>>Qu'est-ce qu'un livre ? C'est un début, une fin. A l'auteur de trouver l'itinéraire
Amélie Nothomb explique que, pour écrire un livre, elle part d’un début et d’une fin, et qu’ensuite elle trouve l’itinéraire.
Cet itinéraire peut, certes, ressembler à la quête d’un héros, qui parvient ou non à ses fins, ayant rencontré sur son chemin des obstacles (épreuves), des adjuvants et des opposants...
Mais ça peut-être plus… subtil.
Les grandes lignes, c’est important, c’est le squelette.
>>Ce qui fait la beauté d’un livre, c’est la manière d’apporter de la chair à ce squelette.
Mais ce qui fait la beauté d’un livre, sa singularité, ce qu’il ajoute de nouveau, c’est la façon particulière, originale, unique, dont un auteur — porteur d’une vision du monde unique, et doté d’une langue unique, forgée à partir de la langue française commune mais qu’il s’est appropriée par son travail et qu’on appelle son style, qui est comme une seconde nature pour lui — apporte de la chair à ce squelette commun à beaucoup de récits.
Ecrire un livre est certes une petite entreprise, qui nécessite une bonne gestion de l’intrigue, des peaux de banane à glisser sous les pieds du pauvre héros (car le happy end, hein, ça se mérite). Mais, ce n’est pas que ça...
>>Ecrire un livre, c’est aussi gérer la beauté et la vérité et sa vision du monde
C’est aussi la beauté des descriptions, la finesse des analyses psychologiques, le rythme de la phrase ou de la narration, la vérité des dialogues, la puissance de la vision du monde qui émane du livre, etc., qui mènent le lecteur — pas seulement sa curiosité de savoir comment le héros, malmené par son créateur sadique, va finalement atteindre son objectif.
>>Nourrir l’océan des livres inutiles
Mais cette nécessité première (que le roman raconte une histoire intéressante, avec un début, un milieu, une fin) est un moyen, pas une fin ; un moyen au service d’une sensibilité et d’une vision particulières, qui sont la signature de l’auteur, la petite égratignure qu’il fait au néant, qui le distingue de ceux qui, comme moi, écrivent au nom de leur EGO, estimant n’avoir besoin ni de lire (surtout pas les classiques !) ni de travailler, mais dont les œuvres proliférantes iront se noyer dans l’océan des livres inutiles.
Blanchet Rachid (à de minimes adaptations près)
» 4 raisons de quitter un roman