Pour Hubert Letiers : le polar peut aussi être de la grande littérature Mais en dépit de cela, pourquoi n’aurais-je pas la fibre romantique ? En y regardant de plus près, ne trouvez-vous pas que les thèmes principaux des polars et thrillers sont parfois très proches de ceux qui obsèdent les romanciers classiques : la disparition, la perte d’identité, l’amnésie, le retour vers un passé énigmatique ?... Les crimes ne sont-ils pas souvent le résultat d’une identité perdue ou volée ?
« Le polar est un virus qui gangrène les citadelles littéraires les plus respectables ! »
« Le polar est un virus qui gangrène les citadelles littéraires les plus respectables ! » m’a un jour taclé une élégante lettrée du haut de sa condescendance. Il s’agissait d’une ex-enseignante, la soixantaine au coin de la rue, en quête d’une biographie bien précise de Talleyrand. La scène se passait un samedi midi, devant une cathédrale de linéaires encombrés de livres, au sein d’un magasin Cultura où je peaufinais mon « personal branding » lors d’une séance de dédicace.
Logique de classement du magasin oblige, pour accéder à l’hagiographie de ce caméléon politique qui restera une énigme pour la postérité, il fallait que la dame passe par ma pomme. L’unique exemplaire disponible de cette biographie de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord était en effet entre mes mains depuis vingt minutes !... Eh oui, dans une dédicace, il y a des moments où l’on s’emmerde autant qu’une méduse en plein Sahara. Mais heureusement, chez Cultura, il y a de quoi satisfaire les plus éclectiques envies de lecture.
Immergé dans cette singulière biographie écrite par Emmanuel de Waresquiel, il m’a alors fallu quelques secondes pour réaliser qu’une prétorienne de l’éducation nationale me toisait comme on toiserait un rat de laboratoire surlignant au Stabilo les versets d’une relique… ce que j’étais indéniablement en train de faire ! J’ai alors levé mon regard pour croiser celui d’une femme courroucée par l’irréversible sacrilège papetier auquel je me livrais. Elle s’appelait Inès et avait dans l’expression ce je-ne-sais-quoi annonçant ma mise à l’épreuve imminente.
Elle était pressée sans vraie raison de l’être. Moi je ne l’étais pas et j’avais faim, mais pas au point d’ingurgiter son réquisitoire contre ma profanation d’une biographie en rupture de stock. S’en suivit un déjeuner entre le polardeux inculte et la fervente érudite. Deux heures de joute entre un désespérant pragmatique et une impénitente romantique devant l’éternel…
« le roman policier induit un réalisme et un naturalisme qui ne laissent pas de place à une quelconque fluidité de la rêverie..."
De Flaubert à Eugène Sue en passant par Victor Hugo et Balzac, via Fred Vargas, John Grisham, Qiu Xiaolong et Murakami, sans oublier Jorge Luis Borges… Elle et moi, Chardonnay millésimé à l’appui, sommes finalement convenus que le polar pouvait être considéré tantôt comme l’héritier direct des feuilletons romanesques du XIXesiècle, tantôt comme le légataire des dialogues philosophiques de Platon, et qu’à ces titres, le polar est une réelle composante de la littérature contemporaine… même si, comme l’a écrit Patrick Modiano, « le roman policier induit un réalisme et un naturalisme qui ne laissent pas de place à une quelconque fluidité de la rêverie…/… Il faut être un peu terre à terre, ou didactique, afin que les pièces du puzzle s’emboîtent ».
En fin de compte, j’ai compris qu’elle était devenue réfractaire au genre parce que, dans ses innombrables lectures, elle était toujours à la recherche de la musicalité des textes. Et question polar, j’avoue avoir eu du mal à lui citer de récents ouvrages faisant référence en la matière. Soit le style a du groove, mais l’intrigue est éculée et fade, soit le scénario est à haut potentiel, mais la partition reste terne et met tout le suspense en basse tension. Sans parler des légions de polars qui rivalisent de trash dans la surécriture, leurs auteurs espérant peut-être ainsi gommer des incohérences outrancières.
L’Histoire - oui, celle avec un grand H- n’est-elle pas la chrysalide de tous les polars ?
