Idée n°1 : en autoédition numérique, l'œuvre est en mouvement perpétuel
L’auteur peut en modifier la nature quand il le veut et selon ses normes. Les lecteurs avertis, les blogs ou les plateformes servent de comité de lecture. Les auteurs peuvent reprendre et corriger leurs écrits indéfiniment. Prisonniers de leurs lecteurs ? Non, l’auteur prend les conseils ou les écarte. Comme pour un éditeur, il souscrit ou non aux conseils qui lui sont prodigués
Idée n°2 : l’auteur est un entrepreneur
Avec l’autoédition, il y a désintermédiation. Le circuit est court, directement du producteur au consommateur. Tout le travail habituellement fourni par la chaîne de l’éditeur (mise en page, relecture, correction, travail éditorial…) doit, soit être pris en charge par l’auteur, soit rempli par des plateformes qui auront préalablement permis aux auteurs de tester leurs écrits auprès de lecteurs.
Idée n°3 : la maison d’édition n’est plus la seule garantie de lectorat
Bien au contraire, les auteurs actifs sur les sites drainent des amateurs, voire des fans. Autour d’un intérêt collectif qui rassemble des communautés, science fiction, horreur, transmedia... Ils génèrent des effets de mode, et créent des puissances de feu, de véritables audiences.
Idée n°4 : papier et numérique ne sont pas ennemis
« Oui mais non » comme on dit dans la pub. Le digital réduit la prise de risque en terme d’investissement, et ouvre le champ des possibles. Avec les contenus enrichis, la facilité de mise en ligne, ils donnent un relief différent au récit, à la connaissance, au décor. Les amateurs de papier sont là, irréductibles et dominants. Après tout, ce sont nos racines de pratiques de lecture depuis trois siècles. Où est « mon bouquin » ?
Idée n°5 : le numérique dépasse largement la lecture tablette, ordinateur ou Smartphone. Il engendre le transmedia
Pour s’en rendre compte, suivons un auteur comme Jeff Balek (Éditions Bragelonne) qui fait vivre son univers "Yumington" en roman, en web TV, en feuilleton, en réseaux sociaux, en mail... L’auteur explore des métiers, expérimente, et trouve ses fans… On le qualifie de scénariste et architecte trans-media. Tous ses supports se complètent, sont indépendants les uns des autres et profitent de la richesse des modes d’expression qui leurs sont propres. Des « réalités diffractées », comme il s’amuse à dire. Pour comprendre la mozaïque de notre monde.
Idée n°6 : le lecteur est actif
Plus question de se tourner les pouces et de subir la loi de l’offre. Il a lui-même son blog, intervient sur les forums, donne son opinion et ses critiques, abandonne ou intervient, visiblement.
Idée n°7 : l’autoédition fait émerger de nouveaux talents
Oui, car l’audace, le non conformisme, la facilité de diffusion sont des facteurs variés qui permettent la surexposition d’ouvrages qui n’auraient pas été édités sur des critères d'édition traditionnels.
Idée n°8 : l’édition classique se sert du numérique comme d’une sonde pour tester le marché
Citons Harlequin, avec sa collection 100 % numérique HQN. Lancée en 2013, elle ouvre à nombre d’auteurs qui ne trouvent pas leur place sur le marché la possibilité de mettre en relation des auteurs qui ont des histoires à raconter, avec des lecteurs.
Blogs, feuilletons, exploration sur Amazon, repérage sur plateforme; le vivier est large, et les Maisons d'édition ne se privent pas d'y puiser des auteurs. Avec une sécurité supplémentaire : les communautés de lecteurs sont déjà pré-formées, le public est déjà là.
Idée n°9 : l’autoédition relance des genres nouveaux
Vrai. La poésie, les feuilletons, la nouvelle, les romans courts, le théâtre même sont en vogue et renaissent avec le numérique et l’autoédition. Des genres souvent oubliés, regrettés, particulièrement adaptés à des lectures séquentielles.
