Ecrire, ré-écrire pour refondre et parfaire ses textes Aujourd'hui, je voudrais évoquer pour la énième fois la notion de perfectionnisme. Un débat que j'avais lancé sur mon groupe Le salon littéraire l'a fait ressurgir du bois et je crois utile de revenir sur le sujet en précisant quelques éléments.
Pour commencer, au vu de certaines réactions, je préciserai que je n'entends pas perfectionnisme au sens psychologique voire psychiatrique du terme, mais au sens commun : le souci de bien faire, comme vient de l'écrire Nicolas Tison ; la volonté de produire un effort en vue de perfectionner son texte.
J'ai l'habitude de voir s'opposer deux camps :
● Les auteurs soucieux de porter à son maximum la qualité de leur travail.
Assez souvent, ceux qui considèrent cela comme important sont aussi ceux qui manient la langue avec aisance et n'apprécient pas de lire des livres bourrés de fautes.
● Les auteurs qui défendent haut et fort l'idée que seul compte le contenu ; que la forme est une convention désuète, ou un attribut de classe, et fait obstacle à la libre expression.
Assez souvent, les défenseurs de ce point de vue sont, soit des idéologues, soit peu sûrs de leur propre maîtrise (c'est un peu l'histoire de la fable : les raisins que le renard ne peut pas atteindre, il les dédaigne – réflexe bien naturel.)
Or, dans le débat mentionné plus haut, j'ai découvert que des auteurs relevant de toute évidence de la première catégorie, dont certains que je connais et estime, pouvaient considérer le perfectionnisme comme un ennemi de la spontanéité. Pour une surprise, c'était une surprise !
J'en ai conclu que le mot « perfectionnisme » suscite un gros malentendu.
En vérité, je ne pense pas qu'il existe vraiment des auteurs plus soucieux de la forme que du fond
En vérité, je ne pense pas qu'il existe vraiment des auteurs plus soucieux de la forme que du fond. Tout le monde a des choses à dire, des expériences à retranscrire, des messages à faire passer. Personne ne se met à sa table de travail en se disant « Tiens, je vais écrire un livre impeccable ! »… ? L'objectif, c'est de raconter une histoire, non de prendre garde à ne faire aucune faute ni violer aucune règle de syntaxe.
Certes, on peut rencontrer des œuvres passablement creuses écrites dans un style ampoulé ; cependant, de nos jours, on voit plutôt l'inverse : des ouvrages prometteurs mais mal rédigés, ou encore, à la fois creux et bâclés. Et puis, au fond, quelle importance ? Les livres « léchés » mais vides se disqualifient d'eux-mêmes, presque aussi vite que les daubes intégrales.
Il est vrai que peaufiner chaque phrase au fur et à mesure, ou se ronger d'inquiétude quant à la validité d'une formulation au moment où l'on rédige, peut se révéler paralysant. Ce travers a longtemps fait partie de mes tics d'écriture. Je ne crois pas qu'il m'ait empêchée de m'exprimer spontanément, mais il me ralentissait sans conteste, comme je l'ai exposé dans mon article sur le NaNoWriMo.
En l'occurrence, il ne s'agit pas de perfectionnisme mais de doute ; je dirais même : de complexes. On a peur de mal faire, on s'évalue à l'aune des grands auteurs qui nous ont marqués, et l'on a l'impression qu'ils scrutent notre copie par-dessus notre épaule.
Cette attitude, qui relève clairement du divan – ce n'est pas Chris Simon qui me contredira :-D – n'a, me semble-t-il, rien à voir avec ce qu'il est convenu d'appeler « perfectionnisme » en langage courant.
Je fonctionne en mode économie d'énergie, aussi, vous voudrez bien me pardonner de restituer tel quel l'un de mes commentaires dans ce débat :
« À mes yeux, perfectionnisme désigne seulement le désir de faire pour le mieux..."
« À mes yeux, perfectionnisme désigne seulement le désir de faire pour le mieux, au moyen d'un travail attentif si nécessaire. Peut-être confond-on perfectionnisme et académisme, ou formalisme, ou encore maniérisme ? Je me définis comme perfectionniste parce que je ne considère pas qu'un premier jet est l'expression sacrée du génie de l'auteur :-D ; au contraire, je pense que, le plus souvent, un travail de peaufinage est indispensable – et synonyme de respect des lecteurs. »
Il reste évident qu'au stade du premier jet, il est essentiel de jeter ses idées le plus vite possible, en suivant le fil de sa pensée, avec toute la liberté d'expression souhaitable.
