En littérature, ce qui importe c'est d'accepter sans réticence l'univers dans lequel vous êtes invité, pas parce qu'il est vrai mais parce qu'il est vraisemblable Chers amis auteurs, j'ignore si vous fonctionnez comme moi ; j'imagine que oui, plus ou moins. Et que votre occupation principale à un moment donné vous influence aussi, qu'elle déteint sur votre écriture, en tout cas sur votre inspiration.
Depuis que, à la faveur d'un petit mieux, je me suis remise à pondre en série des billets sur l'autoédition, je me réveille chaque matin avec un nouveau sujet d'article en tête. Oubliée, ma saga ! Enfin, disons, reportée. Il est vrai que pour m'y consacrer, j'aurais besoin d'avoir devant moi de longues journées tranquilles, et que le parcours médical ne facilite pas l'immersion dans l'écriture. Pourtant, l'obstacle majeur, c'est vous ! :-D
Oui, vous. Comme un vieillard soucieux de laisser in extremis à ses enfants une ultime brassée de conseils, je n'ai plus qu'une obsession : « Il faut que je leur parle de ceci… que je les prévienne de cela… » Mais je n'ai pas encore atteint l'âge de la retraite et mon espérance de vie est impossible à définir, même si, trop souvent, elle me paraît compromise à court terme. Bref, je ferais mieux de me consacrer à l'écriture, mais voilà, c'est plus fort que moi…
Aujourd'hui, je vais vous entretenir d'un problème particulièrement casse-gueule en littérature : les invraisemblances.
L’invraisemblance, un fléau pour les romans.
J'en ai énuméré quelques-unes dans ce billet sur les schémas de narration. Il me faut insister, car trop d'invraisemblances, ou une invraisemblance trop « hénaurme », tue plus sûrement un livre, voire son auteur, que des chapelets de fautes d'orthographe. En tout cas, à mes yeux : comme je l'ai dit ici, je me suis régalée de certains romans très originaux malgré une écriture au plus qu'imparfait ; mais que je tombe seulement sur trop d'invraisemblances dès la première page, et je zappe sans retour.
Avec un sentiment qui, pourtant, m'est presque étranger : de la colère, ou presque. Parce que c'est trop bête ! Parfois, la forme est quasi impeccable, les fautes expurgées avec soin. Parfois, il y a un vrai sens de l'atmosphère, une intrigue intéressante, l'auteur a des choses à dire. Parfois même, le style vaut le détour. Mais voilà que, comme une bouse extraterrestre de cinquante tonnes s'écraserait dans un jardin à la française, une satanée invraisemblance vient tout gâcher.
Précisons-le tout de même, je ne parle pas des ouvrages qui, donnant dans la fantaisie ou la parodie, font exprès de distordre les faits pour les rendre hautement rocambolesque. En écriture, tout est admis, tout est possible en matière de créativité ; mais dans ce cas, le lecteur doit être averti. Si on lui glisse des infos aberrantes dans un roman d'aspect sérieux, on ne fera rien d'autre que le désinformer… ou l'agacer s'il s'en rend compte.
Exemple : vous pouvez raconter ce qu'il vous plaira dans une histoire d'aliens, à condition de respecter les lois de la physique… ou de prévenir qu'elles ne s'appliquent pas dans ce monde-là (pourquoi pas, après tout ?).
Certaines invraisemblances rencontrées sont grossières, puantes et me donnent envie de hurler. D'autres sont de petit calibre ; elles passent inaperçues de la plupart des lecteurs, puisque les romans ainsi vérolés collectionnent souvent les appréciations enthousiastes.
N'empêche. Chez n'importe quel éditeur (sérieux, je précise toujours) on flanquera le manuscrit au panier sitôt qu'on tombera sur une ânerie. Ces gens-là n'ont pas de temps à perdre, alors un auteur incapable de se documenter sérieusement ne les intéresse pas. Sélection naturelle !
Un travail de fond émaillé d'invraisemblances contamine l’ensemble d’un ouvrage.
Peut-être qu'en pareille circonstance, j'en veux personnellement à l'auteur de m'avoir pourri une belle découverte. C'est vrai, quoi, en autoédition, les moments de lecture heureuse sont moins fréquents que les crises d'urticaire : au détour d'Amazon ou des groupes facebook, on croise plus souvent, hélas, un best-seller comme Dépucelée par les tentacules (authentique, je vous le jure : voir ici) qu'un petit bijou qui vous réchauffe le cœur. Pourtant, la frustration perso n'est pas ma réaction prioritaire.
Ce qui m'énerve le plus, c'est ce que je disais plus haut : quel gâchis ! L'auteur s'est donné un mal fou, il a dû transpirer longuement sur son manuscrit. Et malgré cela il a laissé passer une énormité, ou un chapelet de petites invraisemblances qui faisandent tout le reste. L'ensemble de son travail se retrouve contaminé, c'est triste mais c'est ainsi. Cela lui coûtera sa chance d'être édité, mais aussi le soutien du lectorat un tant soit peu exigeant.
Et il y a plus grave. L'auteur a des obligations vis-à-vis de ses lecteurs. À travers ses ouvrages, il les informe, à moins de se cantonner dans la fantaisie absolue. Il a donc un certain devoir de rigueur documentaire. Question de respect. On me dira peut-être « Oui, mais on ne peut pas tout savoir. » Certes, et j'y reviendrai. Alors, deux possibilités : se renseigner avec minutie, ou choisir un sujet pas trop éloigné de son champ de compétences.
Maîtriser son univers avant d’écrire : la solution pour éviter les invraisemblances.
