@Mary Pascal
« La partition de Claire » m’a interpellé sur une période que je croyais connaître. J’aime ce titre. J’aime cet écrit et cette parole. J’aime votre recherche de la vérité de ce temps de l’Occupation, d’une vérité parfois terrible. On commence par y poser le bout du pied, puis, on s’aperçoit qu’elle vous entraîne, vous aspire, vous attire à elle d’un mouvement si lent, si mesuré, qu’on s’en rend à peine compte ; et puis le mouvement s’accélère, et puis c’est le tourbillon vertigineux, le plongeon dans les ténèbres de l’insoutenable barbarie. En vous lisant, j’avais devant les yeux Tsipora arrêtée par la Gestapo, déportée à Auschwitz et gazée, comme tant d’hommes et de femmes, pour ce qu’ils étaient, pour les croyances qu’ils avaient défendues au mépris de leur liberté.
J’aime la place où vous avez situé le rôle de l’écrivain : offrir au lecteur par un écrit, un style le temps où la France était un radeau à la dérive, partager avec lui les connaissances d’un Paris garroté, supplicié, mitraillé, fusillé par les nazis et leurs supplétifs français, la signification que l’on donne aux choses, l’interprétation des refus, des révoltent, des rebellions qui se construisent. Lui apporter une belle histoire, un langage, la connaissance des mots exprimant les trois dimensions du temps : le passé, le présent et l’avenir : la mémoire, la vie et l’espérance. Comme le disait Rainer Maria Rilke des écrivains : « ils sont les abeilles de l’invisible », vous êtes de ceux-là, qui permettent au lecteur de trouver le mot qu’il cherche pour lequel il possède la clef…Et qu’est-ce que ce mot si ce n’est une histoire d’amour ?
Publié le 19 Février 2018