Idée n°10 : les happenings se prêtent au numérique
Nicolas Ancion, auteur belge, nouvelliste, détenteur de nombreux prix littéraires se fait enfermer dans la Foire du Livre de Bruxelles en mars 2010, pendant 24h pour écrire un policier en direct, dont le manuscrit est consultable en temps réel sur la toile. En 2015, il repart pour un tour dans le train du Ringbahn de Berlin, avec six autres écrivains, tournant autour de la capitale allemande, 24 heures durant. Lecture en direct pour les fans. Plus tard, il remanie les textes.
Idée n°11 : l’autoédition est une puissance économique dans les pays de culture anglo-saxonne...
Non comptabilisés en France (seuls les livres avec ISBN sont comptés), ils forment aux US et UK, une force commerciale canalisée par Amazon et confrères. Près de 40 % du chiffre d’affaires du digital.
Idée n°12 : le numérique modifie l’écriture et la lecture
Oui, pour le meilleur et pour le pire. Ce n’est sans doute pas le numérique qui favorisera la révelation d’un nouveau Marcel Proust ; la patience n’est pas au rendez-vous. Mais elle permettra des textes concis, toniques, d’un nouveau genre, et la révélation de plumes. Et surtout elle permettra à tous ceux qui ont envie d’écrire de le faire et de partager. La plus belle des thérapies.
Christophe Lucius.
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@lamish
J'approuve tout à fait vos propos, j'ai le même ressenti. Vous avez très bien exprimé ce que, à mon avis, nous sommes nombreux à penser. Merci.
Moi, je publie chez Librinova.com et je suis connu chez monBestSeller, parce que je pense que tout humain est porteur en lui d'une Pierre de Rosette! Un/une Petit/e Poucet/te suffit, où qu'il/elle se trouve dans le vaste monde et hop!, la graine plantée deviendra liane!
En ce qui concerne les questions autour de l'ISBN, il est obligatoire autant pour un livre en papier qu'un livre numérique, sauf que pour autoéditer sur Amazon il n'est pas obligatoire de procurer un ISBN, le site Amazon (asin) ou createspace (ISBN) en génère un pour votre livre. (pour les autres plateformes à vérifier au cas par cas) Bonne journée à tous. Marguerite, Marcel Proust a autopublié la recherche. Au départ les éditeurs n'en voulaient pas. Ils ne voudraient pas un siècle plus tard d'un auteur qui serait inclassable ;-)
J'ai beau surfer sur le web a propos des ISBN, personne en semble dire la meme chose. Excepte pour les livres papiers qui doivent avoir un ISBN, on voit un peu en ce qui concerne les ebooks. Cela dit un ISBN est cense rendre plus simple l'identification d'un livre, or il y a une chose qui ne varie pas a propos des ebooks, c'est qu'a chaque type de fichier doit correspondre un ISBN different... moi j'ai l'impression que ca rend les choses plus compliquees au contraire :)
A propos de cette idee que l'auto-edition permettrait de faire emerger des auteurs "non conformistes" que l'edition classique laisserait de cote... franchement, meme avec la meilleure volonte du monde, je n'y crois pas une seule seconde. Et j'aimerais qu'on me donne l'exemple d'un livre auto edite qui serait tellement different par le style ou le theme aborde qu'on n'en trouverait aucun equivalent chez Gallimard, Grasset, le Seuil ou d'autres :)
La seule chose qui me semble evident c'est que l'auto-edition permet par definition de permettre a n'importe qui de publier. Pour le reste...
J'ai aussi l'impression qu'on tourne un peu en rond.