Malheureusement, certains auteurs écrivent sur ce qui les tente, sans se soucier de maîtriser ou non leur univers. Je donne rarement des exemples issus de l'indésphère , ou alors, assez flous pour que l'auteur ne se reconnaisse pas. Je ne veux humilier personne. Quand un auteur me semble trop satisfait de lui-même, je laisse tomber l'affaire. Le reste du temps, je me permets de faire part de mes observations par message privé. Certains (très rares : c'est tout à l'honneur des autoédités) le prennent mal ou n'en tiennent aucun compte, tant pis.
Mais quand je m'aperçois que, avec d'évidentes bonnes intentions, la personne en question tient site ouvert pour donner des conseils aux autres auteurs, j'ai vraiment envie de pleurer en songeant aux dégâts que cela va causer. Et je me dis qu'une petite exposition publique la fera peut-être réfléchir aux limites du bénévolat. Voilà pourquoi je choisis cette illustration-là, parmi les centaines d'autres qui m'ont fait grincer des dents sur l'indésphère. Allons-y ; je vais tout de même rester aussi vague que possible.
Un florilège d'invraisemblances peut gâcher les fondations d’un roman.
À la fin de sa journée, il y a au moins un siècle, un châtelain se prélasse dans son somptueux salon. Son manteau est jeté sur un meuble, détail déjà anormal : dès qu'un noble rentrait chez lui, son valet se précipitait pour le déharnacher : chapeau, canne, etc. Le manteau était soigneusement brossé et replacé dans la garde-robe. Mais bon, passons, car les ennuis ne font que commencer. V'là-t'y pas que le châtelain est alerté par du vacarme : on se dispute dans son poulailler…
Alors là, non ! Non et non ! Jamais, dans toute l'Histoire et sous quelque latitude que ce soit, un château n'a été flanqué d'un poulailler ! Ce genre de bâtiment se situait dans les fermes sises à bonne distance de la demeure, afin de lui épargner bruits et pestilences ; sans compter le spectacle des manants en plein labeur, indésirable dans des lieux voués à la sérénité, au délassement, à la jouissance esthétique et autres plaisirs de leurs maîtres. Chacun chez soi et les poules seront bien gardées… On peut trouver cela moche, mais c'est ainsi.
J'ai conscience que l'auteur s'est permis ces invraisemblances pour avancer plus vite et facilement dans son intrigue. Pour justifier l'intervention du châtelain, il fallait qu'il fût en mesure d'entendre la dispute depuis son salon. Pour qu'il n'eût qu'à enfiler son manteau et sortir, sans attendre l'aide de quiconque, il fallait que le vêtement fût à portée de main. Soit. Mais c'est une mauvaise option. Mieux vaut se donner la peine de tout rendre crédible, même si cela rallonge le nombre de pages et oblige à un effort supplémentaire d'ingéniosité.
L'erreur en question reste vénielle, m'objectera-t-on. Je ne suis pas d'accord. Un auteur doit maîtriser son sujet autant que possible. Un oubli mineur est possible ; pas l'éléphant qui obstrue le couloir. Je conseillerais volontiers de s'en tenir à des choses suffisamment familières ; mais à moins d'aborder des domaines très pointus, chacun devrait pouvoir s'en sortir avec un peu de travail et d'adresse, comme nous le verrons plus loin. Et en cas de doute, il ne faut pas hésiter à consulter des spécialistes.
Auto-édition : la séverité des bêta-lecteurs est dans certains cas salutaire.
Il y a quelque temps, un auteur qui m'est sympathique s'est fait démonter par un bêta-lecteur à propos d'un ou deux anachronismes imperceptibles à un lectorat non expert. La troisième anomalie relevée était plus discutable ; moi, la chieuse, je l'aurais laissée passer.
Je me suis sentie désolée pour cet auteur, car il fait partie de ceux qui soignent vraiment leur travail ; de plus, il a le mérite de prendre des risques en ne se contentant pas de raconter ses amours d'enfance ou une histoire stéréotypée de tueur en série psychopathe. J'ai trouvé très regrettable que le bêta-lecteur (fourni par l'éditeur) ait formulé ses observations de manière cinglante. C'est inutile et injurieux : les auteurs de bonne volonté ne méritent pas d'être traités comme des cancres, surtout lorsqu'ils sont tout le contraire. Qui n'a jamais commis d'erreur ?
Mais au-delà de ce réflexe empathique, je suis obligée de conclure, avec plusieurs intervenants de cette discussion sur facebook, que, discourtois ou non, le bêta-lecteur a rendu service. Après rectifications, le roman n'en sera que plus sérieux et appréciable. L'éditeur sera rassuré, les lecteurs pointilleux comblés ; et au-delà de la blessure immédiate (lequel d'entre nous n'a jamais souffert d'une critique, même présentée avec tact ?), l'auteur lui-même a tiré avantage de cette histoire, puisqu'il a eu l'occasion d'améliorer son livre. L'un et l'autre, si je puis dire, en sortent grandis et pourront glisser tout schuss vers la suite de leur carrière.
Quand on écrit, tous les efforts documentaires s’imposent.
Sauf à situer son histoire dans son quartier, son époque et son milieu – ou, pourquoi pas, dans un flouté abstrait, comme certains romans intimistes ; mais là, nous sortons de notre sujet –, un auteur doit consentir d'avance à tous les efforts documentaires qui s'imposeront. C'est son intérêt, et aussi, je le répète, une sorte de devoir moral.