"S'il faut revisiter, il faut savoir s'arrêter"
Il n'est pas question non plus, au stade des corrections (c'est-à-dire du remaniement – ce que j'appelle réécriture par déformation professionnelle, mais qui peut se borner à de légères retouches), de pinailler sur chaque tournure jusqu'à tomber en poussière sur son manuscrit, ou de le refondre inlassablement jusqu'à le dénaturer. Il faut savoir s'arrêter !
En revanche, il me paraît très souhaitable de revisiter son texte en s'interrogeant avec sérieux : n'y a-t-il plus de fautes qui sautent aux yeux ? Plus de maladresses trop évidentes, dans la formulation (contresens, clichés, répétitions, etc) ou dans l'intrigue (oublis, incohérences, erreurs de chronologie, etc) ? Les idées sont-elles rendues de façon claire, pertinente et agréable à lire ?
Cela, ne serait-ce que pour être sûr de ne pas rebuter les éditeurs et de se faire comprendre des lecteurs sans exiger d'eux un pénible décodage par rapport aux formes littéraires communément admises.
Certes, il y a eu des cas d'écriture transgressive ou novatrice (voir Pérec et bien d'autres). Je ne nie pas leur intérêt, mais de telles expérimentations ne sont pas destinées au grand public, lequel aspire à lire de bonnes histoires sans se prendre la tête.
Il faut savoir ce que l'on veut : s'amuser à innover ou à « casser les codes » pour son propre plaisir ou pour une poignée d'amateurs de ces exercices ; ou viser une large audience, auquel cas, ne vous déplaise, il faudra adopter une forme plus ou moins convenue pour heurter le moins de monde possible.
On me dira que maints auteurs qui transcrivent une expérience digne d'être publiée, qui expriment dans leur premier jet des idées intéressantes, ou encore qui ont le sens des formules originales, ne possèdent pas le bagage nécessaire pour opérer ce « lifting » avant publication.
Faut-il pour autant condamner leurs manuscrits, leur dire qu'ils ne sont que des amateurs qui devraient plutôt se consacrer à la pétanque ou au tricot ? Bien sûr que non.
J'ai tendance à être beaucoup plus sévère envers ceux qui se contentent de bâcler une médiocre resucée d'un best-seller, en espérant que surfer sur cette vague leur apportera sans effort un succès rémunérateur. Il ne s'agit pas là de véritables auteurs, mais d'opportunistes en quête d'aubaines commerciales. Cela se défend très bien et tout le monde a le droit de prospérer ; seulement, que ceux-là ne viennent pas, pour justifier leur désinvolture, brouiller le débat avec des arguments en faveur de « l'écriture spontanée ».
Les auteurs de bonne foi mais qui se sentent incapables de réviser leur copie par eux-mêmes doivent réaliser qu'en la rendant à l'état brut, ils se privent de la majeure partie de leurs chances d'être édités/lus.
À mon avis, plutôt que de prendre pour excuse les arguments des contempteurs de l'écrit « non spontané », ils devraient chercher des voies pour retravailler ou faire retravailler leurs textes. Tout le monde n'a pas les moyens de s'offrir un correcteur, mais entre les logiciels de correction, gratuits ou non, et l'aide de bêta-lecteurs choisis avec soin, ou encore les conseils bénévoles d'auteurs plus aguerris, chacun doit réussir à éradiquer le plus gros des impuretés. J'ai moi-même aidé beaucoup d'auteurs à revoir leur copie, et je suis loin d'être la seule à agir en ce sens !
Si le manuscrit ainsi peaufiné présente en sus un contenu propre à séduire un éditeur, ce dernier opérera sans doute un lustrage supplémentaire, voire un remaniement complet. J'insiste souvent sur le fait qu'un ouvrage n'est que rarissimement publié en l'état.
N'en déduisez pas qu'il suffit de séduire par le contenu, sans souci de la forme : les manuscrits inaboutis vont directement à la corbeille, avant même de parvenir aux membres du comité de lecture.
Pour conclure, je dirai que le perfectionnisme, c'est la volonté de rendre à l'éditeur, ou de publier, un manuscrit épuré de ses fautes et maladresses.
