Interview
Le 11 juin 2024

La romance s’écrit en bleu. Par Marie Berchoud

On pensait que la romance peignait la vie en rose (bonbon de préférence), et l’on avait tout faux ! La romance se vit, se décline, s’écrit en BLEU (ciel de préférence). La romance serait-elle, en définitive, un méga aspirateur à nuages ? Marie Berchoud poursuit l’enquête… âmes sensibles s’abstenir.

CIEL ! Et on n’y voit que du bleu, du feu

Si on se fait rouler dans la farine ? Bah oui, mais en bleu, et comme de la bleusaille, on aime ça : elles sont des millions de lectrices converties au bleu. Quant aux lecteurs ? Babelio ne recense aucun commentaire, ni positif ni négatif. Selon ma grand-mère, puis ma mère, ce sont des lectures de type "Veillées des chaumières", ce magazine ancien qui, enquête faite, existe toujours : il y a donc un public féminin persistant à aimer la romance au fil des générations.

Plus grand que le ciel, voici le must have attendu avec fièvre.  Il est signé Virginie Grimaldi, bien sûr. Euh, pourquoi "bien sûr" ? d’autres autrices de romance se sont approprié le ciel, bleu, bien sûr car les titres à orages peuvent être mal interprétés, tant ils relèveraient aussi d’autres genres, tels que polar ou thriller.

En matière de romance, peut-on échapper à la star, je veux dire la Grimaldi, avec son patronyme, vrai ou faux, venu des Monaco, dont on sait que leur noble origine est violence, prédation et bagarre ?

"Elsa et Vincent se croisent chaque mercredi dans la salle d'attente de leur psychiatre. Elle est écorchée et mordante. Il est rêveur et intranquille. Elle est conseillère funéraire. Il est romancier. Elle vient de perdre son père. Il cache sa plus grande blessure. Elle est en retard. Il est en avance. Ils ont pourtant rendez-vous.  Entre deux éclats de rire, Virginie Grimaldi capte ces instants fragiles où l'empreinte des souvenirs se mêle aux promesses d'une rencontre."

J’aime beaucoup ce résumé, il est ficelé comme un rôti pour la vente. En effet, on connait déjà la fin : l’amourrr toujours, et attention, péripéties diverses et d’été avant. Mais on ne sait pas trop ce qui est « plus grand que le ciel », et d’ailleurs de quel point de vue, point of view, locus nullius, Annapurna bien avant les trekkeurs fous et sherpas en silence épuisés, ou alors Mont Blanc mais vu d’où ?  Courmayeur ou Chamonix, attention, c’est pas pareil, un Schweizer-französich et un ritalou Italien du Val d’Aoste. Disons que Grimaldi doit plutôt venir d’Italie, si du moins, ce patronyme n’est pas un pseudo.

© image : ninikvaratskhelia_

 

Je cite pépère gogole : "grimaldi nom d'une ancienne famille noble de Gênes, représente la variation corse et italienne de grimaud, nom de personne d'origine germanique, issu de grim qui signifie cruel et waldan qui signifie gouverner, ancien surnom de gouverneur.

On ne rigole pas ici. Et gare aux représailles ! Il faut voir les fans quand on ose dire un mot contre leur Vivi G. Allez, peut-être n’est-ce pas son vrai nom, elle s’appelle Dulac ou Dupont ou encore Patagaufres, allez savoir et peu importe : on n’y verra que du bleu, nous les présumées lectrices. Que s’allume les feux, les cieux de l’imagination avec en prime les étoiles, allez, go !

BLEU
Prière imaginaire à nos cieux !

Ciel, ciel, ciel, tout de bleu partout, oh c’est si beau si beau ! Garde-nous des misères et malheurs de la vie ordinaire, enlève-nous et dans ta nacelle au-dessus de la vie ordinaire avec ses paysages, emmène-nous au bout du monde rêvé ! Le pacte de lecture est là : tu achètes ou emprunte et tu lis – et surtout tu aimes, et tu le dis, tu le chantes, tu le cries. Tout le bleu du ciel peut effacer, annuler, canceller le gris brouillé entrevu par la fenêtre ou au miroir, saleté de miroir ! Et même nos cernes bleu-violet quand on n’a rien dormi pour cause de bébé en croissance ou d’on ne sait quoi qui dit ta vie. Et allez, lis donc !

