Vous êtes né en Israël et le français n’est pas votre langue maternelle. Dites-nous comment vous avez écrit ce livre en Français et avez eu envie de le publier sur monBestSeller ?
Nadav. Vivant en France depuis des dizaines d’années, j’ai pensé plus normal d’écrire en français afin que les personnes qui m’entourent puisse me lire. Je voulais avoir leur opinion. Cela a représenté une gageure, d’autant que le sujet abordé leur était étranger. monBestSeller, je l’ai découvert par hasard sur Internet. Il me permettait d’étendre mon petit « comité de lecture », de mieux me rendre compte de l’intérêt de l’histoire de mes « Rebelles du XXe siècle » et surtout, de recueillir leurs remarques. Incertain sur ce que j’écrivais j’avais et j’ai toujours besoin de me rapprocher du lecteur, de pouvoir lui transmettre une meilleure compréhension du passé, pour mieux dénoncer les origines du Mal, toujours présent, et l’inciter (est-ce un rêve ?), à devenir un rebelle à la situation qui lui est imposée aujourd’hui, de lui redonner l’espérance de l’inespérée… liberté.
Votre roman est l’histoire de vos grands-parents, deux jeunes juifs d’Odessa au début du siècle. Deux guerriers qui doivent fuir les persécutions dont ils sont l’objet. Contre l’oppression après la révolution russe, contre l’occupation britannique sanglante en Israël où ils ont émigré dans les années 30, contre la montée du fascisme en Espagne, dans la résistance en France contre les Allemands. Ils se retrouvent à chaque fois dans les endroits les plus brulants du monde. Comment expliquez-vous un tel destin épris de justice et de liberté ?
Leur destin leur a été imposé par l’Histoire dès le début du XXe siècle : conflits, révoltes, guerres, massacres, combats incessants entre le Bien et le Mal, qu’il leur fallut affronter sur le plan familial et individuel pour vivre et survivre. Vivre et survivre au quotidien aux contraintes de la loi du « marché » : manques de travail, de nourriture, de logement, d’école, d’hôpitaux qui les obligeaient à des fins de mois trop souvent inatteignables et à se battre jusqu’à épuisement …également combattre les donneurs d’ordres des pogroms pour survivre. Ils avaient le choix entre l’obéissance, la docilité, la résignation et la rébellion. Ils ont choisi la rébellion dans cette Russie en pleine révolution.
La deuxième explication de leur destin épris de justice est que leurs parents leur ont légué cette inquiétude permanente pour l’égalité entre les humains, ce refus de toute discrimination, de toute servitude, une quête insatiable de liberté et d’amour à l’exemple des grands Prophètes, Moïse, rebelle aux Pharaons, Bar Kokhba, rebelle aux Romains, le Prophète Amos pour qui la pratique de la justice sociale est un élément constitutif de la connaissance de l’Éternel et que si elle est rejetée, c’est la connaissance de Dieu elle-même qui est compromise. Ce verset d’Amos parle du Droit qui doit « ruisseler comme de l’eau », et de la Justice qui doit « couler comme un torrent intarissable ». Cette vaste culture était « inscrite » dans leur ADN.
Ils n’étaient pas les seuls. Ils étaient nombreux. Des centaines de milliers, sinon des millions à se battre pour un Nouveau Monde contre le totalitarisme. C’est ce qui me poussa à écrire l’histoire de Sioma et de Tsipora, de rendre ainsi hommage à tous ceux qui comme eux avaient fait de l’amour de la liberté la grande affaire de leur vie. Ainsi, ils ne tomberaient pas définitivement dans l’oubli. Sait-on encore pourquoi ils sont morts, pourquoi ils ont tout sacrifié, femmes et enfants ? Personne, et encore moins ceux aujourd’hui, pour lesquels ils se sont battus. C’est pourquoi je remercie les lecteurs de monBestSeller d’avoir choisi « les Rebelles du XXe siècle » comme un des nominés pour leur Concours 2018.
Ce couple de rebelles poursuit inlassablement des rêves de paix. Aujourd’hui où les combats se sont déplacés, diriez-vous qu’on peut continuer à rêver ?
Non seulement rêver, mais agir. Le vrai scandale n’est pas l’abus de pouvoir des hommes politiques, la corruption au plus haut niveau de l’État, mais celui de l’obéissance, de l’abus de l’obéissance… Qu'est-ce qui nous fait obéir ? Pourquoi sommes-nous « si dociles » ? Ou plutôt, qu’est-ce qui nous a rendus si résignés ? Je crois la littérature capable de faire bouger les choses, comme l'écrivait Nizan et après lui, Sartre, Aragon, fidèles, à Voltaire, Hugo, Zola, Péguy, Malraux ou à Camus. Écrire comme le font déjà certains sur monBestSeller ; les situations, les réactions, les révélations, les contestations, les hommes qui deviennent eux-mêmes, envers et contre tout, « avec leur regard moïséen sur la Terre promise du réel » (Barthes, Le Degré zéro p. 150).
Vous n’avez pas tout à fait écrit cette épopée comme un roman, presque comme un journal de campagne. Dites-nous comment vous l’avez conçu.