Inutile, bien entendu, d'aller trop loin dans cette voie. Les trois premiers volumes d'Élie et l'Apocalypse ont représenté plus de 10 000 heures de travail, dont une bonne part dédiée à la documentation. Même ce que je savais ou croyais savoir, je l'ai vérifié avec scrupule. Y compris les détails les plus insignifiants. Je reconnais être maniaque là-dessus, et même excessive.
Dans le volume 4, des cavaliers parcourent plusieurs centaines de kilomètres en alternant régulièrement le pas, le trop et le galop. Je suis allée jusqu'à suivre le trajet sur Google Maps pour calculer, en fonction de l'allure des chevaux, où ils se trouveraient à tout stade de la chronologie. Cela m'a permis de déterminer les autres éléments : quel jour et à quel moment ils arriveraient dans quel type d'environnement, et la situation correspondante. C'était parfaitement superflu, j'en suis consciente. Mais je préférais savoir, par exemple, qu'après tel temps de galop commencé à telle heure, ils déboucheraient à la nuit tombée devant telle falaise où je pourrais situer un accident, plutôt que de tout articuler au hasard en assumant que le récit serait artificiel et truffé d'inexactitudes.
L'on ne peut pas exiger que tous les auteurs se livrent à des vérifications aussi sourcilleuses, qui relèvent probablement de la psychiatrie : cela ralentirait trop leur travail. Je n'exclus pas que mes difficultés à me consacrer avec constance à la suite de ma saga puissent découler en partie de ma marotte documentaire ; autant que de mon état de santé, peut-être bien ! Placer trop haut son auto-exigence, c'est choisir d'escalader des glaciers au lieu de passer par une bonne vieille départementale. Évitons les autoroutes de la facilité, mais restons raisonnables.
Il y a tout de même un minimum, je le répète. Songez-y, mes amis. Accordez-vous le luxe des recherches poussées : internet est là pour vous faciliter les choses. Si vous situez votre roman dans un univers auquel vous n'entendez goutte, la vigilance s'impose ! Cependant, il est aujourd'hui possible de se risquer à peu près n'importe où sans pour autant devoir courir les bibliothèques ou interroger des escouades de spécialistes patentés.
Google, les applications, les spécialistes, le croisement d’informations… sont des outils et des relais utiles voire indispensables pour maîtriser son univers romanesque d’écrivain.
Grâce à notre ami Google (ou autre) et à une kyrielle d'applications, rien n'est impossible a priori : vous pourrez facilement vérifier une information, traduire une phrase dans n'importe quelle langue, visiter une ville en 3D, vous initier au travail d'un apiculteur, d'une aborigène, d'un médecin légiste, d'une astronaute… (se glisser dans la peau d'autrui n'est pas le moindre agrément d'un auteur, qu'en pensez-vous ?) En tout cas, vous y parviendrez suffisamment pour faire illusion.
Attention, prenez soin de croiser les informations avec vigilance : tout n'est pas fiable sur internet ; il faut multiplier les sources pour éviter de se faire l'écho d'un hoax ou d'un point de vue fantaisiste. Il arrive aussi que plusieurs informations contradictoires rendent impossible de déterminer la vérité. Parfois, d'ailleurs, elle est multiple… :-) Dans ce cas, choisissez votre version – et apprêtez-vous à l'argumenter, le cas échéant. ? À l'impossible, nul n'est tenu ; le tout est d'avoir fait un effort de vérification et de s'abstenir d'invraisemblances grossières.
Faire du vraisemblable, pas nécessairement du réel. L’art d’écrire, c’est aussi un peu celui du trucage.
Car bien sûr, il n'est pas question de tout savoir sur le bout des doigts ; personne n'est omniscient. L'art d'écrire lorsque l'on s'aventure hors de son domaine, c'est aussi un peu celui du trucage : la manière astucieuse de plier, tortiller, infléchir, flouter ou ajourer votre récit là où le faut pour faire du vraisemblable avec des éléments semés aux bons endroits.
Saupoudrez quelques faits avérés, employez un vocabulaire adapté sans pour autant donner dans le jargonnage. Le reste du temps, évitez d'entrer dans des détails qui pourraient vous perdre. Contentez-vous d'ombres chinoises, de jeux de reflets non compromettants, d'allusions. Zoomez pour focaliser sur ce qui est sûr ou dézoomez pour rester un peu dans le vague, dans les généralités passe-partout, peu compromettantes. Tournez vos phrases de façon à beaucoup suggérer tout en évitant de trop en dire et de devoir entrer dans des détails que vous ne sauriez maîtriser : ce savoir-faire s'apprend très bien avec la pratique.
Une illustration ? D'accord. Vous situez votre roman à Boston. Balancez quelques éléments typiques pour brosser le décor, un ou deux noms de rue, vérifiez quel temps il fait à la date voulue. (C'est une source fréquente d'invraisemblance, par exemple quand l'action se déroule pendant des semaines sous un soleil radieux, en pays tropical à la saison des pluies). Puis, si vous ignorez comment se passe exactement un trajet en tramway dans cette ville (les sons, les odeurs, l'attitude des passagers), attardez-vous par exemple sur l'expression des visages, sur une silhouette émouvante, sur de petits éléments d'intrigue, en les mixant avec des détails visuels et autres infos extraites de votre documentation.
L'authenticité, les réalismes, l'aspect vivant naissent d'une bonne documentation.
Un roman bien documenté, c'est donc un plat où les fruits secs, les fruits de mer, ce que vous voulez, vont donner leur couleur, leur saveur et leur texture à la crème ou la sauce qui les lie.