 

Et hop, embarquement pour le TRAIN BLEU !

D’accord, il n’en a pas l’air, voir la photo ci-après, toute dorée ; mais…

1)   c’est la noble Histoire ferroviaire, rappelant le doré est la noblesse du bleu, comme le bleu est la noblesse du feu. Le train Bleu à la gare de Lyon parisienne fait référence au train de légende "Paris-Vintimille" datant de 1868, un train couleur bleu nuit qui desservait autrefois les villes de la côte d'Azur. Il fut inauguré en 1901 par le président Emile Loubet, il s’appelait alors "Le Buffet de la Gare".

2) Il connut ses heures de gloire, en particulier un roman d’Agatha Christie sous ce titre. "Le Buffet de la Gare" (1901) se mue en "Le Train Bleu" en 1963. Il est classé comme monument historique en 1972.

 

Allez revenons au BLEU DU CIEL, de la Grimaldi, bien sûr : elle règne ; mais les prétendantes au challenge voire à la succession ne manquent pas. Rassurez-vous je n’y suis pas. J’ai juste commis une narration foutraque, elle doit gésir au fond de MBS : La femme qui écrit des romances signe sa perte. Hin hin, déjà la hargne et l’humour, voui. En fait, pas contre la Grimaldi, plutôt contre ses suiveuses plus ou moins alertes…

 

Quant à la concurrence…

Elle se défend, la concurrence, elle tente. Et reste loin derrière notre Vivi. Il y a une Laure M. croisée dans un salon, et moyennement souriante (litote). Et bien d’autres. Car le phénomène est mondial, on l’a vu.

Il y a des particularités nationales ou locales, tout comme le sucre peut être de canne ou de betterave, voire se décliner en succédanés de type agave ou stevia, en tout cas censé limiter la prise de poids. Ainsi, la romance est-elle plus sucrée en Asie, elle est plus théâtrale dans les feuilletons égyptiens inondant la rive méditerranéenne sud, avec porte qui claquent, hurlements, femmes en crise à se rouler par terre sans démolir une mèche de son brushing, hommes toujours maîtres d’eux… sauf pour calmer la femme en crise, bien sûr.

On l’aura compris, la romance a aussi une dimension culturelle indéniable. Il en va ainsi avec la figure mondiale de la sorcière, une femme libre et imprévisible : elle se décline en lien avec les contes et légendes de jadis, on a déjà présenté Aïcha Kandicha, voir aussi Propp, Morphologie du conte, 1928 et toujours un succès.

 

La romance est-elle un art populaire décentralisé ?

Vivi Grimaldi est de Bordeaux et parfois monte à Paname pour signer un gros contrat. Elle doit rigoler alors, taxi, tapis, escaliers en pierre lisse à force de noblesse, voui voui. Elle dit le triomphe du peuple, le vrai, celui qui habite loin des centres et ne renonce à rien de ce qui l’a fait.

En soi, son succès aurait l’air d’une élection sans bulletins, juste des pages et des pages avec couvertures tendres et rigolotes. Allez ! Qu’elle se présente contre le clan Le Pen – Le Pen is mou, blague immémoriale vue sur un mur de Dijon.

Alors au total ?

(Ici, une vue de la Géode à Paris, grand miroir des illusions)

 

Une star, un rôti, et le clair de lune à Maubeuge

La star présentée est accompagnée d’aspirantes au titre d’étoile, comme à l’Opéra, mais avant il faut avoir été coryphée, première danseuse, et la lutte est vive. La vie.

La star est aussi face à une concurrence mondiale et en particulier venue des États-Unis., on l’a vue en première partie.
Mais il reste un constat : l’art de la romance est très ancré culturellement. On l’a vu en partie 1, les romances états-uniennes prêtent rire sans donner à penser. Oh la méchante ! mais on pourrait en dire autant d’autres romances à l’est…

Voui, dans la romance, on aime les gens d’ici, et plutôt province que Paris, capitale qui perd des habitants, des gens comme nous, avec des rêves et des fins de mois.

On aime le nord et le Pas-de-Calais, on aime les gens qui doutent / qui trop écoutent leur cœur se balancer

Merci Anne Sylvestre.

Les gens qui doutent, ce sont aussi les gens qui s’engagent.

 

Marie Berchoud

 

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