Le premier jet d'écriture est un pêle-mêle d'images, la relecture correspond au travail du galeriste qui n'est autre que l'auteur >> La réécriture est un travail d'amélioration du texte et d'émergence du style, essentiel à chaque auteur.
Plus encore à ceux qui débutent l’écriture. C'est à travers cet exercice que le style de l'auteur s’affirmera, que sa personnalité et son empreinte deviendra prégnante
Le premier jet d'un roman n’est qu’une esquisse, l’auteur a l’imprudence de souvent le considérer comme la meilleure version, la vérité spontanée, sincère, infaillible
Le premier jet parait souvent le bon. L'auteur a souvent le sentiment que s'il a pu engendrer un manuscrit après un tel effort, c'est qu'il ne peut produire mieux. C’est pourquoi la réécriture est souvent perçue comme un travail fastidieux, un retour en arrière, quelque chose d’obligatoire, mais qui n’apportera pas nécessairement de vraie valeur ajoutée à son texte.
Pourtant, c’est là que l’œuvre prend sa forme définitive. C’est là qu’on vous jugera. En effet, la première version n’est souvent qu’une projection brouillonne. Vous en gommez mentalement les imperfections, alors que c’est un moment clé : il faut transformer une idée brute en une œuvre aboutie, ou un bon roman en un roman excellent.
Réécrire pour optimiser la cohérence d’un texte et sa fluidité
Lors de la rédaction d'une première version, l’auteur s’abandonne à ses idées. C’est là que naissent des incohérences ou des passages mal structurés. La réécriture permet d’identifier ces failles et de reconstruire le texte pour assurer une logique interne et une lecture fluide.
>> Réécriture : une manière de revoir les intrigues, les contrôler, les visser
La première relecture doit se focaliser sur la structure du récit : l’intrigue. Car c’est là que le lecteur sera le plus intransigeant.
Comment croire aux personnages, si les évènements sont faux, décalés dans le temps, anachroniques, ou invraisemblables ?
>> Réécriture : être plus précis mais avec des détails justes
Oui, Il y a des auteurs précisionnistes qui s’attachent aux détails. Ce n'est pas un défaut, au contraire. Mais dans ce cas, on n'excuse pas les erreurs.
Une mitraillette n’est pas une mitrailleuse. Pas question d’utiliser une arme anachronique. Utilisée dans un contexte précis, elle génère des blessures particulières, importantes pour la suite du récit.
En parallèle, il y a aussi les auteurs qui ne s’intéressent qu’à l’intrigue (pas aux détails), ceux qui ne considèrent que la fonction, la finalité de l’arme : tuer, menacer ou blesser. Ces derniers content l’histoire ou se laissent entrainer par le récit, sans entrer dans les détails. Avec ceux là, on sera indulgents.
Il n’y a pas de bonne école ou de mauvaise école. En revanche, si l’on donne des détails, il faut donner les bons car paradoxalement ce type d’erreurs peuvent obséder un lecteur tout au long du récit.
>> Réécriture : il faut que les dialogues soient vrais, qu’ils fassent avancer l’intrigue
Un aspect essentiel lors de la réécriture est l’amélioration des dialogues. Le juste équilibre : pas trop ou pas assez de dialogues, bien sûr.
Mais surtout des dialogues vrais. Que l’on soit au café du commerce avec des ouvriers du bâtiment ou à l’Élysée avec le roi Charles, ce qui compte, c’est le climat, l’authenticité. Qu'on y croie.
Le dialogue doit faire avancer le récit, caractériser les personnages, et fluidifier la lecture
En vous concentrant sur les dialogues lors d’une des phases de réécriture, vous pourrez identifier ces problèmes et donner vie à votre récit.
Et attention, rien de pire qu’une information qu’un lecteur connait déjà, restituée deux ou trois fois dans un dialogue.
>> Réécriture : Le thème est essentiel, c’est le fil conducteur qui donne du sens à l’œuvre.
C’est à la relecture qu’on vérifie si les intentions premières sont conformes au résultat obtenu.
