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Le 07 mar 2025

« ROSE MADDER »

Une rencontre plus vraie que nature...
Je m’attardai sur ce visage poupin. Les yeux marron et la bouche en cœur oscillaient entre sourire et sérieuxJe m’attardai sur ce visage poupin. Les yeux marron et la bouche en cœur oscillaient entre sourire et sérieux

C’était un 14 mai, j’étais entrée dans ce musée. Le regard d’un jouvenceau me suivait.

   Vêtu d'une robe courte et bouffante dans les tons rouge fané, fermée par de multiples petits boutons et barrée d’un cordon bleu, il semblait paré pour un bal costumé. Une large collerette blanche en dentelle empesée lui enserrait le cou. Aux pieds, des souliers assortis et ornés d’une faveur sur le dessus venaient prolonger des jambes fluettes gainées de bas blancs qui hésitaient à tirebouchonner sur les genoux. Je m’attardai sur ce visage poupin. Les yeux marron et la bouche en cœur oscillaient entre sourire et sérieux, tandis que ses cheveux noirs abondants, ondulés et ébouriffés, accentuaient son air polisson. La main droite reposait crânement sur la hanche, alors que la gauche se fermait sur la garde d'une épée. Malgré cette bouille canaille et la stature enfantine, l'ensemble dégageait une impression de grandeur, de majesté. 

   Alors, une voix ténue m’intrigua : 

Ma mie, peux-je vous parler au bec à bec à la franche marguerite ?

   Étonnée par ce langage, je m’approchai du tableau et me retrouvai devant le lit d’un moribond qui parvint à articuler :

À la parfin, je m’en vais l’âme en paix, malgré tous les tourments endurés depuis mes enfances. J’avais neuf ans à la mort de mon père tant aimé. Ma mère Marie, dont je n’ai jamais reçu un baiser, ne cessait de me houspiller. Lorsqu’elle me surprenait à m’amuser, elle me traitait de dégénéré. Tant et si bien que, si peu sûr de moi, je bégayais quand j’étais contrarié. Curieux de tout, mais toujours dans la lune, je préférais la chasse à l’étude, et je devins la risée des délateurs. J’adorais ma sœurette Elisabeth avec qui je jouais parfois et, pour l’amuser, je lui cuisinais des omelettes parfumées de nos éclats de rire. Nos mariages étant arrangés, notre mère, agacée par nos larmes de désespoir, nous sépara à jamais.

C’est ainsi que ma sœur chérie rejoignit son destin ibérique et que ma mère récupéra Anne, ma promise Espagnole. Nous n’avions pas encore atteint nos quatorze ans, pourtant le soir de mon union avec cette inconnue, Marie exigea que nous consommions notre mariage sur le champ, sous les regards de nombreux témoins. Cette humiliation resta à jamais dans mes remembrances. Bien qu’étant marié, je n’avais pas atteint l’âge de suivre la voie de mon père, aussi Marie, l’écervelée, piochait allégrement dans les pécunes de mon père pour s’offrir des diamants et engraisser un couple diabolique qui nous dépouillait. Pour un oui ou pour un non, elle entrait dans des colères terribles. Sous les yeux ébahis de l’assemblée, elle se dépoitraillait, se roulait par terre, hurlait des insanités telle une charretière, s’arrachait les cheveux et suait des gouttes grosses comme des pois. Durant ma lourde charge, soutenue par Anne, mon frère Gaston et ses nombreux affidés, elle montait des cabales et des complots contre moi et mon conseiller pour nous… assassiner. Meshui..., je me meurs… ». 
Qui êtes-vous ? m’empressai-je de lui demander.

J’étais… Louis XIII, le Juste.

 

Fanny Dumond

 

 

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12 CommentairesAjouter un commentaire

Bonjour@Philippe De Vos
Je vous remercie infiniment pour votre soutien indéfectible, cher Philippe qui sait le malheur qui a frappé ma famille. Comme vous le soulignez, en ces moments difficiles à surmonter, la bassesse, la niaiserie me passent à mille lieues au-dessus de la tête. Échanger avec des personnes bienveillantes sur le site me change les idées et j’espère pouvoir, un jour, me remettre à mes petites zécritures. Vous savez, je suis une impulsive et je vous rejoins dans votre humanité. Nous partageons la même foi et nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Nous passons au-dessus des soufflets incompréhensibles dus au mal-être des âmes en peine et, oui, nous sommes tristes pour elles. Je vous souhaite une bonne journée au boulot. On ne compte pas sur nos écrits pour mettre du beurre dans les épinards ! Avec ma sincère amitié. Patricia qui a fait quelques belles rencontres fraternelles et durables dans le temps sur Mbs. Et tout le reste, ici, n’a pas d’importance !