Mais pour qui sait faire le tri, l’Histoire - oui, celle avec un grand H- n’est-elle pas la chrysalide de tous les polars ? Les polars ne sont-ils pas le miroir de sociétés malades ? Les talentueux auteurs(e)s du genre ne dressent-ils pas une édifiante ethnographie de celles-ci ? Et cette ethnographie, si fictionnelle qu’elle puisse paraître à certains, n’éclaire-t-elle pas néanmoins le véritable terrain d’entente entre Pouvoir et voyous demi-sel ou à col blanc, un terrain où, par institutions judiciaires interposées, les relations frôlent bien souvent l’inceste ?
Mais alors, serait-ce parce que le polar est par nature la littérature d’une crise qu’il faudrait lui trouver « mauvais genre » ?
Pourquoi bannir la vitalité qu’offrent ces romans du réel ? Pourquoi nier leurs esquisses de réflexion sur la barbarie d’une société amnésique à l’Histoire ?
Ah ! je vois… Vous n’aimez pas qu’un livre évoque ce que vous détestez le plus, à savoir que les trahisons sont la clé de la plupart des réussites, sociales autant qu’asociales ? Reconnaissez au moins que, grâce à cette littérature de terrain, vous n’oublierez plus que la justesse d’une cause n’empêche jamais la bassesse des comportements chez ceux qui la portent. Ne serait-ce pas un peu salutaire ?
Polars et thrillers ne s’inscrivent-ils donc pas pleinement dans notre époque et le foisonnement de nos vies, lesquelles restent le plus formidable matériau fictionnel ?
"Je ne comprends profondément la réalité qu’en écrivant des fictions policières..."
« Pourquoi n’écrivez-vous que des polars ? » m’a-t-elle demandé, entre deux cuillerées de Sabayon aux fraises et Grand Marnier. Parce que je ne comprends profondément la réalité qu’en écrivant des fictions policières. Peut-être un peu aussi par la liberté qu’elles m’offrent d’y rédiger les faire-part de tous ceux qui m’emmerdent, sans le souci d’éventuelles contraintes judiciaires… quoique…
Inès m’a promis de faire un pèlerinage dans mon monde. Je lui ai dédicacé mes deux polars et, avec un sourire contrit, lui ai aussi offert la biographie de Talleyrand déjà annotée sur plusieurs chapitres. Nous nous sommes quittés vers quinze heures, après avoir échangé nos coordonnées, sans toutefois préciser d’horizon pour un nouveau duel à mots réels. Le lendemain, deux officiers de police judiciaire forçaient ma porte et me signifiaient ma mise en garde à vue immédiate.
Alors qu’elle était en train de lire ma prose dédicacée, l’ex-enseignante en Droit pénal s’était écroulée morte la veille au soir dans le TGV qui la ramenait à Paris. Une heure plus tard, le SRPJ de Nice me collait sous les yeux une photo de ce que l’administration judiciaire avait déjà baptisé scène de crime par éditeur interposé. Le cliché montrait ma première de couverture barrée d’une épigraphe écrite par la victime : « Auteur certifié subversif et psychopathe confirmé. Fiché S ».
Désolé, je vous abandonne. Je peine à écrire avec les mains menottées… et vous aussi avez certainement un train à prendre. Mais rassurez-vous, monBestSeller m’a déjà commis d’office un ténor du barreau et grand exégète des littératures de l’asphalte. Insomniaque à la conscience tranquille ou pas, chacun court vers ses assises, finalement.
Mais au fait… les polars, pour vous… Quoi t’est-ce ?
Conseil : relisez ce billet en regardant et écoutant ce lien (Danish National Symphony Orchestra). Preuve en est qu’une belle mélodie romantise l’abject, non ?
[1]La formule est de l’écrivain et cinéaste Jean-Patrick Manchette
Nous rendons hommage à Hubert Létiers : un auteur que nous avons aimé
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UN BON POLAR DOIT ÊTRE, AVANT TOUT, UNE AVENTURE. Une aventure pour son auteur mais aussi, et surtout, pour son lecteur. Photo, peinture ou musique peuvent toujours être flanquées d’un message sous-jacent — certains artistes s’y emploient d’ailleurs avec brio — mais ce n’est pas mon propos. Je ne suis pas écrivain. Louis-René des Forêts est écrivain. Je suis auteur. Auteur de quoi ? Polar d'aventure ou thriller d'espionnage, un genre hybride, quoi.
