Pas de film sans scénario. Mais en avez vous eu déjà un entre les mains. En gros c’est illisible. Car ce ne sont pas des constructions littéraires, des effets de style que le scénariste propose. C’est un récit alternativement narratif et descriptif, un peu comme un texte de théâtre enrichi de commentaires et d'intentions. C’est un document indicatif pour les professionnels.
Tout d’abord, le scénariste doit avoir un déroulé de son film. Pour cela, il est indispensable d’écrire un résumé de son scénario ou un schéma narratif :
- L’idée du film :
L’idée d’un film c’est une histoire.
- La documentation liée au sujet
Par exemple, la réalité historique, sociologique, sociale, technique de l’intrigue. Elle implique les questions du décor et des accessoires, une immersion dans le sujet…
- La narration
:
C’est le déroulé de l’histoire. Elle doit être simple et directe, claire et au présent. Elle doit composer une progression avec une chute ou un dénouement. Le scénario sera lu par plusieurs corps de métiers, dont des producteurs, acteurs, régisseurs, décorateurs...
Le scénario est d’abord un outil de travail qui doit être précis pour guider les professionnels.
Acte1 : Introduire et asseoir le contexte
- Présenter des personnages dans un univers. Le but est de susciter l’intérêt du spectateur.
- Introduire les conflits, l’élément perturbateur.
20 à 25 % de la durée du film.
Acte 2 : Poser les obstacles et les épreuves
- Déterminer les arcs narratifs des personnages.
- Faire évoluer les personnages pour résoudre le problème.
- Mettre en scène les obstacles franchis ou insolubles : c’est le nœud de l’intrigue qui doit conduire jusqu’au Climax : point culminant du scénario ou la situation est à son paroxysme.
60 % de la durée du film.
Acte 3 : Résoudre et dénouer les conflits
- Montrer la confrontation ultime.
- Résoudre l’intrigue et des conflits par un dénouement heureux ou malheureux.
15 % de la durée du film.
NB : Hollywood a largement puisé dans les mythes pour les transposer. Starwars, Harry Potter, Spiderman y trouvent leurs racines
1) En tête le numéro de la scène avec précision du moment de la journée et de l’espace : Jour, nuit ou matin. On peut être plus précis : crépuscule etc…2) Le descriptif : Que se passe t’il dans la scène ?
3) A droite : nom du personnage qui prend la parole et son dialogue avec une indication (joyeux ou déprimé, triste… qui servira conseil aux acteurs).
4) Dialogue centré.
- Deux tirets pour dialogue interrompus.
- Nom des personnages principaux en majuscules.
- Parfois le scénariste peut décrire des ambiances et mêmes des intentions techniques : Cut fondu enchaîné, définition du cadre, travelling, sons (Tarentino en est friand).
- La continuité dialoguée est la suite logique du scénario. Elle se compose de scènes (en général une bonne centaine pour un long métrage) toutes résumées en un synopsis qui synthétise le sens de la scène.
- La note d’intention permet de qualifier le genre et le style de film. C’est important car l’appartenance à un genre est indispensable comme repère pour les professionnels. A moins que vious ne soyez le nouveau Rohmer.
- Faites attention à la cohérence linéaire de l'action.
- Changez de lieu pour chaque nouvelle séquence.
- Ecrivez au présent.
- Détaillez le plus possible les éléments du décor, les gestes des personnages.
- Pensez que tout doit être indiqué pour visualiser précisément les plans.
Une fois votre scénario écrit, l’étape ultime reste : note d'intention et découpage technique.
1) Rien de plus facile qu’avoir une idée. En revanche, il faut l ‘éprouver, l’écrire, la retravailler, la tester pour un but simple : savoir si c’est une vraie idée.
2) Une idée n’est pas un scénario.. Pour qu’une idée commence à vous appartenir il faut la formaliser : environnement, personnages, intrigue. En un mot : un début, un milieu, une fin…Cette formalisation est indispensable pour que l’idée devienne vôtre, voire être protégée.