Habilement incorporés à votre crème, les fruits seront facteurs d'authenticité ; ils apporteront l'indispensable touche réaliste, une coloration vivante, et densifieront l'ambiance. Grâce à eux, vos lecteurs se sentiront transplantés dans un décor plus vrai que nature : dépaysement assuré ! Ou encore, seront plongés dans une atmosphère aussi crédible qu'au cinéma : immersion garantie !…
La documentation pourra aussi vous inspirer des idées, vous entraîner dans des directions inattendues. Elle peut ainsi mener, de fil en aiguille, à une cascade de rebondissements et d'ajouts qui enrichiront votre ouvrage.
Enfin, il faut noter un avantage annexe : comme indiqué plus haut, le séquençage très précis de la cavalcade dans L'Arbre des Mondes m'a servi de fil conducteur ; même si se laisser guider par la logique documentaire n'est pas la plus simple des procédures, une telle méthode peut grandement faciliter la narration.
D'une manière générale, restez très vigilants : l'auteur cité au début de ce billet a peut-être soigné sa documentation sur certains plans, mais n'a pas pensé que situer à l'étourdie un poulailler et un manteau pourrait déprécier d'emblée son histoire. Alors, scrutez chaque point de la vôtre en vous demandant s'il est vraisemblable, ou si vous risquez de vous retrouver en train de tenter un triple lutz sans avoir jamais chaussé de patins à glace.
Dans ce dernier cas, pardonnez-moi, vous n'aurez besoin d'aucun des mauvais esprits habituels – lecteurs hargneux, confrères médisants, éditeurs bornés, monde cruel – pour vous infliger tout seuls un croche-pied de toute beauté.
Excellente journée et bon travail à toutes et à tous !
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@elen Brig Koridwen : J'ai souri en te lisant parce que comme toi je suis une maniaque !!!
Les consultations Google map, les temps de trajet, la météo à une date donnée... quand j'écris c'est aussi quasi obsessionnel. J'ai fait des recherches poussées (pour Saga, l'ours de Dalécarlie) :
Quel modèle de téléphone avait-on quand on avait la chance d'avoir le téléphone en Suède à la fin des années 40 ? Quel modèle de voiture ? Les prénoms à la mode ? Quels traitements existaient pour quelle maladie ? J'ai même trouvé une anecdote au cours de mes recherches qui m'a servie dans l'histoire (une histoire de pneus réquisitionnés pour des véhicules militaires pendant la guerre). Et mon héroïne souffrant d'une maladie mentale, j'ai fait relire mon manuscrit par une professionnelle travaillant en institut psychiatrique pour valider la vraisemblance de ses symptômes.
Bref, le temps de recherche est pour moi presque supérieur au temps d'écriture !!!!
Et en tant que lectrice, oui, j'avoue que les invraisemblances me pourrissent mon plaisir...
@Chère Michèle, merci beaucoup pour votre commentaire.
En effet, une petite invraisemblance peut passer, si le reste est suffisamment appétent, et le lecteur, pas trop pointilleux. Ce sont les accumumations, les aberrations caractérisées ou celles qui font sourire sans l'avoir voulu qui pénalisent un texte de façon parfois rédhibitoire.
Pour le reste, je suis très touchée de votre soutien. Ne nous désolons pas trop de ce qui est inévitable : dans le petit univers de l'autoédition, où tant d'auteurs cherchent à exister à tout prix, le réflexe du persiflage ou autres postures négatives vient à bien des gens. Cela me peine, surtout pour eux, mais ce qui compte à mes yeux, c'est le partage.
Amitiés
@Mani
Merci beaucoup pour ce commentaire, Mani ! Voilà une superbe démontration, nécessaire et suffisante. Les exemples sont bien choisis. C'est précisément la crédibilité de départ qui permet de s'embarquer en toute confiance dans la saga SF d'un auteur autoédité, Boris Tzaprenko : astronome et journaliste scientifique, il a su utiliser ses connaissances pour créer un univers où l'on s'aventure sans réticences, prêt à en accepter d'avance tous les aspects délicieusement fantaisistes.
Pour apporter de l'eau au moulin d'Elen, je dirais que la vraisemblance, loin d'être l'affaire d'apothicaires aux comptes mesquins, permet d'installer une relation de confiance entre l'auteur et son lecteur.
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Deux exemples me viennent spontanément en tête pour illustrer cette notion.
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Dans le Da Vinci Code de Dan Brown, le lecteur avisé peut repérer facilement un certain nombre d'erreurs factuelles. Certaines sont absolument sans conséquence (le nombre de carreaux de verre de la pyramide du Louvre par exemple - il n'y en a pas 666 mais l'idée est amusante et ne pose aucun problème), d'autres peuvent être un peu plus grossières quand on connaît les lieux : ainsi, le déroulement d'une scène d'action importante passe par l'ouverture d'une fenêtre dans des toilettes au Louvre - mais il n'y a pas de fenêtres dans les toilettes du Louvre, où que ce soit. Est-ce fondamental ? Certainement pas. Est-ce un problème pour les lecteurs américains du livre ? Non plus - quoique cela puisse représenter une déception pour les fans qui aiment se rendre sur les lieux d'une intrigue pour encore mieux s'en imprégner. Mais un lecteur vraiment averti peut se demander si une erreur factuelle sur une chose aussi simple à vérifier ne risque pas de remettre en cause la crédibilité de l'intrigue en général.
