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Le 29 avr 2020

Le lecteur de SF est-il essentiellement jeune et de sexe masculin ?

Pour certaines maisons d’édition, le lectorat est élitiste, et leurs investissements privilégient le fidèle lecteur de collection qui ne lit qu’un thème précis...

Pour les ventes plus modestes, la SF souvent placée dans des cases de littératures impopulaires, se voit dévalorisée, et passée sous silence. Décourageant ainsi le lecteur néophyte qui, contrairement au lecteur habitué à consommer cette littérature, doit se familiariser avec les univers multiples, et l’originalité du décalage par rapport à notre réalité.

Sur cet horizon, les sous-genres qui donnent du poids à la SF ne sont pas exclus. Ces éléments apportent au lecteur une poétique frappant l’imaginaire, qui devrait l’inciter peu à peu, à fréquenter la SF, au même titre que les autres genres littéraires.

Mais la réaction à cette lecture est encore bien loin d’être unanime.
Car le lecteur susceptible de découvrir cette fiction de grande inventivité est conditionné par les médias. Ceux-ci ne retiennent que les aspects les plus simplistes de la SF et la popularisent mal.  Dévalorisant ainsi les choix potentiels, en l’opposant au diktat des intellectuels.

En conclusion, cette dimension moderne ne s’inscrit toujours pas dans la culture des français de tous les groupes d’âge et de toutes les classes sociales.

Auteurs de SF sur monBestSeller,  venez témoigner de votre engouement pour cette littérature qui mérite un plus large lectorat. 

Annie Pic
"L'origine des mondes" 
"Aux frontières de l'âme"
"Recueil de nouvelles fantastiques"
Retrouvez son interterview 

La rubrique "Du côté des auteurs" est la tribune des auteurs monBestSeller. Vous pouvez y partager vos réflexions, articles ou billets d’humeur sur la narration, le numérique, les « trucs » pour se faire repérer ou toute pensée autour de la littérature qui puissent intéresser nos auteurs ET nos lecteurs. Lire l'article.
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La science-fiction a cela de pratique qu’on ne sait jamais vraiment ce qu’elle est. Il est facile de s'y perdre et j’en suis venu à ne même plus chercher une définition qui l’embrasse de façon suffisamment convenable et convaincante. Je ne m’ingénierai même pas à la déterminer par ses thèmes : exercice pratique mais insuffisant, tant le genre est protéiforme et en perpétuelle mutation, poussant ses tentacules partout où il peut.

Je la tiendrai volontiers, en premier lieu, comme un vaste laboratoire où se mènent diverses expérimentations imaginaires, dont la variété est extensible à outrance. Ce qui va jusqu’à piler de la craie dans de l’eau de rose pour voir ce que ça donne (de l'avis général : pas grand chose). Laboratoire donc, mais aussi territoire fantasmatique où se transmuent les questionnements sur le monde d’aujourd’hui. Ce qui n’est pas forcément incompatible.

Le domaine reste ainsi fondamentalement ouvert, ce qui me plaît d’autant plus qu’il déborde un cadre strict, dans lequel on tend souvent à vouloir l’enfermer. Mais ceci est le plus souvent le fait de ceux qui n’y touchent qu’à peine, avec un regard réducteur, pour le placer au sein d’une des strates les plus inférieures de la littérature.

Je ne parviens pas à me faire à cet état d’esprit. La fiction littéraire recouvre des territoires dont les frontières sont la plupart du temps imprécises, bien que des cartographes zélés et obtus se fassent fort de tracer des limites péremptoires. Je ne fréquente pas certains terroirs dont le paysage m’attire trop peu, mais en reconnaissant qu’il s’y cache sans doute une bonne quantité de trésors. Je ne m’interdis pas d’y aller voir un jour. Pour moi la qualité d’un écrit importe plus que ce dont il parle. Il n’y a pas de genres inférieurs, et un mauvais roman de littérature « blanche » vaudra toujours moins qu’un bon polar ou qu’un bon SFFF. Seuls des préjugés stupides s’efforceront de laisser croire le contraire.

