C'est sans doute dans l'actuel Liban que l'écriture est née, avec les Phéniciens François Cavana, cofondateur des magazines satiriques Hara-Kiri, Hara-Kiri hebdo, Charlie et Charlie Hebdo pensait avec humour que tous les malheurs du monde venaient de la « chute vers le progrès »…
Cependant, même si c’est contestable, l’intelligence et les innovations humaines nous ont effectivement permis de devenir l’espèce dominante.
Le réchauffement climatique termine la glaciation de Würm, il y a douze millénaires et bouleverse le mode de vie des humains. C’est le passage du paléolithique supérieur, illustré par les grottes de Lascaux, d’Altamira, de Chauvet, aux périodes plus compliquées du néolithique.
Pour s’adapter au changement climatique, les chasseurs-cueilleurs nomades se sédentarisent et deviennent pasteurs et agriculteurs. Ce nouveau statut les mène à développer les échanges sociaux.
Le besoin de communiquer existe chez toutes les espèces vivantes, avec plus ou moins de complexité, mais si l’apparition du langage fut relativement rapide chez les hominidés, il en fut tout autrement de la communication non verbale.
Le langage articulé : une spécificité humaine.
L’Homo Habilis pourrait être le plus ancien pré-humain à avoir employé un langage articulé, il y a deux millions d’années. L’évolution du cerveau (pensée et conscience réfléchie) ainsi que des caractéristiques morphologiques (larynx en position basse, voûte palatine particulière, position de la langue et des dents tout comme la station verticale) expliquent cette particularité qui n’est partagée par aucune autre espèce animale.
Cette communication, verbale, mais aussi gestuelle, s’est améliorée avec l’Homo Sapiens (entre 350 et 150 000 ans avant notre ère) et ces sons articulés ont débouché sur le chant et la danse qui avaient une fonction symbolique, sociale et très souvent religieuse.
Le langage n’est pas apparu partout simultanément et a certainement suivi une évolution progressive à partir d’un modèle primitif.
Durant cette période, de la Préhistoire à la Protohistoire, le langage a peu à peu intégré des notions de vocabulaire et de grammaire lui permettant de se faire plus précis.
De la Protohistoire à l’Histoire
De la Préhistoire jusqu’à la Protohistoire, le genre humain s’est socialisé et développé, abandonnant petit à petit la chasse et la cueillette au profit de l’élevage et de l’agriculture. Les centres d’habitation se sont étendus, des villes créées. Les relations commerciales devinrent plus complexes, les échanges plus nombreux. Nécessité faisant loi, l’invention de l’écriture a fait basculer l’homme dans l’Histoire avec un grand H.
Il s’agissait, tout d’abord, de fixer les transactions commerciales de manière formelle, de chiffrer les possessions et les échanges afin d’éviter tout litige.
L’écriture avait donc, au départ, une fonction purement comptable.
L’écriture et la lecture étaient réservées à des castes privilégiées, ou, comme en Égypte, à des esclaves sélectionnés, éduqués dans ce but et particulièrement compétents.
La production agricole et l’élevage furent bientôt rejoints par les créations artisanales de masse (outils, tissus, teintures, mobilier, vaisselle, produits élaborés comme le pain ou la bière et, bien entendu, les armes).
Il fallut donc chercher un moyen de transcrire toute transaction, depuis la vente ou l’achat de terrain, de bétail, de récolte ou de toute autre opération commerciale de façon indélébile et théoriquement incontestable. La notion de sceau ou de signature vit le jour à cette époque. De cette même période datent, évidemment, nature humaine oblige, les premiers faux.
Naissance de l’écriture ou, plutôt, des écritures.
Au départ, les représentations graphiques étaient surtout symboliques. C’était simple, compréhensible par tous et, a priori, évident.
Mais, la complexité des échanges devenait sacrément plus compliquée.
Nous allons prendre l’exemple le plus simple, celui de l’achat ou de la vente d’une tête de bétail.
Quel que soit le type de proto-écriture, le symbole du bœuf est utilisé à peu près partout de la même façon. Il s’agit d’un triangle, tête en bas, représentant la tête de l’animal surmonté de deux traits verticaux ou obliques représentant les cornes.
