« La vie est facile, ne t’inquiète pas », le troisième roman d’Agnès Martin-Lugand vient de paraître. Pour celles ou ceux qui n’auraient pas suivi l’aventure, le livre est la suite de « Les gens heureux lisent et boivent du café », roman d’abord autoédité sur Amazon fin 2012 puis remarqué et édité par Michel Lafon en 2013. Le premier roman a été vendu à 300 000 exemplaires et devrait être adapté au cinéma. Une belle histoire sur laquelle revient l’heureux auteur, ex-psychologue clinicienne, qui n’imagine plus sa vie sans l’écriture.
J’étais maman depuis deux ans et un jour je me suis posée cette question : qu’est-ce que je ferais si je perdais ce qui m’était le plus cher. J’ai vu ensuite un reportage sur un petit village perdu de la côte anglaise ou écossaise sur Arte. Je me suis dit que si on m’enlevait mon enfant et mon mari, je partirais dans un endroit comme celui-là. Le roman est parti de là.
Diane est une gentille capricieuse. Sa vie est plutôt douce, elle a juste des rapports conflictuels avec ses parents, ce qui est assez banal. Elle n’est pas capable de se débrouiller toute seule, elle est dépendante de son mari. Je voulais la faire mûrir, grandir à travers cette épreuve. En Irlande, elle éprouve pour la première fois un instinct de survie. À la fin de l’histoire, elle comprend que faire des choix dans la vie, c’est abandonner des parts de soi, de son passé.
J’avais besoin de faire une pause entre Diane et moi, de la laisser se reposer et de me reposer d’elle aussi. J’avais envie de me confronter à de nouveaux personnages, à une autre ambiance. « Les gens heureux lisent et boivent du café » était mon premier roman, je ne souhaitais pas m’enfermer dans cette histoire. Je voulais essayer autre chose même si « Entre mes mains le bonheur se faufile », mon deuxième livre, reste aussi l’histoire d’une femme en quête d’identité.
Le goût de l’écriture m’est venu pendant mes études de psychologie. J’ai eu à écrire un mémoire en maîtrise puis en DESS. J’ai aimé réfléchir, construire, analyser, mettre en mots. Mais je ne voulais pas « écrire psy », j’avais envie de raconter des histoires. Devenir maman m’a libéré et je me suis lancée. Un matin, j’ai ouvert mon ordinateur et c’est sorti. Comme je voulais avoir un regard extérieur sur ce que j’avais écrit, j’ai travaillé pendant un an avec un coach littéraire.
J’ai envoyé mon roman à quatre éditeurs, deux m’ont répondu personnellement. J’ai travaillé le texte à nouveau puis j’ai décidé de me passer d’éditeur. L’autoédition numérique commençait à se développer. Je me suis lancée dans aventure. J’ai mis le livre en ligne le 26 décembre 2012 sur Amazon à moins d’1 euro. Au bout de trois semaines, j’étais la 1ère au classement des meilleures ventes Kindle, 3 000 personnes avaient téléchargé mon livre. Michel Lafon m’a alors contacté via Facebook. 15 jours plus tard, la maison d’édition m’a proposé un contrat. J’ai accepté à condition qu’on ne change ni la couverture, ni le titre ni le texte. Le roman avait déjà sa vie, je ne voulais pas qu’on y touche.
Je commence par un gros travail de construction. J’ai mon histoire, un plan très détaillé et je travaille beaucoup mes personnages. J’ai besoin de savoir ce qu’ils ont vécu avant pour voir comment ils vont réagir plus tard. Je dois connaître tous les détails de leur vie, ce qu’ils mangent, comment est leur intérieur… Je rédige mon scénario, de la première à la dernière scène, ensuite je remplis les cases. Dans cette période d’écriture, je suis sur mon ordinateur à 5 h du matin.
Et puis la musique m’est indispensable pour écrire. Je suis incapable de sortir une phrase sans musique. J’ai la bande originale de chaque roman. Je choisis certaines musiques avant d’écrire, elles vont correspondre à des personnages ou à des scènes précises du livre. Quand j’écris ce passage, je peux alors écouter la musique en boucle. Parfois, si je bloque sur le texte, trouver la bonne musique délie les mots. Pour ce roman, j’ai fourni la liste des musiques à Michel Lafon qui a créé une playlist sur Spotify.
Vu mon parcours, je ne peux en penser que du bien. L’autoédition m’a permis d’arriver où je suis aujourd’hui. Elle a été un formidable tremplin. Avoir la possibilité de proposer ses textes à des lecteurs est la meilleure école car ce sont les lecteurs qui font les auteurs. Je n’ai pas suivi la voie traditionnelle. Ce n’est pas l’éditeur qui m’a donné le sentiment d’être devenue un auteur, mais les lecteurs car je les ai eu avant d’avoir un éditeur. Ce sont eux qui nous lisent et achètent nos livres.
Clémence Roux de Luze
La vie est facile ne t’inquiète pas. Agnès Martin-Lugand - Michel Lafon.
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