La science-fiction pour certains se limite hélas à de cinématographiques épopées grandiloquentes dans lesquelles on se promène d’une galaxie à l’autre en moins de temps qu’il n’en faut pour traverser Paris en métro, non sans oublier d’échanger avec ceux qu’on croise des tirs de canon-laser, de fusil-laser, ou sans tirer l’épée-laser pour des duels flamboyants à l’ancienne, mais se déroulant dans d’époustouflants décors futuristes. On use aussi de robots monstrueux, ou d'un tas de mécaniques brutales et guerrières autant qu'inesthétiques en diable.

La SF caricaturale aime la lutte contre d’épouvantables monstres surgis des confins de l’univers, venus tout naturellement en excursion dominicale pour se gargariser de sang humain bien chaud, à moins que ceux-ci n’ayant fait qu’un détour pour voir, nous leur tombions sous le tentacule par un délicieux hasard et qu’ils ne décident, quel bonheur, de nous utiliser comme incubateurs, le principe de la gestation pour autrui n'allant pas à l'encontre de leur éthique. Il lui arrive de montrer la lutte obstinée et fatalement couronnée de succès contre des envahisseurs malveillants aux mœurs totalitaires dont la laideur ne pouvait rien laisser présager de bon.

Elle sait aussi, sans se montrer bégueule, faire subir à l’humanité des cataclysmes paroxystiques en utilisant astéroïdes fougueux, maladies perversement contagieuses, volcans autres qu’islandais, conflits surnucléarisés qui provoqueront des mutations fort appréciables au niveau scénaristique, fléaux dont nous nous sortons à chaque fois la tête haute en brandissant la bannière étoilée (que je sache, l’Europe n’a pas encore sauvé le monde : sans doute la faute aux studios qui fournissent ces amusantes superproductions).

Oui, elle sait puiser par tonneaux entiers dans des canevas classiques sinon rebattus, spectaculaires à souhait mais peu portés sur la métaphysique, et elle le fait sans vergogne, pour alimenter les salles obscures en spectacles superlatifs dans le choc des images et superlatifs dans l’indigence scénaristique.

Mais ça, oserai-je dire, c’est la SF pour les nuls. Hélas, presque la seule qu’on remarque.

Partant de là, rien n'empêchera les empesés de trouver navrant que des gens puissent perdre leur temps à se gaver de milliers de pages de balivernes et fariboles. Ou pire, que des individus dotés d’une plume magnifique se compromettent dans une sous-littérature qui n’apporte rien, ne veut rien dire, et n’est qu’une accumulation d’âneries sans bornes.

Comme je l'ai écrit plus haut, ce jugement péremptoire et sommaire trouve volontiers son origine dans l’avalanche continuelle, dans les salles obscures, de navrantes aventures à l’inanité cosmique. Mais pas seulement, puisque entre en jeu une distinction entre ce qui est de la Littérature avec une majuscule dont la taille ne peut être utilisée ici pour d’évidentes raisons de place sur l’écran, et le reste.

Pour que la science-fiction soit acceptable, il faut que l’auteur s’appelle Borges, Buzzatti, ou qu’il soit assez malin pour ne pas étiqueter son roman à l’aide de la dénomination coupable, comme on a pu le faire ces dernières années, Amélie Nothomb elle-même d’ailleurs… – mais je m’étais promis de ne pas parler d’elle (Acide sulfurique est d’une indigence si rare qu’on n’aurait même pas envie de lui indiquer quels auteurs, avec plus d’un tiers de siècle pour certains, sont allés beaucoup plus loin).

La science-fiction est contrainte de s’élaborer en fonction de possibles ou de probables, et se contente (sic) d’extrapoler si possible sans trop violer la vérité scientifique. La science n’étant pas un pilier essentiel du genre malgré son appellation, puisqu’il s’agit plutôt d’une littérature conjecturale qui se préoccupe d’à peu près tout ce qui l’entoure, avec cependant un souci de rationalité qui la distingue. Elle est ainsi, le genre le plus proche du réel, et est même bien plus préoccupée du réel que ne l’est la littérature blanche.