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Bien sûr, on peut tout à fait se dire que rien de tout cela n'a d'importance : des fenêtres dans les toilettes du Louvre, pourquoi pas, après tout ? On s'en fiche complètement, ça ne change rien sur le fond, la faisabilité concrète de l'action n'a pas d'importance s'il s'agit de simples détails matériels. Mais alors, si l'exactitude factuelle ne compte pas, pourquoi placer cette scène au Louvre ? Pourquoi ne pas inventer de A à Z un musée imaginaire qui n'existerait pas dans la réalité et ne poserait par conséquent aucun problème de vraisemblance ? Tout simplement parce que le récit puise de la force dans son ancrage dans la réalité. Le lecteur américain est (en principe) familier avec l'existence du Louvre et de la Joconde et le fait d'y placer l'intrigue donne au récit une crédibilité qui serait absente s'il s'agissait d'un musée imaginaire. L'intérêt de placer une intrigue dans un contexte contemporain connu réside en partie dans le fait que le lecteur n'a pas besoin de se familiariser avec tout l'environnement : il peut s'abandonner en toute confiance et se concentrer sur les personnages, les thèmes abordés, etc. Et en contrepartie, tout élément qui remet en cause la validité de la description de cet univers concret et familier remet implicitement en cause la confiance du lecteur en la capacité de l'auteur à assurer la vraisemblance du reste du récit.
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Bien sûr, dans un roman comme le Da Vinci Code, le lecteur sait par avance que certaines choses vont forcément ne pas coller avec la réalité. Il peut se laisser porter malgré des incohérences mineures, et c'est ce qui s'est passé dans mon cas.
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Mais que se passe-t-il quand la crédibilité est d'une importance fondamentale ? Mon deuxième exemple concerne la trilogie martienne de Kim Stanley Robinson. Le lecteur sait immédiatement qu'il s'agit de science fiction, mais l'ambition de cet exceptionnel récit est de décrire de façon crédible une colonisation future de la planète Mars. Avec une virtuosité exceptionnelle et une érudition ébouriffante, l'auteur entreprend de raconter sous TOUS ses aspects scientifiques le déroulement de cette colonisation, tout en mettant en scène toute une galerie de personnages attachants et pittoresques. Cette œuvre qui force l'admiration repose précisément sur la confiance absolue qu'a le lecteur dans le fait que l'auteur maîtrise les notions de chimie, de physique, de climatologie, de biologie, de médecine, de psychologie même, qui constituent la toile de fond du récit. (En l'occurrence, il est très clair que seuls des lecteurs d'une formation scientifique avancée auront un niveau de connaissances suffisant pour juger de la crédibilité du récit - et j'ai envie, moi, lecteur inculte, de me plonger avec délices dans le roman sans avoir à devenir au préalable chercheur au CNRS.)
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Mais alors, que se passerait-il si, dans les premières pages du premier livre de cette trilogie, une bête incohérence sautait aux yeux du lecteur sur un sujet trivial ? La crédibilité de l'auteur s'en trouverait écornée et, avec elle, le plaisir de se laisser submerger par cette sublime vision d'un avenir complètement imaginaire et pourtant d'une vraisemblance folle propre à faire rêver les amateurs du genre. Robinson aurait beau décrire sa colonisation de Mars avec autant de rigueur que possible, le lecteur moyen aurait toujours dans un coin de la tête l'idée que, peut-être, le récit est en réalité criblé d'incohérences.
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Dans n'importe quelle fiction relevant de quelque style littéraire que ce soit, l'auteur et son lecteur signent toujours un pacte virtuel : le lecteur s'engage à se laisser embarquer dans l'histoire en pratiquant ce qu'on appelle la "suspension consentie de l'incrédulité" (le fait d'accepter de mettre son esprit critique en veilleuse le temps de la lecture du livre) sous réserve que l'auteur, en contrepartie, fasse tous les efforts nécessaires et raisonnables pour veiller à la vraisemblance de son propos. Le degré d'engagement varie en fonction du sujet, du contexte, de mille choses qui sont implicitement reconnues par le lecteur dès les premières pages du livre (voire avant, s'il n'a pas choisi le livre complètement au hasard) et il est bien évident qu'on n'attendra pas de tous les auteurs le niveau de précision et d'authenticité ahurissant d'un Kim Stanley Robinson. Mais s'il vise un certain niveau de qualité, l'auteur doit toujours garder en tête l'existence de ce pacte avec le lecteur. Il s'agit entre les deux d'une relation de confiance qui mérite d'être entretenue parce qu'elle est à la base même des notions d'écriture et de lecture. Un lecteur qui n'a pas confiance dans l'auteur ne le lira pas, tout simplement.
@Elen Brig Koridwen
Bon. Disons que je retire mes critiques (j'ai déjà une ennemie irréductible sur le site, m'en faire une seconde ce serait de la gourmandise - et la gourmandise est un péché mortel). Disons aussi que vos exemples n'étaient peut-être pas judicieusement choisis. Ceci dit, si parmi les milliers d'auteurs en herbe qui vous suivent il en existe qui, dans le domaine du vraisemblable, s'obstinent à mettre la charrue avant les boeufs, il me semble qu'il serait charitable de leur conseiller un autre loisir. D'un autre côté, ça ne fait de mal à personne, et peut-être vaut-il mieux au final torturer la logique que de dépenser l'argent du ménage au bistro. Bien à vous.
@antoine ragondin
Cher monsieur Ragondin (quel joli nom ou pseudo ! Les ragondins sont des animaux adorables, l'on ne peut que regretter qu'ils soient classés comme nuisibles), je ne suis pas en train de jouer à qui a la plus grosse compétence.
Vous ne me blessez pas en me qualifiant de "comptable" : l'ensemble de ma production littéraire témoigne assez de ma fantaisie. :-) Il me semble, au contraire, que c'est vous qui avez une vision trop restrictive, pas assez empathique, pour envisager mes motivations.
