Caroline Suchodolski, vous avez vécu dans l’ombre de votre père, parolier, qui écrivait sans relâche pour ciseler ses textes. Quand avez-vous compris que vous aussi vous vouliez écrire, que vous aviez le talent pour le faire ?
Caroline Suchodolski. J'ai commencé par écrire des poèmes il y a vingt ans, ils me sont venus je ne sais d'où. J'en ai écrit une trentaine et je me suis arrêtée. Je les ai soumis à mon père qui les a trouvé charmants, ce sont ses mots, mais je n'en ai rien fait, j'avais d'autres préoccupations à cette époque, des enfants jeunes etc…
J'ai recommencé à écrire après le décès de mon père, un petit roman pour adolescents. Une amie m'a dit : tu écris pour les adolescents parce que tu penses que tu ne peux pas écrire pour les adultes ? Je lui ai répondu : oui.
Il s'est passé encore quelques années et j'ai découvert le pays basque, cette région m'a sans doute inspirée car j'ai écrit Makhila, roman qui se passe en grande partie là-bas. J'ai mis trois ans pour l'écrire. Il a été publié l'an dernier.
Un an après j'ai écrit Cupidité en quelques mois, c'est le métier qui rentre, peut-être.
J'ai toujours voulu écrire mais je ne passais pas à l'acte, pourquoi je ne sais pas, il faudrait que je fasse une thérapie pour savoir si c'était à cause du métier de mon père. ;)
Vous avez publié ce roman d’abord sous forme d’épisodes. Vous les aviez tous écrit avant de publier le 1er ? Ou, vous les écriviez au fur et à mesure ?
J'écris le roman en entier avant de le publier sous forme d'épisodes, je ne suis pas Balzac, j'aurais trop peur de la panne en plein milieu des épisodes, j'en publie un par semaine, ça revient vite.
Ça change quoi d’écrire un récit sous forme d’épisodes ? Ça oblige à un rythme, à une chute par chapitres, à des rebondissements systématiques ?
J'écris chaque chapitre de mes romans comme si c'était un épisode, à l'image des séries télévisées, l'idée de les faire paraître sous forme de série sur mon site est venue naturellement.
Je n'ai pas publié Makhila par épisodes, parce qu'il a été édité de façon classique.
Cela oblige en effet à garder un rythme pour que le lecteur reste impatient de lire le prochain épisode durant une semaine.
Une chute par chapitre pas forcément, une attente de la suite plutôt.
Non je ne m'attache pas à des rebondissements systématiques, il faut que le récit reste naturel.
Le rythme est essentiel dans un roman, je m'attache à ne pas le perdre.
Tous les auteurs savent que la relecture est fastidieuse et qu'il arrive un moment où l'on ne voit plus rien, le rythme d'un épisode par semaine me permet de relire, corriger et peaufiner chaque chapitre/épisode séparément. Je m'enregistre aussi en les lisant pour écouter le rythme.
« Cupidité », c’est un huis-clos, l’ensemble de vos lecteurs le qualifie d’étouffant, de diabolique. D’où vous en est venu l’idée ?
Je crois que malheureusement cette histoire est universelle, un notaire un jour m'a dit : vous vous entendez bien avec vos frères et sœurs ? Si oui, c'est que vous n'avez pas encore eu de succession. Ce n'est pas mon cas, j'ai un frère et une sœur et la succession de nos parents s'est très bien passée, mais j'ai tellement entendu parlé de problèmes dans des fratries ou entre enfants et parents que je n'ai pas eu à chercher bien loin et parfois même la réalité dépasse la fiction.
Vous avez publié deux romans sur monBestSeller. Deux récits avec peu de personnages, des non dits, des mystères, des jalousies… C’est votre marque de fabrique ?
Ce qui m'intéresse dans les histoires que j'écris, c'est de comprendre pourquoi les personnages agissent ainsi, quelle est leur histoire d'enfance ? Qu'est-ce qui les a rendus tels qu'ils sont à l'âge adulte ? Je ne sais pas si c'est une marque de fabrique, mais je ne veux surtout pas m'enfermer dans un type d'histoire.
En quoi le fait d’avoir vu votre père écrire des textes courts vous influence-t-il dans la rédaction de vos romans ?