À ce titre, ma principale prétention est de DIVERTIR le lecteur. Lui conter une histoire captivante, rocambolesque, le faire voyager, rêver, s’évader de son quotidien, l’emmener visiter des contrées lointaines, des endroits prestigieux peuplés de personnages fascinants, attachants, paradoxaux, avec lesquels il va partager un maelström d’émotions intenses, portées par la bonne dose de mystère et de suspense sous-jacents. Du pur divertissement, quoi. Après tout, c’est exactement ce qu’il recherche, non ?
Cependant, afin d’éviter l’inconsistance du récit, je m’attache à l’asseoir sur une véracité tout à la fois historique, géographique et scientifique, assortie d’une parfaite vraisemblance géopolitique. C'est cela, le travail d'auteur. Si le lecteur prend place à bord, il s’attend à un vol en première classe, alors autant lui éviter un séjour dans la soute. Toutes les descriptions de lieux sont donc avérées, ne serait-ce que pour lui épargner l’impression qu’on se fout de sa gueule.
Voilà pourquoi écrire une aventure digne de ce nom demande une extrême rigueur. Rigueur dans les recherches, d’abord, puis le rythme et la structure de la narration, la cohérence de l’intrigue, la profondeur des personnages, le souci du dialogue ciselé. Autant de critères sur lesquels je bosse durement afin que cette histoire n'appartienne plus qu'au lecteur.
En revanche, je refuse de me cantonner aux clichés soûlants que le polar décline à outrance : le prétexte de l'enquête pure, l'enquêteur alcoolique et monolithique, la sacro-sainte disparition, l'amnésie, la forêt obscure, l'île perdue, le serial killer versé dans le dépeçage de prostituées... Bon sang, ne vivons-nous pas dans un monde suffisamment torturé qu’il plaise à certains d’en remettre une couche ? Franck, Maxime, JC, merde à la fin ! Non, dans mon souci principal de divertissement, je n’accorde pas le moindre intérêt à explorer le « Mal absolu », la « noirceur de l’âme humaine » ou les « confins de la souffrance » comme le tartinent trop de quatrièmes de couverture affligeantes. Le voilà, le problème actuel : le polar se change systématiquement en thriller gore, tout cela n’est que de la publicité faite à la torture ou au meurtre. Pas mon propos, non plus. À mon sens, l’aventure prévaut. Avec un grand A. Et pour réussir à conquérir le lecteur au point qu’il en oublie son café sur l’accoudoir, nul besoin que la planète soit anéantie, que des enfants disparaissent dans de sombres vallées ou qu’un déglingo dissèque des pauvres filles durant cinq cents pages.
Alors, le bon vieux polar ok, mais il y a le style. J'ai bien essayé de lire Simenon, Vargas, Izzo et autres auteurs d'une époque où je ne pensais qu'à taper dans un ballon, impossible : je m'ennuie ! Quant aux Dumas et consorts, n'en parlons pas. Biberonné aux séries télé (lesquelles ont incroyablement progressé depuis quelques années en terme de scénario et de profondeur des personnages), j'ai besoin de rythme, de punch, de cliffhanger et de page-turner, bref une narration moderne portée par des personnages actuels. Alors, c'est pas simple, mais je m'y emploie. Ma recette : éloigner mon protagoniste de l'enquête pure en lui faisant faire des choix qui vont le forcer à évoluer.
Ne trouvez-vous pas que le polar a bien besoin de se renouveler, afin que l'intérêt du lecteur ne refroidisse pas plus vite que son café ?
https://www.monbestseller.com/manuscrit/13883-sommeil-noir
@monBestSeller, @Hubert LETIERS, @Mélanie Talcott, @bernadetteL, @nasnas, @leonard zelt, @Alice Quinn, @Filippo Fuchs, @Kiran Syrova
Je vous signale l'existence d'un excellentissime Blog mené par un auteur de polars : Alexandre Clément http://alexandreclement.eklablog.com
Bonsoir @Boris Phillips,
Je vous remercie de me citer par ici, vous trouverez plus bas mon impression à ce niveau. Enfin, plutôt, mon sentiment envers le polar et ses dérivés. Je note soigneusement vos propositions et m'y plongerais avec plaisir lorsque j'aurai terminé mon roman :) Comme je n'en ai jamais lu, je préfère ne pas me laisser influencer par le genre :D
@monBestSeller, @Hubert LETIERS, @Mélanie Talcott, @bernadetteL, @Catarina Viti, @FANNY DUMOND, @nasnas, @leonard zelt, @Alice Quinn, @Filippo Fuchs, @Kiran Syrova;
Bonjour à toutes et tous et en espérant n'avoir oublié personne... ainsi qu'à toutes celles et ceux qui voudraient partager leur opinion sur ce sujet.