Dans une œuvre fantastique ou de fantaisie, l'on peut faire ce que bon nous semble, je l'ai dit et répété. Alors, de grâce, ne me faites plus ce mauvais procès. Avertir le lecteur, c'est ne pas étiqueter "roman historique" un joyeux délire sans fondement. Normal, non ?
Que vous le vouliez ou non, un polar (par exemple) où l'intrigue est absurde, basée sur des contre-vérités médico-légales aveuglantes, bourrée de contradictions ou mal ficelée parce que l'auteur ne maîtrise pas son sujet, n'a aucune chance de trouver son public. Il y en a pléthore et j'ai choisi l'exemple du poulailler parce qu'il était cocasse et surtout parce que, étant singulier, il ne vexerait pas d'innombrables auteurs.
Vous faites peut-être partie des auteurs tellement talentueux qu'ils accéderont au succès en s'exprimant comme ça vient ; je vous le souhaite. Ce n'est pas le cas général dans l'autoédition.
Visiblement, vous n'êtes pas confrontée comme moi, qui rassemble des milliers d'auteurs dans mes groupes facebook, à la profusion d'écrits de néophytes qui se lancent sans aucune aide, aucune base, aucune idée de ce qui leur portera tort. On est très loin de Kafka et de la littérature ! Il n'est question que du b-a, ba de l'expression écrite.
Contrairement à votre cas, me semble-t-il, je n'argumente pas pour agiter des idées, ni pour imposer un point de vue ; je me bats pour venir en aide à de très nombreux auteurs en demande (ils en témoignent tous les jours) afin qu'ils disposent de quelques petits mémos, feuilles de route détaillées et conseils de bons sens pour les accompagner et les conforter dans leur difficile parcours. Leurs réactions me confirment que ce faisant, je me rends utile : c'est tout ce qui compte à mes yeux.
Excellente journée !
Bien cordialement
@Patrice Dumas
Admettons, pour faire simple, que les romans d'Agatha Christie sont truffés, comme vous dites, d'incongruités. Comment expliquer alors leur increvable pérennité ? Est-ce que cela ne bat pas en brèche la thèse développée (interminablement) par notre amie Koridwen ? Et, au bout du compte, ne serait-ce pas le talent plutôt que la vraisemblance qui ferait le succès d'une oeuvre ?
@Elen Brig Koridwen
J'ai lu attentivement les commentaires qui précèdent, et tout cela me laisse dubitatif. Parce que j'ai l'impression que vous vous situez au point de vue très restreint de l'inspection des travaux finis et non pas à celui de la littérature. Et j'ai beau faire et y mettre du mien, valet ou pas valet, je ne parviens pas à être choqué par ce châtelain jetant son manteau sur un meuble. Ou vivant au voisinage d'un poulailler. Seul, peut-être, quelque médiéviste serait choqué - et encore... Bref, tout cela n'est-il pas de la sodomie entomologique et l'art d'un littérateur digne de ce nom n'est-il pas en grande partie de nous faire prendre des vessies pour des lanternes ? Sauf votre respect, il me semble que vous jetez sur la littérature le regard étriqué, tracassier, d'un commis aux écritures. Quant à cette histoire d'avertir au préalable le lecteur de ce qu'il va trouver dans un livre, cela me paraît relever de la plus haute fantaisie. Car je ne sache pas, pour prendre un unique exemple, que Kafka ait prévenu qui que ce soit de ce qu'il allait découvrir dans la Métamorphose, le Procès ou le Château. Ces trois livres regorgent d'invraisemblances, et pourtant le lecteur (que vous infantilisez un peu trop, me semble-t-il) adhère à ces récits, à tel point d'ailleurs que l'oeuvre du Praguois traversera les siècles - bizarreries, extravagances, paradoxes ou pas. Re-bref, je vous trouve l'oeil et le regard d'un comptable prosaïque, et je ne suis pas du tout certain que ce soit la bonne manière d'aborder la littérature.
@Patrice Dumas
Tout à fait juste, mon cher Patrice ! Aussi ne peut-on reprocher à un romancier cette inévitable part de vague, ni même ses interprétations, si elles sont étayées par des théories semblables ; mais seulement les contre-vérités. Merci pour ce commentaire.
@adamantite
Merci pour votre commentaire et pour cette question qui enrichit le débat. Je dirais qu'il y a plusieurs niveaux possibles :
– Au minimum, l'auteur veille à ne pas laisser de contradictions qui pourraient empêcher des lecteurs d'adhérer à son histoire.
Ensuite, cela dépend du genre et des intentions de l'auteur.
– Un polar, par exemple, ou a fortiori un roman historique, devront être minutieusement documentés pour être crédibles.
– En dehors de cela, l'auteur peut, selon le ton de son livre et en avertissant les lecteurs si nécessaire, s'autoriser une plus ou moins grande part de fantaisie.
– Il peut aussi trouver avantage à coller au réel sur certains points, comme dans l'exemple que je donne. Un minimum de réalisme était nécessaire pour ne pas, entre autres, faire accomplir le trajet à mes cavaliers dans un temps anormalement court ou long. À partir de là, il peut être plus simple de se caler sur une chronologie réaliste : on élimine les invraisemblances et on voit surgir toutes sortes de détails intéressants sur lesquels on peut s'appuyer pour inventer le reste, comme je l'ai expliqué. On n'adapte pas la réalité au texte, mais le texte à la réalité, ce qui me paraît normal vu que la réalité, elle, est immuable (enfin, la plupart du temps ^^). Il se trouve que j'ai choisi de situer EELA dans la réalité, ou du moins dans "une" réalité, ce qui n'empêche qu'il y a à côté de cela énormément de fantaisie et d'imaginaire pur.
