Actualité
Le 18 jui 2021

Edition : les « sensitivity readers » ou les contrôleurs de votre morale.

Venant du pays ou les noirs et les blancs étaient séparés dans les bus, ou chacun avait ses propres toilettes ou les violences faites aux homosexuels n'avaient pas de limite (lobotomie et électrochoc), voici les « sensitivity readers » venus du même pays. Ceux qui vont nous dicter la douceur et la compréhensions mutuelle ; ce qu'il faut penser, ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est acceptable, mais surtout ce qui ne blesse personne, et surtout pas ceux qu'on maltraitait hier. Voici venu le temps d'une modération plus que parfaite pour une littérature aseptisée.

Les sensitivity readers : des lecteurs bien pensants pour une pensée orthodoxe

Ils gagnent du terrain et seront sans doute bien établis dans les décades qui viennent dans  l’ensemble de nos Maisons d’édition. Leurs rôles : ce sont des censeurs, dans le bon sens pourrait-on dire ?.
Il s’agit de contrôler, et d’interdire tout propos raciste, homophobe, misogyne, misandre, antireligieux, blessant  pour les handicapés ou les patients de toute sorte…, cruauté animales, incitation à…
Voilà chacun peut terminer sa liste et il est bien là le problème

La vraie vie quoi ! Le « politiquement correct » érigé en mode de vie, en mode de littérature.

Les réseaux sociaux via les associations sont les relais des « sensitivity readers »

Souvent organisées en association, les minorités sont une caisse de résonnance puissante face à l’écrivain et ce qu’il véhicule. Livres Hebdo qualifie cette profession de « maillon fort de la chaine de publication ». Pour exemple le journal cite une auteure américaine de polar qui parle d’ – « estropié ». Censurée pour cause de risque d’insulte aux personnes handicapées.

Avec « les contrôleurs de sensibilité », nos classiques ont du souci à se faire.

Passons vite sur Brasillach et Céline…, mais cherchons plus loin Pierre Loti louant l’œuvre turque en Arménie, Maurras dont la pensée n’est pas d’extrême gauche, ou même Colbert. Molière injuriant les médecins de son comique répétitif, Don juan pour qui : « Celui qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre ». Un misogyne encore, celui là.
Et Houellebeq, bien sûr, accusé d’injure raciale, de misogynie, et d'incitation à la haine religieuse. Il est, lui, passé en jugement. Acquitté,  Dieu soit loué (Mais ai-je le droit d’écrire sur (mon) Dieu ?)

Les « sensitivity readers » doivent ils avoir accès à la littérature ?

L’art c’est l’art, la littérature, la littérature… Ce ne sont pas des leçons de morale, et les Tintin ne seraient pas vraiment les Tintin si nous avions censuré "Tintin en Amérique" ou "Tintin au Congo".

Plus effrayant encore c’est la possibilité d’une littérature segmentée, celle réservée aux lesbiennes, celle réservé aux hispaniques, celle réservée à des communautés religieuses. Une vision ethnique de l’édition.
Respiration.

Nos écrivains « mal » pensants sont ils à l’origine de tous nos maux ?

L’hésitation de Gallimard à rééditer des carnets de Céline, la demande officielle d’une association de ne pas célébrer l’anniversaire de Charles Maurras sont les prémices d’une pensée universelle qui pourrait presque être assimilée à une forme de négationnisme . Simplement parce qu’elle occulte la possibilité de penser par soi même, de juger et par la même de s’articuler autour de points de repères qui sont la source même de notre libre arbitre.

Police de pensée ou suggestions de nuances

Aux Etats- Unis, les « sensitivity readers » se sont imposés essentiellement dans la littérature jeunesse, jugée comme un public « influencable ». On peut s'inscrire à une base de données « Writing in the margins ». Elle offre le service de plus de 120 relecteurs permanents pour identifier les préjugés (prejudice sonne mieux en anglais) et corriger un vocabulaire « problématique ». Au même titre que les correcteurs s’occupent de la grammaire, de l’orthographe et de la structure. Les « sensitivity readers sont en charge des questions de handicap, de sexe, de religion, de minorités…

Se mettre à la place de… c’est le grand leitmotiv. Peut on raconter l’arrestation d’un noir par un blanc, si l’on n’est pas noir, peut on conter la descente de la brigade des mœurs chez un couple illégitime, si l’on n’est pas illégitime soi-même ? Peut on penser comme un chat, si l’on n’est pas un chat ?