Le roman policier littérature ferroviaire ou d’insomniaque, j’aurais assez tendance – de prime abord – à me poser en accord avec cette assertion, si abrupte qu’elle puisse sembler.
Il faut dire qu’en mon – lointain – temps d’étudiant, c’est principalement en traversant Paname par le dur souterrain pour me rendre à la fac où dans les moments lors desquels Morphée se faisait la malle que je m’en suis tapé une sacrée fichue palanquée… seulement, à l’époque, je le faisais sans aucun discernement. Il m’arrivait de m’appuyer du Albert Simonin pur et dur où l’on jaspine, page après page, le jar coutumier à Messieurs les Hommes. Pour Dashiell Hammett ou Raymond Chandler, j’eus le commode prétexte d’unités de valeur optionnelles en traduction anglaise pour me les envoyer "dans le texte"… ben oui, on ne peut pas tout le temps se contenter de la langue de Shakespeare épurée telle qu’elle était employée par William Somerset Maugham, même si le cycle « Ashenden, or the British Agent » peut être rapproché du polar. Dans les moments de grande vape intellectuelle, je n’hésitais pas à me cogner, en série, des Carter Brown écrits à la chaîne et traduits en français avec des titres racoleurs.
Soyons franc du collier, cette littérature, j’y ai pris franchement goût dès cette période de mon existence et, mes lectures dans ce domaine dépassèrent rapidement le cadre du passe-temps dans les transports ou des veilles imposées par un sommeil aléatoire. Par exemple, le côté interlope de l’univers dans lequel évoluent les protagonistes de Hammett ne m’avait pas échappé ni, d’ailleurs, leurs déviances ouvertement décrites ; par la suite, le cruel et ambigu Tom Ripley, créature de Patricia Highsmith, devint un des mes "héros de chevet".
Ce penchant a perduré et pris de l’ampleur. Nombre d’auteurs français intégrèrent ainsi "le rayonnage noir" de ma bibliothèque – je vous les cite dans le plus grand désordre chronologique et sans souci d’être exhaustif – : Manchette ; Marie et Joseph ; Éric Kristy ; Joseph Bialot ; Hervé Jaouen ; A.D.G. ; Jean-Claude Izzo ; Jean Vautrin ; José Giovanni ; Frémion ; Jacques Risser ; Julius A. Lion ; Pierre Siniac ; Auguste Le Breton ; Hervé Le Corre… avec tous les contenus de critique sociétale, de délire, de psychosociologie criminelle, de violence, et parfois de poésie développés dans leurs œuvres.
Maintenant – alors que je suis un quasi croulant – c’est avec délice que je me plonge dans les intrigues pétries d'histoire, de légendes, d'humour comme d'élégie, de dialogues prêtant une attention extrême aux personnages et déroulements d'actions secondaires distillées par Fred Vargas. Puisque nous en sommes aux "contemporains", je me permets d'attirer votre attention sur les deux opus de René W. Milly « Mémoire et homicides » ainsi que « Leblond, la pute et l'homme enfant » ; l'auteur se définit comme "artisan en polars déjantés"... c'est tout un programme et je peux vous assurer qu'il est tenu !
Juste un dernier point avant de clore : j'en ai, un peu, tâté du "roman noir" à l'occasion d'un feuilleton radiophonique qui fut diffusé quotidiennement – du lundi au vendredi – à 18 heures sur les ondes de RCF 41 entre mars et mai 2015 ; il s'agissait d'une réécriture en argomuche de « Madame Bovary ». Ma « Emma la Rousse » chassait dans un mitan peuplé de harengs, de hotus, de michés, de mectons plus ou moins marrons en des lieux allant du ruban de l’asphalte aux clandés en passant par des garnos pleins de gourances sur ses illuses... le tout sur des rythmes de tango ; une vraie musique de marlous, issue des bas-fonds de Buenos-Aires.
Cordialement et avec humour.
Philippe.
Pour ma modeste part, je suis entré dans le roman noir en compagnie de Chester Himes et de ses fameux inspecteurs de police désabusés de Harlem, Coffin Ed Johnson (Ed Cercueil Johnson en français) et Grave Digger Jones (Fossoyeur Jones). Il y avait pires guides pour aller à la rencontre d'un genre, où j'allais par la suite découvrir tant et tant de merveilles.