Je ne l’ai vraiment pas conçu. L’histoire d’un couple passionnément amoureux aux prises avec toutes les tourmentes du XXe était là. Il suffisait de raconter leur vie étonnante d’un refus à s’adapter aux réalités et aux servitudes de leur temps. J’ai mis longtemps à me décider. Je me demandais si je serais à leur hauteur et si j’étais capable de maitriser littérairement leur histoire avec les lettres, les mots, les phrases, les situations, les personnages, les dialogues, les sentiments, les beautés, les malheurs, les bonheurs, tout un laboratoire où le lecteur pourrait apprendre à se questionner, s'étonner, se connaître et connaître les autres, se faire et se défaire, et s'inventer infiniment dans de nouvelles formes d'existence, se libérer en commun avec d’autres, des contraintes que la société néolibérale lui impose, de se porter au-delà de lui-même (selon la formule de Levinas). J’ai pensé que la meilleure forme était de prendre Sioma et Tsipora, comme narrateurs.
De par leur séparation, c’est aussi un roman épistolaire, un formidable roman d’amour. Vous avez retrouvé leurs lettres ? Ou est-ce la partie romancée de votre récit ?
J’ai retrouvé une bonne partie de leur correspondance. Elle était écrite en russe et en hébreu. J’ai dû les traduire et les réécrire de manière à être le plus proche, le plus fidèle de ce qu’ils s’écrivaient, peut-être, sous forme romancée pour ne pas trop ennuyer le lecteur.
Vous êtes inscrit depuis peu sur monBestSeller. Qu’attendiez-vous de cette démarche ? De la communauté des auteurs et des lecteurs ?
Je l’ai déjà dit tout à l’heure : des critiques, des remarques, des commentaires, amicalement intransigeants. Mon objectif, arriver à se faire éditer et diffuser ce témoignage non pas pour mon égo personnel, mais pour rendre hommage à mes grands-parents et à travers eux, à tous ceux qui ont combattu pour nous sauver du totalitarisme et nous permettre de vivre en démocratie, même si elle n’est pas sans défauts.
Vos premiers lecteurs ont salué votre récit. Diriez-vous que les premiers commentaires que vous avez reçus pourraient vous influencer dans l’écriture d’un prochain roman ? En d’autres mots, les lecteurs ont-ils un pouvoir sur les auteurs autoédités ?
Je pense en effet que les lecteurs ont un pouvoir très important sur les auteurs autoédités avec lesquels un échange est absolument nécessaire. Je ne parle pas d’influence, mais d’un travail commun, bien plus, d’une création commune. J’en profite pour leur dire que je compte sur eux également et peut-être surtout, en ce qui concerne « Les Rebelles du XXe siècle ».
Y a-t-il des livres d’autres auteurs qui vous ont marqués sur monBestSeller ? N’avez-vous pas eu envie de les commenter, de leur apporter ce que vous-même êtes venu chercher ?
Un témoignage m’a marqué que j’ai d’ailleurs commenté. C’est celui de M. Michel Bolopion. Je pense qu’à partir de ses écrits il peut faire un grand livre en s’inspirant, par exemple, de « La Jungle » du romancier américain Upton Sinclair. Il manque un tel livre dans la littérature française, qui remue les foules comme l’a fait Upton Sinclair. J’ai envie de lire d’autres livres sur monBestSeller, de communiquer avec d’autres auteurs, malheureusement l’état de mon corps accapare une trop grande partie de mon temps et limite ma concentration.
Que vous inspire d’être élu Sélection du mois et ainsi nominée au Prix Concours de l’Auteur Indépendant 2018 ?
Je suis très honoré, de la sélection du mois des « Rebelles du XXe siècle » et d’être ainsi nominé au Concours de l’Auteur Indépendant 2018.
J’espère que, quel que soit le résultat, « Les Rebelles du XXe » siècle se feront connaître et me permettront un plus grand échange avec mes lecteurs. Je suis heureux pour eux et à travers eux pour tous les amoureux de la vie, rebelles ou non, mais opposés à toute confiscation de la démocratie.
Enfin, avez-vous un autre roman en préparation ?
Je travaille encore sur « Les Rebelles du XXe siècle ». Je cherche à l’améliorer et à l’enrichir des certains épisodes de leur vie que j’ai encore découverts. Oui, j’ai un autre roman en création.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@lamish
Je vous remercie de votre temps sans doute précieux pour lire "Les Rebelles du XXe siècle" . Je serais très heureux de recevoir vos critiques, remarques, observations que j'espère amicalement intransigeantes pour pouvoir encore améliorer mon texte et du même coup le nombre de leur lecteurs. Merci et à bientôt
@Brice Epédrague
Merci de vos vœux. Je vous souhaite également une excellente année 2018, à vous et à tous vos proches.
Un an de santé.
Cinquante-deux semaines d’amour.
Trois soixante jours, de joie, de satisfaction,
de prospérité dans tous vos projets favoris.
Et trente et un millions, cinq cent trente-six mille secondes de bonheur.
Amicalement
Nadav
@Nadav
Heureux de vous retrouver nominé, c'est comme si une "petite" justice était rendue à vos grands-parents. Et à vous, à travers le devoir de mémoire que vous avez entrepris à les faire revivre. En vous souhaitant le meilleur pour cette année.
@lamish
Merci Lamish de votre temps précieux. Je serais très heureux d'avoir vos critiques, remarques, commentaires amicalement intransigeants, de pouvoir combattre littérairement en commun contre la docilité des gens, isolés et solitaires, devant leur servitude des temps modernes