« Un livre doit remuer des plaies, en provoquer même. Un livre doit être un danger ».
Cette phrase résonne en moi avec véhémence. Lors de l’écriture de mon premier roman, les trois cahiers, je ne souhaitais pas réveiller les douleurs familiales et surtout, le dessein de ce projet ne se voulait nullement vindicatif et régleur de comptes.
L’erreur commise fut d’avoir la prétention de réparer ma mère et ma famille. Je n’ai fait qu’appuyer là où cela faisait très mal. Nécessaire ? Certainement. Mais au moment de la mise en ligne de mon livre, je n’imaginais à aucun moment qu’il serait « découvert » par certains membres de ma famille avec qui j’étais déjà en rupture, car il ne leur était pas destiné. Et la Vie s’est chargée de déposer sur leur chemin mes écrits, révélant ainsi mes pensées les plus sincères, mais aussi mes jugements parfois rudes. J’ai semé des petites graines que je pensais inoffensives. Elles se sont révélées être des baobabs. J’ai reçu leur haine en plein visage. Les plaies que j’ai rouvertes, suintant depuis des années, ont explosé libérant la rancœur et l’amertume. Nécessaire ? Sans aucun doute.
L’ai-je regretté ? Au début, oui. J’ai culpabilisé vis-à-vis de ces fantômes que j’avais bafoués, selon mes détracteurs féroces. Puis j’ai cheminé en essayant dans un premier temps de me pardonner. Le pardon apaise. Le pardon soigne. Le pardon guérit. Et j’ai pu enfin leur pardonner aussi.
Mais mon livre a été sali. J’ai eu le sentiment que mon intention n’avait pas été comprise. Je l’ai alors condamné à errer au fond d’une mémoire virtuelle.
Aurais-je un jour le courage de lui rendre la lumière pour qu’il reçoive l’amour et non la colère ? Le chemin n’est pas fini. La Vie me guide vers la sérénité si difficile parfois à atteindre. Elle m’enseigne aussi au travers de ces événements violents et cruels parfois à être humble et à reconnaître mes torts.
Je n’écrirai plus jamais un seul mot sur ma famille. C’est ma certitude. La leçon comprise, j’ose juste espérer écrire à nouveau, tout simplement...
Nathalie Maulet
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
@Hubert LETIERS
Je comprends votre point de vue. J’avoue ne m’etre posée aucune question au moment de l’écriture de mon livre. La seule chose qui me hantait, et ce depuis mon enfance, était de pouvoir réparer ma mère qui avait souffert toute sa vie d’un destin particulier. On parle d’heritage Transgerationnel. Il s’agissait de cela. J’avais vu et entendu ma mère souffrir une grande partie de ma vie à ses côtés. Alors, maladroitement’ j’ai imaginé une autre histoire que la sienne ou du moins une fin. Je me suis autorisée une liberté d’ecriture mêlant la réalité et la fiction, sans penser aux conséquences. Puis, l’inspiration comme compagne, j’ai continué sur la lancée avec ma fratrie que j’ai voulu aussi réconcilier. Un désir passé sous silence. Un espoir aussi. Aïe ! Le réveil fut douloureux mais eut au moins le mérite de mettre fin à tout rêve d’une famille retrouvée.
Alors oui, je ne saurais conseiller que prudence quand il s’agit d’exprimer les sentiments familiaux. Mais ce qui doit être fait, écrit ou dit, se fait, s’ecrit, se dit... amicalement.
@Thalia Remmil
Je vous remercie Thalia de partager votre expérience qui ressemble à la mienne. Oui, c’est difficile de subir la foudre familiale, d’une fratrie me concernant. On se sent incompris et rejetté mais cela permet aussi de prendre sa place. Pour ma part, c’est le cas. Je crois également en une force de vie supérieure qui nous mène là où nous devons être. Elle nous permet d’experimenter pour apprendre. Alors j’apprends beaucoup ! La violence de cette histoire m’a menée vers une introspection riche qui bien sûr m’aide aujourd’hui à pardonner. Je suis convaincue que le hasard n’existe pas. J’ai écrit pour le bien de tous. Ils ne le savent pas... chacun son rythme et je leur souhaite d’emprunter le chemin spirituel qui les rendra aussi heureux que je le suis.
@lamish
Merci pour votre gentil commentaire. Je ne baisse pas les bras. Juste une pause dans ma prose ! Cette histoire intime a besoin de temps pour être totalement cicatrisée. Mais la lumière brille bien plus fort depuis. Bien sûr, les mots que j’ai reçus en retour planent encore un peu au dessus de ma tête les matins chagrins. Mais je ne regrette en rien mes écrits. Cette fracture familiale devait avoir lieu d’une manière ou d’une autre. Je comprends votre propos et l’experience que vous partagez. le silence de nos proches est parfois aussi violent que les paroles. À très bientôt, je l’espere.