3) La structure du scénario est essentielle. C’est la construction, le déroulé qui importe. Les scénarii sont si nombreux, qu’il y a de fortes chances pour que votre sujet ait déjà été traité. En revanche si formellement votre scénario respecte les passages obligés, vous forcerez le respect des professionnels.
4) Au même titre que l’écriture d’un roman, l’écriture d’un scénario doit passer par la synthèse et la simplification extrême :
- Limitation du nombre de personnage.
- Simplification des intrigues.
- Portrait.
Quelque soit le but recherché, mieux vaut faire un élagage permanent et récurrent de ce qui semble superflus. Faire simple et pur.
5) Un bon scénario est aussi un scénario personnel qui mêle votre expérience et votre ressenti à l’écriture d’une fiction.
Le filtre personnel est donc primordial car c’est ce qui en fera l’originalité.
- Penser à ce que le spectateur voit et entend et non pas ce que l’on raconte. Tout est supporté par l’image et soutenu par le dialogue.
- Quelles scènes, quel ordonnancement, quelle logique ? Et ce pour susciter des émotions.
- Penser et concevoir avec des idées de montage, d’effets, de chronologie peut être une anticipation profitable et constructive pour la conception.
- Générer une tension, un enjeu pour votre héros. Son invitation à partager son aventure est la source même de l’implication du public.
Les principes d’identification ou de projection fonctionnent sur cette logique.
Le métier de scénariste c’est aussi une capacité et une habileté à gérer une forme de vérité acceptable et acceptée par le spectateur.
- Revenir sur son travail, l’affiner. Le déconstruire pour le remonter, éliminer le superflu.
- L’écriture d’un scénario au même titre que l’écriture d’un roman est une forme de sacerdoce. Toute forme d’orgueil doit être bannie et retrousser ses manches est impérieux. Peut-être plus encore qu’un roman, un scénario est améliorable à l’infini !
Et attention, la cohérence est essentielle sii vous modifiez une scène, veillez à ce que l’ensemble du récit ne s’écroule pas. La logistique est centrale dans l’écriture d’un scénario. Il ne faut pas se retrouver avec une dernière pièce de puzzle qui n’entre pas dans le tableau
Enfin la méthodologie, qui peut paraître lourde et sembler ralentir le process est indispensable
- Prendre du temps et laisser des jours passer avant relecture.
- Consulter les avis exterieurs qui sont dansla partie ( auteurs, cinéphiles etc…).
- Se corriger, annoter, commenter. Verifier les critiques communes des lecteurs exterieurs.
Et revenir, revenir, revenir pour optimiser.
Article extrêmement intéressant et très détaillé. J’ai appris beaucoup choses . Merci à vous.
Votre article aussi simple, précis et beau montre bien comment prendre le scénario... Je veux dire que c'est très bien expliqué et très utile. Merci beaucoup et bien à vous
L'article est très intéressant. J'ai également été formée par Jean-Marie Roth et en garde aussi un excellent souvenir. Faute de pouvoir être formé à ses côtés, il a écrit un livre qu'il met souvent à jour "écrire un scénario" qui est très bien fait avec bon nombre d'exemples et d'exercices abordables.
@Wild Wolf Alpha
Malheureusement non. Je n'en ai pas le temps. Mais je peux vous recommander Monsieur Jean-Marie Roth avec lequel vous pouvez être en contact via Facebook. Il a été mon formateur en 2005 et j'en garde un très bon souvenir.
Cordialement.
Khristian
@khristian Merci Monsieur pour vos conseils ... J'ai beaucoup appris en seulement quelques lignes. Merci beaucoup.
Voulez vous êtres mon formateur ?
Pour la richesse des échanges comme vous l'aviez dit.
Merci
Ayant été formé à l'écriture de scénario, je ne peux que recommander de suivre une formation spécifique.Il en existe par internet, mais je conseillerais plutôt avec un formateur, à plusieurs à cause de la richesse des échanges.