Voici résumée en une phrase ce que j’en pense, et je suppose que les obstinés du classique réalisme littéraire (s’il en est qui viennent errer ici) vont bondir de leur chaise. Et pourtant. Loin d’être un domaine pétri d’infantilité, elle se nourrit de ce monde-ci, et ce monde-ci s’en nourrit. En témoigne, pour n’évoquer que cet aspect, le nombre de technologies préfigurées par la science-fiction qui nous sont désormais familières. On peut, sans hésitation, remonter plus d’un demi-siècle en arrière pour voir à l’œuvre des téléphones portables chez un auteur aussi légitimement admis dans la Grande Littérature qu’est Ernst Jünger : ses phonophores ne sont rien d’autre.

La science-fiction, et après tout c’est son objectif, tente de regarder au loin, par-delà l’horizon. De situations données, elle tire des scénarios possibles, sinon probables. Bien sûr ça ne marche pas à tous les coups. Bien sûr, le catalogue des prévisions (ou prédictions) qui ne se sont pas réalisées serait lui aussi immense. Mais certaines prennent leur temps pour être concrétisées. Ce qu’on tient pour encore impossible ne le sera peut-être plus d’ici une décennie. Chaque année qui passe rayant de la liste certaines lignes, nous ne sommes pas au bout des surprises. Plus nous avançons, plus l’impensable d’hier devient fait commun aujourd’hui.

J’ignore s’il est pertinent de penser qu’innovateurs et décideurs se sont depuis longtemps consciemment appropriés les préfigurations énoncées par la science-fiction, ce genre pour adolescents attardés, afin d’élaborer et d’orienter le monde dans lequel nous vivons. Mais j’y songe, et j’en suis presque convaincu. Avec des implications non seulement d’ordre technologique, mais aussi sociopolitique. Le champ d’investigation et de réflexion parcouru par la science-fiction est trop riche terreau favorable aux innovations diverses, pour le meilleur comme pour le pire (je ne me fais guère d’illusions sur le meilleur).

Je le répète: alors même qu’elle est censée brasser des lendemains et des ailleurs imaginaires, la science-fiction est le genre qui se frotte le plus aux réalités d’aujourd’hui, qui est le plus en prise avec lui. Mondialisation de l’économie, explosion des réseaux numériques, dérèglements environnementaux, nouveaux contextes politiques et sociaux, sont parmi les thématiques qu’elle aborde de front depuis longtemps, et qu’évite systématiquement une Littérature (blanche) qui tient apparemment le monde pour immuable (sauf en surface) et se concentre sur l’intimisme et le nombrilisme comme on le faisait il y a un siècle. Madame Bovary ne cessera pas d’être ressuscitée. Les Grands Sujets immortels (l’amour, la mort, la fidélité, l’argent, la trahison, et tout ce genre de choses) ne sont pas prêts de décliner. Certes, ils sont sources d’inépuisables variations. Voire de variations sur les variations. Mais est-ce qu’on n’en aurait pas un peu déjà fait le tour, et un nombre de fois suffisant ?

C’est pourquoi (j’en reviens enfin à mon propos initial), à une Littérature momifiée et sclérosante (du moins celle qu’on pratique volontiers par chez nous même lorsqu’elle a saveur d’originalité de par un traitement stylistique particulier et prétentieux), qui se dispense de rien questionner sinon elle-même, et dénie facilement toute « littérarité » à ce qui ne lui ressemble pas, je préfère amplement (c’est peu dire) un genre fictionnel qui va de l’avant, en s’offrant le luxe d’interrogations ouvertes et de réponses tout aussi ouvertes.