@Catarina Viti
Je vous remercie sincèrement pour ce que vous m’avez écrit. L’exactitude de vos propos me touchent. Vous mettez exactement le doigt sur mes ressentis. J’ose espérer que vous dites vrai. Le temps fera son œuvre, sans aucun doute. Il est salvateur. J’ai réveillé une haine que je n’imaginais pas alors que mon intention n’etait qu’amour, comme vous l’avez souligné. Ainsi va la vie. Ainsi va la mort. Celle d’une famille complexe et en souffrance mais quelle famille ne l’est pas ! Merci encore.
Je vous remercie sincèrement pour vos commentaires. Pour répondre à certains, il ne s'agit pas du livre en ligne actuellement "Ils se marièrent et vécurent...", n'étant qu'un pur roman léger et totalement fictif. "Les 3 cahiers", comme expliqué, a été retiré. J'ai désormais besoin de temps pour cheminer et peut-être lui redonner vie. Mais à ce jour, j'invoque l'Univers pour que mon inspiration me soit rendue ! Les idées s'entrechoquent sans pour autant se poser et s'imposer. Alors j'attends. J'attends ce jour merveilleux qui me permettra, à nouveau, d'entendre les mots chanter dans ma tête, mes doigts pianoter à toute allure sur le clavier, arpenter les sentiers au petit matin accompagnée par des flots de phrases que je m'empresserai de retranscrire. J'ai hâte ! Je me languis de ce moment, même si pour retrouver ce plaisir intime, la plaie doit être cicatrisée, alors, je patiente...
Peut-être écrirez-vous encore à propos de cette famille, de cette histoire qui est la vôtre, mais d'une autre façon, depuis un point de vue entièrement différent. Plus haut. On prend toujours un risque immense à descendre dans les souterrains du passé. De prime abord, on se dit que le risque est personnel (que vais-je découvrir? qui vais-je rencontrer? vais-je encore éprouver la même souffrance? etc.) mais l'on pense être assez fort pour faire face à ces fantômes et puis, surtout, on se dit qu'on le fait au nom du vrai, du juste, du bien ou de l'amour ou que sais-je encore. Ce qu'on ne savait pas, c'est que là-dessous, là-bas ceux qui nous attendent sont bien réels et l'on s'attend à tout, sauf à cette phrase "Mais qu'est-ce que tu racontes, espèce de c...sse ?" qui évolue en "Ferme ta sale gueule, s...e ! Arrête tes délires. Arrête de nous salir". N'est-ce pas cela, Nathalie ? Ce déni, cette violence inouïe qui déchire de part en part. On a réveillé la haine alors qu'on était à la recherche de l'amour, de la réconciliation. Vous savez ce que je parie ? Dans cet endroit sans pitié où l'on vous a jetée comme une chose sale et hideuse, vous allez vous transformer. Cela prendra des mois, des années peut-être mais vous en reviendrez. Vous en reviendrez avec une nouvelle histoire, démystifiée, éclatante de cruauté, belle et terrible. Merci pour votre contribution.
PS: j'ai mis des points de suspension dans les gros mots. Après réflexion...
@Lisa DJ je suis d'accord avec vous, je pense qu'il est très compliqué pour les proches de lire nos écrits car c'est effectivement une mise à nu cependant, je suis aussi d'accord avec lamish, il est pour moi plus sain et salvateur de ne pas faire l'autruche. Belle journée. Thalia
@lamish Tu me poses là un cas de conscience. Lorsque l'on a pas réussi à régler ses comptes quand nos parents ou responsables de nos traumas étaient vivants, (ou qu'on a tenté de le faire mais qu'ils se sont planqués dans un total déni), si on écrit son autobiographie alors qu'ils sont morts et donc qu'ils n'ont plus de droit de réponse, comment se positionner alors ?
Thalia
@lamish
@Nathalie M.
Chère Lamish, pour avoir une mère écrivain... il ya peut être quelque chose que vous ne soupçonnez pas : Lire un très proche est quelque chose de très difficile. Sans être un viol, c'est une mise à nu . Un peu comme si l'on était responsable aussi des écrits de ce proche.
chère Nathalie, comme je me retrouve bien dans ce que vous dites ! Il est rare que nos intentions soient comprises surtout lorsque l'on s'attaque à un sujet aussi épineux que la famille, et bien souvent nos parents ! Le pire dans tout ça, c'est que l'on se retrouve à culpabiliser alors que les autres nous ont bafoués. Dans mon cas, on m'a rétorqué que de remuer la merde sentait mauvais. J'en souris aujourd'hui mais à l'époque, j'en pleurais. Personnellement, je crois en la justice divine, alors je la laisse faire. Et le pardon (principalement celui que je me suis accordée) m'a également permis d'aller au plus près de ma résilience. Merci pour cette tribune. Thalia