Je retrouve dans l'intervention de Yannick Fradin, un point sur lequel je me suis également interrogée : doit-on avoir un ISBN ou non pour s'auto publier ? D'après mes recherches, l'ISBN n'est obligatoire que pour un livre papier ; et facultatif pour un livre numérique. Le jour où l'ISBN deviendra obligatoire en France, nous pourrons alors savoir quel est l'impact de ce nouveau support. Je ne sais pas s'il est possible que l'ère du numérique ne favorise pas l'émergence d'un nouveau Marcel Proust. En tout cas, avec ses presque 1,5 millions de mots pour "À la recherche..." Il me semble qu'aujourd'hui un bonhomme de cette stature ne trouverait aucun éditeur. Mais alors, peut-être s'auto-éditerait-il ? Il pourrait revenir à l'envi sur les pages qui ne lui donneraient pas satisfaction... (Idée n°1) Faites une recherche pour voir des fac-similés des écrits du bonhomme, et vous comprendrez ! L'éditeur de M.P. s'arrachait les cheveux, paraît-il... Il y a aussi l'idée n° 9, qui me paraît très pertinente ; les lecteurs ont peu de temps pour lire, aussi, leur faut-il des écrits courts (nouvelles, novellas, poésies, etc.) Les autres idées de cet article sont tout aussi intéressantes et sont autant de sujets à développer. Au fond, je me dis que toutes ces nouvelles plateformes, qui sont consacrées à l'écrit numérique, ressemblent étonnamment aux salons littéraires d'antan. Car aujourd'hui ici, comme autrefois, l'on y discute (souvent avec passion) de ce domaine qui nous passionne tant, et qui est la littérature.
Tout le monde est d'accord: Christophe Lucius cherche et trouve les preuves pour faire entrer l'écriture dans le futur. Papier, ou numérique, cela fera sourire plus tard. L'important est de débroussailler pour retrouver les sources. Ceux qui ont l'idée d'écrire maintenant ne sont pas plus fous, ni moins, que leurs ancêtres. Ce sont les mêmes, qui continuent d'exister, les bons et les mauvais. Ce n'est pas l'écriture qui pose problème. C'est la lecture, d'où naît la civilisation. Comment asseoir les civilisations changeantes sur un socle dur et permanent ? Peu à peu, les livres se confondent dans le Livre de la Sagesse. Il est utile, c'est à dire fondateur, s'il est lu. Aujourd'hui, sur Terre, demain sur Mars, après-demain sur une planète actuellement inconnue. Tout livre, aussi petit soit-il, est l'expression d'une pensée dont tout le monde a et aura besoin pour vivre et se conduire dans le monde en devenir. Comment transmettre ? C'est le fil de toute civilisation durable. Et ce sont les moyens qu'il faut adapter à chaque étape importante de l'évolution. Il semble bien que nous sommes arrivés en l'un de ces moments cruciaux. Le numérique actuel est certainement le petit bout de quelque chose qui commence. Ne cherchons pas de solution définitive, mais veillons à ne pas couper le fil qui commence dans les dessins rupestres et dont on ne sait où il finit.
Bon résumé de points clés de l'auto-édition. Seul le point 11 m'interpelle : "Non comptabilisés en France (seuls les livres avec ISBN sont comptés)". J'avais cru comprendre qu'il était obligatoire d'avoir un numéro ISBN pour un ouvrage, qu'il soit papier ou numérique, et que pour un ouvrage identique à tous points de vue décliné sous les deux formes, il fallait un numéro ISBN distinct, soit un pour la version numérique (ou un par version numérique s'il y en a des différentes) et un pour la version papier (ou un par version papier s'il y en a des différentes). Me serais-je fourvoyé ? Pour moi un livre auto-édité en numérique avait forcément un numéro d'ISBN...
Très bon résumé de la situation aujourd'hui. Passerelles entre auteurs et lecteurs, édition et autoédition. Je suis d'accord sur tout sauf sur la fin. J'avance que le nouveau Marcel Proust ne peut exister qu'avec le numérique ! ;-) Le numérique possède l'ouverture possible vers une oeuvre totale ! ;-)