Jean-François Léger, auteur autoédité, a fait ses débuts dans l'écriture après 50 ans, avec une passion de toujours pour la littérature.
En novembre 2017, il publie son premier thriller d'anticipation, Un curieux grain de sable, qui pose les bases de son style, mêlant suspense et réflexion. Son dernier roman, Le mystère du voile sacré, s’inscrit dans une intrigue captivante autour de mystères religieux et d’interrogations scientifiques. À travers ses œuvres, JF Leger explore des thèmes variés : des voyages temporels dans Dernier présent, à la quête identitaire dans L'île des égarés, en passant par des atmosphères fantastiques avec Enchantée. Il se distingue par une grande liberté créative, propre à l’autoédition, tout en restant fidèle à une rigueur narrative. Avec chaque roman, il propose une immersion unique, où suspense, imagination et réflexion se mêlent, cherchant toujours à enrichir l’expérience de ses lecteurs. Libre des contraintes de l'édition traditionnelle, il embrasse pleinement les défis de l'autoédition, tout en explorant avec soin chaque recoin de son imagination.
Question:
Quel a été le déclic pour te lancer dans l'autoédition ?
Réponse:
Jean-François Léger - Je pourrais parler de refus d’éditeurs comme beaucoup. Pourtant, ce n’est pas le cas. Le déclic puis le choix viennent d’une rencontre ! Celle d’un auteur autoédité et passionné par la démarche… qui m’a convaincu.
Devenu auteur, jouant avec les mots, je me sentais artisan. Ancien entrepreneur, cette fibre ne m’avait pas abandonné : j’allais créer, je construisais à nouveau ! Cela me portait. Je créais donc une petite société (qui deviendra maison d’édition) et… auteur indépendant, je me rendais vite compte de l’ampleur de la tâche ! Comment préserver l’instant "magique", hors du temps, de l’écriture ? La promotion est chronophage, il y a tant de choses à faire pour tenter de se faire repérer !
Et le phénomène s’amplifie : en peu d’années, le nombre de publications est en croissance exponentielle. Que de livres publiés ! Quelle expansion ! Sacré challenge pour tenter de se faire remarquer.
Question:
Quand tu repenses aux sept années écoulées en autoédition, quel est le moment où tu as ressenti le plus grand plaisir ?
Réponse:
La rencontre avec de nouveaux lecteurs lors d’une séance de dédicace ou avec ceux qui en ont aimé un et veulent découvrir les autres fait chaud au cœur. Un commentaire "étoilé" sur une plateforme aussi. Savoir que l’on a fait naître une émotion est un plaisir merveilleux.
Je me demande néanmoins si l’instant où je me mets à écrire n’est pas "le plus grand plaisir" ? Plongé dans ma bulle, l’espace et le temps sont abolis. Un instant (parfois des heures !) privilégié, une vibration particulière, impalpable et pourtant présente.
Laisser libre court à son imagination, frissonner à l’émotion révélée… et devenir spectateur lors d’une scène pensée préalablement. Les personnages s’animent d’une existence propre, se mettent à dialoguer d’une manière imprévue, la scène vous échappe : magique ! Que du bonheur !
Question:
L'autoédition est exigeante. Si c’était un sport extrême, lequel choisirais-tu pour la représenter ?
Réponse:
L’ami auteur qui m’a convaincu à l’autoédition me disait qu’écrire un livre est un travail considérable. J’ai compris ce qu’il voulait dire ! L’autoédition, c’est une course de fond et, en effet, plein d’exigences surtout si l’objectif est d’être auteur, écrivain et non de vendre des livres. Mais la course de fond, est-ce un sport extrême ? Alors, me vient l’image d’un grimpeur à mains nues… en partant en bas de l’iceberg, noyé au fond de l’océan des publications. Peut-on émerger ? Et atteindre le sommet ? Il ne faut pas manquer d’air !
Question:
La promotion est un défi pour l’auteur autoédité. Comment t’y prépares-tu ? Raconte-nous un souvenir mémorable de tes rencontres avec les lecteurs.
Réponse:
J’aime le contact. Lors de dédicaces, c’est une grande joie qui m’envahit lorsque j’échange avec une personne qui s’intéresse à ma démarche… et à mes romans !
Je me souviens d’une séance de dédicace… J’arrive et commence à m’installer. Une personne s’arrête sur le stand, je n’ai pas fini de poser mes livres. Il en saisit un, l’ouvre, le renifle et le repose. En prend un autre et fait de même. "À peine installé, je vais déjà faire une vente : la journée commence bien !". La personne me sourit et part en me souhaitant une bonne journée… sans livre.
Question:
Tu programmes souvent des opérations collectives de promotion. Serait-ce à dire que les auteurs autoédités sont solidaires ?
Réponse:
Oui, je l’ai vécu. Une grande entraide s’installe spontanément. Beaucoup de solidarité. Nous partageons les expériences, les conseils, les pistes.
Et même, lorsque nous sommes plusieurs à partager une table de dédicace (dans un salon ou dans une librairie), nous sommes contents quand un autre auteur vient de faire une vente.
D’ailleurs, pourquoi se croire en concurrence ? Les lecteurs ne lisent pas qu’un auteur !
