histoire d’O"… »
Si cet aveu n'est pas le fait de l'amour, de sa rédemption, alors je n'y comprends plus rien.
Cher ami, je n'aurai donc pas besoin d'ouvrir la cage de l'oiseau qui dort en elle et qui n'ose pas raconter ses rêves. Céline a été impactée par le personnage de Claire (sans doute est-ce pour cela qu'elle est la lectrice qui l'a le mieux comprise), par nos échanges sur l'émancipation et la parité. Elle en a conclu qu'un roman doit faire rêver. Elle l'avoue d'ailleurs : « Qu'est-on si l'on cesse de rêver ? »
Je pense qu'elle aura le plaisir de te le confirmer.

Publié le 19 Octobre 2017

Dans la vie de tous les jours l’amitié, la vraie est longue à se construire et commence, parfois, après un gros malentendu. Ce qui est remarquable sur ces plates-formes d’écriture c’est que, malgré l’éloignement géographique, nous parvenions à travers nos seuls écrits à nouer de solides liens de connivence.
Le partage entre auteurs qui rament en solitaires vers un cap incertain rempli d’écueils est précieux et à cultiver.
Cordialement. Fanny

Publié le 18 Octobre 2017

Désolé Michel, vous allez plus vite que les notifications ...Donc voilà posté hier soir, averti aujourd'hui.

Publié le 18 Octobre 2017

@VAY Céline,
Ma chère Céline, tu m'épateras toujours ! Personne n'a aussi bien parlé de mes livres que toi. Je pense même que je ne serais pas capable d'en parler aussi bien. Merci pour ce nouveau partage qui témoigne de ce que mBS est en mesure d'apporter aux auteurs de la plate-forme. Ce qui s'est traduit pour nous par une amitié complice.
Pour ce qui concerne ton roman "Dialogue avec une poupée de Bakélite", il convient d'apporter une précision : il est actuellement terminé, publié sur Amazon et a fait l'objet d'un commentaire à la fois pertinent et élogieux des chroniqueuses Martine Lévesque (pour le Québec) et Danielle Turcan (pour la France), blogueuses sur "LES MILLE ET UNE PAGES DE LM".

Publié le 18 Octobre 2017