La profondeur de champ – passé proche ou lointain, futur proche ou lointain –, devra être indiquée par l'emploi de temps différents. La profondeur de champ – passé proche ou lointain, futur proche ou lointain –, devra être indiquée par l'emploi de temps différents. Elen Brig Koridven utilise l’image d’une caméra virtuelle pour nous aider à l’appréhender. Quand la grammaire commence à être amusante…
LE PASSÉ
Imaginez votre caméra virtuelle en train de reculer dans les différents plans de ce passé.
Dans un récit raconté au présent,
– une action ponctuelle qui a déjà eu lieu s'indique par le passé composé :
« Il fait de plus en plus en plus sombre. Il est apparu à l'autre bout de la ruelle. Je cours vers l'avenue. »
Naturellement, une action habituelle, répétitive ou qui a duré s'exprime à l'imparfait :
« Il fait de plus en plus en plus sombre. Dire que, tout à l'heure, j'étais en sécurité ! »
– votre caméra peut continuer à se déplacer jusqu'à filmer un second plan temporel, qui portera l'attention du spectateur sur un événement encore plus ancien. Cette action antérieure au passé proche s'indique par le plus-que parfait :
« Il fait de plus en plus sombre. Il est apparu à l'autre bout de la rue. Déjà, une autre fois, il m'avait suivie jusque chez moi. Je cours vers l'avenue. »
Dans un récit raconté au passé (simple ou composé), toute action antérieure au temps du récit, qu'elle soit proche ou plus lointaine, s'indique par le plus-que-parfait :
« Il faisait de plus en plus en plus sombre. Il est apparu/il apparut à l'autre bout de la rue. Déjà, une autre fois, il m'avait suivie jusque chez moi. J'ai couru/je courus vers l'avenue. J'avais été folle de sortir si tard. »
LE FUTUR
Votre caméra virtuelle va avancer à travers ce futur.
Dans un récit raconté au présent,
– on exprime le futur proche en combinant le présent du verbe aller avec l'infinif du verbe d'action :
« Je cours vers l'avenue. Il va me rattraper ! »
– le reste du temps, on emploie le futur simple :
« Je cours vers l'avenue. Je le sais : tôt ou tard, il me rattrapera. »
Dans un récit raconté au passé,
– on exprime le futur proche en combinant l'imparfait du verbe aller avec l'infinif du verbe d'action :
« Il est apparu/il apparut à l'autre bout de la rue. Il allait me rattraper ! »
Attention à ne pas confondre le passé composé employé comme temps de narration, comme ci-dessus et dans la première illustration ci-dessous, avec celui employé pour indiquer un événement passé dans un récit au présent. Les futurs proches correspondants ne sont pas les mêmes :
« Il faisait de plus en plus sombre. Il est apparu (…) Il allait me rattraper ! J'ai couru vers l'avenue. »
« Il fait de plus en plus sombre. Il est apparu (…) Il va me rattraper ! Je cours vers l'avenue. »
– le reste du temps, on traduit une action future par le conditionnel présent :
« Il est apparu/il apparut à l'autre bout de la rue. Je le savais : tôt ou tard, il me rattraperait (conditionnel). »
AUTRES MOUVEMENTS DE CAMÉRA
Il est utile de graduer plus finement la chronologie en filmant aussi…
– une projection ou anticipation (événement envisagé dans un futur plus ou moins proche), que l'on traduit grâce au :
futur antérieur dans un texte au présent :
« Je suis terrifiée. Bientôt il aura réussi à me rattraper (futur antérieur) et il me tuera. »
. conditionnel passé 1e forme, dans un texte au passé :
« J'étais terrifiée. Bientôt il aurait réussi à me rattraper (cond. passé 1e forme) et il me tuerait. »
Remarque : le conditionnel passé 1e forme sert aussi à exprimer le regret dans un récit au passé ou au présent.
« J'ai/j'avais peur. Je n'aurais pas dû sortir si tard. Ou j'aurais pu me faire accompagner. Cela aurait été plus prudent. »
– une « action achevée » à un certain moment d'un récit au passé, nuance que l'on exprime à l'aide du passé antérieur :
« Mais lorsque j'eus atteint l'avenue (passé antérieur), je me retournai : il n'était plus là. »
En utilisant judicieusement tous ces temps, on obtient un récit qui éclaire tour à tour le décor et l'action principale, et dévoile toute une chronologie de moments aussi bien antérieurs que postérieurs à cette action :
« Il faisait de plus en plus en plus sombre (imparfait). Il apparut à l'autre bout de la rue (passé simple). Déjà, une autre fois, il m'avait suivie jusque chez moi (plus-que-parfait). Je courus vers l'avenue (passé simple). Il allait réussir (futur proche) : bientôt il m'aurait rattrapée (cond. passé 1e forme) et il me tuerait… (cond. présent) J'avais été folle de sortir si tard (plus-que-parfait). Je n'aurais jamais dû ! (cond. passé 1e forme) Mais lorsque j'eus atteint l'avenue (passé antérieur), je me retournai (passé simple) : il n'était plus là (imparfait). »
Enfin, si l'on ne répugne pas à ce temps, souvent considéré aujourd'hui comme désuet – mais qui pourrait bien revenir en grâce, porté par la volonté de le réintroduire dans les programmes scolaires –, l'on peut aussi user du subjonctif pour apporter d'autres nuances :
« J'eusse aimé (plus-que-parfait du subjonctif) que tout cela n'eût été qu'un cauchemar (plus-que-parfait du subjonctif) et que je fusse en sécurité dans ma chambre (imparfait du subjonctif). »
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Elen Brig Koridven
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Amitiés
Elen
@Elen Brig Koridven Si facile à comprendre, et pourtant, tellement difficile à appliquer ! Merci pour ces précieux conseils qui nous donnent plus de compréhension sur la profondeur de champs; tel le talentueux photographe dont le zoom permet toutes les nuances. Merci à vous. Très Respectueusement Jean-Claude.
@Elen Brig Koridven
Une excellente reflexion sur la nuance des temps qui montrent qu'au delà d'une grammaire correcte, les nuances de la langue française sont infinies.
Ah, chère @Elen Brig Koridwen, vous revoilà dans le paysage avec un nouveau billet, ce qui sous-entend que vous allez mieux, ce dont il faut se réjouir. Encore une excellente démonstration, avec la pédagogie qui vous caractérise, qui je l'espère, sera lue par nos amis auteurs. Merci pour ce partage ! Avec toute ma sympathie. Michel.