Bonsoir @Hubert LETIERS,
Je vous remercie pour votre réponse :) Vos idées rejoignent les miennes. Bien qu'il me fut reproché le manque de sexe de mon récit, je n'en ai pas mis. Il y a bien des passages plus noirs et plus sombres, notamment le premier chapitre, mais l'hémoglobine n'est pas mon péché mignon. Je préfère travailler mes personnages et l'enquête en parallèle.D'ailleurs, j'ignore si cela se fait, mais l'enquête du commencement n'est pas celle qui alimentera le récit. Cette dernière est là pour poser le cadre, l'ambiance. Je n'ai pas envie de mentir à mes lecteurs, mon roman n'est pas tendre. Mes personnages ont des faiblesses et des blessures et c'est sûrement ce qui me plaît le plus.
Je vous remercie pour vos conseils. N'en douter pas, même si je désire que mon roman plaise, je l'écris avant tout pour moi-même. Je prends plaisir à côtoyer ma nécromante, à rire du malheur de Diegory ou m'arracher les cheveux avec Louis. Ce personnage est un vrai démon. Il ne m'obéit pas. Qu'importe comment je mets en scène son entrée, ce têtu me toise et ne vient pas.
J'espère parvenir à surprendre les lecteurs qui pénétreront dans son univers et n'oublierais pas vos mots. Merci beaucoup :)
Passez une agréable soirée.
-
Bonsoir @Catarina Viti,
Au plaisir de vous accueillir dans mon monde. Les portes vous sont grandes ouvertes :)
Merci de votre réponse @Kiran Syrova. Elle me plaît et me donne envie de connaître vos écrits ! Je laisserai toutefois Hubert, l'auteur de cet article, vous répondre. (il y a un petit bug momentané et en cours de réparation dans le système, c'est la raison pour laquelle vous n'avez pas été notifié.) A très bientôt
Bonjour @Catarina Viti,
Je vous remercie de m'avoir cité par ici. Je vous aurais répondu plus tôt avec plaisir, mais je n'ai pas été notifié.
Pour être honnête, j'ignore dans quelle catégorie se range mon roman en cours d'écriture. Tantôt, je le rangeais dans le thriller policier, tantôt dans le thriller psychologique et encore plus tard, dans le roman noir.
Je suppose que cela semble déconcertant annoncé de cette façon. Néanmoins, comme je l'indique dans un de mes commentaires au sein de mon œuvre, c'est la première fois que je m'aventure dans cette contrée. Je n'ai, jusqu'à ce jour, jamais parcouru de roman policier, polar, thriller, et sous-catégories, tout comme je n'en ai jamais écrit.
Comme dirait une personne que j'affectionne, je suis un cuisiner qui invente sa propre recette là où d'autres suivent une recette. Il est possible que je fasse fausse route, que je me leurre ou fasse erreur. Là n'est pas tant un problème, car qu'importe la catégorie où il se trouve, j'espère donner envie à la personne qui lit mes mots d'en découvrir toujours plus.
Pour ma part, un roman à suspense n'est pas différent d'un autre, dans l'optique que chaque récit doit être en mesure de captiver son lecteur, de l'emporter dans son univers, de lui faire passer un bon moment et de lui donner envie d'y retourner dès qu'il a un moment libre.
Je rêve d'être en mesure d'y parvenir et je mettrais tout en œuvre pour que Murmures dans la brume puisse déployer ses ailes et emporter tous ceux qui croiront en lui vers ses contrées. Mon style d'écriture est simple, je me laisse porter par les mots et prie pour ne pas tomber dans la surenchère citée dans cet article. Mes personnages sont probablement le point fort de mon roman, ou plutôt, le point auquel j'accorde un soin tout particulier. J'ai toujours eu en horreur les romans où les personnages n'étaient que des pions sans vie déplacés sur un échiquier pour atteindre la reine.
À mes yeux, un roman policier côtoie la noirceur du monde, celle que l'on refuse parfois de voir et qu'on préfère omettre. Il n'a pas l'aisance d'un roman fantasy/fantastique qui parviendrait à sublimer l'horreur d'une situation grâce à ses descriptions et son univers imaginaire. De ce fait, il est fort probable qu'il passe au second plan pour les rêveurs d'aujourd'hui. Lorsque j'ai commencé la rédaction de murmure dans la brume, j'ai lancé une discussion sur un forum d'écriture afin de savoir pourquoi le genre n'était plus/pas apprécié.