Alors, amis auteurs débutants :
Ne vous désolez pas si votre premier jet est encore balbutiant et si vous ne vous sentez pas la capacité de l'amender ;
Ne cédez pas à la tentation de proclamer comme certains « tant pis, c'est de la libre expression spontanée, à prendre ou à laisser ! » : vous risqueriez qu'elle soit plutôt laissée, et ce serait sans doute dommage ;
Ne confiez pas non plus à n'importe quel proche bien intentionné le soin de vous confirmer votre génie et/ou de relever les fautes.
Utilisez en priorité les outils de correction automatique (pas parfaits, mais bien utiles pour « débroussailler » quand on manque d'expérience), puis les groupes facebook où vous pourrez trouver de l'aide. C'est dans ce but que j'ai créé Auteurs cherchent avis, chronique ou bêta-lecture, par exemple.
Vous pourrez aussi lancer un appel à bêta-lectures ou à corrections bénévoles par d'autres moyens ou sur d'autres réseaux sociaux, ou encore chercher dans vos relations les auteurs ou lecteurs qui maîtrisent suffisamment la langue pour vous apporter leur concours.
Votre livre, c'est votre bébé ; vous en aurez d'autres, je vous le souhaite, mais ce n'est pas une raison pour ne pas donner à celui-ci toutes les chances qu'il mérite. Menez votre grossesse à terme, ou, comme la fourmi de l'illustration, donnez-vous du mal pour élever votre livre-larve jusqu'au stade de parfait achèvement où il pourra déployer pleinement ses ailes (oui, les fourmis aussi ont des ailes – enfin, certaines d'entre elles, à un certain moment).
La perfection en soi n'existe pas, mais un perfectionnisme sans excès (souci de perfectionner) aide à concrétiser ses rêves…
Excellent travail à toutes et à tous !
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@chathymi
Il est passionnant de voir comme on peut porter deux regards inverses sur un phénomène, tout en étant d'accord sur l'essentiel (parfois sur la totalité). Il me semble, par exemple, que l'auteur égoïste est celui qui ne se soucie pas du plaisir du lecteur, celui qui se croit génial et néglige de se remettre en question. L'élégance en écriture, c'est justement de s'oublier ; et le fait de travailler son manuscrit me paraît en être un signe. Mais tout varie selon les individus, et nous avons sans doute en tête des exemples différents, d'où cette apparente divergence.
@Charlotte de Garavan
Merci pour ce commentaire.
Je rappelle que je ne traitais pas du perfectionnisme en tant que manie, mais seulement du désir de perfectionner son texte. Bien sûr, il faut savoir s'arrêter. Corriger les fautes, vérifier la cohérence de l'intringue, ce n'est pas réécrire sans fin.
Je conseille habituellement une relecture par l'auteur, puis par des yeux extérieurs (bêta-lecteurs aguerris), pour examiner uniquement le déroulement de l'histoire et l'absence de contradictions ; une relecture par l'auteur, puis par des yeux extérieurs compétents (correcteur, professeur de français, auteur confirmé…), pour vérifier l'orthographe et la syntaxe ; enfin, une relecture à voix haute par l'auteur seul, pour s'assurer de la fluidité et la musicalité du texte (pendant cet exercice, les répétitions aussi deviennent flagrantes).
Il peut subsister malgré tout quelques coquilles – pour les éliminer toutes, il faut de nombreux regards affûtés – et, bien entendu, le travail reste perfectible – rien n'est jamais parfait –, mais après ces trois passages successifs avec l'aide de persones expérimentées, l'auteur peut considérer avoir rempli son contrat et publier la conscience tranquille. :-)
L'avantage de l'autoédition, c'est que lorsque l'on réalise avoir oublié une coquille, ou sous-traité un détail, il est toujours temps de rectifier ; l'essentiel est de ne pas avoir déçu les lecteurs à la parution.
Certes, cette méthode en 3 étapes ne fonctionne pleinement que sur des ouvrages déjà assez "propres". Dans le cas contraire, la route est encore longue avant la publication ; l'auteur sera avisé de revoir ses objectifs et de plutôt envisager, en priorité, l'apprentissage de l'écriture. Mais vous n'entrez pas dans ce cas, chère Charlotte !