Le "thème", à ne pas confondre avec le genre, définit une idée, un sujet exploré tout au long du roman comme par exemple la vengeance, l’amour, le pouvoir, l’amitié, la mort, la quête d’identité, la liberté, la trahison, etc.
Le thème peut être très précis ou bien assez vague. C’est ce qui anime le texte et lui donne une raison d’être à votre roman.
>> Relecture de votre roman : affiner le style et corriger les erreurs grammaticales et stylistiques
(Enfin , direz-vous). Maîtriser le style, le ton, et la voix. donne l’opportunité de rendre le texte plus élégant, de jouer sur les nuances stylistiques, de donner toute sa portée à une description ou de rendre les dialogues plus efficaces.
Les erreurs de ponctuation, de syntaxe, ou le choix de vocabulaire sont souvent fréquents lors de la rédaction initiale.
C’est le regard critique d’un lecteur au regard neuf qui permet une bonne correction. Il s’agit là de relire, moins la cohérence de l’intrigue que la musique du texte et sa logique. Des outils numériques comme Grammarly, ProWritingAid ou Antidote peuvent être d’une grande aide pour repérer des erreurs grammaticales ou stylistiques.
C’est aussi le moment de supprimer les digressions inutiles ou des répétition excessive.
Tout en gardant l’essence et la puissance, il faut gommer ce qui est superflu.
Comment réécrire efficacement ?
>> Prendre de la distance après un temps de pause
Après avoir rédigé la première version, il est crucial de s'accorder une pause avant de se lancer dans la réécriture.
Un peu de distance permet de voir son texte sous un autre angle et de repérer plus facilement les faiblesses.
Lire le texte à haute voix est une bonne technique pour repérer les maladresses.Toutes les imperfections sautent aux oreilles : répétition, incohérences, ton inapproprié.
>> Se concentrer sur son roman sur l'une de ses dimensions
La réécriture doit être envisagée sous un angle à la fois. S’assigner une mission et la tenir.
Une relecture globale pour une correction universelle est trop lourde, décourageante et surtout pour des résultats décevants .
Il faut relire avec un objectif précis : chaque lecture doit être orientée vers un objectif spécifique (Structure, dialogues, transitions, syntaxe etc…).
Pourquoi la relecture est-elle si difficile ? parce qu'elle implique la réécriture
La relecture implique la réécriture. Elle est difficile car cela signifie que l'auteur doit être prêt à abandonner les mots et expressions qu'il pense avoir choisi entre mille, à un moment précis ou sa sensibilité était unique.
Ce n’est pas qu’un travail de correction mécanique. C'est un sacrifice. C’est aussi l’opportunité de moduler votre récit, d’ajouter des éléments qui enrichiront l’intrigue ou d’affiner les personnages. Il ne doit pas hésiter à expérimenter !
Cinq mots d’ordre pour la relecture d'un texte ou un roman
>> Supprimer l'inutile
La suppression consiste à alléger le texte initial, en rayant ce qui n’apporte rien d’important au texte : adjectifs et adverbes notamment.
L’efficacité doit être le maitre mot. Elle aide le lecteur à se repérer. La nuance en est parfois l’ennemi et peut dans nombreux cas s’assimiler au verbiage.
>> Substituer ou modifier pour une forme ou un sens plus soigné ou plus juste
Le moment de la réécriture peut être aussi celui de l’expérimentation. Votre texte n’est pas gravé dans le marbre.
Parfois, il arrive même que l’on doive réécrire un pan de texte, orienter une scène différemment, changer de choix narratifs, modifier l’intrigue, déplacer la scène.
Tout ça pour une meilleure forme.
>> Déplacer et remanier
Coller ou permuter. Déplacer un mot, un paragraphe, parfois même un chapitre entier permet d’équilibrer le récit, d’apporter une nuance ou de donner un sens plus riche.
Une technique à maitriser pour ne pas déraper..
C’est une manière aussi de recréer une musique différente, un rythme alternatif.
>> Développer certains aspects des textes
Oui. Quand un passage laisse entrevoir des développements qui pourraient être favorables à la compréhension des lieux, des personnages ou de l’intrigue, les affiner ou les nuancer.