Plusieurs ont reproché qu'il n'y avait plus que ça dans les étalages et donc, qu'ils avaient l'impression de lire et relire la même chose en continu.
D'autres considèrent que le fantastique et la fatasy leur permettre de s'évader du monde d'aujourd'hui.
D'autres en ont marre d'avoir le même schéma littéraire : un vieux flic devenu alcoolique accompagné d'un bleu ou d'une femme fatale. Les meurtriers sadiques qui laissent des indices pour être retrouvés par la police. Les intrigues trop simples et les personnages calqués des séries télévisées.
Évidemment, ce genre de listes pourrait s'appliquer à toutes les catégories littéraires.
Enfin, je vous prie de m'excuser, je réalise que je ne réponds pas vraiment à la question. Navré.
Passez une bonne journée
Et je ne résiste pas à l'envie de rajouter à la liste de @Filippo-Fuchs:
Donald Weslake, (Dortmunder)
Lisa Cody (Tête de noix)
James Ellroy
Et j'ai adoré cette autrice étonnante que je viens de découvrir :
Poppy Z. Brite (Alcool)
C'est enivrant, quand on commence on ne s'arrête plus...
Un article jubilatoire qui tente de réhabiliter un genre qui cependant n'en a pas besoin, car il se passe de toute assimilation...
Au passage, je trouve que Simenon est l'héritier naturel de Maupassant, un maître dans l'usage de l'écriture avec une économie de mots...
Les frontières entre blanche et noire sont parfois bien poreuses. Et "La petite Roque" n'est-elle pas une lancinante nouvelle policière?
Parler aujourd'hui du polar sous ce terme (lancé par Jean-Patrick Manchette, si je ne m'abuse) ne veut plus dire grand-chose. Le genre s'est tellement diversifié et bénéficie d'une telle vitalité qu'il faudrait trouver d'autres mots pour définir (si tant est qu'il en est besoin) chaque domaine où il brille. A un lecteur non averti, je conseillerai d'aller traîner ses patins du côté des éditions Rivages/Rivages Noir, qui ne publient que des textes d'une très haute tenue. C'est d'ailleurs là qu'on trouve, côté français, Hervé Le Corre et, côté américain, James Lee Burke, deux auteurs que je tiens pour des écrivains d'importance (et je ne parle même pas d'Ellroy, de Lehanne, de Pagan, d'Hillerman, de Thompson, d'Oppel, de Westlake - halte au name dropping !!!).
@nasnas. Je partage votre enthousiasme pour Van Gulik, éminent sinologue et auteur d'un classique : "La vie sexuelle dans la Chine ancienne".
Les enquêtes du juge Ti : la période Tang (650-700), comme si vous y étiez. Retranscrite dans le moindre détail et sans aucune lourdeur académique; un univers extraordinaire mis à notre portée, la découverte de la Chine ancienne, de ses rouages administratifs, de son fonctionnement interne, sa culture sans oublier son colossal savoir médical distillé à travers les observations du juge Ti, à la fois enquêteur, représentant de la loi et médecin légiste.
Je vais m'intéresser de près aux autres œuvres que vous mentionnez et dont j'ignore tout. Merci @nasnas
Déjà, parler de littérature blanche pour du roman noir, je trouve l’oxymore pas si assassine ! On voit que par effet de manchette, l’auteur catche mieux son style que le ferait un boxeur n’en déplaise au grand Sherlock.
Tout ça pour dire que sans être un grand puriste du polar, il m’arrive souvent de prendre du plaisir avec. Surtout quand il titille mon intérêt. Pour ne pas faire doublon sur les romans français déjà cités. Je signalerais surtout les auteurs étrangers. Il y a la collection 10/18 avec ses grands détectives. Mon auteur de prédilection c’est Van Gulik avec son juge Ti pour détective. Ses histoires se déroulent sous la dynastie des Tang dans l’empire chinois. Mais, si on s’intéresse à une histoire plus contemporaine de la chine, je vous recommande de lire l’auteur écossais Peter May. Il a écrit chez Babelio( rouge et noir) une série de meurtres en 6 tomes qui n’a rien à envier au grand sinologue déjà cité. Il existe également, une très belle trilogie écrite sur « l’homme de Lewis ». Sorte de polar qui se démarque par son ambiance très particulière. Sombre, brumeuse et tourmentée comme elle se passe sur son ile.