La bien-pensance est bien sûr l’ennemi de la création.

 La littérature est une prise de risque, elle ne peut naitre dans la contrainte ou la censure.
Que les clichés, les discriminations, le sexisme ne soient pas dominants dans la littérature. Nous le souhaitons tous, mais pas par n’importe quel moyen.
Boucle d’or, petite fille non assistée par des adultes et non autonome, l’âne Trotro sexiste parce qu’il lit le journal, et Petit ours Brun taxé de machisme parce qu’il fume la pipe… Non !
Faudrait-il que ce soit petite Ourse Brune qui fume la pipe ? Bien plus moderne, mais pour adulte peut-être ?

Heureusement les "sensitivity readers" sauront bien le detecter à temps.

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Je veux le nom de celui qui a écrit l'article! Qui a écrit cet article?! Prace que j'adoooooooore. C'est bien écrit, c'est bien dit. Et quel humour. J'avoue avoir rigolé de bon coeur surtout que Trotro, Ours brun et Cie sont mes copains. Bravo!
Petit bémol quand même, parlant de littérature, certains écrivaillons pensent, comme dans le jeu de la plupart des "acteurs" français, qu'être incorrect de manière systématique est la seule façon d'être un "aaartiste". Où est le message? Dans l'écriture comme dans le théâtre le cinéma.., l'on doit s'exprimer pour dire quelque chose, belle ou moche et même hideuse, sinon on se tait. Donc je suis d'accod que la littérature doit ressembler au monde tel qu'il est mais pas surfait dans un sens ou un autre. Pour bien dire les choses, faut-il encore maîtriser la langue un tant soi peu. Un grand auteur saura toujours vous captiver parce qu'il jongle avec les mots. Donc, qu'importe le vin, du moment qu'il y a l'ivresse. Je ne sais toujours pas qui est l'auteur de cet article, mais j'aime bien le style.

Publié le 08 Septembre 2022

On entre dans les zones dangereuses de la censure. D'autant plus dangereuses qu'elles s'appliquent prioritairement à l'enfant dans la période ou le libre arbitre est essentiel à la formation de son jugement

Publié le 01 Août 2018

@Letellier Patrick, @Michel CANAL.
Oui, un article bienvenu et qui donne à réfléchir.
Il m'est arrivé une fois de tomber sur un "lecteur bien pensant voyant le mal partout" - vous remarquerez que je conserve le genre "neutre" pour parler de cette personne.
Isolant une phrase de mon roman de morales pluralistes "Tout simplement, des paroles d'hommes", l'individu me soupçonna d'avoir écrit une "apologie des prêtres pédophiles"... J'ai failli en perdre mon légendaire sens de l'humour !
J'ai renoncé à tenter d'expliquer au quidam en question que cette unique réplique était tirée d'un témoignage fait par un ami homosexuel quant à son éducation... Et me suis infligé 60 Pater et 80 Ave pour avoir commis un pécher d'intention ; autrement dit, j'ai ignoré la remarque malveillante de l'olibrius et n'ai pas changé la phrase "blâmable" !
Le commentaire incriminant a disparu et je continue à mettre dans les bouches de mes personnages des dialogues qui cadrent avec leurs personnalités...
Cordialement et avec humour.
Philippe.

Publié le 21 Juillet 2018

Un article bienvenu, car la bien-pensance se manifeste de manière de plus en plus visible depuis au moins deux décennies. Elle est évidente dans l’information. Plus personne n’est dupe : les médias sont alignés sur le politiquement correct, les manuels scolaires font un tri de l’Histoire inquiétant, certaines associations de défense de minorités exercent une forme de dictature, les mots qui devraient qualifier des situations, des faits, des actes, sont travestis.
Que des lecteurs bien pensants pour une pensée orthodoxe gagnent du terrain au point de pouvoir s'imposer dans les Maisons d’édition est inquiétant. La révision des classiques, des livres de jeunesse, et pire leur interdiction, serait catastrophique.
Oui, la bien-pensance est bien l’ennemie de la création. La littérature ne peut naître dans la contrainte ou la censure. Il conviendra d’être vigilants.
Merci pour cet article qui interpelle.

Publié le 18 Juillet 2018