Nous avons la même expérience d’un chemin aussi merveilleux que difficile. L’entraide est presque une évidence. Je n’ai pas rencontré de regard hautain, comme dans d’autres milieux « artistiques »...
Question:
Si tu devais décrire l’autoédition en un seul mot, quel serait-il ?
Réponse:
Un mot, c’est court pour un romancier ! D’ailleurs, je n’y arrive pas ! L’autoédition : une voie, un chemin.
Si l’autoédition a toujours existé (J-S. Bach pour "les variations Goldberg", Proust et "La recherche" à compte d’auteur, Claire Bretécher,…) et plus récemment des auteurs qui quittent leur maison d’édition pour créer la leur, l’autoédition est une formidable opportunité offerte aux auteurs, notamment grâce aux plateformes de diffusion numérique. Mais la machine s’emballe, le nombre de publications explose. Et avec l’utilisation devenue courante de l’IA, nous assistons en peu d’années à un nouveau changement. Phénomène intéressant à observer…
Question:
Vous bénéficiez d'une grande liberté avec l’autoédition. Comment la vis-tu dans ta pratique d’auteur ?
Réponse:
Cette liberté, pour moi, s’accompagne d’exigences. Nous l’évoquions tout à l’heure.
Jeter des mots sur une feuille est facile (surtout avec le développement de l’IA) mais respectent-ils une syntaxe, la grammaire, l’orthographe ? Donnent-ils un style au récit ? Font-ils naître une cohérence dans l’intrigue ? L’écriture est un plaisir solitaire… mais pas seulement. Là encore, on ne peut pas être seul pour avancer. Graphistes, correcteurs, bêta-lecteurs, lecteurs, communauté sont indispensables.
Si une certaine liberté est bien présente, il y a aussi le respect de l’autre. Fatigué de passer du temps sur la promotion, je disais à un ami ancien éditeur que je voulais me consacrer qu’à l’écriture, qu’il n’y avait que cela qui comptait. Et il m’a répondu : "Et avoir des lecteurs !". Parce que si l’on édite (autoédition ou édition "traditionnelle"), c’est bien que l’on aspire à être lu, non ?
Alors, il faut prendre soin de son "petit dernier". Que raconte-t-il ? Comment ? Quelles émotions va-t-il faire naître à celles et ceux qui le teindront dans leurs mains ? Va-t-on les emmener en voyage jusqu’à un ailleurs intime ?
Si l’on peut écrire ce nom de "liberté", celle-ci doit s’envelopper d’une armure. Il faut se préparer à se faire égratigner et critiquer : un bêta-lecteur qui met le doigt sur une incohérence, un commentaire agressif (si facile aujourd’hui puisqu’on avance masqué)…
Question:
Quel a été ton plus grand défi en tant qu’auteur autoédité, et comment l’as-tu surmonté ?
Réponse:
Quand j’ai fait paraître mon premier livre, pour moi, c’était fait, j’étais au bout de l’aventure. Tout le monde allait découvrir "mon bébé" et, j’espérais, l’apprécier.
Le désenchantement fut aussi grand que l’espoir. J’ai compris qu’il ne suffisait pas d’écrire mais qu’il fallait promouvoir, tenter de se faire remarquer. Comment ? Par quoi ? Avec qui ?
La tâche est immense (je ne pense pas qu’un auteur autoédité me contredira). Il faut ouvrir son champ, se former aux techniques marketing et aux logiciels, créer un site internet, être présent sur les réseaux sociaux, créer une équipe de compétences autour de soi, convaincre pour pouvoir faire une séance de dédicace dans une librairie et oublier les week-ends, constituer une communauté de "fans"… Au risque de se disperser et de s’éloigner de son objectif premier : le plaisir d’écrire.
Et puis… "sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : polissez-le sans cesse et le repolissez ; ajoutez quelque fois, et souvent effacez". N’est-ce pas cela "l’art d’écrire" ?
Comme je le disais tout à l’heure : être artisan des mots, entreprendre et partager. Seul par nécessité et ouvert aux autres. Trouver le temps d’écrire puis d’offrir.
Savoir aussi que l’on ne peut pas plaire à tout le monde.
Le plus grand défi ? Ne pas se perdre. Garder l’étincelle du plaisir d’écrire.
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@Maud de Fayard
L'autoédition : un art, un artisanat, une immédiateté, une liberté, une exigence... Merci à vous.
JF Leger
@Le philosophe 2
Merci beaucoup. Ne dit-on pas "construire des ponts plutôt que des murs"...
JF Leger
@Zoé Florent
Merci beaucoup pour vos encouragements et votre avis. Soyez rassurée : je veille à l'étincelle.
Très amicales salutations
JF Leger
Objectivité, lucidité, conscience du contexte, de l'exponentialité du nombre des autoédités, des nouvelles menaces et de la multiplication des enjeux, mais passion et enthousiasme toujours au rendez-vous... Vous lire est très réconfortant, cher Jean-François Léger !
Merci pour cette interview, bonne continuation et, surtout, ne laissez pas se carapater l'étincelle ;-) !
Amicalement,
Michèle
Une interview passionnante qui donne envie de découvrir un nouvel univers !
Un article intéressant qui développe bien l’art de l’auto-édition qui n’est pas toujours aussi facile. Bravo à ce cher monsieur.