Vous avez pris un ton très allégorique pour raconter le voyage, road movie dites-vous, de votre personnage haut et fort aux pieds nus. Pour qui connaît un peu ce pays, on sent bien l’amour que vous avez de vos vallées, de cette nature étourdissante, qu’on apprend peu à peu à désirer si on ne l’a pas de naissance dans la peau. C’est beau et oui, on a le cœur palpitant à lire son aventure. Il est sûrement le témoin parlant de combien d’aventuriers dont personne n’a jamais parlé.

Je ne suis pas sûre d’avoir saisi totalement le lien entre les croyances du Japon et celles du Pays Basque et des Landes, mais j’ai trouvé votre imagination foisonnante très divertissante et pleine de ressources. Bravo, votre plume est gaie, et au-delà des valeurs que vous véhiculez, j’ai aimé la légèreté pour le dire. Si je peux me permettre, les Belges sont aussi connus pour leur talent en BD, et j’ai trouvé qu’il y avait un peu de ce talent là chez vous. Merci de ce partage.

Curieuse histoire à lire aujourd’hui, qui a du si souvent exister. Si dramatique. Et sans doute encore plus en ce moment. Vous racontez en prenant le temps de dire, de ne pas omettre les perspectives qui font percevoir l’atmosphère, les scènes, les personnages, l’horreur, la peur, les sentiments si contradictoires qu’ils peuvent traverser. Je me suis attachée à l’histoire de ces deux filles, ce sont des vies marquées aux fers.

Comme le dit Philippe De Vos, il faut probablement vous lire par épisodes, quelques lettres avant d’éteindre la lumière, rentrer dans votre rythme lent, celui qui correspond parfaitement au principe des lettres, laisser son esprit cheminer à vos côtés, imaginer votre décor, peut-être même vous donner un visage. Mais, difficile de ne pas un peu s’impatienter, cela manque un peu, pas de suspense, mais d’une petite intrigue, qui rendrait l’abandon le soir insupportable (malgré votre résumé qui met en appétence).

Au-delà de l’histoire du roman, qui bien sûr s’entrecroise avec les événements, il y a souvent une espèce de candeur dans ces récits qui se passent dans l’Algérie de cette époque-là. C’est dû en grande part aux personnes, il y avait de la bienveillance, à la manière de vivre, plus lente, à la mixité comme on dit maintenant, à la terre. On ressent cela dans votre beau roman dans lequel je me suis évadée.