Publié le 12 Mars 2025

@FANNY DUMOND2
Eh ben dites donc, Patricia, comme dans une ancienne émission qui disait « on ne peut pas plaire à tout le monde », vous voilà rhabillée pour l’hiver alors qu’arrive le printemps ! Je me connecte sur mBS en rentrant ce soir et que lis-je ? Un aigri insulte votre texte. Eh bé, il doit être vraiment mal dans sa peau. On lui pardonne. Moi, les âmes en peine, les paumés, je dis qu’il faut leur tendre la main. Surtout ne pas tendre l’autre joue, parce qu’ils vous en remettent une. J’ai vraiment de la peine. Vous, je sais les épreuves que vous venez de traverser, donc ceci est du pipi de chat à côté et pas très digne de la part de quelqu’un qui se veut Homme, avec un grand H. J’aurais honte à sa place d’étaler tant de haine. Je lis aussi, dans votre commentaire, qu’il a été très élogieux lorsque vous aviez été classée parmi les « Nouvelles » gagnantes. C’est donc qu’il doit être très mal dans sa peau pour effectuer un tel revirement (preuve en ligne et copiée). Plus mal dans sa peau qu’on ne pouvait l’imaginer. Charité chrétienne oblige, il va falloir lui pardonner. Vous êtes au-dessus de tout cela et votre texte est bon. Spontanément, d’autres personnes vont l’ont dit, et je vous le redis. D’ailleurs, vous avez été primée ! Il n’y a que quelqu’un de dépressif qui peut vous attaquer de la sorte, quelqu’un mal dans sa peau. Je ne trouve pas d’autre mot. Aigri, peut-être. Ah ! quand on a peu de reconnaissance soi-même, c’est dur de voir les autres en recevoir. Vive la fraternité, Patricia. Pardonnez ! Pardonnez l’humble, le petit. Prenez de la hauteur. C’est mieux. Comme disait… vous devinerez qui ! « Aimez-vous les uns les autres… » à ne pas confondre avec François Valery qui disait « Aimons-nous vivants ».
Partez en paix humbles pêcheurs, allez soigner votre mal être et revenez-nous guéris. Même si ce n’est pas la Cour des Miracles (et ses faux infirmes) ici, cela reste un lieu d’accueil.

Publié le 11 Mars 2025

@Jocker380 de mes.... Eh ben, dites donc, jusqu'où votre connerie crasse va-t-elle se nicher. Un commentaire en complète contradiction avec celui que vous m'aviez fait lors de la parution des résultats le 18 octobre, sous le pseudo "abandon site" Mössieur Michel Laurent. Vous savez quoi ? Allez vous faire voir chez qui vous voulez, le choix ne manque pas. Je pense que les gestionnaires du site apprécieront.

Publié le 11 Mars 2025

bonjour@A.P. Gounon C'est moi qui vous remercie de votre retour de lecture. Je suis heureuse de savoir que, vous aussi, vous avez de l'affection pour Louis XIII, ce roi qui n'a jamais pu se détacher du joug maternel despotique, sauf à la fin de sa brève vie, quand il a trouvé le courage de l'exiler pour le bien de sa France. Faire un choix entre elle et Richelieu lui fut plus que pénible, parce que malgré tout, elle était sa mère aux yeux du monde et cette décision a fini de dégrader sa santé. Ce fut un peu compliqué d'introduire le langage fleuri de cette époque dans ce texte, mais je pense qu'il reste compréhensible. Je vous souhaite une bonne soirée de dimanche, bien venteux chez moi en Auvergne ! Bien cordialement. Fanny

Publié le 09 Mars 2025

@PH.DV Bonjour ! Merci beaucoup Philippe. Oui, je tenais à remettre ma contribution dans son contexte dans mes différents commentaires ! Je suis bien évidemment ravie pour Louis XIII —beaucoup moins connu que son père, pourtant ! — qu'elle ait retenu l'attention du jury. Je vous souhaite un excellent week-end, peut-être à déambuler dans des libraires pour y dénicher quelques raretés au fin fond d'une impasse parisienne. Bien cordialement. Patricia

