FACE à FACE.
Alexandre Majorczyk est poète.
Alors, quand ses mots traversent l'océan dans un remarquable commentaire à Gamal Atallah, un autre poète, on ne peut résister à l’envie de découvrir leurs mondes à l’un et l’autre.
Ce week-end, nous vous proposons de faire une pause, de rentrer en poésie.
"C’était une simple affaire d’histoires rayées.
D’un lecteur qui, lorsqu’il n’aimait pas les histoires qu’il lisait, les rayait.
D’un auteur qui, lorsqu’il n’aimait pas un de ses lecteurs, le rayait.
D’une femme qui, lorsque son amant cessait d’être un miroir fidèle, le rayait.
D’un roi qui, lorsque ses sujets cessaient d’être à genoux, les rayait.
L’affaire a mal fini, car bientôt, on a manqué d’encre, de lecteurs, d’amants, d’armes.
Avec le dernier trait, on se raye soi-même."
La mort avec un rêve et de la douleur dans les pliures du papier.
Gamal Atallah Il est professeur agrégé de science économique à l'Université d'Ottawa.
Il a publié ses poèmes dans la revue française, Le Moulin de Poésie, et la revue canadienne, Mot dit.
Il a participé au concours de poésie « La Magie des mots » organisé par le Mouvement « Parlons Mieux ».
Il y a gagné plusieurs prix, et les poèmes gagnants ont été publiés.
Je ne vous dirai point les secrets d’antan
Je ne chanterai point les aigles mourants
Je ne crierai pas haut et fort
La réversibilité latente du temps
Je ne serai pas un prophète de plus
Je ne serai pas un poète de moins
L’histoire regorge de charlatans
Qui reconstruisent le monde en le mangeant
Je vous parlerai tout bas
Simplement
Comme ça
De la légende des légendes
De l’épopée du soleil couchant
Écrits en vers libres (sans toutefois oublier la rime que vous saupoudrez ici ou là), vos poèmes sont remarquables avec une forme et un style bien à vous. Ce qui m'a le plus marqué, c'est que chacun de vos vers donne le tempo, la respiration dans vos poèmes (pas de ponctuation ou presque un peu comme chez Prévert, chaque ligne impose son rythme dans la construction des phrases). J'ai souvent eu aussi l'impression que vous utilisez le vers écrit pour construire le suivant, créant une suite de vers poétique. Vous utilisez assez souvent la répétition en début de ligne, ce qui renforce cette impression rythmique. La plupart de vos poèmes sont courts (le plus long est la suite en 6 parties dédiée à Mallarmé) parfois hermétiques au premier abord (certains le restent aussi après, tout en faisant réfléchir le lecteur), cependant ils n'en laissent pas moins une forte impression. Je me demande combien de nuits d'insomnie vous avez eu pour écrire ces textes se situant la plupart entre rêves, cauchemars et réalité, entre nuit et jour. Le recueil est assez long dans l'ensemble, et j'ai bien fait de le lire petit à petit (de toute manière, je n'aurai pas pu faire autrement - travail, famille, petits travaux à la maison ne me laissent que peu de place pour lire actuellement). ca m'a permis d'apprécier tous les textes à leur juste valeur. Je ne dis pas que tous les thèmes abordés m'ont touché (c'est normal, vu le nombre de poèmes) Si je devais n'en retenir qu'un seul, c'est le le poème "Épopée" qui est absolument sublime pour moi. J'ai aussi beaucoup aimé "Les plus beaux morts".
Alexandre Majorczyk a enfoui ses poèmes dans un carton pendant plusieurs années.
Il a décidé de les dépoussiérer et de les éditer.
Ses "écueils de poésies" sont sortis en janvier 2018.
Il a auto-édité un deuxième recueil "Musiques en acrostiches" en 2020, qui allie poésie et musique.
Le troisième recueil publié en 2022, est fortement marqué par son combat contre la maladie. Actuellement en rémission, il les partage avec les lecteurs de monBestSeller.
Dans cette chambre,
Une fillette assise
Le regard d’ambre,
Observe avec hantise
Cet homme qui s’enlise...
Dans ses doigts frêles,
Elle modèle exquise
Mademoiselle,
Une feuille soumise
Piégée, dans son emprise.
Mais qu’attend-t-elle
De l’être qui s’épuise ?
Dans ses prunelles,
Une question s’attise
D’une flamme indécise.
Qu’il fallait plier
Selon la diagonale.
Triangle formé.
Je préfère les poésies plus gaies, mais la vôtre exprime une réalité que nous ne pouvons nier. Alors, je souhaite que beaucoup de lecteurs et lectrices en prenne connaissance et mesure le travail accompli.
@Gamal Atallah
Merci pour votre message,
N'ayant pas écrit ce billet, je ne peux effectivement que remarquer comme vous que le poème "Épopée" n'a pas été retranscrit mot pour mot et que dans le vers cité, c'est bien le mot "prophète" au lieu de "poète". En poésie, chaque mot compte, d'où l'importance de ne pas faire d'erreur en les recopiant.
Amicalement, Alexandre Majorczyk.
@Alexandre Majorczyk, merci pour cette lecture attentive. Vous m’avez fait voir des points importants dans mon texte que je n’avais pas remarqués. En passant, dans le poème Épopée, le quatrième vers est “je ne serai pas un prophète de plus”. On réécrit le texte en le lisant !!