Bien amicalement,
Elen
@ lamish. Tout à fait d'accord avec toi. Plus de légéreté, d'humour. Cela ne ferait pas de mal. Peut-être bien que ce qu'il manque parfois dans un texte c'est la générosité de l'écrivain. A penser trop qu'à soi, l'effet que cela peut produire sur les lecteurs....C'est comme en amour, on aura beau gesticuler cela ne restera qu'une éventuelle gymnastique :)
@Elen Brig Koridwen Perfectionniste ? Chez moi ça se porte sur le temps… c’est sans doute dû à mon rapport au temps, à mon problème avec le temps… alors je ne cesse de changer de temps dans mon texte, j’y reviens sans arrêt, allant du passé simple au plus que parfait sans jamais être satisfaite… plus que parfait, tiens donc ! Le plus simple serait peut-être de ne pas se retourner vers le passé (même quand l’histoire tient du passé) et d’écrire au présent. Du coup, en reprenant mon texte des fautes se fraient un chemin sans même que je ne les voie tant je suis fixée sur mon obsession du temps. J’écoute la musique du texte, le son et j’en perds la vue sur ces fautes qui ont profité que je ne les regardais pas pour se faufiler entre les lignes. Quand le perfectionniste tourne à l’obsession ça devient pathologique parce que c’est inhibant, parce qu’à relire pour la énième fois son livre on ne passe pas au livre suivant. Le perfectionnisme est le fait de l’obsessionnel, de celui qui doute. Mais à trop douter, on n’agit pas. Parfaire sa prose, certes, mais jusqu’à quel point ? Jean d’Ormesson disait avoir réécrit 15 fois ses livres…
@lamish
Je vous comprends tout à fait, Michèle. Rappelons seulement à l'unisson que la spontanéité et la légèreté, très souhaitables en effet, n'excluent pas un travail correct, bien au contraire. Beaucoup d'auteurs consciencieux sont agréables à lire, précisément parce qu'ils ne se prennent pas trop au sérieux et ne cherchent qu'à donner du plaisir aux lecteurs. Tout l'inverse d'une démarche égotique, comme celle de certaines plumes naissantes qui voient, en la carrière d'auteur, une forme de vedettariat et consacrent toute leur énergie à se faire "reconnaître" à coups de marketing, voire de coups tordus. Sur mbs, je ne sais pas ce qu'il en est, mais ces "néoauteurs" abondent en autoédition et en torpillent l'image, sans parler de l'ambiance.
@lamish @Guy Fontenasse
Nous ne parlons pas exactement de la même chose.
Pourquoi oppose-t-on toujours des écrits sans âme MAIS léchés à des écrits intéressants MAIS maladroits ? Il existe aussi des écrits sans âme maladroits et des écrits intéressants que leurs auteurs ont pris la peine de peaufiner… Ce que je veux dire, c'est que là n'est pas la question, et encore moins l'enjeu actuel.
La générosité qui vous anime est toute à votre honneur, chère Michèle et cher Guy : vous entendez défendre les talents qui n'auraient pas les moyens de s'exprimer.
Mais de nos jours, on voit beaucoup plus d'aspirants auteurs qui se lancent sans complexes, sans bagage (= bonnes lectures) et ne songent nullement à se remettre en question, que de génies méconnus à cause de leur maîtrise insuffisante de la langue.
Le vrai problème, c'est que les arguments affirmant la primauté du fond sur la forme ne font que conforter les auteurs qui, même lorsqu'ils ont rédigé des textes très prometteurs, se laissent aller, par ignorance ou négligence, à les présenter à l'état brut ou presque. Les éditeurs en sont submergés, et l'on en voit passer pléthore sur facebook et sur Amazon…
Disserter sur le fait qu'un travail soigné n'implique pas le talent n'est pas leur rendre service, justement parce que nous ne sommes pas dans un monde idéal où l'esprit d'un auteur serait célébré quelle que soit la présentation de ses écrits.
Il y a des formes et usages à respecter, du mal à se donner. Pour des raisons esthétiques, pour faire un effort d'originalité au lieu de se laisser aller au copié-collé, et de façon plus générale, pour être compris du plus grand nombre, pour ne pas froisser les lecteurs, pour ne pas décourager un éditeur (qui tient toujours compte de l'investissement à prévoir pour pouvoir vendre un "produit fini")…
Le talent tel qu'il peut être perçu et reconnu, ce ne sont pas seulement les idées, l'inspiration, mais aussi l'art de soigner les formes d'écriture. Le rappeler sans relâche aux débutants – et même aux autres –, c'est leur rendre service.