Publié le 08 Mars 2025

Bonjour@Vanessa Michel. Merci beaucoup pour votre appréciation qui me fait grand plaisir. Ce fut un bon exercice pour moi, parce que les descriptions ne sont pas mon fort. Je suis donc ravie de savoir que j’y suis parvenue et que vous les avez appréciées. Au printemps dernier, j’ai lu les 13 épisodes de Fortune de France de Robert Merle. Le 8ᵉ « L’enfant roi » m’a fortement mise en empathie avec ce gamin malheureux qui le fut sa vie durant. Humilié dans sa virilité, au contraire de son père bien porté sur la chose, son fils Louis XIV (Louis-Dieudonné) est né 23 ans après son union surveillée (un des courtisans était spécialement chargé de noter les jours où il honorait la reine et combien de fois !). Les manuels scolaires ont oublié qu’il fut portant un roi, qui, malgré ses tourments intimes, a donné son courage pour La France qu’il chérissait. Que de guet-apens, de trahisons de sa propre famille que lui et le Cardinal de Richelieu ont-ils pu déjouer ! Il est des lectures comme ça, marquantes que l’on n’oublie pas et si j’ai pu remettre ce roi en lumière, pour quelques courts instants, j’en suis heureuse. Je vous souhaite un excellent week-end. Bien cordialement. Fanny

Publié le 08 Mars 2025

@Fanny Dumond. Bonjour Fanny. J'ai beaucoup aimé cette confession "au bec à bec à la franche marguerite". Vous avez très bien rendu le style de l'époque et le destin malheureux de ce pauvre Louis XIII, pour qui j'ai toujours eu de la tendresse. Fils d'une mère dénaturée, mal marié, de santé fragile, il a quand même eu le courage s'imposer comme roi et l'intelligence de choisir un excellent ministre...
Merci pour cette belle rencontre. Anne

Publié le 08 Mars 2025

Bonne idée de remettre en avant ce texte qui était parmi ceux primés dans le concours mBS.
Bonne idée de nous parler, au travers d'un tableau, d'un roi qui ne s'appartenait pas.

Publié le 08 Mars 2025

@Fanny Dumond2 j'adore votre texte concis et ses descriptions ciselées, qui claquent et rythment un ensemble qui danse au passé, dépayse et nous apprend. J'ai vraiment passé un super moment. Merci !

Publié le 07 Mars 2025

Un grand merci aux membres du jury et à mBS d’avoir proposé ce concours « une rencontre fortuite », pas facile tant par son thème (descriptions de personnages) que par les contraintes de 3 000 caractères à ne pas dépasser. Il en résulte un texte trop concis à mon goût ainsi qu’à celui de certains de mes lecteurs lors de la parution des résultats. Toutefois, j’ai été agréablement surprise de savoir mon travail reconnu. Pour info, j’ai emprunté mon titre à S. King pour son roman fantastique « Rose Madder » publié en 1995 qui m’était resté en mémoire. Bon week-end à toutes et tous, dans l’attente d’un nouveau challenge ! Bien cordialement. Fanny

Publié le 07 Mars 2025

Bonjour@Floriana Vélasquez Je vous remercie infiniment pour votre compréhension pertinente de mon intention pour rédiger ce texte, pas facile à lire ni à écrire. Je ne me suis jamais considérée comme un écrivain, je préfère rester dans l’ombre. Mais, écrire me plaît tout comme échanger, dans la bonne humeur, avec celles et ceux qui partagent ma passion de la littérature. Je vous souhaite une toute belle fin de semaine et une bonne continuation à votre plume en espérant que vous ayez un peu levé le nez de votre guidon ;-) Bien cordialement. Fanny, touchée !

Publié le 07 Mars 2025

@FANNY DUMOND
L'art de l'écrivain : celui d'emprunter son costume, son langage, son époque et ses sentiments au personnage, de lui offrir une voix, une place dans la lumière, et d'échafauder toute une architecture arachnéenne autour de lui, est certainement un art de l'ombre.

Je vous vois là-bas dans l'ombre...
Bien à vous

Publié le 07 Mars 2025