Car la science-fiction est avant tout une littérature de problématisation. Il y prime l’incitation à comprendre l’émergence de faits sociaux, politiques, technologiques, dans un devenir encore indécis dont il convient de tracer les contours. On devrait même pouvoir aller jusqu’à discerner une continuité entre littérature blanche et littérature science-fictive, laquelle n’est pas tant thématique que relevant de la temporalité. Hier et aujourd’hui pour la littérature dominante, demain et «plus tard que ça» en ce qui concerne la science-fiction. Une littérature qui creuse le passé, et une qui tente d’appréhender l’avenir.

Pas de séparation pertinente, textuellement parlant, donc, mais deux versants. Deux points de vue. Avec cette seule différence, mais de taille : la science-fiction s’interdit de porter des œillères. D’où qu’elle ne soit pas uniforme, mais porteuse de courants diversifiés, dont l’éventail trop large interdit de la catégoriser d’emblée d’une façon nette. Ne tenir compte que de l’appellation trompeuse héritée d’un contexte lointain, essentiellement celui des pulps d’outre-Atlantique des années trente à cinquante, avec la coloration de littérature populaire qui convient, permet de se fourvoyer. Et de la déprécier. On en retiendra plus facilement ses mondes invraisemblables, preuves qu’elle n’est pas à considérer sérieusement. Ils sont une de ses facettes, j’oserais dire : un détail, qui a tout lieu d’exister – il faut bien, aussi, une part de rêve.

J’avancerai encore une comparaison. La littérature générale est une littérature de constat, quand la science-fiction est une littérature d’expérimentation. Peut-être moins dans la forme que dans le fond. Les structures narratives traditionnelles y sont encore prééminentes. Mais pour le reste, il ne s’agit rien moins que d’un laboratoire (de laboratoires, pour être exact) où sont étudiées les potentielles évolutions de nos sociétés. Avec plus ou moins de bonheur, mais le mérite est qu’on y pratique le questionnement sans chercher à s’y soustraire. L’enjeu n’est pas anodin, de se demander «Que se passera-t-il si…?». Il engage une vision du monde. En ceci la science-fiction est dangereuse, parce qu’elle est capable de remises en question subversives politiquement incorrectes. En ceci aussi, pour conclure brutalement : elle est nécessaire.

Publié le 09 Mai 2014

Ce qui importe en définitive, ce n’est pas le sexe du lecteur mais son implication pour ce genre littéraire.

Avec l’intrusion du surnaturel, de l’irrationnel et de la magie, la fantasy et le fantastique voisinent très bien avec la SF. Tous ces univers apportent une autre dimension de l’imaginaire, ils ne demandent qu’à être définis et compris par le lecteur.

La SF et son irrationnel acceptable, scientifique ou pseudo scientifique, propose une fiction futuriste, et notre civilisation confrontée à la révolution numérique offre un contexte favorable à ce genre littéraire.

Publié le 01 Mai 2014

En ce qui me concerne, j'ai du mal à me mettre dans la peau d'un héros masculin, c'est pour cela que mes héros sont féminins, même si les héros masculins ne sont jamais loin, mais leur psychologie est moins poussée dans le ressenti que j'en donne. Enfin, cela ne m'empêche d'avoir écrit un conte où c'est un petit garçon qui est le personnage principal ! (maman de deux garçons cela doit aider !!!). Mon expérience de lectrice me porte plus vers des héroïnes féminines, en ce qui concerne la fantasy, mais pour les romans plus classiques, il n'y a pas de règles. En fait, je pense que ce qui amène à lire c'est l'histoire le plus souvent, pour le reste notre imagination peut pallier à beaucoup de choses !!!!

Publié le 01 Mai 2014

Il me semble qu'il existe quelques statistiques sur des lectorats assez specifiques, comme l'Heroic fantasy et la SF. Et il me semble bien que si les femmes en general lisent plus que les hommes, pour ces deux themes c'est plutot un univers masculin. Mais bon, ca  pourrait changer. Pensez par exemple que meme JK Rowling a invente un heros masculin, alors qu'elle meme est une femme... :)

Publié le 30 Avril 2014

tout à fait d'accord avec Franck Labat. (enfin, sauf la phrase sur les femmes, lol)

Publié le 30 Avril 2014