En contrepoint, bien sûr, il faut être prudent, il ne faut pas développer le texte gratuitement.
Développer un texte consiste à renforcer une idée et non pas à la diluer
Les étapes clés de la réécriture
Après une relecture globale qui permet de réviser sa structure : fluidité, enchainement des scènes, transitions, compréhension, Il est bon de s'intéresser aux personnages : personnalités, cohérence, crédibilité. Puis évidemment aux clauses stylistiques : qualité du vocabulaire, répétitions, orthographe.
Parfois, une perspective extérieure, via les Bêtas-lecteurs, peut offrir des retours précieux et aider à repérer des aspects que l’on n’aurait pas vus soi-même.
C'est un travail qui doit se réaliser en plusieurs étapes. L'important, c'est de garder à chaque relecture un oeil neuf sur le texte.
Chacune de ces étapes doit se faire avec un objectif précis sans s'attacher outre mesure au texte initial .
Car la réécriture, c'est aussi savoir sacrifier de bons éléments pour le bien de l’histoire.
La réécriture est une phase indispensable du processus créatif. C’est là que le récit prend véritablement forme et que l’écrivain affine son propos, son style, et ses personnages. Le premier jet sert de fondation, et c’est bien le plus souvent lors de la réécriture que le texte devient véritablement vivant et percutant.
Alors, loin d’être une punition, cette étape doit être perçue comme une occasion d’optimiser son œuvre pour en faire une pièce littéraire plus aboutie.
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Encore un article très utile @monBestSeller, que les auteurs débutants (nous l'avons tous été) devraient lire.
Pour mon premier écrit, celui de tous les défauts constatés après la première mise en ligne, pourtant convaincu qu'il était abouti, je suis passé maintes fois, spontanément, par toutes les phases évoquées dans cet article, corrigeant, améliorant, déplaçant, supprimant, sans compter les erreurs du débutant quant au format, aux marges, à la présentation. J'étais pourtant passé par la phase "temps de pause de quelques années" avant de le reprendre avec "un oeil neuf".
Sans doute l'expérience de ce premier écrit mis en ligne prématurément a-t-elle servi à tous les suivants. Encore qu'il m'arrive de rectifier, de corriger et d'améliorer en me relisant, comme l'a écrit @Maria De Sousa : "même au bout de 10 relectures on trouve des passages, des mots, des tournures de phrases à remanier ou à corriger".
Si la réécriture est une phase indispensable, un auteur ne doit pas sous-estimer l'importance des relectures (les siennes et si possible celles d'autres personnes).
Pour preuve, s'il vous est arrivé de voir des manuscrits de "grands" auteurs classiques : Victor Hugo ou Balzac pour ne citer qu'eux, ils ont dû être le cauchemar de l'éditeur pour le déchiffrage tellement ils sont raturés et surchargés de corrections.
« Derrière les ratures et les bouts de phrases abandonnés par nos grands auteurs, se cachent de longues journées de travail menées afin d’atteindre le sublime. » (Flaubert, Sand, Balzac… Les méthodes d’écriture des grands auteurs français, par Dorian Grelier).
L'informatique a constitué en cela une innovation révolutionnaire.
Merci pour cette aide précieuse dispensée aux auteurs de la communauté mBS.
MC
Une étape importante qu’il ne faut pas prendre à la légère ! C’est difficile de relire son manuscrit sans rien modifier : même au bout de 10 relectures on trouve des passages, des mots, des tournures de phrases à remanier ou à corriger !
Indispensable toujours, mais souvent pénible voire cruel !
La réécriture est longue mais très utile et vital, surtout quand le roman est long. Personnellement je fait trois réécriture et deux affinage. J’aime qu’il soit le plus épuré possible. Comme dit l’auteur Bernard Weber : il ne faut pas tomber amoureux de son texte , pas de copier-coller. Juste en ce posant la question : Est-ce utile pour mon roman ? Et si je le supprimais, est-ce mon roman changerai ? Garder juste l’essence, suffit.