Si vous achetez ou vendez cet animal, il suffit de multiplier ce symbole par la quantité requise !
Ça peut devenir, cependant, un peu laborieux et contestable lorsque vous achetez 300 têtes de bétail le même jour !
On inventa donc aussi des signes symboliques ou graphiques représentant la quantité : les chiffres étaient nés.
Nous utilisons dans les écritures latines les chiffres dits arabes, à tort d’ailleurs, puisqu’ils sont en fait d’origine indienne. Les chiffres arabes ont une tout autre graphie.
Les chiffres peuvent s’écrire sous plusieurs formes : numérale, en toutes lettres ou en chiffres dits romains.
Une innovation majeure : l’alphabet.
Avant l’apparition de l’alphabet, le premier étant l’alphabet phénicien dont tous les autres alphabets ont découlé, on parlait de système ou de type d’écriture composés de symboles mnémoniques ou d’idéogrammes (pictogrammes sumériens, hiéroglyphes égyptiens, écriture cunéiforme et bien d’autres inutilisés de nos jours), de système graphique verbal ou de système syllabique.
L’alphabet renverse toutes les autres notions : un signe égale un son !
Il suffit alors de décomposer les sons qui forment un vocable en caractères ou glyphes pour que chacun puisse le déchiffrer sans erreur possible.
Seules les différences de langues peuvent être un écueil, car sans connaissance de la langue dans laquelle le texte est écrit, on peut déchiffrer celui-ci sans toutefois le comprendre.
Cependant, en ce qui concerne les langues latines ou anglo-saxonnes, le simple apprentissage des langues étrangères, vous permettra sans changer votre système de lecture, de comprendre ce que vous lisez : vache, cow ou vaca, par exemple.
Par contre, pour certaines autres langues, il sera nécessaire d’assimiler d’autres alphabets : arabe, cyrillique, grec, tifinagh, thaï (de type alphasyllabique), asiatiques (en réalité, plus idéogrammes qu’alphabets proprement dits), etc.
Il est à noter que les alphabets découlant de l’alphabet phénicien ont de nombreux points communs dont le nombre de signes (à quelques variantes près), le nom des lettres (A, Aleph, Alif, Alpha), (B, Bet, Ba, Beta), etc.
Certaines écritures se lisent de gauche à droite (la majorité des langues latines), d’autres de droite à gauche (arabe, hébreu), d’autres de haut en bas (manchou, mongol), certaines encore de bas en haut ou de sens variable comme les hiéroglyphes ou l’écriture maya.
Des essais souvent voués à l’échec ont tenté le sens alterné (ou boustrophédon) en utilisant une lecture de droite à gauche pour la première ligne et de gauche à droite pour la suivante et ainsi de suite. Cette lecture avait pour inconvénient de fatiguer à la fois l’œil et le cerveau en ne permettant pas les microrepos en fin de ligne. Le rongo-rongo de l’Île de Pâques qui utilisait ce système n’a toujours pas été entièrement déchiffré.
Une théorie, très controversée, affirme que l’écriture arabe, au départ, a été créée par un gaucher. La majorité de l’humanité étant droitière, il est assez inconcevable, en effet, de passer sa main sur ce que l’on vient d’écrire au risque de l’altérer ou de l’effacer. Cette théorie est contestée par les musulmans, puisque Satan est gaucher, mais c’est oublier que pendant de très longs siècles, les arabes n’ont pas connu l’Islam. C’est, en tout cas, une théorie assez plaisante et « se non è vero è bene trovato »…
Dans 10 jours (L'histoire de l'écriture -Partie 2- ): l'évolution des modes d'écriture, la transmission et la diffusion des écrits, de la symbolique pariétale au SMS.
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Un sujet fascinant, difficile à commenter, au risque d’écrire des énormités ou d’enfoncer des portes ouvertes. Un grand merci à l’auteur, JM Boschet.
Ce thème mériterait une thèse entière tant il est fascinant. Bravo pour ce travail.
Un intéressant survol qui montre que l'écriture est née d'un impératif économique d'abord et non pas de la volonté de laisser des traces de mémoire ou de civilisation