Le phénomène dont je parle est d'autant plus important qu'il est rare qu'un auteur parte avec une idée précise de ce qu'il veut faire : à partir de ses recherches documentaires, il va donc se laisser emporter vers des développements imprévus, qui enrichiront son intrigue.
Pour répondre précisément à votre question, je ne crois pas du tout que cela entrave l'imaginaire. Pourquoi cela le ferait-il ? Un auteur trouve, heureusement, matière à exercer sa créativité dans mille aspects de son ouvrage. Le souci de vraisemblance ne me paraît pas menacer son libre-arbitre, c'est seulement une précaution utile.
Même dans un roman 100 % fantastique, il faut respecter une cohérence maximale. Ou alors, on se situe dans le délire onirique : cela peut être intéressant si le lecteur en est averti.
Mais, encore une fois, on peut partir d'une trame vraisemblable, basée sur du réel, et imaginer à plaisir tous les autres paramètres. Je dirais qu'au contraire, devoir tenir compte des contraintes du réalisme sans flanquer son intrigue par terre oblige l'auteur à davantage d'ingéniosité, c'est même un challenge emblématique. Voir, par exemple, les élucubrations d'Ariane Oliver dans Hercule Poirot : une romancière qui se creuse les méninges avec une imagination délirante pour ramener ses intrigues dans la voie de la vraisemblance. :-)
Ai-je répondu à votre interrogation ? Si vous souhaitez en discuter plus avant, vos arguments m'intéresseront.
Billet très intéressant, merci à vous de l'avoir posté ! J'ai néanmoins une question, plus ou moins pertinente. Est-ce que de vérifier à ce point chaque détail, ne nous enferme pas justement dans un paroxysme de réalité ? Je veux dire par là, chercher jusqu'au temps qu'il a pu faire, nous oblige à adapter la réalité à notre texte. On perd ainsi la magie de l'imaginaire, ce qui représente aussi l'intelligence : inventer une histoire. Hors ici, on est obligé de se conformer à la réalité en l'adaptant à notre texte, et non l'inverse. Je veux bien votre avis là-dessus.
@Yves L
Merci pour votre commentaire. J'adhère tout à fait à votre description de ces phénomènes.
@Robert Dorazi
Merci pour ce commentaire. Comme l'a parfaitement (mieux que moi ^^) défini @Yves L (merci à vous, Yves), les invraisemblances sont souvent inévitables mais doivent être inscrites dans le cadre d'une convention avec les lecteurs. Dans Harry Potter, on sait bien que la sorcellerie n'existe pas ; mais c'est le postulat de départ. L'intervention du hasard dans un roman peut aussi relever de l'invraisemblance, mais elle sert à faire avancer l'intrigue, le lecteur le sait et l'accepte. Oui, un châtelain pourrait décider d'accoler un poulailler à son château, mais alors l'auteur nous le présenterait comme un hurluberlu entiché de ses volailles, et cela apporterait d'ailleurs une saveur supplémentaire. Ce n'est visiblement pas le cas dans le roman que je cite. Lorsque l'auteur se contente d'employer une invraisemblance par étourderie, pour s'éviter des recherches ou pour s'épargner de faire avancer son intrigue de façon plus crédible (donc au prix de davantage de travail), le lecteur ne peut pas adhérer.
@Robert Dorazi
Vous avez sans doute raison, mais le cerveau humain est fait de telle façon que l'on a besoin d'un socle de references stables pour se faire embarquer dans des histoires folles, pour croire à des "énormités". Dans ce genre, les grands livres de Science-fiction sont "vraisemblables" (Aldous Huxley) à partir du moment ou l'on vous a expliqué les conventions et les règles, que le lecteur les accepte comme étant rationnelles, on peut commencer à délirer.
Et si l'on accepte d'avaler de petites contradictions chez Agatha Christie, c'est qu'elles nous font accéder aux méandres de l'âme humaine : passion/ haine/ diabolisme/ obsession...On oublie ou plutôt on accepte d'oublier alors de petites règles rationalistes.
En revanche, comme semble le penser Elen, les détails faux font une histoire fausse, alors que des details très précis et justes et renseignés peuvent vous emmener très loin en fiction, justement parcequ'on a fait preuve de précision là ou tout était vérifiable...
Le problème c'est qu'à part quelques rares exceptions (De sang froid, par ex) même avec toutes les précautions du monde, les invraisemblances vont s'accumuler dans un roman de fiction. Bien sûr certaines seront vraiment rédhibitoires, mais pas exemple aucun des romans d'Agatha Christie n'est "vraisemblable" si on y regarde d'un peu plus près. C'est juste un probléme de curseur. Pourquoi un chatelain n'aurait-il pas un poulallier adossé à son château? Il suffit de dire "moi je choisis de décrire un chatelain qui a un poulailler pour telle ou telle raison" et voilà. Il faudrait, pour que cela devienne invraisemblable, avoir recensé tous les chatelains ayant vécu et avoir constaté qu'aucun d'entre eux n'avait de poulailler. Or c'est impossible ;)
@Pantinois Et bien veuillez m'excuser si je vous ai blessé, l'intention n'est pas de faire la morale mais juste de gérer les énergies et les possibles susceptibilités des "amis" qui nous donnent du temps.Et vous en faites partie, je crois, par ailleurs. Bon Week end à vous.
