Il y a une vraie ambiance US, une somme de petits détails signifiants, la vie est loin d’y être facile, ou gaie, c’est dur, viril, jamais très loin d’être glauque, mais étonnamment, parce que c’est l’Amérique sans doute et les fantasmes et les rêves qui en accompagnent l’image, il s’y passe quelque chose qui rend le récit attirant. Un peu comme dans les peintures d’Hopper, c’est le quotidien, pas forcément beau, mais cadré serré, focus sur le sujet, captivant. Bravo et merci pour le partage.

Merci pour ce livre passionnant. J’imagine qu’il faudrait attendre un anniversaire, un évènement la concernant, pour lui donner tout l’écho qu’il mérite. On comprend comment elle a installé ce style unique qui fait que l’on a tous une image de son jeu sans l’avoir jamais vu jouer. Votre livre m’a fait penser au très bon film sur les sœurs Williams, où l’on voit notamment le rôle juste de leur père, comme Charles Lenglen l’a été. Et cette anecdote qui me fait aussi penser à la personnalité de Suzanne Lenglen : un journaliste demande à Venus Williams (14 ans) quel est son rêve, "gagner Wimbledon" lui répond-elle. Et la même question à sa petite sœur Serena (12 ans), "gagner ma sœur" ! Dans le sport notamment, on voit comment certains ont changé les règles, déplacer les lignes, fait évoluer leur sport par leur talent, leur personnalité, leur vision. Suzanne Lenglen est d’évidence de ceux-là. Merci pour cette excellente biographie à qui je souhaite beaucoup de lecteurs.

C’est une fascinante histoire, étrange. Fascinante car on est happé dans votre road movie, l’attraction qu’exerce sur nous lecteurs ces deux enfants, à la fois sur puissants et sur fragiles, les pouvoirs que vous leur donnez, et leurs failles, la manière dont vous les faites parler, interagir, voir le monde qui les entoure. Et étrange, tant le sentiment de fond est un fluide glacial. Et c’est la manière dont vous gérez ces deux sensations opposées qui tient le fil et notre attention. Car on est ainsi fait, on veut savoir le fin mot, la part du bien et celle du mal absolu.

C’est amusant ce récit dans les arcanes du pouvoir, la politique, les media, la culture, on effleure chacun de ces mondes, on est une petite souris, on regarde derrière la scène, vous dévoilez par bribes, juste assez pour intriguer. Les personnages se révèlent peu à peu, eux aussi on doit imaginer la photo complétée. Chloé aura-t-elle l’envergure finalement ? James est-il plus qu’un talent qui aime l’ombre ? Eloïse est-elle plus influente que son job ne le laisse croire ? Vous entretenez la confusion, petits chapitres incomplets, sauts de puces et on se retrouve à Dresde, dans un café à Paris, au jardin du Luxembourg, dans un square, à Vienne, peut-être un peu trop découpé, mais en même temps, cela donne une espèce de légèreté aux sujets. Ce n’est pas l’enquête des 2 journalistes du Washington post pour le watergate, moins de tension, moins de dangers, moins d’appréhension. Les petites phrases faussement anodines qui dévoilent peu à peu les uns et les autres, les dialogues bien vus intégrés à la narration et qui sonnent justes, donnent un style fluide, vif. On pourrait aussi désirer que cela avance un peu plus vite, qu’il y ait moins de surplace à retrouver un peu les mêmes situations d’un chapitre à 4 après. Mais on se prend au jeu. Même si on a envie de savoir plus vite. Mais c’est ça aussi qui donne du sel.

Voilà un Eden inattendu. On ne soupçonne pas à quel point le paradis peut ne pas l’être ! Et l’intrigue est menée de manière amusante, variée, très bonne progression. D’autant plus que l’on comprend très bien le fil, même sans avoir lu les deux premiers tomes. Bref, bons moments de lecture (et pas que parce que l’on est confiné volets fermés à cause de la canicule).