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Du 13 aoû 2019
au 13 aoû 2019

Les ateliers d'écriture ludiques

Colette Bacro joue définitivement avec les mots, avec les phrases, avec l'écriture. Elle nous conte comment les ateliers d’écriture ludiques sont source d'entraînement, d’inspiration et de perfectionnement. Avec, en prime, le plaisir d'une aventure partagée avec des auteurs en chair et en os.
Ecrire en s'amusant, s'amuser en écrivantEcrire en s'amusant, s'amuser en écrivant

Si je parle d’un atelier ludique, c'est pour le différencier d'un atelier de type « cours donné par l'élite » ou de type développement personnel. Je n'ai rien contre mais ce n'est pas ma tasse de thé.

Atelier d'écriture ludique : Animateur et participants logés à la même enseigne

Dans les ateliers auxquels je participe ou dont je suis l'animatrice bénévole, tout le monde est logé à la même enseigne. L'animateur écrit, lui aussi. Chaque membre lit ses textes devant les autres. Il n'y a pas de jugement. S'il y a des commentaires, ils sont bienveillants. Si quelqu'un bloque sur un exercice, il a le droit de passer son tour.  Voilà comment ils se déroulent en général : 
- 19 heures : petit exercice de cinq minutes pour s'échauffer. 
 Deux propositions d'écriture de un quart d'heure à une demi-heure chacune, suivies de leur lecture.
- Entre 20 H et 20 H 30: Pause repas
- Jusqu'à 22 heures 30 : une autre proposition d'une demi-heure, lecture, puis un scriptoclip (j'y reviendrai à la fin de l'article), lecture.

La contrainte comme stimulant de l'imaginaire

Les exercices proposés sont assortis de contraintes. Elles ne brident pas l'imagination, comme on pourrait le croire, mais la stimulent !
Des mots, des personnages, des lieux, piochés au hasard, que l'on doit incorporer dans un texte ; des objets ou des illustrations  pour inspirer un conte, un poème ou un dialogue ; plusieurs titres d'articles de journaux à inclure dans un texte sans qu'on puisse les déceler lors de la restitution ; un échange de lettres entre deux personnages célèbres non contemporains... La variété des jeux est infinie !

On s'habitue vite à cette gymnastique intellectuelle. Chaque exercice est un challenge. Il faut être sur tous les fronts à la fois, ne pas oublier les consignes (que l'on peut détourner avec un peu d'astuce) tout en écrivant un texte cohérent dans un temps imparti. Bref, on doit laisser libre cours à sa fantaisie tout en restant aux commandes ! C'est très formateur.                    

Une manière d'étendre et de tordre son champ d'écriture

À la fois chaleureux et stimulant, le groupe a une grande importance. Lors de la lecture des textes, on reconnaît la patte du poète, du truculent, du sage, du râleur...
Mais quand on doit sortir de sa zone de confort pour répondre à une proposition qui déstabilise, il arrive qu'on explore de nouvelles contrées. Le gai luron accouche d'un texte fort, le mystique pond un rap hilarant, le poète une scène de polar... Il arrive aussi qu'emballé par une idée qui a jailli, frustré de ne pas avoir pu la traiter mieux, on décide d'y retravailler plus tard, chez soi.  

La restitution des textes est doublement intéressante. Outre le plaisir de la découverte de la production des autres participants, la lecture de ses propres textes est pleine d'enseignements. On doit oser se mettre à nu et servir sa prose en la disant à haute et intelligible voix, avec le ton. C'est un bon test. Une concordance de temps malheureuse, un hiatus, des répétitions passées inaperçues dans l'urgence, chatouillent les oreilles. Quant aux passages réussis, ils offrent un moment de grâce. 

Toutes ces étapes vécues ensemble soudent le groupe. Les nouveaux, même s'ils ne sont que  de passage, sont toujours bien accueillis. Du sang neuf, ça ne se refuse pas !

Scriptoclip : découvrir le spectre imaginaire de chacun

Je clos cet article par une recette, celle du scriptoclip, par lequel nous terminons toujours nos ateliers. Je vous engage à le pratiquer en famille, avec des amis, avec des enfants car il est aussi créatif que récréatif :

Tout le monde commence un texte libre par le même incipit, par exemple : « Par la fenêtre ouverte... » ou « La nuit commençait à tomber... » Toutes les quarante secondes environ, l'animateur demande à un participant de dire un mot que tout le monde doit incorporer à son texte. Un nouveau mot par personne, bien sur, en tournant. C'est fou ce qu'avec les mêmes consignes, on aboutit à des histoires complètement différentes, souvent déjantées. Excellent pour décoincer les inhibés du stylo et les bloqués de l'imaginaire ! 

Colette Bacro

 

 

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Bonsoir@Colette Bacro
Votre tribune a retenu mon attention car, effectivement, il ne faut pas confondre la contrainte ludique (qui est une amie, oui @Filippo Fuchs) et la contrainte synonyme d'oppression, d'assujettissement. Tout comme avec les concours de nouvelles qui ont une contrainte, depuis 2012, je m'amuse beaucoup toutes les semaines avec ce genre d'exercices à partir d'une idée proposée par un ami. Ses exercices enflamment l'imagination tout simplement et n'ont pas vocation de faire de nous, les participants, des écrivains. Et c'est amusant de lire comment chacun de nous a traité l'idée. Et si je ne suis pas inspirée, je passe mon tour jusqu'à la semaine suivante. Je ne suis nullement contrainte de m’escagasser les méninges ! Mes écrits instantanés ne restent pas tous figés, j'en retravaille certains qui se transforment en nouvelles, voire en mini-romans. En bref, pour moi,c’est une grande cour de récréation hors les murs de l'école. Merci à vous pour votre sympathique tribune.Cordialement. Patricia-Fanny-Trisha

Publié le 16 Août 2019