@Pantinois
"réponse qui sent le vécu" n'était nullement destiné à vous offenser, je remarquais seulement que vous semblez avoir souffert de silence ou de réponses lapidaires de la part d'éditeurs. Je le regrette, mais du coup, vous m'avez volé dans les plumes en confondant plaisanterie et brutalité : erreur que j'ai voulu lever, rien de plus.
Si répondre à votre long développement pour lever toute ambiguïté, c'est de la discourtoisie, alors vous avez une conception navrante du débat. Comme monsieur Antoine Ragondin, qui a effacé son commentaire cavalier (c'est à lui que je parlais de courtoisie, non à vous), cherchez-vous à vous faire renvoyer la balle par amour du jeu ? Je réponds toujours par courtoisie, précisément, mais jusqu'à un certain point. Il me semble que nous avons tous mieux à faire et une plus haute opinion de ceux qui nous lisent. Si vous le voulez bien, place aux commentaires constructifs sur l'expérience des auteurs de ce site en matière de chasse aux invraisemblances.
Bonne journée, cher monsieur.
@ pantinois
Si nous pouvions parler de livres ou de conseils: de grammaire, de structure, d'erreurs à éviter, de manière de relancer une intrigue... Je suis prêt à publier, le bulletin de vos enfants, et vos listes de courses...
Mais voilà si votre commentaire est respectable, votre coup de patte est inutile. Répondre points par points, ce n'est pas refuser la contradiction, c'est défendre son beefsteak.
Merci de nous proposer des sujets hebdomadaires qui puissent intéresser notre communauté.
Merci à tous les auteurs qui participent à ces tribunes, qui donnent leurs temps et leur énergie pour une cause solidaire. Très peu sont écrites par monBestSeller. Alors restons courtois.
@antoine ragondin
Ayant jeté un coup d'œil à vos échanges avec les autres auteurs de ce site, je m'abstiendrai désormais de vous répondre : il est clair que la polémique vous tient lieu d'exercice sportif (pas au sens fair-play du terme, quel dommage). Amusez-vous bien, mais permettez-moi de décliner l'honneur de vous servir de sparring-partner.
@Monsieur Gaston
Un point de vue très juste. Et il faut, en effet, faire la part des choses entre la nécessité de ne pas écrire pour se vendre (si l'auteur ne se fait pas plaisir, cela se ressent) et celle de toujours penser au lecteur. Merci pour ce commentaire.
@antoine ragondin
Je vois que vous avez fait vôtre l'esprit de ce site : courtoisie et convivialité. :-)
@Pantinois
Cher monsieur, il se trouve que je n'écris pas pour monbestseller : les articles que je partage ici après coup sont à l'origine publiés sur mon blog. Alors, oui, j'y évoque ma santé, d'abord parce que certains lecteurs et amis auteurs me font l'amitié de s'en préoccuper, et surtout, parce que cela explique à tous les autres pourquoi je consacre beaucoup moins de temps qu'auparavant à les aider sur leurs manuscrits. Je ne peux pas répondre individuellement à chaque sollicitation, je n'en finirais pas, mais je ne voudrais pas que les auteurs s'imaginent que je trouve leur travail indigne d'intérêt.
Oui, je pourrais faire beaucoup plus court. Mais voilà, l'expérience m'a prouvé que les argumentations qui ne sont pas minutieusement détaillées laissent planer des doutes et des malentendus. Je m'efforce donc d'aller au fond des choses pour répondre, si possible, à toutes les questions qui peuvent se lever dans l'esprit des auteurs.
Enfin, nombre de personnes m'ont exprimé qu'elles voient en mes billets une sorte de feuilleton, et apprécient justement, comme dans une histoire, les développements qui accompagnent ces passages en revue exhaustifs.
Pour ce qui est de votre longue liste d'autres remarques (vous aussi, je le constate, vous traitez point par point ^^) :
– Puisque vous voulez tout savoir, le roman en question se situe avant la révolution russe. Au début du 20e siècle, ou à la fin du 19e ? Je ne suis pas allée assez loin pour le savoir, d'où cette formule vague. Mais si vous croyez que le mode de vie que je décris ne serait pas vraisemblable au début du 19e siècle, alors c'est vous qui êtes mal documenté. J'ajoute que le châtelain ne tirait pas le diable par la queue, j'ai pris soin de le préciser en mentionnant "son somptueux salon". Et il n'empêche que même les châtelains impécunieux n'accolaient pas un poulailler à leur demeure. Cher monsieur, vous venez de justifier mon souci de couper les cheveux en quatre, puisque même ainsi, il surgit des incompréhensions…
– Je déplore que vous n'ayez pas compris que la dernière phrase, sur les méchants critiques et le monde cruel, était une plaisanterie. Je crois que le dernier reproche que l'on pourrait me faire, c'est bien d'être brutale avec les auteurs ! Votre remarque, qui sent le vécu, et j'en suis navrée pour vous, appelle néanmoins une rectification : il est matériellement impossible aux éditeurs de répondre à tous les envois par une lettre personnalisée. Je rappelle souvent aux auteurs que prendre ce silence pour du mépris, c'est se faire du mal inutilement.
– Concernant les lieux que l'on décrit : certes, y aller c'est mieux, belle lapalissade ! Mais si j'ai la chance d'avoir couru le monde, et peut-être vous aussi, nombreux sont les auteurs qui se lancent sans être sortis de leur ville. C'est à eux que je m'adresse, pour leur éviter trop de boulettes.
– Quant à votre dernière remarque, elle est hors contexte, mais prouve que toute comparaison peut être détournée de son sens…
En résumé : non, désolée, je ne résumerai pas pour vous plaire. Qui m'aime me lise ! :-D
Bien cordialement,
Elen