Ce qui est sûr c'est que pour l'instant en tout cas, je me sens à l'aise dans les romans courts, je n'aime pas les descriptions à n'en plus finir, j'aime lire des pavés mais pas en écrire, est-ce que c'est l'influence des chansons de mon père ou ses gênes je ne sais pas. ;)
Vos lecteurs ont salué votre récit et votre style pour le dire. Pensez-vous que le style puisse être plus important que le récit ?
Plus important, certainement pas, j'ai lu des livres mal écrits qui m'ont passionnée et des livres extrêmement bien écrits qui m'ont profondément ennuyée. Le plus important c'est l'histoire que l'on raconte et les personnages surtout, il faut pouvoir s'y attacher ou les détester c'est plutôt le cas ici.
La fin de « Cupidité » n’est pas conclusive. Vous le saviez dès le début ? Ou cette fin là s’est-elle imposée au fil des pages ?
Pas du tout, je savais dès le début comment cela finirait pour Suzy, l'action de son frère également, mais pas sous cette forme précisément. La fin d'un roman est essentielle, c'est le dernier souvenir que l'on en garde, je la travaille jusqu'au dernier moment.
Vous avez un nouveau roman en ligne de mire ?
Il est écrit, je vais le publier tout d'abord sous forme d'épisodes sur mon site, à partir du 13 septembre et ensuite sur monBestSeller. Je peux même vous donner le titre : Le manège enchanté. Inutile de vous dire qu'il ne sera pas si enchanté que cela.
Vous êtes arrivée depuis peu sur monBestSeller. Si un de vos amis auteur hésite à y publier son livre, quel conseil lui donneriez-vous pour le convaincre de vous y rejoindre ?
Je lui dirais que mon premier roman a été publié par un éditeur classique et que j'ai eu le sentiment d'avoir perdu mon bébé. Je ne contrôlais plus rien et surtout je ne savais pas qui achetait mon livre et ce que ce lecteur pensait de mon récit. Une frustration totale. Sur monBestSeller je vois combien de personnes lisent mon livre et j'ai des retours sur ce qu'ils ont éprouvé, c'est essentiel pour continuer à écrire, c'est une fenêtre ouverte sur les lecteurs. C'est tout de même mieux que crouler sous la poussière d'une étagère au fond d'une librairie et puis si les auteurs vivaient de leur écriture ça se saurait, non ?
Auteur indépendant c'est un titre qui me convient tout à fait. ;)
On dit qu’on écrit ce qu’on aime lire. Quelle lectrice êtes-vous ? Y a t-il des livres sur monBestSeller que vous avez repérés ? N’avez-vous pas eu envie de les commenter ?
Depuis que j'écris à un rythme plus élevé, je lis moins. Malheureusement je n'ai pas lu d'auteurs de monBestSeller, loin de moi l'idée qu'ils n'en valent pas la peine, ce qui serait un comble, mais je n'arrive déjà pas à lire les livres qui sont dans ma bibliothèque. Et puis j'ai un autre problème j'aime lire sur papier, je sais que je ne devrais pas le dire ici. ;)
J'aime tous les types de romans, le sujet est essentiel bien sûr, mais la façon dont il est traité est très importante et si c'est bien écrit, comme dans les récits de Romain Gary, Pierre Lemaitre ou Michel Houellebecq, pour ne citer qu'eux, au plaisir de l'histoire s'ajoute une leçon d'écriture, le bonheur.
Le mCL de monBestSeller sélectionne un livre chaque mois qui est ainsi nominé au Prix Concours de l’Auteur Indépendant que nous organisons chaque année. Des auteurs ont été repérés et édités depuis par les éditeurs invités à être membre du jury. Vous avez un commentaire sur notre démarche ?
Lorsque l'on publie sur monBestSeller, une porte s'ouvre sur les lecteurs, en créant ce prix vous nous ouvrez une porte sur le monde littéraire, l'auto édition n'est pas encore reconnue, cela viendra grâce à ce genre d'initiative. Je suis très fière d'avoir été choisie pour participer à ce concours. Merci.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Caroline Suchodolski
Sincères félicitations pour votre nomination et bonne chance pour la suite.