Bonjour @François Thimotée . Ce roman épistolaire est bien mené, et me rappelle évidemment, par sa forme, « Les liaisons dangereuses ». Sur le fond, il rend bien compte de ce que fut l’utopie des Phalanstères : la création d’une société idéale, qui se fracassa bien sûr, sur ce qu’est la nature humaine.
L’idée de ne garder que des femmes, outre qu’elle ne permet pas d’assurer la perpétuation de l’espèce, puisque nous ne sommes pas capables de parthénogénèse, n’assure pas non plus la certitude d’accéder à la société idéale, car certaines de ces dames ont, elles aussi, des volontés de puissance et de domination. Il suffit de se souvenir de ce que fut pour le Royaume-Uni la période de Margaret Thatcher, mais aussi, plus loin de nous, Indira Gandhi en Inde, Benazir Bhutto au Pakistan et Golda Meir en Israël. Elles étaient des femmes de pouvoir à forte personnalité.
On peut faire un parallèle avec « La ferme des animaux » de Georges Orwell, où la volonté de créer une société purement égalitaire (il dénonçait le communisme.) conduit presque immanquablement à une dictature.
Je pense aussi à « Ravage » de Barjavel où c’est plutôt la technologie qui aboutit, in fine, à la soumission de l’homme à ses démons que sont la volonté de puissance et le désir de domination.
« Sa majesté des mouches », merveilleux livre de William Golding s’inscrit aussi dans cette veine : on débute avec de belles idées égalitaires, et l’on fini dans un monde où c’est la loi du plus fort qui s’applique.
D’une certaine façon, mais je dirais en « filigrane », vous faites aussi référence au roman d’Italo Calvino : « Le vicomte pourfendu ». Celui-ci est coupé, de haut en bas, en deux exactement, un côté sombre et mauvais, l’autre blanc et bon. À la fin de livre, le bon côté est tellement insupportable, qu’il se fait haïr.
Vous voyez, ce court roman de 20 pages ouvre à la réflexion, et c’est ce qui fait sa qualité. Au début, on ne sait pas trop où l’on va, et puis le thème principal se précise, avec, à la fin, la seule issue qu’il était possible d’attendre si l’on fait preuve d’un peu de réalisme.
Amicalement. J2L
Publié le 20 Juillet 2019