C'est pourquoi je m'efforce de leur faire passer ce message : certes, l'écriture est un acte d'amour, mais cet amour s'adresse (qu'on le veuille ou non) à des lecteurs, et l'amour courtois, offert dans les formes requises, est presque toujours mieux perçu qu'un viol à la hussarde. Oui, aux yeux des lecteurs passionnés et des éditeurs sérieux, leur infliger un ouvrage bâclé, c'est une sorte de viol !
Amicalement,
Elen
@lamish
Vous avez saisi mon point. Il est vrai aussi que les gens (qui écrivent) se protègent parfois devant leur méconnaissance de la formalisation ou des "usages" (j'adore ce mot) pour dire qu'ils sont incompris et maltraités (malgré un texte génial !!!).
Mais j'y crois vraiment,( surtout quand ce ne sont pas les auteurs eux mêmes qui le disent). Je crois même qu' il y a sans doute de grands écrivains qui n'ont jamais écrit, simplement parce qu'ils n'ont pas franchi le cap des études secondaires (encore que ce soit difficile aujourd'hui :-)), et qui ont honte ou qu' ils n'ont même pas l'idée de se confronter au monde sacré des professionnels de l'édition et de l'écriture.
Merci pour vos commentaires, mes ami(e)s, et désolée d'y répondre avec retard : je n'avais pas vu que ce billet était publié.
@lamish : nous sommes globalement d'accord. Je dirai seulement qu'un lecteur perfectionniste, justement, ne publiera pas un livre "vide" : il se ferait honte. Le perfectionnisme ne se borne pas à la recherche d'une forme parfaite ; il s'agit d'esprit critique appliqué à soi-même.
@Guy Fontenasse : le problème, c'est que l'on rencontre bien plus de textes prometteurs gâchés par une rédaction brouillonne que de textes possédant un fond si qualiteux que l'on passerait volontiers sur les imperfections. Le talent sans perfectionnisme ? Je ne vois pas trop ce que vous entendez par là. Ou bien un éditeur sérieux fait retoquer le manuscrit avant publication, ou alors le texte le plus talentueux du monde sera cruellement desservi. Hélas, c'est souvent le cas, aussi bien en autoédition que dans l'édition opportuniste.
@Jo Galetas : je rejoins tout à fait le point de vue que vous développez.
En résumé, j'ai l'impression que beaucoup d'auteurs se sentent obligés de résister à l'idée que la valeur finale d'un livre dépend du soin avec lequel on l'a peaufiné. Question de complexes, dirais-je, dans la mesure où, animaux hypersensibles, nous avons tous la hantise d'être méjugés à la moindre défaillance.
Du coup, à chaque fois que l'on parle de qualité, on voit ressurgir le débat sur le fond et la forme, le premier étant aussitôt proclamé plus important que le second.
Mais tout cela est un mirage. La vérité, c'est que comme l'a remarqué Jo, une historiette bien léchée trouvera toujours son public ; alors que le plus doué des auteurs se fera blackbouler par les comités de lecture et conspuer par les lecteurs exigeants, les seuls qui lui importent vraiment s'il a des choses à dire, un talent à faire reconnaître.
Arrêtons de laisser croire qu'il existe des ouvrages assez impressionnants pour que leurs lecteurs passent l'éponge sur un style indigent, des fautes à gogo ou des incohérences grossières. Vis-à-vis des lecteurs débutants, nous avons la responsabilité de dire clairement qu'en édition comme en autoédition, l'impréparation se paie au prix fort. Sauf, bien entendu, auprès des éditeurs à compte d'auteur (déguisé ou non), ou des lecteurs que les défauts d'écriture ne dérangent pas… mais ces lecteurs-là sont des consommateurs de "fast-books" vite lus-vite oubliés, pas la frange de passionnés capable de faire sortir de l'ombre un écrivain en devenir.
Bien amicalement,
Elen
Certes, mais le perfectionnisme ne fait pas le talent ;alors que le talent sans perfectionnisme est tout à fait supportable. C'est vrai pour les romans beaucoup moins pour la poésie..
C'est la différence entre le premier de la classe et un bon élève qui nous intrigue, entre Chamberlain et Churchill...