Ni la guerre, ni la mort de Julien ne m’ont physiquement changé. À vingt-quatre ans, j’ai l’allure d’un collégien. Je parais presque timoré depuis que je n’ai plus personne à protéger. Pourtant, je suis dur comme le granit après toutes ces années, surtout avec moi-même. Je jette, sans même les regarder, les uns après les autres, tous ces mouchoirs que je rougis de sang à chaque fois que remontent dans ma gorge les cris d’une blessure. Je ne me suis jamais remis de cette lésion-là, ni d’ailleurs d’aucune autre.
Julien est très présent depuis toutes ces années. Le haut commandement avait prédit qu’un homme sur deux ne rentrerait pas de Verdun. J’en ai fait l’expérience. Nous sommes partis à deux, je suis revenu seul...
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