Enfin, je terminerai avec deux titres essentiels de l’espagnol Arturo Perez-Reverte. Avec « le tableau du peintre flamand » et son « club Dumas ». Où l’intrigue tisse des rapports étroits avec l’art. Ce qui n’est pas pour me déplaire.
Bon, tout ça reste un échantillon bien sûr. Il y a tellement à dire et à lire…
Et vous
@Eric Leduc, @Paul F. Husson, @Sandrine Choisy, @Paulo. T, @G.E. Froideval, @Kiran Syrova, @Cyrille Thiers, @MALZIEU, @Olivier Nicolas, @Paul D. dit Doumer, @Erman Carini, @Balthazar Tropp, @Jean-Nicolas AURANGE, @Delphine ROBIN, @Boissié-Dubus Bernadette, @rosmenil, @James Ballyhoo, @Max Dougall, @Christian Feron, @Thomas LAMBERT, @Gérard Zamioune, @jean beghin, @Nathalie M, @Patrick Ferrer
Nos "coups de cœur" Suspense,
et tous les autres auteurs de la catégorie, bien trop nombreux pour être tous cités ici,
aimeriez-vous nous dire ce que représente pour vous ce genre littéraire ?
Il y a certainement des lecteurs (j'en fais partie) qui ne demandent qu'à être motivés et aiguillés vers de prochaines lectures.
(Si cela dérange certains d'entre vous, d'être cités, merci de me le faire savoir de façon à ce que je puisse retirer votre nom de ce poste.)
Une situation hors cadre, ceux qui veulent la garder dans l'ombre, ceux qui veulent la mettre en lumière. Pour le reste, une seule règle : todo modo (para buscar la voluntad divina). Donc de l'action, des impasses, des rebondissements, ce qui pourrait définir le "noir" comme une immense zone d'inconfort aux fins rarement heureuses.
Voilà quoi t'est-ce, pour moi, les polars..
Le polar made in Letiers est une enquête, résultat d'un véritable travail de journaliste, de la compilation de centaines d'articles, d'interview d'un maximum d'acteurs. Bref, un véritable travail de limier littéraire.
Le polar serait donc une façon de raconter l'Histoire, et les histoires sombres des "microbes de Dieu", une espèce de combat entre le bien et le mal, sachant que ce qui est le bien des uns est le mal des autres et lycée de Versailles. Une histoire sans fin, mettant en scène les névroses de la société.
Merci d'avoir écrit cet article, Hubert. Je vais relire Sciascia (Todo Modo) pour commencer.
Et ne serait-il pas utile d'assortir ton article d'une biographie (comme nous en écrivait Bruna pour nos "Classiques et moi")? Une PAL, en quelques sortes.
J'apprécie ce genre de réflexion. Et je suis d'accord sur la richesse du monde qu'explore les romans policiers. Du polar, au roman noir, au thriller. De la qualité d'écriture d'Agatha Christie, aux vérités de Simenon, au réalisme des romans noirs(à valeur historique), au suspense de folie de Stephen king... Un couvercle commun pour une galaxie de genres et de talents.
Le polar ? Lorsqu'il est traité magistralement, et comme le dit Hubert Letiers qu'il " évoque ce que vous détestez le plus, à savoir que les trahisons sont la clé de la plupart des réussites, sociales autant qu’asociales ? Reconnaissez au moins que, grâce à cette littérature de terrain, vous n’oublierez plus que la justesse d’une cause n’empêche jamais la bassesse des comportements chez ceux qui la portent. Ne serait-ce pas un peu salutaire ?" est un genre fabuleux en ce qu'il offre la possibilité de dire "haut et fort" ce que par hypocrisie, on planque lamentablement sous nos tapis d'hypocrisie bien pensante. Et là, où il devient génial et nous fait réfléchir sur nos sociétés malades et leurs rouages foireux, c'est lorsqu'il abandonne dans ses ingrédients "le ou la flic dépressif et alcoolique", le sexe pseudo érotique et violent et des litres d'hémoglobine pour barbouiller le tout... Un bon polar, ça vous évente les neurones et ça vous fait réfléchir et grandir... Et ceux-là, ils ne courent pas les têtes de gondole ni les chroniques élogieuses... même avant publication comme ce fut le cas pour le dernier Norek...
Oulàlà..Il est temps de prendre des vacances !!! La signature est là.
j'espère que le dindon a pondu. Sinon gare à nous.